Ce n'est pas une gloire que d'être prisonnier, Mais non un déshonneur que de l'avoir été, Surtout quand sans espoir,on se bat sans pitié, Et que jusqu'au dernier on se fait massacrer. | |
Abandonnés de tous et pour tous bien perdus, Sans cartouches et sans pain nous avons combattu, Et c'est à bout de force et notre cœur meurtri Qu'au détour du chemin nous fûmes tous pris. | |
Je suis venu ici pour m'échapper du monde, Pour revoir mon passé et souffrir dans l'ombre Pour calmer ma vengeance, ma colère qui gronde Et qui pousse à l'abîme mon âme qui s'effondre. | |
Mais je n'ai pas le droit d'élever des reproches, Moi qui ait tant prié quand la mort était proche. C'est à vous mes amis,camarades d'outre-tombe, Que je viens réchauffer mon courage qui sombre. | |
Écoutez donc tous,les paroles des martyrs, Et sachez aujourd'hui,ce qu'ils ont pour mourir, Sans plainte enduré,même sans défaillir, Fidèles jusqu'au serment formulé de servir. | |
Les entrailles dévorées par la dysenterie, Terrassés par la fièvre,peu à peu affaiblis, Contre la maladie,ils luttaient toujours seuls, La paille servait de drap et aussi de linceul. | |
"Et vous qui passerez un jour vers l'Inconnu, Ne marchez pas si vite,mettez-vous tête nue. En pensant à celui qui dort ici dans l'ombre, Sachez que loin là-bas,beaucoup n'ont pas de tombes." |