Les chefs de corps du Livre d'Or.
Régiment de Marche d'Afrique
Certainement une erreur, le régiment de marche d'Afrique a été créé par dépêche ministérielle du 1er février 1915. 2 bataillons de zouaves et le Bataillon de Marche d'Orient des 1er et 2e Régiments étrangers.
Il s'agissait du régiment d'Algérie.
L'expédition de Madagascar : rapport d'ensemble fait au ministre de la Guerre le 25 avril 1896
La Légion étrangère à Madagascar.
Souvenirs de Madagascar (1895) , par le lieutenant Langlois,.... 1900.
Souvenirs de campagne - 1910
L'expédition de Madagascar, journal de campagne - 1897
Conquête de Madagascar (1895-1896) - 1902
Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l'expédition - 1897
Au Pays de la fièvre, impressions de la campagne de Madagascar. 1904.
Régiment d'Algérie.
État-major du régiment : colonel, M. Oudri, du 2e étranger; lieutenant- colonel,M. Pognard, breveté, du 2e tirailleurs; capitaine adjoint au chef de corps, M. Boé, du 2e étranger; officier porte drapeau, M. Vigarosy, lieutenant au 1er tirailleurs.
1er BATAILLON
État-major: chef de bataillon, M. Barre, breveté, du 1er étranger; capitaine adjudant-major, M. Devaux, du 1er étranger; officier payeur, M. Beynet, lieutenant (au titre étranger) au 1er étranger; officier d'approvisionnement, M. Ecochard, lieutenant au 1er étranger.
1re compagnie: MM. Perrot, capitaine; les lieutenants Ayné, Rouane (au titre étranger) et Mure, du 1er étranger.
2e compagnie: MM. Courtois, capitaine; les lieutenants Gueilhers et Grégory; le sous-lieutenant Dufoulon, du 1er étranger.
3e compagnie: MM. Bulot, capitaine; les lieutenants Farail et Burchard; le sous-lieutenant Langlois, du 2e étranger.
4e compagnie:MM. Sardi, capitaine (au titre étranger); les lieutenants Simon, Motte, Jolivet (au titre étranger), du 2e étranger.
Médecins: MM. Debrie, médecin-major de 2e classe, et Ioingeard, médecin aide-major de 1re classe.
Bulletin du Comité de Madagascar - 2e ANNÉE – N° 2 – Février 1896
Le Journal officiel du 17 juillet promulgue une loi en date du 18, portant délivrance d’une médaille commémorative de l’expédition de Madagascar en 1895 :
Art. 1er. – Les militaires et marins ayant pris part à l’expédition de Madagascar, à partir du 8 décembre 1894 jusqu’au 31 décembre 1895, ainsi que les auxiliaires sénégalais et les kabyles qui ont accompagné le corps expéditionnaire de Madagascar durant la même période, recevront une médaille commémorative.
Art. 2. – Cette médaille sera conforme, pour le métal et le module, à la médaille de Madagascar instituée par la loi du 31 juillet 18861.
Le verso portera des attributs rappelant la collaboration des troupes de la guerre et de la marine. Le ruban sera conforme, pour les couleurs et leur disposition, au ruban de la médaille de Madagascar, instituée par la loi du 31 juillet 1886, et auquel une agrafe portant le millésime « 1895 » sera adaptée.
Art. 3. – La médaille sera accordée par le Président de la République, sur la proposition du ministre, duquel dépend le corps ou le service auquel ils auront été attachés, à tous les militaires ou marins ayant pris part à l’expédition.
Art. 4. – Les crédits ordinaires pour la fabrication de cette médaille seront prélevés sur les crédits déjà votés pour l’expédition.
Art. 5. – En cas de décès de l’ayant droit, la médaille sera remise sur leur demande, à titre de souvenir, aux parents du défunt ci-dessous désignés et dans l’ordre suivant : Le fils aîné, la veuve, le père, la mère, le plus âgé des frères ou, à défaut d’un frère, la plus âgée des sœurs.
Décision relative aux éléments rapatriés du corps expéditionnaire de Madagascar.
Certains corps de troupe ou unités doivent prochainement rentrer en France. Le ministre de la guerre prend, à leur sujet, les décisions suivantes :
1° Seront dissous, lors de leur rentrée en France ou en Algérie, à des dates aussi rapprochées que possible de leur débarquement :
Le bataillon de la légion étrangère (1er bataillon du rég. d’Algérie) ;
AFFECTATION DES OFFICIERS D’INFANTERIE RAPATRIÉS DE MADAGASCAR.
– Par décision ministérielle insérée au Journal officiel le 28 décembre, les officiers d’infanterie du corps expéditionnaire dont les noms suivent seront placés, à dater du 1er janvier 1896, à la suite des corps de troupe ci-après indiqués, auxquels ils appartenaient avant la campagne, savoir :
Régiment d’Algérie (1er bataillon) :
Les capitaines : MM. Devaux, Perret, Courtois, Mure, au 1er rég. étrang. ; Bulot, Sardi (titre étranger), Brundsaux, Farail, au 2e rég. étrang.
Les lieutenants : MM. Écochard, Beynet (titre étranger), Ayné, Rouanet (titre étranger), Gueilhers, Grégory, Dufoulon, au 1er rég. étrang. ; Burchard, Simon, Motte, Jolivet (titre étranger), Martin, au 2e rég. étranger.
La pacification de Madagascar, 1896-1899 (1928)
En juillet 1896, Gallieni soigne ses fièvres dans la petite station de Siradan, lorsque le ministre des colonies, André Lebon, le supplie d’interrompre son congé pour sauver Madagascar, occupé depuis un an à peine par les hommes du général Duchesne. Voici le récit du ministre lui-même :
«Si vous refusez d’aller pacifier notre grande colonie africaine, elle est perdue pour nous.
— J’y vais, décide le colonel.
— « Général », lui annonce le ministre, vous réunirez en vos mains tous les pouvoirs civils et militaires. Quelles troupes voulez-vous amener en sus du corps d’occupation ?
— Je ne demande qu’un bataillon de la Légion, afin de finir proprement s’il fallait succomber là-bas.»
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 09/10/1896
DÉCISION No. 63.
Le Général Commandant Supérieur des troupes et des territoires militaires à Madagascar,
Vu l'arrivée à Madagascar d'un Bataillon de marche tiré des deux régiments étrangers de l'armée de terre;
Vu les avantages qu'il y aurait à grouper en un seul régiment, au point de vue du commandement, de la police intérieure, de la discipline et de l'instruction, les 3 Bataillons de l'armée de terre actuellement présents à Madagascar,
Sous réserve de l'approbation de M. M. les Ministres de la Guerre et des Colonies,
DECIDE :
1.-Le Régiment d'Algérie, actuellement constitué à 2 bataillons, comprendra désormais 3 bataillons, savoir; 2 bataillons de tirailleurs algériens, 1 bataillon provenant des régiment étrangers.
2.—L'autorité de M. le Lieutenant-Colonel Commandant le Régiment d'Algérie s'étendra à toutes les parties du service, l'administration exceptée, et s'exercera selon les règles fixées par le décret du 20 Octobre 1892 sur le services intérieur.
3.- Chaque bataillon du Régiment d'Algérie continuera à s'administrer dans les conditions actuelles.
4. —La présente décision entrera en vigueur le 1er Octobre 1896.
Tananarive le 25 Septembre 1896. Le Général Commandant Supérieur des troupes et des territoires militaires, (Signé) : GALLIENI.
LA SITUATION
Sur la route d'étapes, il ne s'est produit d'attaques contre les convois que dans la partie de la forêt comprise entre Moramanga et Analarnazoatra. Ce dernier village a été en partie brûlé dans la nuit du 24 au 25 Septembre.
Une des compagnies de la légion étrangère qui montaient à Tananarive a été laissée dans la vallée du Mangoro pour poursuivre les petites bandes de malfaiteurs auxquelles étaient dues ces attaques.
La remise du drapeau du régiment d'Algérie au Musée de l'armée.
Le monde illustré
2 juillet 1898
Mercredi a eu lieu dans la cour des Invalides la remise du drapeau du régiment d'Algérie au Musée de l'armée. C'était en quelque sorte, sinon l'inauguration, qui a déjà eu lieu, du moins la consécration officielle de l'existence du Musée.
Les titres d'honneur du régiment d'Algérie sont dans toutes les mémoires françaises. On sait qu'il comprenait trois bataillons: le premier, formé par parties égales au moyen d'éléments empruntés au 1er et au 2e régiment de la légion étrangère; le second, formé de même par les 1er et 2e tirailleurs; le 3e, tiré tout entier du 3e tirailleurs.
Composé d'hommes faits et de soldats éprouvés, le régiment d'Algérie ne tarda pas à apparaître dans une évidente supériorité militaire par rapport aux jeunes troupes de la colonne expéditionnaire; il marchait à l'avant-garde de la colonne volante et figurait le premier devant Tananarive.
Ces éminents services, dit notre confrère du Temp, ont été rappelés en quelques mots par le général de division Chicoyneau de la Valette, qui commandait l'ensemble des troupes réunies dans la cour d'honneur des Invalides.
Le drapeau apporté d'Algérie par une délégation spéciale de deux officiers et de deux sous-officiers avait été déposé, pour la nuit, dans l'hôtel du ministre de la guerre; ce malin, le général de Torcy, chef du cabinet, le remettait de nouveau à l'officier porte-étendard et
marchait lui-même devant l'escorte qui prenait, musique en tête, le chemin de l'hôtel des Invalides.
Les drapeaux des corps de troupe de la garnison avaient été rassemblés dans la cour d'honneur, sur la ligne qui va du portail à la statue de l'empereur; ils faisaient face au Musée de l'armée; les colonels, ainsi qu'un officier de chaque régiment, se tenaient à cheval derrière la ligne des drapeaux. Les soldats invalides, le dos tourné au Musée de l'armée, complétaient ce dispositif.
Après la sonnerie au drapeau et la présentation des armes, après les paroles prononcées par le général de la Valette, le drapeau a passé des mains du général de Torcy, représentant du ministre de la guerre, aux mains du général Arnoux, gouverneur de l'Hôtel des Invalides.
Un défilé en musique, contrarié un peu par les échos de la vieille cour, a fait passer devant lui les troupes d'escorte et s'incliner l'un après l'autre les drapeaux emportés dans ce défilé solennel. Les invalides formant alors la haie, le drapeau entre au Musée de l'armée, où le conservateur, l'adjoint du génie Amman, le place aussitôt dans la grande salle du rez-de-chaussée, vis-à-vis d'un drapeau du premier Empire, celui des grenadiers à pied de la garde royale (garde italienne).
Nous aurons ensuite, dans la salle Louvois, l'installation d'une galerie relative à l'histoire des régiments d'infanterie; la salle d'Hautpoul deviendra la salle de cavalerie: l'artillerie, le génie et les différents services techniques occuperont la salle de la Tour d'Auvergne; enfin, la salle d'Assas contiendra les souvenirs des anciennes gardes et des corps d'élite.
En attendant la fin de ces arrangements, ce n'est pas un acte dépourvu de sens, croyons-nous, que celui par lequel le jeune étendard du régiment d'Algérie vient séjourner dans la salle de l'Empire et s'y frotter de vieille gloire; il indique que rien n'est rompu de nos belles traditions conquérantes et qu'il y a seulement déplacement vers les entreprises coloniales de cet esprit guerrier auquel les guerres d'Europe offraient jadis un si large emploi.
Le régiment d'Algérie peut difficilement être considéré comme un régiment de Marche de la Légion étrangère.
Régiment de Marche de la Légion étrangère
Le Progrès de Bel-Abbès du 21 mars 1900.
CHRONIQUE LOCALE
Pour Madagascar
C'est irrévocablement demain, jeudi, à 9 heures 1/4. que nos braves légionnaires quitteront Bel-Abbès, par train spécial, pour s'embarquer à Oran, à bord de l'Urugay, à destination de Diégo-Suarez.
Nous croyons être agréable à nos lecteurs en donnant ci-après, la composition exacte du bataillon partant:
MM. Hoerter, chef de bataillon ; Audan, capitaine adjudant-major ; Boutmy, lieutenant, officier d'approvisionnement ; l'Hérault, lieutenant, officier des détails ; Cultin et Hotchkis, médecins-major de 2° classe.
13e compagnie. — MM. Bourdieu, capitaine; Guinard, Yonett et Selchauhansen, lieutenants ; Massart, adjudant et Heyberger, sergent-major.
14e compagnie. — MM. Guilleminot, capitaine ; Beynet, Dauzel d'Aumont et Landais, lieutenants ; Lavenu, adjudant et Gangel, sergent-major.
15e compagnie.— MM. Solmon, capitaine ; Real, de Metz et Ducimetière Alias Monod. lieutenants ; Heymann, adjudant et Bernanos, sergent-major.
16e compagnie. — MM. Canton, capitaine; De Marquessac. Bablon lieutenants ; Duboy, sous-lieutenant ; Levesque, adjudant et Leygrisse, sergent-major.
Ajoutons que M. le Lieutenant-Colonel Cussac, récemment promu au 1er Etranger, nous quitte également, et prendra à Oran, où ils doivent se réunir, le commandement des deux bataillons du 1er et 2e Étranger détachés à Madagascar.
A tous, officiers et soldats, nous souhaitons un excellent voyage et un prompt retour parmi nous.
CHRONIQUE LOCALE
Le départ des légionnaires
Comme nous l'avions annoncé, le départ du bataillon de la Légion pour Madagascar a eu lieu jeudi dernier.
A 9 h. 1/4, le train spécial comprenant 36 voitures s'ébranlait au milieu des acclamations des assistants, tandis que la musique jouait la marche du régiment.
Nos meilleurs vœux les accompagnent.
Le Progrès de Bel-Abbès du 31/03/1900
Départ des Légionnaires pour Madagascar.
Au moment de mettre sous presse nous recevons un télégramme d'Oran nous informant que le bataillon de la Légion, qui attendait depuis huit jours dans cette ville un ordre de départ, s'embarquera ce soir, sur l'Uruguay à destination de Diego Suarez.
Le Progrès de Bel-Abbès du 28 avril 1900.
La Légion à Madagascar
On nous communique un télégramme annonçant que le bataillon du 1er Etranger qui a quitté notre ville le 22 mars dernier, est arrivé à Diego-Suarez, le 19 avril.
L'état sanitaire du bataillon est excellent, nos braves légionnaires n'ont point été trop éprouvés- par la traversée qu'ils viennent d'effectuer.
Le Progrès de Bel-Abbès du 02/05/1900
Échos et Nouvelles
Une soixantaine d'hommes profitèrent du passage dans le canal pour se laisser glisser la nuit le long des bordages des navires et rejoindre la berge. Mais les autorités Égyptiennes, prévenues de l'évasion, les firent arrêter par les gardes-côtes, avant qu'ils aient eu le temps de gagner l'intérieur de l’Égypte. Seulement ces hommes, dont 38 Allemands, 5 Italiens, 2 Autrichiens, 2 Belges et le reste de diverses nationalités, se réclamèrent de leurs consulats respectifs auxquels ils furent remis.
Une dépêche officielle du Ministère de la Guerre parvenue hier à Oran fait connaître que l'embarquement des effectifs du 2e Étranger devant se rendre à Madagascar aura lieu le 12 courant à bord du Britannia.
Ce paquebot arrivera de Marseille dans ce port le 10 courant; il embarquera 1,000 hommes, 20 officiers, 45 sous-officiers, 170 tonnes d'orge et 21 tonnes de matériel de guerre.
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 02/05/1900
CABLOGUAMMES DE PARIS
(Agence Havas)Le paquebot Vasconia a quitté Marseillé, à destination de Tamatave, avec des munitions et du matériel de guerre. Il prendra à Tunis un bataillon de légion.
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 18/07/1900
ORDRE GÉNÉRAL 325
La composition du conseil de guerre de Diego-Suarez sera la suivante:
MM. Cussac, lieutenant-colonel de la légion étrangère, président,
Gillet, chef de bataillon d'infanterie de marine,
Cherny, capitaine d'artillerie de marine,
Guinard, lieutenant de la légion étrangère,
Randon, adjudant d'artillerie de marine,
juges
Cresp, capitaine de la légion étrangère,
commissaire-rapporteur,
Richard, adjudant de la légion étrangère,
greffier.
Les membres de ce conseil prendront leurs fonctions à compter du 1er juillet 1900.
Fait à Tananarive,le 28 Juin 1900. PENNEQUIN.
Le Progrès de Bel-Abbès du 22/08/1900
LETTRE DE MADAGASCAR
MONSIEUR LE DIRECTEUR,
Malgré les entraves apportées par nos conservateurs, le bataillon du 1er Étranger qui, depuis le mois de décembre dernier devait être dirigé sur Dégourdissage est enfin arrivé à destination. Cela ne fut pas sans peine, car si jamais un bataillon fût berné, ce fut bien- celui-là. Si encore les motifs invoqués pour justifier les retards apportés dans l'envoi immédiat du dit bataillon étaient reconnus fondés, il n'y aurait qu'à louer l'Autorité de ses prévenances, mais il n'en est rien, car nos braves militaires ont pu constater à leur arrivée à Diégo-Suarez et dans les postes limitrophes, que les charmants baraquements que l'on avait (soi-disant) préparés, n'étaient en partie qu'ébauchés dans les bureaux du "Génie constructeur ". Les tonnes de matériaux destinées à la construction de ces cases étaient en partie sur les quais, voir même non débarquées. Voilà où en étaient les travaux lors dé l'arrivée du bataillon à Madagascar.
Aux désillusions produites par ces constatations amères, avait précédé un contre-temps non moins fâcheux, le fameux séjour au Camp du Ravin Blanc à Oran, où arrivé lé 22 mars avec l'idée bien arrêtée d'embarquer le 25 du dit, il reçut quelques heures avant le moment fixé pour le départ, l'ordre de surseoir à tout mouvement.
Ce fût une déception générale qui ne laissait entrevoir à nos troupiers que la probabilité d'être dirigés sur Igli, voyage qui n'était pas du tout en harmonie avec les projets élaborés jusque-là, par la majeure partie des postulants pour la grande île africaine. Enfin, le 1er avril (jour choisi sans doute), le commandement résolut de leur faire continuer leur route, et le 20 dû même mois après une traversée aussi belle que rapide, ils arrivaient devant Diégo-Suarez. Le même jour deux compagnies débarquaient à Antsirane et prenaient possession des casernements mis à leur disposition. Le lendemain 21, les deux autres compagnies débarquaient à leur tour et rejoignaient leurs postes respectifs, la 15e compagnie, au Sakaramy, poste intermédiaire entre Antsirane et la Montagne d'Ambre, la 16e compagnie allait s'installer à Oranjéa, poste situé au nord de l'île et qui commande la passe de la baie de Diégo-Suarez. Le 25 mai, cette dernière compagnie quittait ce poste pour rallier Antsirane où elle restait jusqu'au 12 juin.
Nous croyons devoir entretenir un instant nos lecteurs du genre d'exercice que faisait nos légionnaires à leur arrivée dans la Colonie et cela dans le but de les acclimater sans doute.
Aussitôt arrivés, les légionnaires durent se transformer : 1er en conducteurs de plates formes Decauville système de locomotion en usage à Madagascar pour le transport des matériaux dans les différents chantiers où l'on construit des baraquements, (la mise en mouvement de ces voitures se fait à l'aide de mulets) ; 2e en serres-freins, auxiliaires indispensables au bon fonctionnement des voitures ci-dessus précitées ; 3e en hommes de peine de foutes catégories ; 4e en charpentiers, charrons, mécaniciens, ajusteurs, dessinateurs, secrétaires, etc.
Le travail commençait à 5h. 1/2 du matin et se terminait vers 9h. 1/2 ou 10 heurs, le soir de 2h. 1/2 à 5h. 1/2 ou 6 heures. Bon nombre d'hommes étaient assujettis à travailler dans l'eau jusqu'aux aisselles pendant toute la durée du travail. C'est à ce moment seulement que les constructions entrèrent dans la période active ; la Légion fournissait en moyenne 300 travailleurs par jour pendant le premier mois qui suivit notre arrivée. Aussi, il y a aujourd'hui à Antsirane: environ 12 cases, pouvant loger 70 hommes chacune, qui sont complètement terminées, à cela ajoutez tout le matériel nécessaire au montage de 36 cases qui doivent être construites au camp de la montagne d'ambre, cela vous donnera une idée du travail exécuté en majeure partie par nos mauvaises têtes.
Le 2e Etranger venant d'arriver (arrivé le 5 juin par le « Britania » ) va également prendre part à ce genre d'exercice et soulagera un peu ses camarades du 1er qui ne demandent qu'à être aidés.
Par suite de la nouvelle organisation de ces 2 bataillons, en un seul Régiment, le bataillon du 1er Étranger prend le titre suivant : Régiment de marche de la Légion étrangère ; le bataillon du 1er Régiment devient 1er bataillon et celui du 2e Étranger, 2e bataillon;
Les Compagnies du 1er bataillon sont numérotées de 1 à 4 et celles du 2e bataillon, de 5 à 8 inclus.
De ce fait nous avons : 1re compagnie, capitaine Bourdieu ; 2e compagnie, capitaine Guilleminot ; 3e compagnie, capitaine Sotmon ; 4e compagnie, capitaine Canton.
Depuis le 13 juin une fraction de la 4e compagnie occupe le poste de Mahatsinjoafivo, une autre fraction est actuellement au Sakaramy et une 3e fraction est encore à Antsirane. On compte que vers la fin du mois elles se rendront au camp de la montagne d'Ambre où M. le Lieutenant-Colonel Cussac est installé depuis bientôt 15 jours.
Avec les troupes qui doivent incessamment se rendre à Diégo-Suarez, cela portera les effectifs dé la garnison à 5000 hommes de troupe. Il faut cela pour donner un peu d'importance à Diego, car c'est réellement une toute petite ville qui ne compte guère que des militaires et des fonctionnaires. Peut-être que le nombre assez important de troupes qui s'y trouveront réunies d'ici un mois amènera le commerce qui manque totalement, à cette ville.
Les premières années de Diego Suarez : 1899-1900 : Mise en place du « Point d’appui de la Flotte » 1ère partie
31 décembre 2015
L’installation à Diego Suarez du « Point d’Appui de l’Océan Indien » et l’arrivée du colonel Joffre chargé des énormes travaux nécessaires à cette installation va transformer du tout au tout la petite ville d’Antsirane qui, en moins de cinq ans va prendre à peu de choses près l’allure générale que nous lui connaissons encore aujourd’hui
La nomination du colonel Joffre
Le 5 janvier 1900 à 6h55 du soir un câblogramme est envoyé au Gouverneur général de Madagascar pour l’informer que le colonel Joffre est envoyé à Diego Suarez. Joffre, colonel du génie du 5ème régiment de Versailles vient d’être mis à la disposition du Ministre des colonies pour diriger les travaux de mise en place du Point d’Appui. C’est le Général Gallieni qui avait proposé la nomination du colonel Joffre comme commandant du Point d’Appui de Diego Suarez. Joffre, ancien professeur à l’Ecole de Fontainebleau, avait servi en Extrême-Orient, au Sénégal où il avait entamé l’installation du chemin de fer et au Soudan où il avait dirigé la défense de Tombouctou.
Cependant, l’inorganisation qui semble régner au plus haut niveau va retarder son départ. Le Figaro du 26 janvier nous informe que son départ – qui devait avoir lieu le 25 – a été différé parce que « les diverses mesures que comporte la mise en défense de Diego Suarez ne sont pas complètement arrêtées ». Le 1er février Le Figaro précise que le colonel Joffre, dont le départ avait été retardé en raison d’un problème d’effectifs « s’embarquera par le prochain paquebot partant de Marseille pour Diego Suarez » et que « le colonel, qui réunit la compétence d’un ingénieur militaire, l’autorité d’un commandant de troupes et l’expérience d’un officier colonial » est l’homme idéal pour ce poste.
Un poste que l’on ne se dispute pas !
Le manque d’enthousiasme des militaires
En effet, les souvenirs de la terrible campagne militaire de 1895 et de toutes les morts dues au paludisme font hésiter les militaires qui renâclent devant leur affectation à Madagascar. Une séance houleuse à l’Assemblée Nationale se déroule d’ailleurs à ce sujet le 21 février. Le débat porte sur « la nécessité d’augmenter de 6 000 hommes nos effectifs à Madagascar et à Diego Suarez » mais ce problème technique devient un problème politique : l’opposition s’élève contre le fait que l’on envoie à Diego Suarez des soldats insuffisamment aguerris (des « engagés ») et demande que l’on envoie des « rengagés », c’est-à-dire des soldats ayant déjà été sous les drapeaux. D’ailleurs, le représentant de l’opposition estime que l’on aurait dû envoyer des soudanais (considérés comme plus solides) plutôt que la légion ou l’infanterie de marine. Et un député va jusqu’à dire que « les jeunes gens de moins de vingt-quatre ans qu’on envoie à Diego Suarez sont envoyés à la mort » !
En réalité, ce sera surtout la Légion qui partira pour Diego Suarez, sans enthousiasme… En effet, des statistiques, établies par le journal Le Petit Parisien évoquent les nombreuses désertions qui se produisent, notamment au passage du canal de Suez : « C’est le canal de Suez que choisissent de préférence les soldats comme lieu d’évasion. Ainsi, au mois d’avril dernier 51 légionnaires embarqués à Oran à destination de Diego Suarez sur l’ Uruguay, désertèrent ensemble pendant la traversée du canal. Il en est de même à chaque transport. Au cours de la traversée du canal, le pont étant toujours encombré, la surveillance est plus difficile ; aussi les déserteurs en profitent pour se jeter à l’eau et gagner à la nage Port-Saïd ». Et le journal ajoute que l’on songe à faire suivre les transports par un canot à vapeur pendant la durée de la traversée du canal pour repêcher les déserteurs ! Il faut dire, à la décharge des légionnaires, que tout avait été fait pour leur faire détester leur nouvelle affectation comme on peut le lire dans Le Progrès de Bel-Abbès du 22 août 1900 : « Le bataillon du 1er Étranger qui, depuis le mois de décembre dernier devait être dirigé sur Diego Suarez est enfin arrivé à destination. Cela ne fut pas sans peine car si jamais un bataillon fut berné, ce fut bien celui-là » et le journal d’Algérie énumère les désagréments qu’ont eu à subir les légionnaires, le premier étant l’incertitude sur leur destination finale et les retards de leur mise en route. De plus, à leur arrivée les baraquements qui leur étaient destinés n’étaient pas prêts et, souvent, les matériaux destinés à les construire n’étaient pas débarqués. Il leur fallut donc se transformer en ouvriers dans des conditions difficiles d’après le journal : « Aussitôt arrivés, les légionnaires durent se transformer :
1° en conducteurs de plate-formes Decauville servant au transport des matériaux,
2° en auxiliaires indispensables au bon fonctionnement de ces voitures,
3° en hommes de peine de toutes catégories,
4° en charpentiers, charrons, mécaniciens, ajusteurs, dessinateurs, secrétaires, etc. »
Les horaires de travail sont également harassants : Le travail commençait à 5h et demi du matin et se terminait vers 9h et demi ou 10h ; le soir, de 2h et demi à 5h et demi ou 6 heures. Bon nombre d’hommes étaient assujettis à travailler dans l’eau jusqu’aux aisselles pendant toute la durée du travail. L’Histoire a montré que les légionnaires effrayés par Diego Suarez ne tarderont pas à changer d’avis !
Des problèmes de logistique…
Mais qu’est- ce que 51 déserteurs à côté des milliers de militaires qui vont, en quelques mois débarquer à Diego Suarez ! En effet des dizaines de bateaux vont amener à Diego Suarez, en rotation serrées, des légionnaires, des troupes d’infanterie, des disciplinaires etc. Et énormément de matériel. Qu’on en juge, d’après les journaux de l’époque : le 6 février le Figaro annonce un envoi de canons : « L’école d’artillerie de Valence vient d’expédier à Marseille un premier envoi de canons destinés à Madagascar et particulièrement à Diego Suarez. Ce sont 6 pièces de 80mm, modèle 1878, avec leurs affûts, leurs fourgons de munitions ; leurs charrettes fourragères et leurs chariots de parc ». Ces canons doivent partir, le 10 février par l’Alexandre II avec leurs projectiles : « des obus ordinaires, à forme cylindro-ogivales et des obus à mitrailles, modèle 1880. » Le numéro du 6 février annonce également, le départ, en fin de mois, du steamer Ville-de-Belfort, chargé de 1 000 tonnes de matériel du génie « destiné à la construction de baraquements pour le camp retranché de Diego Suarez ». Le mardi 27 février, c’est le départ de L’Adour qui est annoncé pour le vendredi suivant avec 1 500 tonnes de matériel et de provisions. Le Journal Officiel de Madagascar indique, le 17 mars : « Une batterie d’artillerie est partie de Nîmes à destination de Diego Suarez. A Marseille, trois paquebots ont été affrétés pour transporter en avril à Diego Suarez 2 000 hommes de la Légion étrangère ainsi que du matériel. »
Pour débarquer tout le matériel qui afflue sur les bateaux qui encombrent le port non encore aménagé, et pour construire les baraquements nécessaires pour loger les soldats la main d’œuvre militaire ne suffit pas et la main d’œuvre locale est trop peu nombreuse. Aussi, va-t-on faire appel à des « coolies » chinois qui débarqueront en juin : « le vapeur Sinaï venant de Haïphong a débarqué à Diego Suarez 540 coolies chinois. Ils seront employés à la construction de la route de 15 km qui reliera Antsirane à la montagne d’Ambre, où doivent être construites les nouvelles casernes.» (Le Petit Parisien du 16 juin 1900)
Il faut imaginer la baie de Diego Suarez, sans installation portuaire, avec des dizaines de bateaux (73 pour le 1er trimestre 1900 !), des milliers de soldats parcourant les deux rues que compte la ville, des dockers, des coolies etc. Et tout ceci dans le plus grand désordre…
Mais, bientôt, Diego Suarez devenant Territoire militaire, et sous l’impulsion de Joffre, le nouveau Point d’Appui va se doter d’une solide organisation.
Diego Suarez, Territoire militaire
« Vu les instructions ministérielles des 2 et 3 février 1900 […]
Arrête :
Article 1er : La province et la commune de Diego Suarez sont constitués en Territoire militaire.
Article II : M. le colonel Joffre, commandant supérieur de la défense de Diego Suarez et désigné par M. le Ministre des Colonies pour prendre le commandement du Territoire, relèvera directement à ce titre, du Gouverneur Général.»
Par cet arrêté, le colonel Joffre devient vraiment le chef suprême puisque tout le personnel civil lui sera subordonné : « Il aura sous son autorité tout le personnel civil employé à l’administration de l’ancienne province de Diego Suarez et de la commune, qui conservera son autonomie municipale ». Les articles suivants donnent à Joffre la haute main sur tous les services administratifs et les services de santé et placent le Maire sous son commandement. Ces prérogatives ne cesseront d’être renforcées. L’arrêté du 12 juillet 1900 va placer « les divers services de Diego Suarez sous les ordres du colonel commandant supérieur de la défense » à qui le Gouverneur Général délègue ses pouvoirs pour « l’approbation des projets de travaux, des marchés, demandes et cessions ». Ces travaux étant exécutés par le chef du génie qui « dirigera la construction et l’entretien des fortifications, du casernement et des établissements militaires à l’exception des établissements du service de l’artillerie ».
De nouvelles décisions, échelonnées sur l’année 1900, nommeront d’autres responsables militaires. Les travaux publics seront placés sous le commandement du Chef d’escadron d’artillerie de marine Fourcade – les travaux communaux étant exécutés par le service de la voierie urbaine – (Décision du 12 juillet). Le port sera aussi sous l’autorité militaire (Décision 1266) du 10 juillet 1900. « Considérant que les transports par eau exécutés à Diego Suarez par les divers services doivent être subordonnés aux intérêts de la défense […] - Le matériel naval destiné à pourvoir, à Diego Suarez, aux divers services publics et dépendant actuellement, soit des services administratifs, soit du service local, soit de la direction d’artillerie, est placé sous l’autorité directe du colonel commandant le territoire de Diego Suarez, qui l’utilise au mieux des différents services à assurer en rade de Diego Suarez. »
On est loin de l’époque où le civil Froger dirigeait la province d’une main de fer !
A suivre...
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 17/10/1900
EXTRAITS
Par arrêtés du 1er octobre,
M. le lieutenant de Marquessac, de la 4e compagnie du régiment de marche étranger, est nommé commandant du secteur des Zanndrianambo [district d'Andovoranto], en remplacement de M. le capitaine hors-cadres Haillot, rapatrié.
Par arrêtés du 5 octobre,
M. Bosson, caporal de la légion étrangère, mis en congé renouvelable par l'autorité militaire est nommé commis auxiliaire des postes aux appointements de 2400 par an, pour compter du 23 septembre 1900, et affecté au bureau de Mahanoro.
A la date du 31 août 1900,
M.le Ministre de la Guerre fait connaître que le soldat Lobreaux, du bataillon étranger, est inscrit d'office au tableau de concours pour la médaille militaire, pour sa brillante conduite à l'attaque de Masindra et à l'assaut des villages rebelles antandroy de Vohitra.
Le Progrès de Bel-Abbès du 27 octobre 1900.
Donc 1900 - 1901