Or, un budget à 1,1 % du PIB, une “évolution” à 0 valeur ferait rentrer la Défense dans un “autre monde”. Qu’il s’agisse du format, du matériel, des implantations et, partant, du rôle que pourrait jouer l’outil militaire, si les propositions du Budget étaient suivies, le déclassement serait… immédiat. Et ce serait l’industrie de défense la grande perdante. La sacrifiée en quelque sorte.
Étrangement, les industriels, dont il est classique de souligner la capacité de lobbying, semblent ne pas élever la voix, prévenir. Chacun espérant peut-être que c’est “leur” matériel — au singulier ou au pluriel — qui sera épargné. Sauver “son” programme, ne pas être dans le viseur du gouvernement à parler trop fort, à annoncer par avance les contraintes évidentes sur l’emploi. Éviter de parler d’une seule voix, rappelant l’analyse faite par le candidat François Hollande, montrant que l’industrie de défense était un levier indispensable pour l’emploi et la recherche, paraît être pour eux la seule ligne de conduite acceptable.
A la “tyrannie” du Budget s’ajoute donc le silence global des industriels. Certes, ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. Certains sont vraiment duaux : leur “cash machine” civile peut leur faire espérer survivre à quelques années de vaches très maigres. D’autres espèrent que leurs exportations leur permettront de surnager. Ou que les arbitrages qui seront rendus en avril leur seront… favorables.
Pour chacun d’eux, le Livre blanc tel qu’il s’annonce serait donc une sorte de non-événement, l’essentiel résidant dans le rapport avec “leur” état-major et la DGA. Mais si la “trajectoire” définie par le Budget était en fin de compte retenue, il ne resterait à certains d’entre eux qu’à aller frapper à la porte d’Arnaud Montebourg… pour parler de redressement industriel !