Raymond Muelle est mon voisin. Il ne me connaît pas. Nous ne nous sommes jamais parlé et pourtant, je lui ai écrit et il m'a répondu.
Cet homme, figure énigmatique et paternelle m'a longtemps intriguée car il me rappelait V., autre figure énigmatique et paternelle. Physique sec, immuable, sa baguette à la main de bon matin, solitaire et bien dans sa solitude et son énigme. Juvénile dans son âge, il porte deux appareils auditifs...les ans en étant sans doute la cause.
Un jour, j'ai voulu en savoir plus sur lui car je l'ai aperçu très brièvement dans le film de Barbet Schröder sur Vergès, "l'Avocat de la terreur". Là, j'ai bondi sur ma chaise, confortée dans mon impression que cet homme avait un passé.
Un jour je lui ai écrit après avoir lu le livre "Lieutenant-Colonel Jean-Pierre". Voici sa réponse :
"Madame
J'ai reçu votre lettre du 01.08 et vous en remercie. Je n'imaginais pas que le vieil homme tranquille en fin de parcours puisse susciter cette opinion sympathique. Je suis flatté de la la compraison avec le Lt. Colonel Jeanpierre, soldat et chef exemplaire. Nous avons sans doute des points communs : une idée certaine et viscérale de la France. La passion de l'action virile et le fait que nous ayons tous les deux débuté dans la carrière des armes comme simples soldats.
Mais nous étions différents par d'autrs aspects. Jeanpierre, fils d'officier était un "vocationnel", il ne concevait la vie que sous l'uniforme. Il avait trouvé dans le Légion Etrangère l'accomplissement qu'il souhaitait. Cela lui a valu le privilège de tomber à la tête de ses légionnaires parachustistes dans un combat victorieux avant que la forfaiture du Cheft de l'Etat ne provoque le conflit entre l'honneur et l'obéissance. Pour moi, plus jeune d'une dizaine d'années, je pense avoir été un "homme de guerre" occasionnel comme lui mais né des circonstances, de la débâcle de 1940. Le livre d'Ernst Junger semble avoir été écrit pour nous. De mon côté j'y ajouterai la phrase de Malraux : "l'action est la soeur du rêve" et cela m'a conduit auxcommandes, à la légion étrangère parachutiste, au Service action.
De ce quart de siècle passé sous les armes, avec ses heures exaltantes et ses désespérances,je ne garde ni regret ni la moindre idée de repentance. Comme écrivait St. Exupéry : "j'ai fait ce que j'ai pu et j'ai essayé de la faire le moins mal possible"
Le tiers monde m'a occupé pendant un autre quart de siècle, puis à l'âge de la retraite est venue "l'écriture" - témoignage de nos aventures, parfois éloignées de la "légende" officielle.
En atendant une évenuelle rencontre acceptez mes sentiments les meilleurs.
RM"
Aujourd'hui, attendant G. mon amour, je l'ai vu à l'entrée du Petit-Journal Montparnasse discutant avec des potes. Il continue de m'intriguer. Il est mon secret, mon clin-d'oeil, mon passé aussi.
Cet homme, figure énigmatique et paternelle m'a longtemps intriguée car il me rappelait V., autre figure énigmatique et paternelle. Physique sec, immuable, sa baguette à la main de bon matin, solitaire et bien dans sa solitude et son énigme. Juvénile dans son âge, il porte deux appareils auditifs...les ans en étant sans doute la cause.
Un jour, j'ai voulu en savoir plus sur lui car je l'ai aperçu très brièvement dans le film de Barbet Schröder sur Vergès, "l'Avocat de la terreur". Là, j'ai bondi sur ma chaise, confortée dans mon impression que cet homme avait un passé.
Un jour je lui ai écrit après avoir lu le livre "Lieutenant-Colonel Jean-Pierre". Voici sa réponse :
"Madame
J'ai reçu votre lettre du 01.08 et vous en remercie. Je n'imaginais pas que le vieil homme tranquille en fin de parcours puisse susciter cette opinion sympathique. Je suis flatté de la la compraison avec le Lt. Colonel Jeanpierre, soldat et chef exemplaire. Nous avons sans doute des points communs : une idée certaine et viscérale de la France. La passion de l'action virile et le fait que nous ayons tous les deux débuté dans la carrière des armes comme simples soldats.
Mais nous étions différents par d'autrs aspects. Jeanpierre, fils d'officier était un "vocationnel", il ne concevait la vie que sous l'uniforme. Il avait trouvé dans le Légion Etrangère l'accomplissement qu'il souhaitait. Cela lui a valu le privilège de tomber à la tête de ses légionnaires parachustistes dans un combat victorieux avant que la forfaiture du Cheft de l'Etat ne provoque le conflit entre l'honneur et l'obéissance. Pour moi, plus jeune d'une dizaine d'années, je pense avoir été un "homme de guerre" occasionnel comme lui mais né des circonstances, de la débâcle de 1940. Le livre d'Ernst Junger semble avoir été écrit pour nous. De mon côté j'y ajouterai la phrase de Malraux : "l'action est la soeur du rêve" et cela m'a conduit auxcommandes, à la légion étrangère parachutiste, au Service action.
De ce quart de siècle passé sous les armes, avec ses heures exaltantes et ses désespérances,je ne garde ni regret ni la moindre idée de repentance. Comme écrivait St. Exupéry : "j'ai fait ce que j'ai pu et j'ai essayé de la faire le moins mal possible"
Le tiers monde m'a occupé pendant un autre quart de siècle, puis à l'âge de la retraite est venue "l'écriture" - témoignage de nos aventures, parfois éloignées de la "légende" officielle.
En atendant une évenuelle rencontre acceptez mes sentiments les meilleurs.
RM"
Aujourd'hui, attendant G. mon amour, je l'ai vu à l'entrée du Petit-Journal Montparnasse discutant avec des potes. Il continue de m'intriguer. Il est mon secret, mon clin-d'oeil, mon passé aussi.