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Adieu mon général ! Honneurs militaires au général Bigeard

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1ère classe honoraire de la Légion étrangère,

matricule 105 265 bis

 

 
 


le 23/06/2010

François Fillon : « C’était un caractère et un style »

« Une grande gueule, une belle gueule, une gueule de France s’en est allée.

C’était un 18 juin, une date qui symbolise les valeurs de courage, d’abnégation et de grandeur auxquelles le général Bigeard a voulu être fidèle tout au long de son existence.

Il a marqué l’histoire de notre armée contemporaine.

De 1939 à 1960, il en a vécu les aventures et les combats.

Il en a connu les passions, les fraternités, les mélancolies aussi.

Il fut au premier rang dans ses victoires, et même à travers les revers et les infortunes, il sut conquérir des « parcelles de gloire ». (…)

« Bigeard, c’était un caractère et un style.

Un style populaire, un style charismatique, chevaleresque.

C’était un chef admiré, toujours là pour donner l’exemple, respectueux de ses hommes et de leur vie.

Il était de celui sur qui l’on s’appuie dans les heures difficiles.

Il donna aux « paras » de France une part de leur gloire, leur allure, leur esprit qu’il définissait par la fougue, l’intelligence du combat, le sens du terrain, le flair du danger, le goût de la manœuvre.

Jeune soldat devenu général de corps d’armée, il était l’exemple de l’élévation au mérite qui appartient aux valeurs de notre armée et de notre République.

Son charisme rayonna au-delà du cercle de ses hommes.

Bigeard incarnait le lien entre notre peuple et son armée.

C’est pour affirmer ce lien qu’il accepta de devenir secrétaire d’Etat à la Défense nationale en 1975, à la demande du Président Valéry Giscard d’Estaing. (…)

Sensible aux grandeurs de notre histoire, il voulait que nous puissions continuer à l’écrire.

La popularité qu’il avait acquise dans les circonstances les plus difficiles, il la mit au service du renouveau des moyens, des missions et des valeurs de notre armée. (…) La France qui refuse le défaitisme et la médiocrité, la France qui agit au nom de la grandeur, la France qui exige le don de soi, cette France-là battait intensément dans le cœur de Marcel Bigeard. »



Hommage. Bigeard, premier para de France

 
 
Revenu d’Indochine et d’Algérie, Bigeard, disparu ce 18 juin, incarna le guerrier amoureux du panache. Meneur d’hommes et homme de coeur, il laisse le souvenir d’un grand soldat.

Taille haute et corps musclé, entretenu longtemps par la pratique de la boxe, du footing et de la natation, voix rocailleuse, Marcel Bigeard, décédé le 18 juin à l’âge de 94 ans, laisse le souvenir d’un extraordinaire soldat, servi par son flair et par cette chance dont Napoléon disait que, sans elle, il ne pouvait exister de bon chef de guerre. Avec cela, une “gueule” et même une “grande gueule” – reprenant à son compte la devise “Bien faire et faire savoir” qui fut celle de De Lattre, sous le commandement de qui il servit en Indochine.

« C’est grâce à la presse, confessait-il, que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui. » Comme César et comme de Gaulle, il parlait volontiers de lui à la troisième personne. « Une fois de plus, Bigeard avait tout prévu » : avec de telles affirmations, on peut facilement sombrer. À moins de s’appeler Bigeard.

Il aura porté l’uniforme pendant près de quarante ans ; pendant une vingtaine de mois, il siégea au Conseil des ministres, et à l’Assemblée nationale pendant dix ans. Trois types de “combats” dont il a rendu compte dans un livre intitulé De la brousse à la jungle. La jungle politique, où les blessures, même si elles ne sont pas causées par une balle, peuvent néanmoins faire très mal.

Il restera de lui des images fortes. Celle du combattant d’Indochine, tenue camouflée ouverte sur la poitrine et cigarette aux lèvres, photographié, quelques jours avant la chute du camp de Diên Biên Phù, aux côtés d’autres “bêtes de guerre”, le colonel Langlais et le commandant Botella. Celle du rescapé des camps de prisonniers du Viêtminh, physiquement intact, du moins en apparence, alors que d’autres, à bout de forces et de souffrances, gisaient sur des civières. Lui-même avait échappé, de justesse, à une exécution sommaire par ses geôliers, consécutive à une tentative d’évasion.

Puis il y eut le Bigeard de la guerre d’Algérie, celui du djebel ou de la bataille d’Alger. Toujours en treillis léopard, coiffé de la casquette inspirée de celle de l’Afrikakorps de Rommel, expliquant aux journalistes qu’en luttant contre les terroristes de Yacef Saadi, il défendait « l’Occident chrétien ». Ou bien le Bigeard du désert, en short, laissant son photographe, Marc Flament, fixer sur la pellicule l’agonie du sergent-chef Sentenac.

Enfin, il y eut le Bigeard transformé en notable, d’abord secrétaire d’État nommé par Valéry Giscard d’Estaing, en tenue jaspée et képi à feuilles de chêne de général, puis en strict complet veston et cravate de “pékin”, après son élection à l’Assemblée nationale. Mais toujours avec la même voix roulante et la même gouaille.

Le souvenir le plus intense, pour cet amoureux du panache, ce fut sans doute lorsque, colonel portant son béret rouge, âgé de 40 ans, il défila le 14 juillet 1956 aux Champs-Élysées, à la tête de ses paras, ovationnés par la foule, ivres, comme les routiers et capitaines chantés par Heredia, « d’un rêve héroïque et brutal ». Il déjeuna à l’Élysée et reçut des mains du président Coty la plaque de grand officier de la Légion d’honneur, complétant une batterie de décorations déjà impressionnante. Blessé cinq fois, il était titulaire de vingt-quatre citations individuelles.

Marcel Bigeard est né le 14 février 1916, dans une famille modeste où l’on se nourrissait le plus souvent de harengs et de pommes de terre du jardin. Après un service militaire accompli sans enthousiasme au 23e régiment d’infanterie de forteresse de Haguenau, il se voyait promis à une carrière dans la banque, sans péril ni gloire. La guerre fut son révélateur. Volontaire pour les groupes francs lors de la mobilisation de 1939, il y découvrit le goût du risque et des sensations fortes. Adjudant quand intervint l’armistice de 1940, il s’évada de son camp de prisonniers en Allemagne, se maria, rejoignit l’Afrique-Occidentale française où il fut recruté par les services spéciaux britanniques. Il fut bientôt parachuté dans l’Ariège où, aidé notamment par des républicains espagnols, il infligea à l’ennemi des pertes sévères.

Son choix de vie était fait : l’armée. Et l’armée, pour un officier français qui voulait faire son métier en 1945, c’était l’Indochine où le Viêt-minh communiste avait engagé les hostilités contre la France. L’officier issu des maquis s’embarqua pour l’Extrême-Orient avec ses galons de capitaine. Bientôt, la “colonne Bigeard”, chargée de pacifier le pays thaï, s’acquit une solide réputation. Au cours de ses trois séjours indochinois, son chef allait aussi gagner un surnom : Bruno – son nom de code radiophonique.

Pour lui comme pour bien d’autres, la guerre d’Indochine s’acheva tragiquement à Diên Biên Phù, la cuvette maudite où disparurent les meilleures unités de l’armée française, parachutistes et légionnaires en tête. Dans les Centurions, roman où Bigeard a les traits du lieutenant-colonel Raspéguy (et dont les Américains tirèrent un film assez médiocre avec Anthony Quinn dans le rôle-titre), Jean Lartéguy a magnifiquement décrit la mentalité de ces officiers rescapés de l’enfer de Diên Biên Phù et des camps de prisonniers du Viêt-minh : à jamais marqués, plus jamais comme les autres. Une autre guerre les attendait en Algérie. Certains pensèrent : plus jamais de défaite. Ainsi furent-ils conduits, quelques années plus tard, à l’insurrection contre le pouvoir politique incarné par le général de Gaulle quand ils furent convaincus que sa politique finirait par l’indépendance de l’Algérie.

Une lutte qui laissait peu de place à la morale ordinaire

Mais pour Bigeard, l’officier ne pouvait qu’exécuter les ordres, même s’il les réprouvait en conscience. Cedant arma togae. Il accomplit sa mission sans faiblesse mais dans le respect de l’adversaire, y compris pendant la bataille d’Alger, lorsque cet adversaire prit le visage de terroristes répandant leurs bombes pour tuer le plus de monde possible. Bigeard et ses paras, comme les autres unités de choc affectées à cette lutte hors normes, agirent avec une efficacité qui laissait peu de place à la morale ordinaire. Mais lui-même passa de longues heures à discuter, après sa capture, avec Larbi ben M’Hidi, chef du FLN à Alger, dont il savait que la sanction de son action ne pouvait être que la mort. « Si j’avais été algérien, dira-t-il, j’aurais été fellagha. »

Tout de même, se méfiant d’un homme que son prestige pouvait conduire à des tentations dans le climat explosif de l’époque, le général de Gaulle préféra l’expédier en Centrafrique en 1960. Promu en 1966 au grade de général, Bigeard servit ensuite au Sénégal, puis, sous Georges Pompidou, dans l’océan Indien et enfin à Bordeaux, comme commandant de la 4e région militaire, avec une quatrième étoile de général de corps d’armée. Il avait 59 ans. Il pensa le moment venu de “raccrocher”.

Mais, élu président de la République, Valéry Giscard d’Estaing avait hérité d’une armée au moral atteint. Dans les casernes s’agitaient des “comités de soldats” manipulés par le gauchisme de Mai 68. Il pensa à Bigeard, le grand soldat fidèle, pour redresser la situation. Ainsi se vit-il proposer, en janvier 1975, un secrétariat d’État à la Défense sous l’autorité d’un ministre gaulliste, Yvon Bourges. Cette promotion dans les plus hautes sphères grisa le baroudeur au langage carré. Puis vint la déception. « En fait, on n’agit vraiment sur rien, écrira-t-il, on a l’impression de patiner, de faire du surplace. On s’agite, mais rien ne bouge. » Conscient des limites de son action, il finit par offrir sa démission.

La politique le rattrapa en 1978. Giscard, pour qui il continuait de nourrir une déférente affection, le pressa de porter les couleurs de l’UDF aux élections législatives dans la circonscription de Verdun. Bigeard à Verdun, quel symbole ! Le général effectua un tour de piste dans la circonscription, puis jeta l’éponge : trois candidats pour la droite, c’était trop ! Finalement, c’est à Toul, sa ville natale, qu’il se fit élire. Il siégea pendant dix ans à l’Assemblée nationale, se liant avec les personnalités les plus diverses, de droite ou de gauche, en particulier Charles Hernu, ministre de la Défense du gouvernement socialiste de Pierre Mauroy.

Ses dernières années, il les passa à écrire à la fois ses souvenirs de combattant et ses cris du coeur, exprimés aussi dans des tournées de conférences. En 1994, quarante ans après la bataille, il retourna à Diên Biên Phù, dont le site a été conservé en l’état par le gouvernement vietnamien. Une occasion, pour l’ancien para qui se vantait d’avoir toujours combattu sans haine, de retrouver ses adversaires d’autrefois. Et aussi de renouveler son souhait de voir ses cendres répandues, après sa mort, sur la sinistre cuvette, désormais verdoyante et cultivée, où tant de ses anciens compagnons perdirent la vie.

En octobre 2009, devenu, selon ses propres mots, un « con glorieux », Marcel Bigeard publia son dernier livre. Dans son ultime interview, accordée à notre journal le 29 octobre 2009 (« Bigeard dit tout ce qu’il pense »), il nous confia : « L’amour de la France me fera vibrer jusqu’à mon dernier souffle. »  Claude Jacquemart

A lire aussi sur valeursactuelles.com :
"Un authentique chef de guerre", les témoignages d'Hélie de Saint-Marc, Erwan Bergot et Hervé Morin.

À lire
Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, le général Bigeard a notamment publié ses souvenirs de combattant sous le titre Pour une parcelle de gloire (1975), puis une autobiographie, De la brousse à la jungle (édité en 1994 par Hachette-Carrère, réédité en 2002 au Rocher). Son dernier livre, Mon dernier round, est paru en 2009 au Rocher (274 pages, 19 €). À lire aussi, une biographie, Bigeard, d’Erwan Bergot (Perrin, 1988).

Repères
14 février 1916 Naissance à Toul.
Septembre 1939 Volontaire pour les groupes francs. Adjudant en 1940. Trois croix de guerre, première blessure. Prisonnier en Allemagne.
11 novembre 1941 Réussit sa troisième tentative d’évasion.
Octobre 1943 Sous-lieutenant. Recruté par les Britanniques pour être parachuté en France.
Août 1944 Combats dans l’Ariège. Chevalier de la Légion d’honneur, cinq citations. Septembre 1945 Départ pour l’Indochine, avec le grade de capitaine. Constitue en pays thaï la “colonne Bigeard”.
Octobre 1948-octobre 1950 Deuxième séjour indochinois.
Juillet 1952-septembre 1954 Troisième séjour indochinois. Promu lieutenant-colonel sur le champ de bataille de Diên Biên Phù.
Octobre 1955. Départ pour l’Algérie. Commande le 3e régiment de parachutistes coloniaux (3e RPC).
5 septembre 1956 Victime d’un attentat du FLN à Bône.
1957 Bataille d’Alger. Commande ensuite le secteur de Saïda.
Juillet 1960-janvier 1963 Affecté en Centrafrique.
Juillet 1966 Promu au grade de général.
Février 1968-juillet 1970 Commandant des forces terrestres françaises à Dakar.
1971-été 1973 Commandant supérieur dans l’océan Indien.
Mars 1974-février 1975 Général de corps d’armée, commandant de la 4e région militaire à Bordeaux.
Janvier 1975 Secrétaire d’État à la Défense. Démissionne l’été 1976.
1978-1988 Député UDF de Meurthe-et-Moselle.

Photo © ECPAD


 “Un authentique chef de guerre”



Hommage au général Bigeard


Bigeard dit tout ce qu’il pense

Bruno Lair le jeudi, 29/10/2009

 

“Mon dernier round” démontre que l’ancien secrétaire d’État à la Défense de Giscard a gardé une bonne droite. À 93 ans, il remonte à l’assaut dans cet entretien coup de poing.

Au coeur de cette Lorraine où il est né « il y a quatre-vingt-treize ans et neuf mois », comme il s’amuse à le préciser, le général Marcel Bigeard – l’officier le plus décoré de France – nous ouvre ses portes, à Toul, dans cette maison de style colonial transformée en petit musée de ses différentes campagnes au cours desquelles il fut blessé cinq fois au combat : les maquis de l’Ardèche contre l’occupant nazi, Diên Biên Phu (où il fut parachuté deux fois, en 1953 et en 1954) contre les communistes vietnamiens, l’Algérie, la casbah d’Alger et Timimoun contre le FLN algérien… Malgré les ans et « pas mal d’arthrose »,“Bruno” (son indicatif radio) remonte à l’assaut dans Mon dernier round. Pour dire haut et fort ce qu’il pense.

L’ancien secrétaire d’État à la Défense de Giscard (1975-1976) passe en revue l’actualité internationale, qu’il suit toujours au jour le jour. Il nous parle de cette France qui, dit-il, lui « fait mal » et « tourne en rond », jusqu’à déboussoler tant de nos compatriotes. « Tous les jours, confie-t-il, je me fais ma revue de presse et je me mets dans la peau de Sarko. Je me bats moralement. Si je m’arrête, je meurs. Alors, je continue… »

Auteur d’une quinzaine de livres à succès (de Ma guerre d’Algérie à Pour une parcelle de gloire, en passant par De la brousse à la jungle), Bigeard avait livré en 2006 son testament politique, dans Adieu ma France. Trois ans après, celui qui s’est défini comme « le dernier des cons glorieux » remet ça. Sur l’Afghanistan et le terrorisme, l’Algérie et la colonisation, Nicolas Sarkozy et «notre beau pays qui va à vau-l’eau », cette légende vivante des troupes aéroportées et des combats héroïques d’Indochine et d’Algérie nous livre ses réflexions sur le ton direct qu’on lui connaît, qui explique son charisme auprès de plusieurs générations de soldats.

Vous suivez la guerre d’Afghanistan. La guerre contre les talibans vous semble-t- elle perdue ? Peut-être ! Pour l’Afghanistan, le président Barack Obama a cependant pris la bonne décision dès le début de son mandat en disant à l’Amérique : on reste. Mais il faut à l’évidence envoyer plus de troupes, car cette guerre se gagnera sur le renseignement, en jouant de l’effet de surprise. Le général David Petraeus, qui dit lui-même copier la “contre-insurrection” de Bigeard en Algérie, est un type bien, mais il lui faut un bon outil, plus d’hommes et de moyens pour l’emporter.

Lesquels ? Il faut des troupes très mobiles, héliportées sur un point où elles attaquent et qui, dès le lendemain,sont ailleurs… Il faut sans cesse savoir surprendre l’ennemi et ne jamais se laisser surprendre. Sur le terrain, j’ai joué au poker et pris des risques toute ma vie, alors que nos militaires aujourd’hui n’osent pas.

Les Français doivent-ils, eux aussi, envoyer des renforts ? C’est un choix.Si on abandonne aujourd’hui l’Afghanistan aux talibans,o n ouvre complètement la porte à ce monde subversif qui va se glorifier d’avoir battu le monde libre, et ça va continuer et péter de partout…

Pourquoi ? Le grand danger aujourd’hui n’est plus la Russie, c’est le terrorisme islamique, qui prend souche un peu partout dans le monde.Que cela plaise ou non, il faut considérer que nous sommes en guerre contre le terrorisme islamique : il ne se passe plus un jour sans qu’un attentat tue des populations civiles. En France aussi, nous devons prendre conscience de cela autour de nous. Si on n’envoie pas de troupes supplémentaires, on va s’enliser – cela en prend déjà le chemin –, mais si l’on envoie des renforts, il faut des hommes qui y croient,qui en veulent et des chefs qui les fassent vibrer.

Comme… Bigeard en Algérie ? Exactement. En Algérie, mes 1000 hommes en valaient 10 000 ! J’avais 1 000 “Bigeard’s boys”prêts à se faire trouer la peau. Chez nous, c’était «Tous pour un, un pour tous ! » Ils étaient prêts à me suivre jusqu’au bout, car tous se disaient: avec lui, on a confiance; si on se fait tuer, ce ne sera pas de sa faute, mais de la nôtre. Bigeard vivait pour ses hommes. Ce n’était pas seulement «Allez les petits gars, en avant! » Bigeard pensait avant de passer à l’attaque. Voyez mon manuel de contre-guérilla, écrit en 1956,pour remonter les filières de poseurs de bombes en Algérie.

Comment voyez-vous nos relations actuelles avec l’Algérie ? Tout est possible aujourd’hui, mais c’est une question de patrons, de chefs, d’un côté comme de l’autre. C’est pourquoi une réconciliation entre la France et l’Algérie ne se fera pas avec un homme comme Bouteflika, sa haine antifrançaise et toutes ses conneries de repentance. Sur ce point,je suis d’accord avec Nicolas Sarkozy : il y en a assez de la repentance ! S’ils vivent comme ça aujourd’hui, c’est qu’il y a eu la colonisation et celle-ci n’a pas eu que de mauvais côtés. Il faudrait des gens de qualité qui disent que la France et l’Algérie ne doivent plus être ennemies mais amies, car elles ont aujourd’hui besoin l’une de l’autre.

Vous écrivez: “Après Chirac, il était temps que nous changions de politique africaine…” Pourquoi ?
C’est vrai,mais ce n’est pas facile aujourd’hui de faire autrement. Sarkozy s’en rend compte et prône la rupture. La France n’a pas vraiment de grandes positions politiques à l’égard de l’Afrique, qui est de plus en plus minée par l’islamisme radical. Pour parler aux Africains et changer vraiment nos relations, il faudrait d’abord une France respectée et ce n’est pas le cas.Qu’a fait Chirac pour la France, au cours de ses deux mandats ?

Et Nicolas Sarkozy ? Il a au moins le culot de dire qu’il faut que les choses changent. Il essaie de faire ce qu’il peut. Sarkozy aura du mal, mais je souhaite qu’il réussisse. Son combat, c’est le nôtre. L’état de la France me fait mal et me désole. Regardez, par exemple, toutes ces bandes et ces trafics en Seine-Saint-Denis,le département le plus dur. C’est grave ! Remettons d’abord de l’ordre chez nous, dans nos banlieues, de manière vigoureuse et énergique. Que ces petits voyous qui se réunissent à quinze ou vingt aient peur et comprennent qu’en étant dur avec eux, on travaille pour eux et leur avenir. L’urgence, c’est de retrouver nos valeurs et un idéal,c’est de redonner confiance aux Français.

Vous dites “que le terminus se rapproche”… Votre “dernier round” est-il votre combat contre la mort ?
C’est le seul combat perdu d’avance. La mort, que j’ai tant de fois côtoyée, je la regarde aujourd’hui dans les yeux. Cela ne m’effraie pas. Je lutte pour me maintenir en forme jusqu’au bout. J’ai encore toute ma tête et j’ai Gaby, mon épouse que je connais depuis soixante-quinze ans, toujours auprès de moi. Ma vie, c’était la France et mes hommes, la famille passait après, Gaby le savait.Aujourd’hui, je reçois une centaine de lettres par jour et je m’efforce de répondre à chacun. Les 35 heures, je ne connais pas !

Votre santé ? J’ai bien sûr un peu d’arthrose, mais j’ai fait des années de boxe et j’ai encore une bonne droite. Si j’en mets une à un gars, il sera KO, je vous le promets.La France est un grand pays et peut le redevenir. Je le souhaite de tout coeur. À 93 ans, j’y crois encore. L’amour de la France me fera vibrer jusqu’à mon dernier souffle. C’est pourquoi,je crie : «France, réveille-toi ! » C’est urgent.

Mon dernier round, du général Marcel Bigeard, éditions du Rocher, 274 pages, 19€.


Traduction

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