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Légionnaire toujours...

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2016




Éloge funèbre au Capitaine Dominique Bonelli.

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Éloge funèbre prononcé par le général d’armée (2S) Bruno Dary Lors des honneurs militaires rendus dans la cour d’honneur des Invalides au Capitaine Dominique Bonelli grand officier de la Légion d’honneur - 10 citations Le 16 juin 2016

Mon capitaine, mon ancien, ou plutôt, mon cher Dominique,

Voici une petite quinzaine de jours, quand nous nous sommes vus pour la dernière fois, alors que la maladie vous empêchait de quitter votre foyer, vous m’avez demandé de prononcer votre éloge funèbre ! Le moment de surprise passé, et connaissant votre sens de l’humour inaltérable, je me suis permis de vous répondre, cette phrase devenue célèbre depuis le combat de Camerone :

« On ne refuse rien à des hommes comme vous ! »

Je ne peux vous cacher qu’initialement, je fus surpris que vous m’adressiez si simplement une telle requête, car voici presque 70 ans, lorsque vous décidiez de choisir la carrière militaire, je n’étais pas né et quand vous sautiez à Dien-Bien-Phu, je marchais à peine. Mais vous connaissant bien depuis presque 30 ans, je savais que n’étiez pas à un paradoxe près ! Oserais-je dire dans les circonstances d’aujourd’hui, que vous avez aimé manier le paradoxe, pour ne pas dire que vous fûtes l’homme des paradoxes !

Dans le livre qui vous est consacré, écrit par celle qui vous accompagna au soir de votre vie, votre compagnon d’armes, Roger Faulques, qui était du même métal que vous, n’hésita pas à écrire en tête de la préface : « A un élève de la promotion « Hamacek » qui me demandait lors d’un amphi à Coëtquidan, quelles devaient être les qualités premières d’un officier, je répondis sans hésitation l’orgueil et l’indiscipline ! Et Roger de poursuivre : « l’orgueil d’appartenir à une communauté particulière, qui exige de ses membres un dévouement total et une recherche continuelle de l’excellence, l’orgueil qui permet de rester digne et droit dans les épreuves ; et l’indiscipline, non comme un mode de comportement normal et habituel, mais comme l’expression d’une révolte contre les compromissions et la lâcheté » , puis de conclure : « Dominique Bonelli a pleinement mis en pratique ce précepte que d’aucuns qualifieront de subversif. »

Sans doute, avez-vous reçu ce goût du paradoxe de votre sang corse ? D’une grand-mère, Jeanne, qui n’hésita pas à mettre votre maman au monde, seule, dans la chaleur caniculaire d’un mois d’août, sur le bord d’un mauvais chemin, alors qu’elle revenait du marché pour rejoindre son village de Piétrosella ? Sans doute, l’avez-vous reçu aussi de votre père, Jean-Pierre, qui devança l’appel des armes en 1915, connut l’horreur des tranchées, l’humiliation de l’internement, la fierté de l’évasion, puis l’ivresse de la victoire ; lui, qui connut aussi les grandeurs et servitudes d’une carrière militaire, l’engagement dans la 2e Guerre Mondiale, les contraintes de la vie militaire, la satisfaction de devenir officier par son travail personnel et le bonheur de voir ses deux fils, Toussaint et vous-même, suivre ses pas.

Car vous avez tout juste 20 ans, quand, contrairement au chemin qui s’ouvrait naturellement devant vous, vous refusez de préparer Saint-Cyr, pour vous engager au 1er Bataillon de Choc et rejoindre au plus tôt l’Indochine. Durant deux années, à la tête de votre section de parachutistes, vous serez de tous les combats, avec le 8e Groupement de Commandos Parachutistes, qui deviendra quelques mois plus tard le 8e Bataillon de Parachutistes Coloniaux,sous les ordres du capitaine Tourret ! Ces combats trouveront leur apothéose, ou leur paroxysme, dans la cuvette de Dien-Bien-Phu, où vous êtes parachuté lors de l’opération Castor en novembre 1953 et où vous vous battrez jusqu’à la dernière cartouche. Comme vos compagnons d’infortune, vous connaitrez alors durant plusieurs mois l’humiliation des prisons vietminh, la souffrance de la faim et l’exténuement des marches interminables. La fin de ce calvaire et la joie de retrouver la liberté et le monde civilisé seront ternis par l’annonce de la mort au combat de votre frère aîné, Toussaint, quelques mois plus tôt à la tête de sa section, dans les combats de Dong-Trieu.

Et puis, à peine sorti de l’enfer de la jungle, avec vos cinq citations et la Légion d’Honneur, vous restez fidèle à votre goût pour le paradoxe et vous demandez à rejoindre le 1er Régiment étranger de Parachutistes, le 1er REP, que vous avez côtoyé à plusieurs reprises dans les durs combats indochinois et surtout dans la cuvette de Dien-Bien-Phu.

C’est dans les rangs de ce bataillon, devenu régiment, que vous connaitrez les heures les plus fulgurantes de votre carrière militaire. Vous, le guerrier dans l’âme, vous serez à la fois commandé et obéi par des hommes de votre trempe : comme l’écrira plus tard votre premier commandant de compagnie, Hélie Denoix de Saint-Marc : « Nous n’avions connu que la guerre depuis notre adolescence ; elle était devenue, sinon une habitude, du moins un ennemi familier ; le REP était une communauté fermée, avec ses coutumes et ses références, où les émotions étaient bannies !»

Heureusement, pour votre équilibre humain, le commandement vous accordera le temps de rencontrer et d’épouser Annie, qui vous donnera deux filles, Monique et Chantal et qui vous permettra de sortir, rarement sans doute, de ce monde austère, fermé et exigeant des troupes d’assaut. Votre état de digne enfant de la Corse vous fera sans doute regretter de n’avoir pas eu un fils, ne serait-ce que pour garder le nom ! Mais par fierté et par amour, ce regret restera un secret profondément caché !

Comme chef de section, puis comme capitaine commandant de compagnie, vous participerez pendant plus de 6 années, à la plupart des combats que le régiment conduira, d’abord sous les ordres du colonel Brothier, puis sous celui d’un chef légendaire, à l’image du régiment, le lieutenant-colonel Jeanpierre : vous serez engagé dans la bataille d’Alger, puis à Guelma, dans les Aurès, puis aux frontières ! Vous n’arrêterez pas, sauf lorsque vous serez grièvement blessé à l’épaule, au cours du même accrochage où le Lcl Jeanpierre perdra la vie ! Les succès tactiques succèdent aux succès tactiques, si bien que le combat devient presque une compétition, pour le régiment, pour ses cadres comme pour ses légionnaires. Mais cette aventure captivante, et même enivrante, qui vous accapare corps et bien, vous perdra corps et âme et se terminera dans les larmes. L’Algérie qui vous a vu naître, grandir et vous battre, cette terre que vous avez passionnément aimée, sera aussi votre terre de perdition ! Aux ordres de votre chef, le commandant Denoix de Saint-Marc et à la tête de la 4e Compagnie, vous participez au putsch. Après l’échec de cette « rébellion pour l’honneur », vous suivrez la même destinée que vos camarades : prison, condamnation, déchéance et perte de vos droits civiques. Votre goût habituel de cultiver le paradoxe se transforme en drame : vous, l’officier discipliné, vous êtes condamné pour votre rébellion ! Vous, qui avez fait du métier des armes un sacerdoce, vous êtes exclu des armées ! Vous, l’officier de la Légion d’Honneur aux dix citations, vous êtes dégradé ! Vous, qui étiez un capitaine reconnu, vous n’êtes plus rien !

Mais votre courage et votre optimisme l’emportent et vous vous lancez généreusement dans un monde nouveau pour vous, celui de l’entreprise et celui des affaires. Et, à l’instar de vos compagnons d’armes, même si vous gardez une blessure profonde au fond de l’âme, vous allez réussir dans cette nouvelle aventure ! Après quelques expériences plus ou moins heureuses, c’est à la CSF que vous ferez vos premières armes, notamment dans une fonction où tous les vôtres vont exceller, la direction du personnel ! Vous rejoindrez ensuite la CII, la compagnie Internationale pour l’Informatique comme chef de cabinet du président. Votre réussite au sein du Club des entreprises de l’informatique vous vaudront, en 1988, d’être promu Commandeur de la Légion d’Honneur.

Parallèlement à vos réussites dans le monde de l’entreprise, vous n’oubliez pas vos anciens compagnons d’armes et vous servirez pendant 20 ans comme secrétaire général de l’Amicale des Anciens Légionnaires ¨Parachutistes dont les membres sont venus nombreux aujourd’hui pour ce dernier hommage ! Cet attachement aux légionnaires parachutistes est votre manière à vous de vous rappeler les années passées au 1er REP. Malgré vos activités professionnelles, malgré la pratique de l’équitation ou du golf, malgré votre participation à de nombreux clubs, « des Meilleurs » aux moins connus, malgré le caractère souvent superficiel de la vie parisienne, vous ne regrettez rien, mais vous y pensez toujours ! Vous pensez toujours à vos combats, à vos légionnaires, à la vie simple et dure menée sur le terrain, à la fraternité d’armes forgée devant le risque, au fil des combats, à la mort, qui rode sans cesse et qui vous fait croire que vous êtes devenu invulnérable, tellement vous la côtoyée !

Dans cette vie civile, vous garderez toujours votre goût prononcé pour le paradoxe : vous étiez d’un naturel discret sur votre passé, mais vous aimiez bien être reconnu ! Vous étiez un homme d’honneur, mais vous n’étiez pas insensible aux honneurs ! Vous aimiez les relations vraies et profondes, mais la forme comme la manière de vous vêtir vous importaient aussi ! Vous vous méfiez du discours des hommes, mais vous aimiez bien parler et être écouté ! Pour vous, la fidélité avait un sens profond, mais vous appréciez aussi la présence et le charme des jolies femmes ! Vous possédiez une empathie naturelle, mais certains ne vous laissaient pas indifférent ! Mais, Dominique, c’est ainsi que tous ceux qui sont réunis aujourd’hui dans cette Cour d’Honneur, vous ont aimé et regrettaient votre absence quand vous ne pouviez pas être des leurs !

Et puis, en quelques mois, tout s’est accéléré : voici quelques temps, nous fêtions encore ensemble à la Saint-Michel. Et puis, nous vous avons vu arriver fatigué aux obsèques d’un camarade ! Puis, vous vous êtes excusé de ne pouvoir participer, pour la première fois, à l’Assemblée générale de l’Amicale ! Et puis, vous n’êtes plus sorti et vous receviez chez vous ! Et puis, vous vous êtes alité et, samedi dernier, vous avez sauté une dernière fois pour rejoindre Saint-Michel ! Votre départ nous rappelle ces paysages sublimes de la Corse, lorsque l’on voit le soir monter du fond de la vallée et chasser lentement les derniers rayons du soleil, accrochés aux sommets des montagnes ; votre étoile s’est éloignée, s’est élevée et nous a quittés !

Dominique, sachez surtout que nous garderons de vous l’amour qui vous animait : l’amour de la vie, de ce qui bouge et de ce qui vit, l’amour de l’insolite et de l’aventure, l’amour de vos camarades et de votre famille, l’amour de la Corse et de la France, l’amour du courage et de l’audace ! Et peut-être plus que tout cela, l’amour du métier des armes, de vos légionnaires et de vos combats ! Et au moment, où nous vous disons « A Dieu », nous reviennent dans le cœur, ces vers de Péguy :

« Mère, voici vos fils, qui se sont tant battus !
Qu’ils ne soient pas jugés sur leur seule misère !
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée !


D'un légionnaire, l'autre...

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La Plume et le Képi

Dessin au point à l'encre de chine par Daniel Lordey

Dessin au point à l'encre de chine par Daniel Lordey

Nous regardions le début filmé de l’Assemblée Générale lors du 31e congrès de la Fsale sur “Facebook”. Le présentateur amorçait l’intervention du Président fédéral, le général Gausserès, en ces termes: “… Et voici le premier d’entre vous, ce légionnaire qui marche en tête, mesdames et messieurs c’est votre …”

Après le court-métrage viennent   les commentaires écrits et l’un d’eux, en particulier,  attira vivement notre attention: “Ce légionnaire qui marche en tête ! C’est quoi ça ? Il n’a jamais été légionnaire !”

Et cet autre: “Mais ce n’est pas un légionnaire, il n’a jamais été et ne le sera jamais…”

Ainsi donc, les officiers du “régime général” ayant servi à la Légion ne peuvent pretendre, dans l’esprit de certains “vrais légionnaires” être légionnaires !

Pour illustrer notre propos et être mieux compris  nous croyons utile  d’expliquer succinctement ce que Rollet pensait être  un légionnaire: “On sait le légionnaire, à l’origine,  être le produit  d’une incompatibilité d’humeur avec son milieu. Poussé par le sentiment plus que par la raison, il est désespérément en quête de quelque chose ou de quelqu’un qui suscite son admiration; c’est tout naturellement qu’il admire et respecte celui qui sait le commander; il vénère avec passion celui qui exalte la seule qualité qu’on ne lui ait jamais refusée: la bravoure physique et morale”.

Ainsi, l’imagerie populaire fait du légionnaire un réprouvé, asocial, rude, violent, sans cesse sur le fil du rasoir  entre le mal qui le tente et le bien où le pousse la Légion étrangère qui lui offre un cadre rigoureux, une famille structurée et agissante, j’ose dire une religion avec ses vertus – Honneur et Fidélité – ses rites hérités des traditions et qui possède, à l’image du général Rollet, ses “saints” sortis de ses rangs.

Comment serait-il possible d’isoler un chef aussi symbolique que Rollet et dire qu’il ne fut pas légionnaire ? Et Danjou? Vilain, Maudet? Et que dire du capitaine vicomte de Borelli qui composa le plus bel hommage jamais écrit à la gloire des légionnaires: “À mes hommes qui sont morts”?... Ou encore d’Amilakvari, de Gaucher, de Jeanpierre qui pourtant n’épargna pas ses hommes, et tant, tant d’autres. Les murs de la crypte du musée à Aubagne témoignent de leur bravoure, un millier de noms d’officiers morts pour la France à la tête de leurs légionnaires y sont inscrits! Que faut-il de plus? Pourrait-on leur dénier le droit d’être dits “légionnaires”? Qui l’oserait?  Et que les esprits étriqués se disent bien qu’il ne faut pas être un officier mort pour mériter l’appellation de légionnaire. L’officier est étroitement imbriqué dans la chose légionnaire. La vie de ses hommes peut dépendre de lui, qui en est comptable, comme sa vie peut dépendre d’eux.

Il en est de même pour tous ceux qui ont servi à la Légion dont nombreux comptent bien plus d’années de service   dans l’institution légionnaire que beaucoup de “vrais légionnaires”…

En réalité si l’officier dont on parle était bien aimé par les sous-officiers et la troupe, tout le monde s’accordera pour le considérer comme légionnaire; si d’aventure il était mal aimé,   on le traite alors des noms les plus pittoresques, voire exotiques!  Si les officiers du régime général n’encadraient pas les légionnaires, qui le ferait ?

Yves Galvez, adjudant-chef en retraite à Madagascar donne avec lucidité sa version: “Le képi blanc ou le béret vert ne font pas le légionnaire; c’est surtout un état d’esprit acquis parfois avec difficulté qui permet un jour d’être considéré comme légionnaire.”

Nous pourrions ne pas nous limiter à ces quelques considérations et entrer dans de vastes polémiques  absolutistes…  Être plus royaliste que le roi et laver plus blanc que blanc… après tout pourquoi s’arrêter en si bon chemin? On pourrait prétendre, après avoir affirmé que seuls sont légionnaires ceux qui ont porté ce glorieux couvre-chef, que ceux qui le quittent pour embrasser une carrière de sous-officier ou accéder à l’épaulette pour devenir officier ont cessé d’être des légionnaires, des purs, les gardiens du temple telles des vestales antiques! Et que dire de ceux, nombreux   qui, s’ils l’avaient souhaité et eu la volonté, compte tenu du niveau de leur intelligence, auraient été bien plus gradés qu’ils ne l’ont été au moment de quitter le service actif?

Comme chez les légionnaires “de souche”, les officiers qui ne s’adaptent pas au monde légionnaire sont naturellement écartés, souvent  par leur volonté propre. Alors le genre de querelle qui a suscité ce billet est stérile, donc inutile.  Le vrai légionnaire est celui qui a servi la Légion et la France du  “soldat au colon” comme le dit la chanson, et avec abnégation dans l’honneur et la fidélité.

Après ? Après, il y a ces civils qui ont servi à la Légion et dont certains peuvent  se croire plus légionnaires que d’autres. Nous comprenons alors qu’un certain nombre de nos camarades anciens légionnaires-officiers ne veuillent plus de contacts avec ces derniers…   c’est pour eux aussi et  surtout “un état d’esprit”.

Arrêtez donc messieurs les anciens, qui croyez détenir l'exclusivité légionnaire de conspuer nos camarades officiers ou sous-officiers venus d'autres Armes qui servent dans nos rangs.

Leur cœur, comme le nôtre, bat aussi à 88 pas à la minute !

Christian Morisot  Antoine Marquet


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CERCLE DE RÉFLEXION G2S - avril 2016

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SÉCURITÉ INTÉRIEURE : les généraux (2S) veulent une armée plus autonome - LIBRE OPINION DE Jean-Dominique MERCHET.

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Posté le vendredi 27 mai 2016

SÉCURITÉ INTÉRIEURE : les généraux (2S) veulent une armée plus autonome - LIBRE OPINION DE Jean-Dominique MERCHET.

Les généraux du G2S critiquent les conditions de l’engagement de l’armée de Terre dans Sentinelle.

C’est un dossier d’une rare vigueur que le G2S, un groupe de réflexion semi-officiel des généraux en 2ème section de l’armée de terre, vient de publier sur l’engagement des armées dans la sécurité intérieure. Sous le titre « Pour un rôle clair et réaliste des armées dans la lutte contre les terroristes « militarisés »... », pas moins de sept d’entre eux disent tout le mal qu’il pense de cette affaire. Il s’agit de Jean-Marie Faugère ancien inspecteur général des armées, Alain Bouquin ancien chef de l’Inspection de l’armée de terre, Daniel Valery ancien gouverneur militaire de Paris, Jean-Jacques Cahuet, Jean-Claude Allard ancien commandant de l’aviation légère de l’armée de terre, Vincent Desportes ancien directeur de l’Ecole de Guerre et Jean-Claude Thomann ancien commandant de la force d’action terrestre.

Pour résumer leur pensée, au risque de la caricaturer, ils ne veulent pas que l’armée de Terre soit employée comme force supplétive de la police et de la gendarmerie, mais gagne une autonomie d’action sur le territoire national.

Comme le dit le général Faugère : « Les chefs militaires restent encore les mieux placés pour raisonner froidement les conditions d’emploi des armées, à l’extérieur comme sur le territoire national, pour apprécier les menaces actuelles et les solutions militaires qui concourent au but politique recherché : ici, l’éradication sur le sol métropolitain de la menace terroriste dès lors que les forces de sécurité ne suffisent plus à la tâche. Ecoutons dans leurs œuvres les professionnels que la République s’est donnée ; ils demandent simplement une claire définition des objectifs, y compris la désignation d’un adversaire (ennemi ?), un partage cohérent des responsabilités à assumer et l’autonomie d’appréciation et de décision dans les moyens à mettre en œuvre et dans leur emploi. Ce que ne semblent pas être les orientations actuelles. »

Pour sa part, Alain Bouquin voit dans l’engagement de l’armée sur le territoire national, « une navigation périlleuse entre trois écueils, forfaiture, imposture et emploi contre-nature ». « Pour le militaire : la protection est un dû à son pays et à ses compatriotes ; un devoir auquel il ne peut se soustraire ; sans tergiverser. Et ce quelles que soient les conditions dans lesquelles il est déployé. » « On se doit de donner à l’armée des conditions d’emploi qui lui permettent de jouer sa partition dans un registre qu’elle connaît ; sans l’inhiber ni brider son efficacité. Mais aussi, bien sûr, en prenant toutes mesures adéquates pour exercer le nécessaire contrôle démocratique qu’exige ce genre de situation. »

Les généraux Valéry et Cahuet considèrent que « lorsque les moyens organiques des services publics ne sont plus en mesure de faire face aux situations de gravité extrême que le pays peut connaître (insécurité, dysfonctionnement des services publics, déstabilisation de la société, catastrophes exceptionnelles,...), l’Etat se doit de faire appel aux armées considérées dans notre société comme l’ultime recours de la Nation. »

Pour Jean-Claude Allard, Sentinelle est même « devenue un outil d’affaiblissement et un signe de faiblesse ». Il plaide pour « des tactiques d’emploi groupées, en appui des forces de sécurité et du pouvoir judiciaire, pour réaliser des actions de présence et de surveillance de zones, là où des populations réclament plus de sécurité, plus de présence de l’État au quotidien. Et parfois malheureusement, s’estimant délaissées, s’abandonnent à ceux qui « tiennent le terrain ». Qui, plus que l’armée de terre française, est légitime pour occuper le territoire français ? »

Le général Desportes affirme que « la situation actuelle, insatisfaisante à tous points de vue, ne peut perdurer. « Ligne Maginot » contournée aisément par les terroristes de Bataclan, Sentinelle ne peut pas se contenter de l’illusoire consolidation qui a suivi cette barbarie. Que ferons-nous de mieux avec 10.000 hommes que nous n’avons pas su faire avec 7.000, si tout le système n’est pas profondément repensé ? Rien, bien sûr : on ne répond pas à une rupture stratégique par des mesures cosmétiques ».

Enfin, le général Thomann avance que   « l’obsession du « contrôle démocratique » de l’emploi des militaires sur le territoire national conduit à leur interdire toute action spécifique, quel que puisse en être le gain en efficacité opérationnelle. »

Jean-Dominique MERCHET


Médecin en hélico

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