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Légionnaire toujours...

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2014




Bohaterowie czy awanturnicy ?

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1917 Le chemin des dames

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Autopsie d'une défaite

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Notre région dans la guerre 1914 - 1918

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4° de Marche

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3. févr., 2014

Les Garibaldiens 

Nous y sommes, la France prépare la commémoration du centenaire de son entrée en guerre contre l’Allemagne, en 1914. Cette première guerre mondiale avait, dès ses premiers jours, donné aux soldats français le sentiment qu’ils allaient être les acteurs d’un événement historique, certes, mais bref.  Nul  ne pouvait, à l’époque, prévoir la durée de la guerre. Quelque  quatre ans plus tard, au moment de la signature de l’armistice, les protagonistes de cette horrible “boucherie des tranchées” ont cherché à expliquer cette guerre en la racontant telle  qu’ils l’ont vécue ; l’incompréhension dominait et il semble bien qu’il était  impossible pour le français moyen d’alors, d’expliquer ou, pour certains mêmes, de se souvenir pourquoi et comment ce conflit avait été déclenché.

Tout un programme... On dit que l’histoire ne se répète jamais, mais    malheureusement les guerres et leurs effets se renouvellent sans cesse.

Que restera-t-il de ces commémorations dans la tête des jeunes générations ?

Rendez-vous sur objectif  mais en attendant, une évidence s’impose : il n’était pas possible ne pas en parler, pour rappeler et apporter peut-être un nouveau regard sur les atrocités dont les hommes sont capables par idéologie, désir de puissance, d’hégémonie, de vengeance… Un tour d’horizon sur le monde  et nous pouvons douter des « plus jamais ça ».

« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » (Bossuet)

1914

Dès juillet, un mois juste avant la déclaration officielle de la guerre le, 03 août 1914, tous les journaux européens exceptés ceux de l’Allemagne et de l’Autriche, invitaient leurs compatriotes à venir, nombreux, servir sous les plis du drapeau français. L’enthousiasme était de mise et le 08 août, paraît le décret tant attendu: “Les engagements des étrangers aux régiments sont reçus pour la durée de la guerre”.

Ainsi, dans les premiers jours de la guerre près de 32 000 étrangers s’enrôlent dans l’armée française répartis par nationalité comme suit:

Belges: 1 462

Anglais: 379

Russes: 3 393

Italiens: 4 913

Grecs: 300 (en mai 1915 arrivaient les « Comitadjis »)

Luxembourgeois: 541

Espagnols: 969

Suisses: 1 467

Austro-Hongrois: 1 369 (Tchèques)

Allemands: 1 072

Turcs: 592

Amériques: 200

Divers: 11 854 (dont Alsaciens et Lorrains)

Arrivés à Bel-Abbès et à Saïda, ils formèrent le 2è  régiment de marche du 1er Etranger et le 2e  régiment de marche du 2e  Etranger. Pour important qu’elle soit, la constitution de ces deux régiments de marche n’absorbe pas la totalité des effectifs, ainsi 4 000 Italiens constitueront le régiment de marche nº 4 du 1er Etranger. Son chef est le lieutenant-colonel Giuseppe Garibaldi dit « Peppino ».

Le 17 décembre 1914, ils sont groupés en Argonne, au Claon, où ils séjournent jusqu’au 24 décembre. Au cours même de la nuit de Noël, les hommes de la “Légion Garibaldienne” montent en ligne. Le 26 décembre il partent à l’attaque des tranchées ennemies au bois de Bolante aux cris de « Viva Italia, vive la France ». Leurs tuniques vertes déboutonnées laissent entrevoir les célèbres chemises rouges des petits-fils de Garibaldi. Ils y subissent de très lourdes pertes. Ils marquent du sceau de leur courage et de leur gloire des lieux dont les noms pittoresques ne laissent en rien entrevoir les horreurs que s’y   déroulent :     la Pierre-croisée, la Fontaine aux charmes, l’Homme mort, le Four des moines, le ravin des Courtes-chausses, celui de la Fille-morte… de quoi faire rêver, mais ces vaillants guerriers n’ont guère le temps de rêver…

Le paysage est piétiné par des milliers de combattants. Dès le départ, les bataillons s’enchevêtrent dans les taillis et les sous-bois, sinistres refuges dans lesquels le moindre déplacement  donne  l’alerte à l’ennemi qui prend le temps de les recevoir. Quand l’aube pointe ses premiers rayons d’un froid soleil d’hiver, les compagnies s’élancent et tout de suite c’est l’hécatombe, les mitrailleuses ennemies se déchainent et sèment la mort. Les réseaux de barbelés implantés se révèlent des obstacles retardateurs, des pièges mortels où les soldats, fauchés dans leur élan, sont crucifiés dans des postures d’épouvantail par la mitraille allemande.  Il faut creuser des boyaux souterrains.

Pourtant, malgré cette première attaque perdue, l’ardeur des garibaldiens n’est en rien entamée, bien au contraire. Le 5 janvier 1915, ils repartent au combat. En une seule vague, le 4è de Marche s’élance et enlève plus de 500 mètres de tranchées allemandes. Les pertes sont sévères, 125 tués et 172 blessés.

Le 8 janvier 1915, les survivants sont envoyés en renfort sur le chemin de la Haute Chevauchée dans la zone des Meurissons où la situation est critique. Dans un ultime effort, ils arrivent à temps pour stopper, contenir et repousser une inquiétante et dévastatrice tentative ennemie.

Leurs charges permettent de rétablir la situation en notre faveur et de reprendre en partie le terrain perdu. Ramené vers l’arrière du front, le 4e  de Marche du 1er Etranger est progressivement démantelé.

Le gouvernement italien confirme sa neutralité et rappelle sous les drapeaux des classes de réservistes mais c’est en prélude à sa propre entrée dans la guerre.

Le 5 mars, le 4è  de Marche est officiellement dissous, mais ceux des Italiens qui ne souhaitent pas rentrer “au pays” sont affectés dans les autres régiments de Marche de la Légion.

 

Front de la Légion

(fin 1914 début 1918)

                 - Combat d’Argonne (déc 1914) 4e/1er Etranger

                 - Somme (hiver 1914-1915) 3e/1er Etranger

                 - Craonne (hiver 1914-1918) 2e/2e Etranger

                 - Artois – Ouvrages blancs – Vimy (mai 1915) 2e/1er    Etranger 

                 - Champagne – Souain – Navarin (sept 1915) 2e/1er et 2e Etranger

                  - Somme – Belloy en Santerre (juil 1916) RMLE

                  - Les Monts – Auberive (avril 1917) RMLE

                  - Verdun – Cumières (août 1917) RMLE

                  - Amiénois – Hangard-en-Santerre (avril 1918) RMLE

                  - Soissonnais – Montagne Paris – Ambleny (1918) RMLE

                  - Laffaux – Vauxaillon (août-septembre 1918) RMLE
Christian Morisot 

LIBRE OPINION : Lettre à un politique qui s’interroge….

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Dimanche, 02 Mars 2014

Par Bernard MESSANA, Officier général (2S)…..

Le malaise des armées

Tu m’as demandé ce que je pensais du « malaise » qui rongerait actuellement nos Armées, et j’ai quelque peu hésité à te répondre. Crois-tu vraiment que je puisse avoir un avis serein face à ce qui est qualifié de « démantèlement » de notre appareil militaire ! Démantèlement délibérément mis en œuvre pour éponger quelques-unes des dettes d’un appareil d’État en faillite !

Le constat est en effet irréfutable : Droite et Gauche ont, à tour de rôle, ruiné notre Pays au cours de ces dernières décennies. Aujourd’hui contraintes aux économies, elles ont choisi de réduire en priorité l’outil militaire. Pourquoi lui ? Parce que l’on sait que les Armées, obéissantes et muettes, se plieront à la volonté politique. Pas de grèves à redouter, plus de putsch à craindre… L’opération sacrificielle est sans risque.

L’atrophie de notre Défense
Sans risque ? Sauf à prendre délibérément celui de la faiblesse. En 2019, au terme de l’actuelle loi de programmation, la France ne consacrera qu’un peu plus de 1% de son PIB à sa défense. C’est là plus de deux fois moins que ce que recommande l’OTAN, dont nous sommes membres à part entière. C’est donc qu’en regard des ambitions toujours affichées par nos dirigeants, notre défense ne sera plus crédible. L’arrogance du discours ne masquera plus l’évidence. En atrophiant notre défense, on se sera condamné à réduire nos ambitions.

Tu souris. Quels redoutables ennemis suis-je donc en train d’inventer à nos portes ? Ce que je qualifie « d’atrophie » n’est sans doute à tes yeux qu’une nécessaire et louable adaptation de notre outil militaire à nos besoins, eux-mêmes définis en fonction des menaces.

L’effarante contradiction du Livre blanc
Et pour toi les menaces sont celles que le Livre blanc 2008 avait déjà identifiées, et qui se sont « amplifiées » comme l’écrit le président de la République dans sa préface au Livre blanc de 2013. Mais alors, comment comprendre que face à des menaces qui se sont « amplifiées », on puisse non seulement conduire à terme des réductions d’effectifs décidées en 2008 - 54 000 personnels, (54 000 chômeurs de plus, soit dit en passant) -, mais y rajouter, pour la période 2014-2019, une nouvelle suppression de 24 000 postes ? Quelle effarante contradiction !

Et comment donc comprendre que pour contrer des menaces « amplifiées », non contents de supprimer des effectifs, on gèle aussi le budget, en prétendant le « sacraliser ». En fait, chaque année l’inflation fera son œuvre d’érosion, et l’on sait l’étonnante volatilité de ces ressources dites « exceptionnelles » censées abonder l’enveloppe.

Des arguments qui ne convainquent pas
Tout cela t’a été dit et redit par une multitude de responsables. Mais tu te contentes généralement de réduire au silence les contestataires en affirmant par exemple, avec hauteur, que ce que le Pays consacre à sa Défense fait d’elle la plus forte d’Europe, au même niveau que la Britannique. Et une des plus fortes du monde, tant qu’à faire. De plus, clairvoyant et péremptoire, tu précises qu’il y a aussi des menaces économiques, et qu’il est impératif pour l’indépendance de notre pays de retrouver, par des économies drastiques, comme celles faites sur la défense, tout à la fois l’équilibre financier et la croissance.

Cela est vrai. Mais insuffisant pour justifier une Défense en peau de chagrin.

D’abord parce que j’aurais accepté sans joie, mais sans mot dire, les réductions d’effectifs, - 78 000 postes, en cumulant les décisions de messieurs Sarkozy et Hollande -, si les économies ainsi faites avaient été véritablement consacrées, comme prévu, au rétablissement des finances de l’Etat. Tu sais qu’il n’en est rien. Elles ne font qu’autoriser, sur la même période, l’ouverture de 70 000 postes dans l’Éducation nationale. Paraphrasant un propos célèbre, je me permettrai de te dire que tu n’auras pas une meilleure Éducation nationale en la gorgeant d’effectifs inutiles,- la Cour des comptes te l’a déjà signifié clairement-, et tu auras une Défense lourdement amoindrie.


Une armée en « mode survie »
Ensuite que la réduction des ambitions, certes inavouée dans le discours, apparaît clairement dans les chiffres : En 2008, le contrat opérationnel était de 30 000 hommes, aujourd’hui il est de 15 000. Le vivier de forces projetables, de l’ordre de 120 à 130 000 hommes en l’an 2000, est ramené à 66 000 hommes. Les sénateurs te l’ont dit brutalement, tu auras ainsi des Armées « juste insuffisantes ». Le CEMA qui s’en est allé laisse des Armées « en mode survie ». Triste bilan …

Des menaces multiformes connues
Enfin le tableau des risques et menaces présenté par le Livre blanc, d’une grande qualité rédactionnelle, et d’une profondeur stratégique incontestable, ne permet toutefois pas de répondre aux besoins très concrets de ceux qui ont mission de dissuader, protéger, intervenir, et qui souhaitent savoir « contre qui, où, par où, quand, et comment ».

Ce dernier point me préoccupe, et je vais me permettre de le développer quelque peu, en appelant un chat un chat. En fait je crains que ton esprit ne soit profondément influencé par une vision trop minimaliste de la menace. En effet, très vite après la guerre d’Algérie, nos Armées ont été engagées en Afrique dans des actions multiples qui ont eu en commun de nous confronter à un adversaire courageux, manœuvrier, mais considérablement surclassé par nos moyens. Dès lors tu l’as réduit à la dimension d’un combattant illuminé coiffé d’un chèche, vêtu d’une gandourah, et armé d’une Kalachnikov, sur lequel nous aurions facilement le dessus, même en agissant « à l’économie ». Voilà pourquoi, malgré la forte réduction de notre appareil de défense, tu estimes que nous sommes encore, et pour longtemps, largement en mesure de vaincre.

Pourtant cet adversaire, s’il en trouve les moyens, peut faire avec nous jeu égal, et même nous surclasser. Il nous l’a démontré en certaines occasions, pieusement « oubliées ». Alors il conviendrait que descendant de l’Olympe stratégique où conduit le Livre blanc, tu veuilles bien examiner avec les yeux du fantassin, dans « les 50 derniers mètres », la menace du présent, celle d’un adversaire qui évolue et progresse quand nous baissons la garde. En voici quelques illustrations, réelles ou provocatrices.

Partons de la plus proche : à très court terme, sur notre sol, la centaine de zones de non-droit où l’État n’est plus admis abritera plusieurs centaines de djihadistes revenus de Syrie. Véritables bombes humaines « dormantes », elles attendront le signal…
Un peu plus loin, dans les Balkans, la Bosnie s’insurge et se défait, retrouvant ses divisions confessionnelles. Dans la même zone, le Kosovo et l’Albanie sont qualifiés d’états islamo-mafieux, sources de conflits pour les observateurs.
Et puis voilà que l’Ukraine s’embrase… Encore plus loin, au Maghreb, le Sud tunisien est gangrené par des djihadistes venus de Libye.
L’Algérie surarmée qui vient d’acheter sur étagère près de 400 chars lourds se cherche un ennemi extérieur pour dépasser ses déchirements intérieurs prévisibles…Le Maroc entame en 2014 une augmentation de 20% de son budget défense sur 4 ans…
Le chaudron libyen bouillonne, et ses voisins nous pressent d’assurer l’indispensable « service après vente ». Des hordes de pillards narco-islamiques sillonnent les espaces sahariens. Ne venons nous pas d’assurer le Nigéria de notre soutien dans son « combat » contre Boko-Haram ?
Au Mali, notre amitié pour le Touareg suscite de plus en plus l’ire d’un Sud noir majoritaire.
En RCA, faute d’avoir éliminé les hordes musulmanes de la Seleka qui ont pillé et disloqué ce pays, nous nous sommes attirés la colère de 90% de la population, chrétienne ou animiste. Quant aux Seleka, ils vont gangrener le Sud tchadien peuplé de Saras chrétiens, ou rejoindre le Soudan en guerre. De plus, dans cette RCA où l’Etat n’existe plus, une « mission pour la reconstruction administrative » ne serait-elle pas aussi nécessaire que des contingents onusiens ?

Le changement c’est maintenant !
Mon propos, fait pour inquiéter, nous éloigne grandement des doctes réflexions du Livre immaculé. Les incessants voyages du Ministre de la Défense au Sahel renforcent d’ailleurs cette inquiétude, car on les sait destinés à élaborer une nouvelle architecture d’intervention dans cette Afrique où, il y a peu, le pied de la gauche répugnait encore à se poser.

C’est donc bien que l’instant est venu de changer de pas, et qu’il faut le saisir ; le changement, c’est maintenant :

Un pacte d’efficacité
Voilà pourquoi ce qu’un président pragmatique vient de décider en matière d’économie, il faut impérativement le faire en matière de défense : Changer radicalement de politique. En économie, cela s’est intitulé « pacte de responsabilité », pour la défense, ce sera un « pacte d’efficacité ». Et les Armées s’engageront sur cette efficacité, juste contrepartie du pacte. Elles seront efficaces en matière de dissuasion,- aujourd’hui douteuse -, efficaces en matière de protection, - aujourd’hui minimale -, efficaces en matière d’intervention,- aujourd’hui limitée-. Des Armées revenues et maintenues à la hauteur des ambitions de la France, propres à « redonner à notre pays sa place et son rang » comme le proclamait M. Hollande dans son discours sur la défense du 11 Mars 2012..

Il faudrait ouvrir, dans ce pacte, trois premiers volets. D’autres viendront ensuite:

- Annuler les réductions d’effectifs prévues
D’abord l’annulation pure est simple de la mesure de réduction de 24 000 postes, qui devait prendre effet à partir de 2015. Elle serait pour nos Armées, une sorte de coup de grâce.

- Réétudier les bases de Défense
La reprise aussitôt des études, entre militaires, et aux niveaux qui conviennent, sur la mutualisation des soutiens, « usine à gaz » qui pourrait conduire à un nouveau Louvois. La mutualisation est une idée saine, à condition de ne pas l’imposer de façon uniforme et technocratique, comme l’a été la création des Bases de défense. Parallèlement, les Chefs de Corps doivent retrouver, en matière de soutien, et de logistique, l’autonomie nécessaire à leur entraînement et leurs engagements. Le cœur du métier auquel on veut réduire le soldat n’est pas logé dans ses mollets.

- Redonner aux militaires la place qui leur revient
Le Ministère de la Défense doit être reconquis par les militaires. Presque totalement absents actuellement, ceux-ci ont trop perdu d’influence dans ce qui est pourtant leur domaine de compétence. Ils s’en vexent, s’en alarment, et viennent alors le doute et la lassitude. Certes les CEM s’expriment, mais s’ils sont entendus, sont-ils pour autant écoutés ? Le moment serait assurément propice à la création d’un poste de secrétaire d’Etat, réservé à un jeune Général en deuxième section, comme avait su le faire autrefois M. Valéry Giscard d’Estaing.

Voilà. J’ai dit l’essentiel, de façon ramassée, sans détours, sans périphrases, sans circonvolutions. Ce que les soldats attendent maintenant, c’est, sans détours, sans périphrases, sans circonvolutions, les décisions de bon sens qui s’imposent.

Sinon…Certains parlent de « révolte », de « manifestations », de « résignation » ? J’avoue n’en rien savoir, et cela m’est égal. Car dans ces hypothèses la France ne comptera plus, pour sa défense, que sur une force armée amoindrie, société de services à faible motivation, et à la crédibilité douteuse. Une mécanique médiocre, introvertie, indifférente.

Les Doktors germaniques dans le Viet Minh

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HISTOIRE - La légion étrangère en Indochine : une histoire allemande

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Les légionnaires qui combattirent en Indochine étaient pour beaucoup d’origine allemande. Parmi eux, des enfants perdus dans les décombres du IIIe Reich, d’authentiques nazis, mais aussi, plus inattendu, des communistes qui pour certains changèrent de camp. Un documentaire traite de ce brûlant morceau d’histoire. 

En 1945, le corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient est mis sur pied pour chasser les Japonais d’Indochine. L’effondrement de l’Empire du soleil levant intervenu entre temps, c’est en réalité au mouvement indépendantiste conduit par Hô-Chi Minh que se heurteront les forces françaises, jusqu’au sanglant épilogue de Diên Biên Phu. Le contingent n’étant pas mobilisé, l’armée s’appuie sur des engagés volontaires, au premier rang desquels les légionnaires. Plus de 70.000 d’entre eux servirent en Indochine durant le conflit, auquel ils payèrent le plus lourd tribut côté français, avec plus de 10.000 tués. La forte présence dans leurs rangs d’Allemands et d’Autrichiens a intéressé le documentariste allemand Marc Eberle, qui a réalisé en 2005 pour Arte un film sur le sujet, Légionnaires allemands dans la guerre d’Indochine, diffusé demain à la Metahouse. "J’avais découvert ce fait méconnu en parcourant des livres comme ceux de Graham Greene, où apparaît au détour d’une page la silhouette d’un légionnaire allemand", explique le réalisateur de 40 ans, spécialiste de l’Asie du Sud-Est. D’après les sources, la présence germanique monta parfois à 60% des effectifs de la légion durant le conflit (un chiffre de 70% est même rapporté dans le documentaire).

Tournage du documentaire de Marc Eberle au nord du Vietnam (DR) 

Des SS en Indochine

Parmi eux, beaucoup de jeunes gens faits prisonniers dans l’effondrement du IIIe Reich, les ultimes mobilisés par le régime nazi face aux troupes alliées. "Mais c’est certain qu’il y eut parmi eux des criminels, des gardiens de camps et des SS soucieux de se refaire une virginité", explique Eberle. Un fait controversé à l’origine d’une légende noire, qui fit par exemple le succès dans les années 1970 du livre de George Robert Elford, La garde du diable : des SS en Indochine. L’auteur américain disait rapporter le témoignage d’un ex-Waffen SS croisé au Népal, à la tête d’un plein bataillon d’anciens nazis en "Indo". Les historiens ont contesté la véracité du récit, ainsi que son caractère apologique. "Il est difficile d’établir un profil commun aux engagés, reprend Marc Eberle, qui en a interviewé beaucoup. La plupart disent avoir été des jeunes perdus, sans but, dans un pays en ruine. Certains assument une vision idéologique, disant avoir combattu le communisme avec Hitler et continué avec les Français, d’autres contestent la tournure qu’a pris la guerre mais mettent en avant leur sens du devoir, etc."

 

Les légionnaires, les "képis blancs", en Indochine (DR)

Réseaux communistes et désertion

Plus fascinant encore est le parcours des incorporés allemands à la légion avant guerre, pour des motifs tout autres. Ceux-là étaient des militants et intellectuels opposés au nazisme, réfugiés en France, et qui s’engagèrent dans la légion à la veille du conflit (au même titre que des Espagnols républicains et des Italiens antifascistes). Une dizaine d’entre eux désertèrent ensuite en Indochine pour épouser la cause du Vietminh. Marc Eberle prit connaissance de cette histoire en croisant à Hanoi la route du chercheur allemand Heinz Schütte, auteur d’une étude sur le sujet. La figure la plus connue de ce groupe est l’Autrichien Ernst Frey, qui prit le nom de Nguyen Dan et raconta ses mémoires dans Vietnam mon amour : un Juif viennois au service d’Ho Chi Minh (inédit en français). "Malheureusement d’une génération plus âgée, tous étaient morts au moment du film, remarque Eberle, mais j’ai interviewé un officier vietnamien germanophone, chargé de liaison avec eux, et qui s’occupait notamment d’acheminer les contes de Grimm et livres de Marx dans les écoles montées par le Vietminh."

Errance et désenchantement 

En 1950, Erich Honecker, futur dirigeant de la RDA, lança un appel aux soldats allemands à "rallier le camp des révolutionnaires vietnamiens où se trouvent beaucoup d’anciens légionnaires allemands", leur promettant l’amnistie et un emploi à leur retour. Le chiffre de 1325 déserteurs allemands de la légion est avancé durant la durée de la guerre. "A leur arrivée en RDA, beaucoup découvrirent la nature répressive du régime et passèrent alors à l’Ouest. Seulement, ils étaient fichés pour désertion auprès de la police militaire française alors stationnée en Allemagne. Beaucoup durent alors se cacher ou refuir de nouveau à l’Est", poursuit Marc Eberle. "C’est un parcours assez incroyable, digne d’une fiction entre le nazisme, les guerres coloniales et le communisme." Un récit à la croisée de toutes les brûlures du siècle écoulé.

Samuel Bartholin (www.lepetitjournal.com/cambodge) mardi 15 janvier 2013

 In Foreign Service – German Legionnaires in Indochina (sous-titres anglais), Marc Eberle, mercredi 16, à 16h à Metahouse, 37 bd Sothearos

A lire aussi :

Par le sang versé : la légion étrangère en Indochine, Paul Bonnecarrère, ed. Perrin

Les soldats blancs de Ho Chi Minh, Jacques Doyon, ed. Fayard



LIBRE OPINION : Des soldats, des soldats et encore des soldats

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Lundi, 24 Février 2014

Publié par Michel Goya à 2/21/2014 – « La voie de l’Epée » - (https://lavoiedelepee.blogspot.fr/)....


Alors qu’un journaliste lui demandait ce qu’il fallait pour gagner la guerre en Corée, un soldat américain répondit : « Des Marines, des Marines et encore des Marines ». S’il y a bien une leçon militaire à tirer de l’opération Sangaris en Centrafrique c’est que, pour des raisons opérationnelles, il nous faut plus de marsouins, légionnaires ou chasseurs (et autres bons soldats) que nous n’en avons actuellement, et non plutôt moins comme on cherche à nous le faire croire depuis des années, pour des raisons d’économies budgétaires qui n’ont jamais eu lieu. Dès lors qu’il s’agit de contrôler une zone, de gérer une crise, de traquer des ennemis incrustés dans un milieu complexe, on n’a encore rien trouvé de mieux que de disposer en nombre de ce merveilleux système d’arme d’une rare polyvalence qu’on appelle le fantassin.


Je fais partie de ceux qui ont cru effectivement qu’un engagement limité de 1 600 hommes pourrait suffire à rétablir la sécurité à Bangui, mais je ne suis qu’un « pseudo-expert-auto-proclamé » (expression désormais consacrée désignant tout citoyen qui donne un avis sur l’emploi de la force publique et qui peut s’étendre facilement à d’autres champs). Je me fondais sur mon expérience personnelle du théâtre et l’idée que la Seleka n’était visiblement pas une force capable de nous résister. J’ai compris tout de suite mon erreur en apprenant que contre toute logique militaire sinon diplomatique, il n’était pas question d’affronter la Seleka mais de désarmer les milices locales. Cela changeait tout car, selon un paradoxe qui n’est qu’apparent, moins on veut employer la force et plus il faut être fort afin de s’imposer à tous en même temps.


Dans ces conditions il était évident dès le départ que 1 600 hommes, même accompagnés de 4 000 soldats africains, seraient insuffisants pour contrôler une ville de plus d’un million d’habitants, sans même parler du reste du pays. Une opération de stabilisation suppose non pas un engagement en fonction d’un moindre coût politique et financier espéré mais en fonction de la superficie, de la population à contrôler/sécuriser et du degré de violence atteint sur place. Empiriquement, en tenant compte des expériences passées, cela imposait d’engager entre 5 000 et 10 000 soldats français et à peu près autant d’autres nationalités (à qui il aurait sans doute fallu fournir un soutien matériel).


Oui mais voilà, contrairement à la France des années 1920 ou des années 1940 pourtant épuisée mais qui engageait 100 000 soldats professionnels au Maroc puis en Indochine, la France du XXIe siècle, pourtant jamais aussi peuplée et aussi riche, n’est visiblement plus capable d’un tel effort.

Si nous ne déployons pas 10 000 hommes, c’est avant tout parce que nous sommes incapables de les engager ou au moins incapables de les relever, car, et c’est là aussi une constante historique, on n’obtient pas une normalisation de la situation dans un Etat implosé en six mois. En d’autres termes, la France n’est pas plus capable de mener seule une opération de stabilisation d’une certaine ampleur qu’elle ne semble capable d’affronter seule des armées étatiques mêmes plutôt modestes (l’armée syrienne ou même l’armée de Kadhafi) et le succès de l’opération Serval au Mali ne doit pas faire oublier que nous n’y avons affronté que l’équivalent d’une brigade d’infanterie légère. Que ce serait-il passé si les effectifs ennemis s’étaient élevés à simplement 10 000 combattants ?


Force est d’admettre désormais que la gestion depuis vingt ans de notre outil de défense et plus particulièrement de ses ressources humaines est un désastre. Au nom des dividendes de la paix, de la professionnalisation, du « dégraissage » de la fonction publique, du sauvetage des grands programmes industriels puis des seules finances publiques, nous avons taillé dans les effectifs militaires à tour de bras.

Pour la seule décennie 2008-2018, nous sommes ainsi en train de supprimer 80 000 postes dans la défense, soit un peu moins du cinquième du volume initial, après en avoir supprimé 125 000 dans la décennie précédente (15 000 postes de cadres supprimés et 200 000 appelés remplacés par un surcroît de seulement 90 000 militaires du rang professionnels et de civils).

Quand je suis devenu sous-officier en 1983, 575 000 Français servaient dans les armées et services. Ils ne devraient plus y en avoir que 242 000 en 2019, soit une perte moyenne d’un peu plus de 9 000 postes par an (l'équivalent d'un site de Florange chaque mois). A ce rythme, l’armée française aura cessé d’exister en 2045. Si le ministère de l’éducation avait été soumis au même régime, c’est 600 000 postes qui y auraient été supprimés.


Comme le budget a été gelé en valeur constante depuis 1991 (alors que les dépenses de l’Etat ont augmenté de 80 % depuis cette époque), on pourrait considérer, en termes économiques, que ces pertes humaines ont été compensées par du Travail plus qualifié (les soldats professionnels) et surtout du Capital (des équipements plus performants) et qu’au bilan, l’outil militaire d’aujourd’hui est plus « productif » qu’il y a vingt ans. Cela n’est même pas sûr.

En premier lieu, bien plus que dans les autres ministères où le budget de fonctionnement est largement prédominant, le budget de la défense comprend une forte part d’achats d’équipements dont le nombre reste quand même lié au nombre d’utilisateurs potentiels. Sacrifier ceux qui utilisent les équipements pour aider ceux qui les fabriquent (argument du Livre blanc de 2008) équivaut à saigner un vampire pour étancher sa soif. Lorsqu’on réduit une organisation de moitié ou des deux-tiers, le marché qu’elle représente n’est souvent plus suffisant pour assurer la simple survie.

De fait, l’industrie de défense est réduite à de l’artisanat (comment appeler cela lorsqu’on ne fabrique plus qu’un seul avion de chasse par mois ?) et/ou condamnée à exporter environ deux-tiers de sa production. On connaît la suite : explosion des coûts unitaires, emploi direct des préséries avec leurs défauts, maintien en service de matériels anciens à l’entretien coûteux, incapacité à investir massivement dans autres choses que les programmes lancés dans les années 1980 (dans les drones ou les hélicoptères lourds par exemple).

Au bilan, la seule armée de Terre dispose en 2014 de deux fois moins d’hélicoptères et de quatre fois moins de chars que celle de 1991. Et encore, il ne s’agit là que d’ordres de bataille. Si on tient compte de la disponibilité des équipements, très supérieure en 1991, l’écart est encore plus important. La quantité est une qualité en soi et il n’est finalement pas évident que l’armée de Terre de 2014, même entièrement professionnalisée et partiellement rééquipée, serait capable de vaincre celle de 1991, trois fois plus nombreuse.
L’armée de terre de 2014 est simplement un peu plus projetable que celle de 1991 et encore cela cela est de moins en moins vrai. Le nombre de soldats projetables devrait en effet bientôt atteindre celui d’avant la professionnalisation complète.


Un deuxième aspect, toujours négligé par les comptables qui ont présidé à la révision générale des politiques publiques (RGPP), est qu’une organisation humaine est par définition vivante et les trois armées, qui comptent deux-tiers de personnel en CDD (contre 15 % pour l’ensemble de la fonction publique d’Etat, FPE) avec une moyenne d’âge de 31 ans (pour 41 dans l’ensemble de la FPE) et un mouvement annuel moyen d’environ 17 000 entrées pour 21 000 sorties est encore plus « vivante » que les autres ministères.

De fait, les armées fonctionnent sur le volontariat. Que le métier des armes soit moins attractif et le volume des volontaires au recrutement diminue et donc aussi le taux de sélection puis la qualité moyenne des recrues. Peut-être pire encore, les rengagements sont également moins nombreux et la durée moyenne des services diminue et avec elle la somme des expériences et des compétences. Il y a donc un lien direct et beaucoup plus fort qu’ailleurs entre l’attractivité du métier et le capital humain.

Or, cette attractivité diminue depuis plusieurs années et en premier lieu par le seul fait des réformes. Dans un premier temps, on a tenté de préserver les unités de combat en « rationalisant » leur soutien, c’est-à-dire concrètement en le réduisant et en l’éloignant des forces. Le résultat a été une désorganisation, une rigidification et une plus grande fragilité.

Les armées ne fonctionnent pas comme les autres ministères, elles doivent par définition faire face à des ennemis et à des situations imprévues avec de fortes amplitudes d’action, ce qui est de fait incompatibles avec un système bureaucratique « normal ». En créant les bases de défense et en réduisant les moyens des différentes fonctions de soutien on s’est rendu plus vulnérable à la surprise.

L’engagement de l’opération Serval, qui ne concernait que quelques milliers d’hommes, s’est effectué dans un désordre nettement plus grand que ce qui aurait été le cas quelques années plus tôt. Il est fort à parier qu’un engagement plus important engendrerait la même pagaille que dans l’armée israélienne en juillet 2006 lorsqu’elle s’est engagée contre le Hezbollah ou que dans l’armée du Second Empire en 1870, deux armées ayant adopté le même type d’organisation du soutien.


Pire, la première surprise grave est venue de l’intérieur, avec l’incapacité soudaine de l’institution à payer correctement ses propres membres. La gestion de ce seul « cygne noir » a semble-t-il suffit à dévorer les quelques gains espérés par la déflation des effectifs. A l'instar des grands managers réduisant le personnel de leur entreprise pour augmenter les profits des actionnaires (et leurs stocks options), nos hauts-fonctionnaires, dont on notera qu'ils sont payés par un système particulier et opaque, s'en sortent eux plutôt bien. Le principal réformateur de la fonction ressources humaines du ministère et grand promoteur du désastreux logiciel Louvois a même été élu manager public de l'année 2011.


Avec la mainmise croissante des technocrates (y compris en uniformes) sur les militaires au sein du ministère, la guérilla permanente de Bercy, le rognage permanent sur les conditions de vie et d’entraînement, la réglementation croissante et pénible, tout semble plus difficile à faire en garnison métropolitaine. La vraie respiration des soldats est en opérations extérieures où ils sont libérés de toutes ses contraintes et lourdeurs administratives (mais d’autres contraintes peuvent survenir si la mission n’est ni claire ni même possible).


Nous voici-donc entrés dans une spirale de démoralisation avec les coûts humains et financiers que cela comporte (augmentation des accidents, mauvaise gestion de matériels qui ne sont pas les siens, etc.). Dans une structure où un seul fantassin équipé dispose sur lui de quoi tuer des centaines de personnes, la dégradation de ce capital humain peut aussi avoir des conséquences tragiques et stratégiques. Cette implosion humaine se conjugue donc avec l’implosion matérielle, qu’elle nourrit par ailleurs. Dans un contexte général du « fort au faible », le point Omega de cette évolution n’est sans doute pas la capitulation sur un champ de bataille à l’extérieur face à un ennemi mais en métropole dans ce que certains qualifient déjà de « mai 1940 administratif » et qui consacrera la fin de la France en tant que puissance.


A moins d’accepter à court terme de nouvelles mauvaises surprises et à long terme l’extinction de notre outil militaire, celui-là même qui a protégé la France pendant des siècles, il est urgent, comme dans les années 1930, d’inverser les équations et de comprendre qu’un sauvetage de notre outil de défense n’est pas incompatible avec la rigueur budgétaire, voire même qu’au-delà de l’effort initial désormais indispensable, il peut contribuer à rétablir les finances publiques.

Le 3e New deal (essentiellement militaire) de 1937, a sauvé l’économie américaine avant de contribuer à vaincre les totalitarismes nazi et japonais. La relance militaire du début des années 1980 a également jeté les bases des innovations dont profitent encore les entreprises américaines et la société entière tout en contribuant là-aussi à l’effondrement de l’URSS.

L’effort de défense est aussi celui dont le « multiplicateur » économique, il est vrai toujours difficile à mesurer, est sans doute le plus efficace parmi tous les ministères car il influence directement à la fois notre industrie (dans des secteurs peu délocalisables) et l’emploi en constituant par ailleurs le meilleur système de formation professionnelle pour adultes.


Il est urgent d’honorer une fois pour toutes nos commandes industrielles et de remplacer de la sorte nos équipements les plus anciens. Cette dépense à court terme sera ainsi paradoxalement une source d’économies à long terme. Il est tout aussi urgent d’arrêter de « déconstruire » nos unités de combat et de reconstituer la cohérence et la plénitude des commandements, de retirer tous ces fils qui lient nos régiments-Gulliver, bref de rétablir toutes ces choses empiriques et non comptables qui font que les armées sont efficaces.


Des soldats bien formés et heureux de servir restent encore la meilleure source d’économies autant que le principal instrument de puissance de la nation.

Il faut simplement pour cela refuser le déclin et l’abandon de souveraineté.
Un soupçon de gaullisme devrait suffire.

CENTRAFRIQUE : 400 militaires de plus en Centrafrique

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Appréciation de l'ASAF

1- Dès le départ, tous les militaires sans exception, savaient qu'il fallait plus de 1 600 soldats pour désarmer les milices Séléka.
Pour garantir la sécurité durable de la RCA, c'est au minimum 3 000 soldats français - en plus des contingents africains (en évitant de mettre des forces des pays limitrophes!!!) - qui doivent être déployés dans tout le pays. Il faut en outre les moyens aériens correspondants, en particulier avions de transport ainsi que des hélicoptères de manoeuvre et d'appui protection, indispensables pour garantir la mobilité et la capacité rapide d'intervention de nos forces.

2- Faut-il des gendarmes en RCA? oui pour former la gendarmerie centrafricaine mais pas pour restaurer et assurer la sécurité. Si tel était le cas, les Français ne comprendraient pas pourquoi on envoie des gendarmes dans un pays étranger pour le sécuriser alors qu'on manque de gendarmes en France notamment dans les zones de non droit!

3- Si les Français ne comprennent pas les opérations que leur armée conduit, c'est que les responsables politiques ne leur expliquent pas les enjeux stratégiques en jeu et surtout les conséquences dramatiques qu'aurait pour notre pays une absence d'intervention.

Henri PINARD LEGRY
Président ASAF

 

Article publié par mamouth leader à 2/14/2014...

Paris porte à 2 000 le nombre officiel de militaires en Centrafrique, et ce n'est pas fini. 400 militaires, dont certains déjà sur place, intègrent Sangaris : parmi eux des gendarmes, un recours contre lequel l'armée de Terre luttait depuis le début de l'opération, mais leur apport était évident. Encore hier, le porte-parole de l'EMA niait l'existence de tout renforcement. Ce n'est pourtant pas à l'issue du conseil de Défense d'aujourd'hui que ces renforts ont été décidés et pour certains, envoyés sur place.

Pourtant, c'était déjà un secret de polichinelle : la France employait bien plus que les 1 600 militaires annoncés pour Sangaris, l'effectif tutoyant déjà les 2000. Mais la France s'est résignée à dépasser ce niveau avec ces 400 militaires supplémentaires. C'est à la fois dû à une sous-estimation des difficultés initiales, et une dégradation de la situation, par paliers, depuis que les Français sont arrivés (un paradoxe).

1) La France est arrivée trop tard en Centrafrique. Elle pouvait pourtant agir plus efficacement dès les premiers problèmes (décembre 2012), ou encore quand la Séléka a pris Bangui (au printemps). Dans l'histoire du pays, la France n'avait jamais pris de pincettes déposant un président-dictateur (1990), remettant de l'ordre dans Bangui (1997), ou en assistant l'armée locale contre des insurgés (2006, 2007) dans la zone des trois frontières. Depuis décembre dernier, la France s'est contentée de s'assurer de ses quelques centaines de ressortissants (ils ne seraient que 400) et d'intérêts particuliers, comme le centre de l'institut Pasteur. Tout en se préservant, en tenant l'aéroport, de capacités de réaction.

Aucune opération d'ampleur n'a été menée depuis décembre, pour trois raisons. Paris voulait l'onction de l'ONU, et ses dollars pour régler la facture.
Paris voulait associer les Africains, et aucune fausse note, pour le sommet de décembre 2013 à Paris.
Et Paris n'avait pas, en fait, l'a capacité à mener deux opérations d'ampleur, dont une au Mali qui lui consommait déjà 4 500 militaires, dont des ressources comptées, en matière de forces spéciales, de transport aérien, de renseignement, d'aéromobilité, de médecine tactique, etc. Pour le dire clairement, la France n'avait pas les moyens de mener deux grosses opérations simultanées, qu'elle ne voulait pas assumer politiquement de toute façon.

2) A Paris, de toute façon, Sangaris semblait facile pour bien des décideurs qui ne soupçonnaient pas la difficulté d'opérations de désarmement (1) et de reconquête du terrain laissé aux milices de tous bord. Il faut rappeler le fort optimisme qui régnait alors : à Paris, on promettait une opération courte, qui ne dépasserait pas six mois, c'était promis, cette promesse ne sera pas tenue.
Ce blog a, lui, émis, dès le mois de décembre, de très grosses réserves. Rapidement, les premières difficultés apparaissent, et les premiers renforts aussi. Une fois atteint un plafond officiel de 1 600 (et vite dépassé), les refrains de promesses reprennent, on n'ira pas au-delà.

Mais le ministre de la défense le reconnaît en janvier, des renforts peuvent être envisagés une fois que les troupes africaines seront toutes arrivées en Centrafrique, début février. Certes, elles seraient donc 6 000, mais cet apport ne permet pas d'empêcher les exactions, puisque ces troupes africaines restent, pour l'essentiel cantonnées à Bangui. Un choix, et un... choix dicté par l'absence de moyens de mobilité. Pendant ce temps, les exactions continuent : toutes les semaines, l'armée française doit donc se déployer en province suite à une alerte de ce type.

3) Des renforts, il y a en aura, donc. Essentiellement des troupes au sol, pour pouvoir mieux quadriller le pays. Déjà, dans le cadre des relèves normales, 400 chasseurs alpins (13e BCA) doivent rejoindre le pays. Dans la foulée, autant de chasseurs du 16e BC les rejoindront.

Ils trouveront sur place des marsouins du 2e RIMa, les paras du 1er RCP, du 3e RPIMa, du 1er RHP et du 8e RPIMa (2). Pour les renforts, la France doit puiser dans son Guépard (3), et vraisemblablement, son Guépard Para. Actuellement, c'est le 2e REP qui fournit (4).

A peine arrivé à son poste, le nouveau CEMA doit donc prendre à bras-le-corps un théâtre de plus en plus volatile, tandis que Serval reste ardent. Des préoccupation à cent lieues de celles des Français, qui comprennent de moins en moins ces opérations africaines. Avec ou sans exactions.

(1) Il faut le reconnaître, celle-ci se sont par miracle bien passées. Les deux seuls morts français sont intervenus dans une embuscade, qui n'était pas directement lié aux opérations de désarmement.

(2) Une partie des éléments du 8e RPIMa, avec le chef de corps, devait rentrer en France dans quelques jours, à l'issue du mandat prévu, initialement dans le cadre de l'opération Boali.

(3) La totalité du 6e BIMa étant déjà déployée.

(4) Le 2e REP est déjà intervenu en RCA à plusieurs reprises, notamment en 1996-1997 avec son chef de corps (Benoît Puga) et en 2012-2013 (la compagnie tournante du 6e BIMa).

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