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Quelques pistes de recherches sur la Légion

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Depuis 1931, la Légion, prolongement des formations étrangères qui servirent la France depuis le Moyen Âge, est présente sur tous les théâtres d’opérations. Elle est un mythe et une réalité.

Et lorsqu’au rythme lent du « Boudin », en un bloc impeccable, la Légion descend les Champs-Élysées, le 14 juillet, les spectateurs l’applaudissent avec enthousiasme. Les deux termes, « Légion étrangère », ne laissent pas indifférents. Ils sont synonymes d’aventures, de vie tumultueuse, de courage, de guerres et de sacrifices ultimes. La Légion est une institution que beaucoup croient connaître. En réalité, ils sont peu nombreux à en saisir les secrets.

Ce dossier n’est pas une nouvelle histoire de la Légion ; elle est, en effet, la composante de l’armée française qui a fait l’objet du plus grand nombre d’ouvrages et d’articles. Il s’agit plutôt d’une approche novatrice de périodes précises ou de constantes de l’institution.

Le nom de Sidi-bel-Abbès est indissociable de celui de la Légion, bien plus que celui d’Aubagne aujourd’hui. Jean Michon évoque cette cité algérienne qui, à partir d’une redoute perdue dans le bled et d’un bazar, devint la « Maison Mère » de la Légion jusqu’en 1962. Garnison, centre d’accueil et de formation des volontaires, le quartier Viénot vivait en osmose avec la ville. Avec sa voie sacrée et son monument aux morts inauguré en 1931, Sidi-bel Abbès fait partie des symboles de la Légion.

L’entre-deux-guerres, marqué par des combats incessants mais d’intensité variable, pose le problème de la survie de la vieille Légion d’avant 1914, avec en particulier la question du recrutement allemand. Les légionnaires « germaniques » ont toujours, jusqu’à des temps récents, constitué l’ossature de qualité des unités étrangères. Mais le passif de la Première Guerre mondiale pouvait remettre en question leur enrôlement. Alexis Neviaski décrit les arcanes de ce recrutement et en montre les enjeux à la fois pour la Légion et pour l’Allemagne. La République de Weimar, puis le Troisième Reich firent tout pour s’opposer au recrutement de leurs citoyens, et ceci avec plus ou moins de réussite selon les époques. Progressivement, le pourcentage des Allemands baissa dans la Légion. A. Neviaski analyse la lutte feutrée entre la Légion et les nazis, et constate que la Légion sortit même grandie de cet affrontement, mettant en exergue l’affirmation de ses valeurs, des traditions fondatrices de l’esprit Légion et du mythe légionnaire.

Au Maroc, à partir de 1903, la Légion gagne encore en réputation ou peut-être forge son image. Pierre Soulié décrit les étapes et les formes de son engagement. Faisant preuve parfois d’un courage exceptionnel, la Légion s’adapte, éclatant parfois en compagnies isolées. Formant des colonnes ou opérant seule, la Légion participera à la conquête du Maroc, à sa pacification, mais aussi à la construction d’infrastructures routières.

Après la Seconde Guerre mondiale, confrontées à une pénurie d’effectifs, les Forces terrestres d’Extrême-Orient (fteo) ont, dès 1945, recours à des auxiliaires indochinois. L’enrôlement de réguliers s’appelle le jaunissement. Michel Bodin rend compte de l’ensemble des problèmes qui, malgré certaines réticences, conduisirent la Légion à un recrutement de troupes autochtones. Au fil du temps, les Indochinois devinrent une composante ordinaire des unités légionnaires. Il explique les difficultés et les succès de ce recrutement qui, en fin de compte, était dans le droit fil de l’esprit légionnaire : transformer des hommes d’origines diverses grâce à un moule en soldats d’élite.

La guerre d’Indochine à peine terminée, la Légion retrouve l’Algérie en guerre. Cette guerre, par bien des aspects, ressemble à ce que les légionnaires viennent de connaître en Extrême-Orient. Elle y rencontre de nombreuses difficultés : désertions nombreuses, lassitude face à un conflit que les hommes comprennent. La Légion réussit néanmoins à s’adapter. Une restructuration des corps, une reprise en main, des combats à la hauteur de ses capacités permettent son redressement. L’expérience indochinoise provoque cependant un sentiment d’incompréhension puis de révolte que l’on trouve en Algérie face aux décisions du pouvoir politique. Ce fut le putsch et, pour certains, l’engagement total contre le gouvernement. André-Paul Comor, en vrai spécialiste de la Légion, décrit la réorganisation de la Légion durant la guerre d’Algérie et explique clairement le cheminement de certains de ses membres dans une réaction désespérée qui menera à la disparition de l’institution elle-même.

Deux articles sont consacrés à la Légion vue par elle-même. Dans le premier, A. Neviaski souligne les particularismes de cette institution, son état d’esprit et la solidarité de ce corps. Par de nombreux rappels historiques et littéraires, l’auteur souligne combien ces unités, formées d’étrangers, nécessitent un soin constant et une attention particulière de la part du commandement. Elle a sa place dans la nouvelle armée française professionnalisée, mais elle s’en distingue par ses traditions et par l’importance que l’esprit de corps constitue pour le légionnaire, dans son temps de contrat mais aussi après sa libération. Il s’agit de sa vraie famille, selon la vieille formule : Legio patria nostra. Dans le second, Thibaut O. Mahony analyse l’organisation de la Légion étrangère du xxie siècle et son rôle au sein de la nouvelle armée française.

La Légion n’a donc pas fini de faire fantasmer, de séduire et parfois d’inquiéter. Elle reste donc bien ancrée dans le paysage militaire français tout autant que dans la mémoire collective française.

Notes

[*]

ndlr : L’article paru dans le numéro 235 de Guerres mondiales et conflits contemporains sur « Guerre irrégulière et analyse institutionnelle : le cas de la guerre révolutionnaire de l’armée française en Algérie » a été rédigé conjointement par les professeurs Éric OUELLET et Pierre PAHLAVI, Chair Security and International Affairs, Canadian Forces College.

Pour citer cet article

Bodin Michel, « Introduction », Guerres mondiales et conflits contemporains 1/ 2010 (n° 237), p. 3-5
URL : www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2010-1-page-3.htm.
DOI : 10.3917/gmcc.237.0003


Traduction

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