10 octobre 2012 - Anne Moyat
Vous êtes très nombreux à vous interroger sur la disparition de ma dernière chronique et à vous en inquiéter.
Je vous rassure tout de suite, aucun syndicaliste de France Télévision n’a encore tenté de plastiquer mon appart’, tout va bien.
Je n’ai pas non plus reçu de pressions d’un coté ou de l’autre de la barrière.
Alors, quoi me direz vous ?
Rien de bien grave, les enfants.
Simplement les informations données dans l’article n’ont pas encore été officialisées par l’armée, pour des raisons que j’ignore moi même, et sur lesquelles je me refuse à pronostiquer (un défaut majeur de ma profession). Je me dois donc de protéger ma source : Ni lui ni moi ne pensions que mon papier allait créer le buzz.
Reste que buzz il y a eu, et je ne sais si je dois m’en réjouir: le succès de cette chronique ne doit rien à mon talent d’écriture, inutile de se raconter des histoires. Il est symptomatique d’un malaise profond, et pas seulement au cœur des troupes de l’armée française. Je reçois ici et là des mails de familles de militaires. En particulier des mères.
Pour ces femmes que jamais l’on entend, le livre de mon confrère est un crachat en pleine gueule. Toutes n’ont pas (et heureusement) un fils ou un époux à déplorer. Mais elles connaissent le quotidien fait d’attente, d’angoisse, de nuits blanches qui s’égrainent les une après les autres. Leurs vies sont des sabliers qu’on retourne à chaque départ en opération extérieure.
Que puis je vous dire mesdames ?
Que pourrais je vous dire qui vous consolerait de cette offense ? Vous-même, qui devriez être les premières à l’ouvrir, préférez observer le silence face au ramdam médiatique lié à la sortie du chef d’oeuvre. La dignité, comme le chagrin, ne fait pas de bruit.
Pour finir, et à ceux qui m’accusent d’être « Pro militariste » (Oui, j’ai reçu ça aussi) : Pro militariste c’est aussi con que pro coiffeur ou anti charcutier.
Militaire, c’est un métier, parfois une vocation (comme le journalisme tiens) et ce débat n’a pas de sens ici.
Toute la question (et c’est bien la seule chose qui m’intéresse, en tant que journaliste) toute la question est maintenant de savoir comment restaurer la confiance, largement égratignée…
https://www.leskeupines.com/2012/10/10/mais-ou-est-passe-le-soldat-ghesquiere/