Une section d’infanterie VBCI1 – FELIN2 numérisée combat avec des équipements d’une valeur d’environ 11 millions d’euros ; c’est ce que valent 700 voitures milieu de gamme ! Chaque heure de fonctionnement des équipements de cette section coûte près de 1 000 euros, non compris le prix des munitions… qui elles aussi doivent être entretenues !
Sans mettre en cause la priorité de l’efficacité opérationnelle immédiate, ces chiffres doivent nous faire tous réfléchir au professionnalisme avec lequel il faut suivre, mettre en oeuvre et entretenir nos équipements.
Or, les activités de maintenance des équipements modernes sont compliquées à organiser, et coûteuses à réaliser. Dans les opérations que nous conduisons aujourd’hui loin de France, nous devons aussi veiller à ne pas consacrer des moyens trop importants, surtout humains, à la maintenance, au moment où le volume des forces disponibles est toujours limité.
Voilà pourquoi 2010 va voir une évolution importante de l’organisation de la maintenance dans l’armée de Terre, dans le prolongement de la Politique d’emploi et de gestion des parcs et en appui de l’arrivée des nouveaux équipements.
Le Commandement de la force terrestre est responsable des parcs en service permanents et des parcs d’entraînement. Dans ses régiments, les maintenanciers, dont le nombre va diminuer en 2010 et 2011, vont se concentrer sur l’entretien préventif et les actes de réparation de faible durée, ce qui ne veut pas nécessairement dire « de faible technicité».
Les formations du matériel sont chargées des actes techniques demandant plus de temps pour leur préparation ou leur réalisation.
Leur regroupement depuis l’été 2009 au sein du Service de maintenance industrielle terrestre (SMITer) permet de mieux employer leurs moyens et de trouver un bon équilibre entre d’une part le travail en ateliers, d’autre part la préparation opérationnelle et la projection de leurs militaires, qui représentent 50 % des effectifs du SMITer.
C’est cette même répartition des rôles qui vaut sur les théâtres d’opérations, même s’il faut bien évidemment y adapter le dispositif avec souplesse.
De la simple baïonnette au radar de contrebatterie raccordé aux systèmes d’information, vos équipements sont aussi indispensables pour la réussite de nos missions que des soldats solides, motivés et animés d’un fort esprit de corps. Et de la même façon qu’il faut entretenir la forme physique et le moral des soldats, il faut entretenir leurs équipements.
Comme le sport, la maintenance des matériels n’a pas à être une priorité, puisque c’est une nécessité vitale : on ne se bat pas à mains nues ! Vous ne vous battez pas à mains nues !
Éditorial TIM n° 213 - Avril 2010 5
Général de corps d’armée Jean-Tristan VERNA
Directeur central du matériel de l’armée de Terre.