Champagne-Ardenne
Publié le 21 mai 2016
Le 9 juillet prochain Juan Roméro recevra la Légion d'Honneur, à Aÿ (Marne), avec comme marraine Yvette Lundy. Juan Roméro, appelé Jean à son arrivée en France en 1945, est un Républicain Espagnol.
© Xavier Claeys / France 3 Champagne-Ardenne Juan Roméro (à gauche)
Engagé dans l'armée républicaine espagnole en 1936 pour lutter contre le fascisme de Franco, puis pour la France en 40, il est fait prisonnier. Son engagement en Espagne puis dans l'armée française déplait aux SS. Il sera déporté. L'histoire de Juan Roméro est celle de nombreux espagnols qui ont lutté pour la liberté. A sa libération, Juan s'est installé à Aÿ dans la Marne.
Aujourd'hui, il continue ce devoir de mémoire pour que cette page d'histoire ne s'oublie pas.
Des centaines de milliers d'Espagnols sont arrivés en France pour échapper à la guerre d'Espagne, fuyant le fascisme. Ils ont été parqués sur les plages du Roussillon. L'histoire de ces Républicains Espagnols est celle de Juan Roméro. En 1936, Franco prend le pouvoir lors d’un coup d’Etat. Juan a 17 ans et s'engage pour défendre la liberté dans son pays. Mais après la défaite, c'est l'exode, dans un camp en Ariège, puis il entre dans la Légion étrangère française. A la libération, il arrive à Aÿ.
En juin 1945, Juan est accueilli dans un vendangeoir. Il revient de loin comme les 8.000 personnes avec qui il est dans ce camp de rapatriés. C'est le retour à la vie. Parti à Paris, Juan reçoit une lettre de l'une des filles rencontrées ce jour-là. Il revient et ne quittera plus jamais le village d'Aÿ. Juan garde au fond de lui, ces moments de lutte pour la liberté et puis, ces douleurs insoutenables. Fait prisonnier en 1940, il est envoyé en Allemagne, puis déporté au camp de Matahausen. Quatre ans de lutte pour survivre et ces images qui restent.
Ils ont permis à la France d'être libre, mais n'ont rien pu faire pour leur pays. Apatride, Juan et ses compagnons espagnols s'installent en France. Une vingtaine dans le village d'Aÿ. Patrick Sanchez est le fils de l'un d'entre eux. Depuis 2012, il travaille à retrouver les moindres détails du parcours de son père et de tous les Républicains espagnols d'Aÿ. Pour que leur engagement soit reconnu comme il se doit.
En découvrant l'histoire de son père, il décide de la porter, non comme un fardeau, mais comme un étendard à la solidarité et à la liberté. Juan 97 ans, a tout raconté à son fils Bernard et à Patrick. Garants de la mémoire, passeurs d'histoire, pour qu'elle ne se répète pas. Mais en voyant l'exil de tous ceux qui fuient la guerre aujourd'hui, Juan ne cache pas sa tristesse.