publié le 15/09/2015
Pendant dix longue années, jusqu'à leur victoire en 1981, les paysans du plateau du Larzac et les militants venus les aider, avaient crié : "La terre aux paysans" ou "Des moutons, pas des canons !" Quatre décennies après, certains d'entre eux manifestent à nouveau. "Des moutons, pas la Légion !", disent-ils maintenant. La décision a été prise au cœur de l'été. Dès la fin de cette année, la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère, qui est actuellement à Abou Dhabi, va venir s'installer dans le camp militaire du plateau du Larzac.
D'abord 450 soldats l'été prochain, puis 1.000 soldats à terme vont poser leurs valises. Au plus grand désespoir de Christine Thélene, éleveuse de brebis laitières. "Pour moi, la Légion c'est un symbole de guerre et de mort", dit-elle. "On va redevenir des villes de garnison. Cela change beaucoup l'ambiance d'une région", poursuit-elle. "Dans la petite ville à côté du camp, un habitant sur deux sera militaire", s'étrangle un noyau de vieux militants historiques, qui espèrent engager la deuxième bataille du Larzac.
Il y a toujours eu une base militaire sur le plateau du Larzac. La Défense veut-elle agrandir le camp ? Non : c'est ce que s'empresse de répondre l'Armée de terre. On va augmenter les effectifs, mais pas la superficie du camp. L'Armée sait qu'une extension aurait rallumé le feu.
Cela change beaucoup l'ambiance d'une région de devenir une ville de garnison
Christine Thélene, éleveuse anti-Légion
En 1981, les paysans et les altermondialistes (on les appelait pas encore comme cela) ont obtenu l'annulation de l'extension du camp militaire et des expropriations prévues. Actuellement, le camp sert de terrain d'entrainement. Régulièrement, depuis la ferme de José Bové, on entend les tirs d'artillerie. C'est ce centre d'entraînement au tirs que l'Armée va fermer pour faire place aux képis blancs. La stratégie des anti-Légion, c'est d'en profiter pour tenter de débarrasser définitivement le Larzac de ses militaires. Mais la plupart des élus de tous bords, et les commerçants surtout, militent au contraire pour leur installation. Même José Bové.
L'ex-antimilitariste, figure historique de la grande lutte qui s'était installé en 1975 dans une ferme rachetée par l'Armée pour la pousser dehors, ne voit pas le problème. "José Bové en est à son deuxième mandat, il ne réagit plus en militant", lui reprochent, dépités, les anti-Légion. "On savait depuis toujours que l'Armée resterait là", répond le député européen, pour qui "il y a aujourd'hui bien d'autres combat à mener".
José Bové, l'ancien objecteur de conscience qui défend les Légionnaires, avouez que c'est cocasse. Au ministère de la Défense, on reconnait qu'avant de prendre la décision, on s'était assuré de ne pas avoir l'artilleur José Bové en face de la Légion étrangère. C'était plus prudent.