Languedoc-Roussillon
Par Sylvie Bonnet Publié le 26/08/2015
La mobilisation se structure depuis l'annonce de la venue sur le Larzac de la 13ème demi-brigade de la légion étrangère. Ce millier de militaires, présentés comme une manne pour l'économie locale, ne fait pas l'unanimité sur cette terre symbole des luttes non-violentes.
© Collectif du Larzac Gardarix lo Larzac! réclament les opposants à l'arrivée des légionnaires sur le causse.
Ils viennent de Millau, du Larzac et même du Lodévois. Agriculteurs ou simples citoyens, ils se sont retrouvés une centaine, à deux reprises cet été pour commencer à combattre l'annonce gouvernementale du 31 juillet dernier. Le ministère de la Défense prévoit en effet une augmentation significative des effectifs du camp du Larzac avec l'installation en 2016 de la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère.
Non au camp légionnaire du Larzac
La première action du Collectif du Larzac est la mise en ligne d'une pétition "Non au camp légionnaire du Larzac" qui a déjà recueilli plus de 2000 signatures. Comme l'explique Mathieu Thelen, membre du collectif, il s'agit de faire reconnaître l'avenir civil du Larzac, au regard, notamment du succès des GAEC du Larzac, ces groupements de producteurs qui connaissent un développement économique réel depuis les années 80. Un état des lieux de l'ensemble des activités du Larzac est d'ailleurs en cours pour chiffrer les activités économiques, notamment le tourisme sur le Larzac.
Ainsi, d'après la lettre du collectif écrite au Président de la République:
Ce projet "remet en cause 34 ans d’une cohabitation pacifique qui a permis un développement du Larzac fondé sur des activités agricoles, touristiques, patrimoniales et économiques"...."Cette décision et ses conséquences mettent en péril la réflexion déjà engagée et souhaitée d’un avenir civil du Larzac, s’inscrivant dans une dynamique solidaire et humaniste."
La population tenue à l'écart du projet
L'un des principaux griefs des opposants, c'est le silence qui a entouré les négociations sur l'implantation des légionnaires. L'Etat et le Département de l'Aveyron n'ont fait état de ce projet que pour annoncer la décision ministérielle. Les élus locaux ne s'en cachent pas : le sénateur Alain Marc revendique être allé au ministère de la Défense pour proposer l'installation des légionnaires avec l'approbation du président du département de l'Aveyron, Jean-Claude Luche et d'Alain Fauconnier, président du Parc naturel régional des grands causses. Et les élus de se féliciter de l'unanimité des politiques locaux autour du projet, sans pour autant consulter la population.
A ce sujet, Guantanamo Larzac, le blog d'Annie Lasorne, membre du Collectif du Larzac, sur Médiapart, est édifiant.
Les opposants dénoncent un chantage au développement
Les retombées économiques de l'installation d'un millier de légionnaires sur le Larzac sont le principal argument des élus locaux en faveur du projet. Outre que ces retombées sont difficilement chiffrables, le collectif dénonce aujourd'hui le " deux poids, deux mesures" qui pèse sur le territoire. Ainsi, l'école du Larzac, dont les élus locaux annonçaient le rapatriement à Millau faute d'effectifs suffisants, serait non seulement conservée mais remise à neuf. On évoque même la possibilité de création d'un collège ou d'une cité scolaire. Difficile pour les habitants de la zone de s'opposer à un tel projet et les clivages voient le jour au sein-même de la population. Les opposants regrettent que les 10 à 15 millions d'euros promis par le département pour financer l'installation de nouvelles infrastructures n'aient pas été débloqués avant!
Informer avant d'agir
Le collectif du Larzac organise une grande réunion ouverte à tous lundi 31 Août 2015 à 20h30 à la Salle de la Menuiserie à Millau pour préparer la rentrée de septembre. Des actions plus "énergiques" pourraient ensuite être envisagées...