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La Newsletter 12/05 de l'AALEME

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La Newsletter 12/05 de l'AALEME

J'allais devenir légionnaire...

Marchant d’un pas lent sur la plage, je voyais la mer et le ciel disparaitre à l’horizon et se confondre dans une opacité trouble,  un  pastel monotone,  accouplement  furtif  qui se perdait dans l’infini. Mes joues, caressées par les derniers rayons d’un soleil moribond s’enflammaient sous les gifles du vent du Nord. L’instant était bousculé par le tournoiement des envolées de sable fin, figures imaginaires que semblaient habiter des fantômes familiers.

La lune se levait derrière la dune. Mon esprit s’évada, aspiré  par une interrogation lointaine, comme attiré par l’espoir d’une aventure, qu’accentuait encore une impression intime, imprégnée d’une douce odeur de ressac, effluves iodées de vagues houleuses, sculptures animées des plages des eaux de la Terre.

Ce parfum enivrant de vent marin, soulignait encore la frustration d’inaccessibles rêveries, pour un adolescent, obsédé par la découverte d’images nouvelles. Le mirage s’évanouissait dans un léger brouillard, mariage incestueux de la mer et du ciel avec une dame de leur âge: la Terre. Cette harmonie envoutante, était la toile d’arrière-scène d’un théâtre  où les acteurs involontaires affichaient leur propre jeu de rôle, et où s’exprimait la nostalgie du temps qui passait. Sempiternelle comédie humaine, source perpétuelle d’inspiration,  qui faisait inlassablement se regrouper les vieilles femmes sur un banc du bord de mer, véritables chefs des familles matriarcales du Nord, directrices de conscience d’une société sans fragrance,  fidèles  à un passé qui se vivait  trop au présent pour construire l’avenir, mais aussi, source d’insatisfaction, d’ennui, de lassitude, de tristesse…

Voici le décor et la mise en bouche…

C’est ainsi qu’un jour, qui ressemblait aux autres jours… je réalisais que je ne pouvais plus supporter cette vie si courte mais si longue à la fois, à force de lenteur, de manque d’événements trépidants et qui devenait, parfois, insupportable. Elle se déroulait, toujours semblable, avec la mort au bout. On ne pouvait l’arrêter, ni la changer, ni la comprendre. Souvent une révolte indignée nous saisit devant l’impuissance de notre effort à provoquer un changement. Quoi que nous fassions, nous mourrons ! Quoi que nous croyions, nous mourrons.

Malheureusement, il semble bien que nous mourrons demain sans rien connaître encore, bien que désabusés par tout ce que nous connaissons.   Nous nous sentons écrasés par le sentiment que « tout n’est qu’une éternelle misère », tout n’est qu’impuissance et monotonie.

Alors, nous nous levons, nous marchons, quand nous sommes las du matin au soir, las des choses familières, de sa maison, de sa rue, las de soi-même, de sa propre voix, des choses qu’on répète sans cesse, du cercle restreint de ses idées. Il faut partir, entrer dans une autre vie, changer l’image projetée de son ombre.

Au  moment de la décision, l’aventure prend  la forme d’une espèce de porte par où l’on sort de la réalité, pour pénétrer dans une autre, inexplorée, qui n’est encore qu’un rêve.

C’est dans une gare, dans un port, un train, un grand navire qui halètent d’impatience et qui vont fuir là-bas, quelque part, n’importe où, vers des pays nouveaux, régénérateurs.

Ainsi, je quittais ma région natale par un jour de septembre de fin d’été, animé par la volonté de voir une terre de soleil, dans l’éblouissement fulgurant d’une lumière inconnue.

Je souhaitais de toute mes forces voir le midi du désert qu’incarnait, de façon quasi magique, l’image du légionnaire saharien qui représentait, dans ma naïveté juvénile, l’exemple de ce que pouvait être la liberté, sans horizons.

Décision irrévocable qu’imposaient à mon inconsciente rêverie les écrits de Flaubert : « On peut se figurer le désert, les pyramides, le sphinx, avant de les avoir vus ; mais ce qu’on ne s’imagine pas, c’est la tête d’un barbier Turc accroupi devant sa porte ». Il me fallait aller à la rencontre de ces personnages.

C’est ainsi, tableau rapidement brossé, que j’arrivais devant le bureau de recrutement  et m’engageais pour cinq ans, ce n’est pas rien, au titre de la Légion étrangère

De  la terrasse du Bas-Fort « Saint Nicolas » à Marseille, je  sentais mon cœur  emporté par une sensation nouvelle devant cette ville,  porte d’aventures, qui palpitait sous le soleil encore estival, riante, avec son port de plaisance bordé de grands cafés pavoisés, ses gens pressés, affairés et bruyants à souhait. Elle semblait ivre, avec un accent que tout le monde faisait sonner comme un défi à la morosité. Marseille transpirait et manquait de soin, elle sentait l’ail. Mais elle vivait !

Au loin, dans le bassin de la Joliette, les lourds paquebots, le nez tourné vers l’inconnu, attendaient.

Après un bon mois de séjour lié  aux formalités administratives, c’était le départ pour la Corse, début d’une instruction programmée, formation indispensable pour faire de moi cet autre homme, ce légionnaire apte à servir en tout lieu, à tout moment, là, où la Légion interviendrait de par le monde.

J’embarquai sur le « Napoléon Bonaparte ». Le vaste navire quittait son point d’attache, passait doucement au milieu de ses congénères encore immobiles, sortait du port. L’aventure commençait pour moi, je me sentais libre comme jamais.

J’allais devenir légionnaire !

Chef de bataillon (er) Christian Morisot

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Science fiction: Moi, je...

Certaines personnes ont le don de captiver un auditoire. Je revois et entends encore ces vieux légionnaires qui nous racontaient des histoires fabuleuses qui monopolisaient nos attentions, nous étions bouche bée.

Quand on leur demandait si c'était vraiment vrai, ils répondaient: "Ceux qui ne savent raconter que la vérité, ne méritent pas qu'on les écoute."

Les "Moi, je" ont tellement d'histoires à nous raconter...

« Moi, je », ce pléonasme tant entendu, est surtout utilisé par mes camarades légionnaires d’origine étrangère au moment où ils maitrisent un peu la langue de Voltaire.

Mais je constate, en regardant la télévision ou en écoutant la radio, que c’est le début de phrase le plus utilisé avec « écoutez » : « moi je pense que…» puis: « écoutez ».

J’ai ainsi différencié les gens qui m’entourent. Il  y a les : « moi, je » et les autres !

Les « moi, je » ont tous quelque  chose  à dire et parmi eux, j’ai connu de merveilleux mythomanes, de ceux qui vous font rêver, mais aussi en contrepartie les plus efficaces emmerdeurs, de ceux qui vivent leur racontars minables qui n’intéressent personne qu’eux-mêmes.

C’est ainsi que commence mon récit :

Ecoutez, moi je vais vous parler d’Auriol en imagination pure, type récit de science-fiction :

«La rouille ne laisse plus guère de place à la peinture d’origine, une grille en fer forgé, ouverte est figée sur ses gonds… Quelques souvenirs laissent toutefois, encore, l’illusion d’un passé radieux. La façade grise d’une grande bâtisse, se dresse sur la hauteur d’un jardin en friche. Elle n’attire pas le soleil ; la lumière peine à éclairer une végétation sauvage, dense et persistante qui regorge  d’ombres noires autant que de mystères. Les nuages passent au  loin, caravane indolente qui revient d’un long voyage. Lorsque l’on franchit la grille, une curieuse émotion vous saisit. Etrange sensation qui se dégage d’ici, comme si des regards enfouis dans l’ombre des arbres ou dans les vitres sombres, sales et glacées des fenêtres, saisissaient l’image furtive et implacable d’un  temps trop vite passé.

Tout sera détruit, démantelé, au profit de nouvelles constructions.

Juste retour des choses ? N’a-t-il pas été de même lors de l’installation des vieux légionnaires dans ce domaine de Vède, qui avait déjà l’empreinte indélébile, la marque  de l’histoire des gens qui y avaient vécu avant eux ?

Pouvions-nous changer le déroulement des choses, un destin implacable ne saurait empêcher l’aspiration monstrueuse vers le vide de toute chose vivante ? Sommes-nous, par ailleurs, autre chose que les rêves que nous poursuivons sans cesse tout au long de notre existence et l’espoir qui les anime ?»

Science-fiction ? Prémonition ? Réveil !

Signature MOMO

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