Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a choisi la Légion étrangère pour annoncer, ce vendredi, le déblocage d’une aide d’urgence d’un montant de 30 millions d’euros visant à améliorer le quotidien des armées. Devant les soldats du 4e régiment étranger de Castelnaudary (Aude), le ministre a ainsi voulu témoigner de son empathie vis-à-vis d’une institution en plein chambardement.

Car s’il affirme rencontrer, lors de ses multiples déplacements dans les régiments à travers la France, des «soldats bien dans leurs pompes», Jean-Yves Le Drian a pu aussi mesurer leur «fatigue» vis-à-vis des réformes qui se succèdent à un rythme rapide, compliquant d’autant le fonctionnement des armées. Alors que la loi de programmation militaire (LPM), en cours d’examen à l’Assemblée nationale, prévoit près de 24 000 suppressions de postes d’ici à 2019, qui s’ajouteront aux 54 000 prévues par la précédente LPM, le fonctionnement du système informatisé de paiement des soldes, baptisé Louvois, est toujours aussi chaotique. Et rien n’indique qu’il pourra être amendé.

Vie quotidienne compliquée

Autre sujet de préoccupation majeure chez les militaires : les lourdeurs liées à la mise en place, sous le précédent quinquennat, du système des bases de défense. Par souci d’économies, un certain nombre de service de soutiens aux armées (ravitaillement, santé, transports) ont été mutualisés et regroupés dans ces bases. Mais à l’épreuve des faits, cette centralisation a distendu les liens entre les différents acteurs et compliqué au quotidien la vie des militaires. «Avant de mener un simple exercice de tir, il faut remplir pas moins de sept fiches pour prévenir tous les services concernés», confie-t-on au ministère de la Défense.

Affichant son pragmatisme, Jean-Yves Le Drian a donc voulu faire un geste vis-à-vis des soldats en annonçant cette aide exceptionnelle, laquelle cible des préoccupations très concrètes : les réparations d’urgence, l’entretien et la rénovation des bâtiments, les fournitures et l’achat de pièces détachées... Lors d’un récent déplacement dans un régiment, le ministre de la Défense avait été frappé par une anecdote : faute de crédits, le commandement n’était pas en mesure d’acheter de simples rideaux pour les chambrées de ses soldats.