Publié le 08/03/2013
Dans sa quête d'économies, Bercy prévoirait une baisse de 11% du budget de la Défense soit près de 50 000 emplois menacés.
Jean-Yves le Drian (Ministre de la Défense) et Pierre Moscovici (Ministre de l'économie) © Sipa / Sipa
Pour tenir ses promesses de campagne de créer des postes dans l'éducation et dans la sécurité, François Hollande doit faire des coupes budgétaires dans ses ministères. Bercy et le ministère de la Défense vont en effet devoir dégraisser leurs effectifs. Un ministère de la Défense qui sera, le plus, mis à contribution.
Près de 50 000 personnes menacées
Selon le blog Secret Défense, plusieurs scénarios sont à l'étude et l'on évoquerait aujourd'hui une proposition de 28 milliards d'euros présentée par le ministère du Budget en décembre, contre 31,4 milliards prévus en 2013. Cette proposition représente une baisse de 11%, et impliquerait selon les armées une coupe de près de 50.000 personnes dans les effectifs, assure le blog.
"Bercy veut sabrer la défense française"
Un député, membre de la commission de défense, dénonce : "Certains fonctionnaires de Bercy ont une obsession : sabrer la défense française et l'industrie qui va avec. En oubliant que la défense est aussi un investissement qui rapporte, en technologies, en exportations, en emplois, en influence internationale." Le ton est donné.
En octobre dernier, le chef d'état-major des armées Edouard Guillaud soulevait quand même un problème : "Depuis 15 ans et la fin de la conscription, l'outil de défense est dimensionné en moyenne à 32 milliards constants en valeur de 2012", Un niveau de coupe de 11%, s'il se confirme, mettrait à mal la thèse de François Hollande et Jean-Yves Le Drian que la défense participe à l'effort de désendettement, "ni plus, ni moins" que les autres.
60% des suppressions totales dans la fonction publique
D'ici à 2015, le ministère de la Défense aura supprimé 54.000 postes, soit 17% de ses effectifs de 2009 (320 000 personnels), dont 32 000 suppressions sont déjà effectives.
Sur l'année 2012, la défense, avec plus de 7000 emplois supprimés, représente même 60% des suppressions totales dans la fonction publique. Et la tendance à la sur-sollicitation financière de la défense se confirme : dans le "surgel" de 2 milliards d'euros, nouvelles économies à consentir en 2013 transmises aux ministères par le Budget, c'est encore la Défense qui est la plus touchée, avec 384 millions d'euros de crédits gelés.
Avions en triste état
Pour le chef d'état-major des armées Edouard Guillaud, ce "dégraissage" n'arrangerait pas une armée déjà mise à rude épreuve par l'opération Serval au Mali alors qu'elle sortait à peine du bourbier afghan. "Les cloisons intérieures de certains avions sont dans un triste état ; dans la coque de certains navires, l'épaisseur du métal n'est plus que d'un centimètre en comptant les couches de peinture ; le châssis de certains blindés montre des faiblesses", énumérait-il en octobre 2012. Même si les armées ont vu leurs équipements largement renouvelés ou en passe de l'être tels que les Rafale, hélicoptères Tigre et NH90 ou encore les blindés de l'armée de terre.
Limiter les dépenses
Pour éviter des coupes budgétaires trop brutales dans l'armée, la Cour des comptes proposait en juillet 2012, des économies. Comme limiter "l'encadrement supérieur du ministère", en gérant mieux les achats, en mutualisant au niveau européen, ou encore en diminuant les dépenses qui ont le moins de lien avec les fonctions opérationnelles.