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2012


La France, l'adieu aux armes ? (4/5)

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Michel Cabirol - 30/08/2012

Respectée pour ses compétences par ses alliés, l'armée française appartient encore au club restreint des puissances militaires autonomes. Mais elle est aujourd'hui face à un tournant pour maintenir ses ambitions opérationnelles pourtant déjà en mode de "juste suffisance". La très forte contrainte budgétaire et surtout la rédaction d'un nouveau Livre Blanc vont avoir certainement des conséquences sur ses moyens, et donc son fonctionnement. C'est ce qui ressort des auditions à l'Assemblée nationale des quatre grands patrons de l'armée française réalisées en juillet. Le quatrième des cinq états des lieux proposés par "latribune.fr" dévoile une armée meurtrie par l'empilement des réformes la frappant, conjugué par un moindre intérêt du métier des armes en raison de la décrue des opérations extérieures.

Et le moral des soldats ? Il est chancelant, selon trois des quatre grands patrons des armées. Pourquoi ? Moins d’opérations extérieures à partir de 2012, sévères restructurations et entraînements sacrifiés entre autre pèsent lourdement sur le moral des armées, qui est "aujourd’hui au seuil d’alerte", estime le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud. "Dans l’ensemble, explique-t-il, le personnel ressent une dégradation des conditions d’exercice du métier, en particulier dans les domaines du soutien. Il ne perçoit pas toujours la reconnaissance de ses efforts et de ses spécificités – j’entends celles du métier des armes". Du coup, selon l’amiral, "il est tenté par le repli identitaire, celui de la couleur d’armée alors que nous vivons dans un monde où le caractère interarmées et combiné s’impose".

Un empilement de réformes mal accepté

Premier coup de blues des soldats, les restructurations permanentes initiées par le livre blanc de 2008 et la révision générale des politiques publiques (RGPP). Ces deux programmes "mettent en œuvre une réforme profonde de l’organisation (des armées, ndlr) et de leurs modes de fonctionnement, la plus importante depuis la réforme Messmer de 1962", confirme l’amiral Edouard Guillaud. Au total, la Grande Muette doit supprimer environ 50.000 postes. La RGPP a exercé "une pression impitoyable sur les effectifs", confirme le  chef d’état-major de l’armée de terre, le général Bertrand Ract Madoux, qui plaide pour une pause dans les réformes et déplore "l’empilement simultané de différentes réformes". "Il ne faudrait pas en rajouter", souligne-t-il en outre.

Ce que confirme le chef de l’état-major de l’armée de l’air, le général Jean-Paul Paloméros : "nos armées sortent assez fatigués des réformes en cours, qu’elles ont dû mener en même temps que leurs opérations militaires. Une accumulation de réformes ne constituant pas une réforme en soi, les réformes à venir devront donc être réfléchies et cadencée". Ce dernier constate également que "le moral des hommes est contrasté" : "à la grande fierté qu’inspire l’accomplissement des missions s’associe, parfois, le sentiment d’un manque de reconnaissance ou un doute quant au fait de savoir si les réformes courageuses et difficiles qui ont été mises en œuvre suffiront".

 

Une vraie lassitude des réformes

"Nous avons déjà supprimé plus de 32.000 postes" mais "le plus dur reste à faire" même si "nous sommes en avance sur la trajectoire prévue", précise l’amiral Edouard Guillaud. Car, il reste encore 16.000 postes "à déflater", dont "certains ne sont pas identifiés". Dans l’armée de l’air, il reste par exemple encore à réduire un tiers de l’objectif des 16.000 postes à supprimer. Et l’amiral Guillaud de marteler, "le rythme des réformes provoque une vraie lassitude. L’aspiration à une pause, à une stabilisation des structures est très largement partagée". "Cette lourde réforme a vu des unités perdre leur repère" au niveau de l’échelon régimentaire, précise de son côté le chef d’état-major de l’armée de terre, qui a vu ses effectifs fondre en dessous du seuil symbolique de 100.000 militaires. Une lassitude doublée "d’inquiétudes sur l’avenir d’autant que la situation de la majorité de notre personnel est précaire – 65 % des militaires sont des contractuels". En conséquence, indique le chef d’état-major des armées, "la conduite de notre transformation devient de plus en plus difficile". Ce qui n’a pas obéré "la résistance exceptionnelle" des soldats français "à la douleur, à la fois dans l’engagement et dans la perte de camarades", rappelle le général Ract Madoux.

 

Le moral dans les chaussettes

Deuxième coup au moral, la fin des opérations en Afghanistan, notamment. "L’impact du retour d’Afghanistan pour l’armée de terre sera difficile à gérer et c’est en partie une question de commandement. Cela ne sera pas simple et cela fait l’objet d’une attention particulière", explique l’amiral Guillaud, qui compte notamment "jouer sur les jours d’activité en entraînement opérationnel pour conserver la motivation et des savoir-faire". Un effort devra toutefois être réalisé car comme le rappelle le général Ract Madoux, car "l’armée de terre ne dispose plus totalement des ressources nécessaires à une préparation opérationnelle minimum". Tout comme l’entretien programmé des équipements. "Ma plus grande préoccupation reste la disponibilité des matériels, dont dépendent nos capacités opérationnelles, sans parler des effets sur le moral des hommes", note pour sa part le général Paloméros. Ce qui aggrave le blues des soldats. Et l’amiral Guillaud constate déjà "une baisse de moral – c’est humain ! – et nous en sommes conscients". De son côté, le général Ract Madoux veille "à ne pas rendre la vie de ces jeunes soldats ou de ces jeunes cadres, qu’ils soient officiers ou sous-officiers, inintéressante ou répétitive" en raison de la baisse du nombre des opérations extérieures.


Calvi: un blessé grave après une chute depuis la citadelle

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Publié le mercredi 29 août 2012

Un jeune homme d'une vingtaine d'années est tombé de la citadelle de Calvi, vers 10 heures

du matin, le mercredi 29 aoûtPhoto B.I.-L.

Un jeune homme d'une vingtaine d'années est tombé de la citadelle de Calvi, vers 10 heures du matin, le mercredi 29 août. Les circonstances de sa chute ne sont pas encore connues. La victime, toujours consciente mais gravement blessée, a été prise en charge par les pompiers, un médecin et des infirmiers de l'hôpital de Calvi. Puis, le jeune homme a été évacué sur l'hôpital de Bastia à bord de l'hélicoptère de la sécurité civile Dragon 2B.


La France, l'adieu aux armes ? (3/5)

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Michel Cabirol - 29/08/2012


SERIE (3/5) - Respectée pour ses compétences par ses alliés, l'armée française appartient encore au club restreint des puissances militaires autonomes. Mais elle est aujourd'hui face à un tournant pour maintenir ses ambitions opérationnelles pourtant déjà en mode de "juste suffisance". La très forte contrainte budgétaire et surtout la rédaction d'un nouveau Livre Blanc vont avoir certainement des conséquences sur ses moyens, et donc son fonctionnement. C'est ce qui ressort des auditions à l'Assemblée nationale des quatre grands patrons de l'armée française réalisées en juillet. Ce troisième des cinq états des lieux proposés par "latribune.fr" montre les graves déficiences des trois armées en matière de maintenance en condition opérationnelle (MCO), dont les crédits sont souvent l'objet d'arbitrages.

C'est l'un des points noirs de l'armée française : les crédits affectés à la maintenance des matériels sont notoirement insuffisants pour maintenir la cohérence opérationnelle des armées en permanence. Ces crédits ont été "sous-estimés lors de l'établissement de la loi de programmation militaire 2009-2014 ou ont été l'objet d'abattements manifestement trop volontaristes", confirme le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud. Dans ce contexte, précise-t-il, "la disponibilité de nos matériels devient fragile. Nos stocks de rechanges et de munitions doivent être surveillés avec attention. Nos meilleurs systèmes sont déployés sur les théâtres d'opérations mais en contrepartie, la métropole s'entraîne avec des matériels plus anciens ou partiellement équipés". Résultat, selon l'amiral Guillaud, "il est de plus en plus difficile de concilier l'engagement opérationnel et un entraînement de qualité", pourtant la "meilleure garantie de la sécurité des hommes" envoyés au combat et "gage de succès opérationnel".

"Un risque sur la vie de nos soldats"

Ce n'est malheureusement déjà plus le cas dans l'armée de terre. "Avec 111 jours en 2012 (de préparation opérationnelle contre 150 fixés par la Loi de programmation militaire, ndlr), je pense que l'armée de terre est passée en dessous d'un seuil plancher qui fait peser un risque sur la préparation opérationnelle, la réussite de la mission et donc la vie de nos soldats", explique le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Bertrand Ract Madoux. Et de rappeler que si l'armée de terre a "dû mal à assumer tous les contrats opérationnels, c'est du fait d'un problème de moyens : on a en effet "rogné" au fil des années dans les munitions, les stocks, dans les pièces de rechange, dans les crédits d'entretien programmé du matériel (EPM)".  Au final, les crédits d'EPM de l'armée de terre ne représentent  que 19 % du budget dédié à l'EPM des armées, hélicoptère compris. "Ils sont notablement inférieurs" aux besoins de l'armée de terre, regrette le général Ract Madoux.

Le taux de disponibilité des sous-marins d'attaque réduit à 55 %

Le maintien en condition opérationnelle (MCO) est également l'une des préoccupations majeures du chef d'état-major de la marine, l'amiral Bernard Rogel. Car le taux de disponibilité de ses sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) vieillissants, qui "demandent un entretien plus soutenu", est de l'ordre de 55 %, "ce qui n'est pas suffisant", estime-t-il. "Après plusieurs encoches budgétaires, qui se sont élevés à 43 millions d'euros en 2012, nous nous trouvons dans une situation très compliquée, qui nous oblige parfois à réduire le taux d'activité de nos bâtiments, déplore-t-il. Ce problème est aggravé par le fait que, pour de constructions budgétaires et de Loi de programmation militaire (LPM), nous sommes entrés dans une phase de réduction temporaire de capacité (RTC), autrement dit de non-remplacement à temps des bâtiments vieillissants notamment des frégates et des patrouilleurs outre-mer".

L'armée de l'air ne fait pas exception. "Ma plus grande préoccupation reste la disponibilité des matériels, dont dépendent nos capacité opérationnelles, sans parler des effets sur le moral des hommes", explique le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Jean-Paul Paloméros. Si en Libye le taux de disponibilité des avions de chasse a atteint de 90 % à 95 %, "cette disponibilité s'échelonne, selon l'âge des flottes, de 40 % à 60 % environ" seulement, précise-t-il. Elle est vitale pour la formation des jeunes pilotes et pour l'entretien des compétences. "Elle est donc un outil majeur de cohérence et conditionne la bonne gestion de nos flottes à long terme", estime le général Paloméros. Il estime que les "besoins ont été un peu sous-estimés - peut-être volontairement - si bien que nous cherchons toujours à combler le déficit structurel initial". Et de préciser que l'armée de l'air a "désormais tous les éléments en main pour évaluer au mieux le coût du soutien" de la flotte, "ce qui n'était pas forcément le cas à l'époque des premières livraisons du Rafale".


Université d'été du Medef : quand les patrons philosophent

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Laura Fort - 29/08/2012

Les dirigeants d'entreprises, hommes politiques et chercheurs invités à l'Université d'été du Medef vont devoir faire appel à toute leur verve et leur imagination pour disserter sur des sujets souvent baroques.

"Intégrer". Tel est le sujet choisi par le Medef pour son Université d'été, qui se déroule du 29 au 31 août sur le campus HEC à Jouy-en-Josas. Mais le titre sobre du programme et sa couverture présentée comme un document de travail avec des ratures, ne laisse rien présager de son contenu, un peu cynique, parfois psychédélique ou abstrait, souvent caustique et décalé. Mélangez la folie créatrice de Picasso, les lettres et l'absurde de Ponge, les châtiments et les rimes d'Hugo, et demandez le programme !

"Figures de l'exil"

Outre le discours d'ouverture très attendu du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et l'allocution non moins désirée du philosophe Bernard-Henri Lévy, ce mercredi est placé sous le thème du dedans et du dehors.
Alors que le président de Safran Jean-Paul Herteman et la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq devront jouer avec le thème des poupées russes et les "imbrications de notre monde", le nutritionniste Pierre Dukan s'attellera au développement du sujet "Figures de l'exil", épaulé par Christophe de Saint Chamas, général commandant de la Légion étrangère. "Qui est paria, qui est pionnier ?", explique le programme.
Dans le même temps, le PDG de la Société Générale Frédéric Oudéa et l'ancien ministre de l'Outre-Mer Hervé Mariton auront fort à faire avec le thème mystique "Par-delà l'en dedans et l'au dehors". Comprendre :
"Au-delà de l'entreprise : la dette
Au-delà du raisonnable : l'utopie
Au-delà de la responsabilité : la folie
Au-delà de l'entendement : l'horreur
Au-delà de la vie : l'instant de la mort"
Quant à Me Dupond-Moretti, au maire de Bordeaux Alain Juppé, au PDG de Total Christophe de Margerie et au vice-président de la Commission européenne Olli Rehn, ils se retrouveront sous l'arbre à palabres pour dénouer "fil rouge et lignes jaunes".

"Sans argent, comment s'enrichir ?"

Jeudi, les thèmes ne seront pas moins philosophiques. "Sans argent, comment s'enrichir ?" et "Avec de l'argent, comment partager ?" : voilà les questions auxquelles devront répondre Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, et Xavier Bertrand, ancien ministre du Travail et de la Santé. De son côté, Michel Sapin, ministre du Travail, ergotera sur un sujet d'actualité, avec la publication récente des chiffres du chômage : "Avec ou sans travail".
Les envolées lyriques ne devraient pas manquer du côté de la conférence "Avec ou sans âme", qui réunit Roselyne Bachelot, un évêque, un philosophe, la conservatrice du musée d'art moderne de Lille et le directeur du Théâtre du Rond-Point.
Le Medef introduit ainsi le sujet :
"Le monopole de l'âme
Qui y prétend ?
Les nouveaux Robespierre
"La force injuste de la loi"
Les ravages de l'utopie
Le trafic d'âmes
L'âme trafiquée"

"Chronique de la vie commune avec les robots"

Tandis que le président d'Areva ergotera sur "Trop ou pas assez de secrets", le président du Agricole Jean-Marie Sander, aidé de l'ancien entraîneur de l'équipe de France de handball Daniel Costantini, tenteront de répondre à des questions de tri sélectif : "L'homme est-il devenu le mauvais génie de la sélection naturelle, ou son bon génie ? La concurrence est-elle la meilleure des sélections ?".
Quand Laurent Dassault, Fleur Pellerin, la ministre déléguée aux PME et à l'Economie numérique, et le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly, s'essaieront à une "Chronique de la vie commune avec les robots".
Surveiller ou punir ? Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, et Michel Pébereau, président d'honneur de BNP Paribas, croiseront quant à eux le fer sur le thème de l'autorité : "Doit-on négocier avec les dictateurs ? Et commercer ?"
Entre exercice de style et de communication, le ballet contemporain de l'Université d'été promet donc encore des débats atypiques et débridés.
"Mais dans quels mondes vit-on ?!!!". "La nuit de l'infini restera-t-elle noire ? Ou éclairera-t-elle notre avenir ?"

Lire le programme de l'Université d'été du Medef 2012 ici

La France, l'adieu aux armes ? (2/5)

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Michel Cabirol - 28/08/2012

Respectée par ses alliés, l'armée française, qui appartient encore au club très restreint des puissances militaires autonomes, est aujourd'hui face à un tournant dans ses ambitions opérationnelles pourtant déjà en mode de "juste suffisance". La très forte contrainte budgétaire et surtout la rédaction d'un nouveau Livre Blanc vont avoir très certainement des conséquences sur ses moyens, et donc son fonctionnement. C'est ce qui ressort des auditions à l'Assemblée nationale des quatre grands patrons de l'armée française réalisées en juillet. Le deuxième des cinq états des lieux proposés par "latribune.fr" met en lumière les lacunes dans les équipements des trois armées. Ce qui les oblige à faire des impasses dans la mise en place de leurs dispositifs, notamment sur les théâtres d'opérations extérieures. Au détriment de la sécurité des soldats.

Entre grandeur et décadence, la France oscille. L'état des lieux en matière d'équipements militaires est inquiétant mais ces lacunes ne sont pas encore irréversibles... à condition de poursuivre l'effort de renouvellement des systèmes d'armes, dont certains datent déjà des années 1970. Car la panoplie du soldat français a quelques trous. Et pas des moindres. "Aujourd'hui je dois constater que la cohérence de nos armées est mise à mal", explique le patron des armées, l'amiral Edouard Guillaud. Et d'énumérer certaines lacunes bien connues de l'armée française et des experts.

Les avions ravitailleurs français ont près de 50 ans

Certaines capacités "nous font défaut, comme le SEAD - la suppression des défenses antiaériennes ennemies - en général indispensable pour entrer en premier" en territoire hostile, précise l'amiral Edouard Guillaud. Ce qui n'a toutefois pas empêché les pilotes de l'armée de l'air française de s'illustrer en Libye lors de l'opération Harmattan. Tout aussi inquiétant, l'armée française ne dispose pas d'avions de ravitaillement en vol performants, qui servent pourtant encore dans les Forces aériennes stratégiques (dissuasion nucléaire), et de drones MALE (Moyenne altitude et longue endurance). Ces capacités sont "notoirement insuffisantes" alors que d'autres sont "d'une conception suffisamment anciennes pour que leur modernisation, leur entretien ou leur mise aux normes d'exploitation actuelles deviennent très coûteuse", précise l'amiral Edouard Guillaud. A l'image des matériels datant des années 70 et 80 comme le missile Milan, les véhicules de l'avant blindés (VAB), les avions de reconnaissance ATL 2, les hélicoptères Cougar...

"Nos vénérables Boeing ravitailleurs approchent de la cinquantaine !", ironise en outre le chef d'état-major des armées. "L'âge des ravitailleurs en vol est une incontestable faiblesse", confirme le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Jean-Paul Paloméros, qui souhaiterait disposer d'Airbus A330. "Les produits choisis (A330, ndlr) par le Royaume-Uni, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite correspondraient tout à fait, par leur polyvalence, à nos besoins», assure-t-il.

"Le feuilleton des drones n'a que trop duré"

Le chef de l'état-major de l'armée de l'air regrette également les retards de la modernisation des Mirage 2000D (multirôle), pourtant validée en 2008, et des radars. "La rénovation de nos radars, dans le but de les porter aux meilleurs standards technologiques, a été retardée et pose dès lors un réel problème, explique-t-il. C'est dommage car cette rénovation permettrait d'améliorer notre plancher de détection et de réduit les coûts de fonctionnement et de maintenance de radars en voie d'obsolescence". Autre besoin criant, les drones MALE qui restent encore à ce jour l'une de ses préoccupations majeures même si l'armée de l'air a pu déployer en Afghanistan des Harfang, qui ont effectué plus de 5.000 heures de vol en trois ans, et a pu mettre en service un exemplaire en Libye, dans les dernières semaines de l'opération Harmattan. "Cette performance, pour excellente qu'elle soit, ne saurait suffire", indique-t-il.

Car, regrette-t-il, "il est clair que les drones nous auraient beaucoup simplifié la tâche pour les premières opérations en Libye". Et de taper du poing sur la table en estimant que "le feuilleton des drones n'a que trop duré". En conséquence, "il est urgent de renouveler les drones qui, acquis dans les années 90, sont en voie d'obsolescence, notamment au regard de leur système informatique, dont la puissance équivaut à un dixième de celle d'un iphone". Le général Jean-Paul Paloméros recommande l'achat d'un système américain. "Des systèmes américains ou israéliens sont actuellement disponibles - compte tenu des cours de l'euro et de la monnaie américaine -, il peut être intéressant d'acheter dans la zone dollar". D'autant que, rappelle-t-il, la Grande-Bretagne et l'Italie ont choisi le Predator. Seule l'Allemagne a opté pour des drones israéliens Heron 1.

Le déficit "béant" du transport aérien

Autre lacune très inquiétante pour l'armée de l'air, le transport aérien. « Le déficit est béant puisque nous ne satisfaisons que 25 % à 30 % de cet exigeant contrat », explique le chef de l'état-major de l'armée de l'air. Un déficit en partie comblé par le commandement du transport aérien européen (EATC), qui mutualise depuis deux ans les flottes de transport de la France, de l'Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas. « Mais cette structure ne dispose que de flottes vieillissantes en attendant mieux, c'est-à-dire l'A400M », précise le général Paloméros. « Nous avons un besoin urgent de l'A400M », dont les premiers exemplaires devraient être opérationnels dans l'armée de l'air en 2013, rappelle-t-il.

Sur les océans, les lacunes sont tout aussi significatives. Le chef d'état-major de la marine, l'amiral Bernard Rogel, va devoir faire l'impasse sur le deuxième porte-avions (soit entre 3 et 5 milliards d'euros) compte tenu des contraintes budgétaires. Et la France fera l'impasse de la permanence à la mer. D'une manière générale, l'amiral Bernard Rogel recommande le maintien du format de la marine, "au moins au niveau actuel". Notamment, précise-t-il, dans le domaine des sous-marins et des mines. "Aujourd'hui, 43 Etats utilisent des sous-marins, contre 10 au moment de la Guerre Froide", rappelle-t-il. Sans compter que les frégates de lutte anti-sous-marine ont 28 ans de moyenne d'âge "alors qu'il est difficile de dépasser 30 ans". Bref, la Marine gère la pénurie. C'est d'autant plus vrai qu'elle dispose encore, pour l'action de l'Etat en mer, de 28 hélicoptères Alouette III, qui ont maintenant 50 ans.

Des patrouilleurs à bout de souffle

Un bateau de surveillance par Pour surveiller et protéger toute la Zone économique exclusive (ZEE), la marine ne dispose que de six frégates de surveillance, de 20 patrouilleurs P400, de quelques bâtiments de transport légers (Batral) à bout de souffle. Des bâtiments touchés par des réductions temporaires de capacité (RTC). "Nous avons effectivement à la mer environ un bateau de surveillance par territoire métropolitain", regrette l'amiral Bernard Rogel. Il compte beaucoup sur le programme interministériel de bâtiment multimissions, de gros navires de soutien de type civil armés par la marine, lancé en 2011. "J'espère que les contraintes budgétaires actuelles permettront de le conserver", s'interroge-t-il. La marine a également décidé, dans le cadre de ce programme, d'acquérir deux patrouilleurs pour la Guyane d'ici à 2016 compte tenu des problèmes rencontrés sur place pour la pêche et le pétrole en attendant le programme Batsimar (Bâtiment de surveillance et d'intervention maritime), qui ont pour objet de remplacer les P 400 et les Batral.

Les crédits affectés à l'armée de terre "insuffisants"

Chez les terriens, c'est aussi la soupe à la grimace. "Le montant des crédits affectés à l'armée de terre depuis des années est modeste, voire insuffisant", déplore le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Bertrand Ract Madoux. Ce qui tombe plutôt mal. Car certains grands équipements de l'armée de terre doivent être renouvelés... rapidement. D'autant que comme le rappelle, le général Ract Madoux, la "cohérence" de l'armée de terre est "mise à mal par la coexistence de matériels les plus modernes et d'autres obsolescents". Car elle subit "la double contrainte du maintien en service de matériels d'ancienne génération dont le coût d'entretien est de plus en plus élevé, et de la prise en compte de matériels de dernière génération, dont la technologie est malheureusement coûteuse". Et donc, selon le chef d'état-major de l'armée de terre, "tout le défi réside dans la poursuite du renouvellement des équipements majeurs, principalement dans le cadre du programme Scorpion".

Il consiste à remplacer les blindés de la classe des 20 tonnes (VAB, AMX 10RC et ERC Sagaie), les plus utilisés en opérations depuis 40 ans par les programmes VBMR (véhicule blindé multirôle) et lERC (engin blindé de reconnaissance et de combat). « Ce besoin de modernité et de cohérence est essentiel à la capacité opérationnelle future de l'armée de terre », rappelle le général Ract Madoux. Au-delà de ces blindés, il a également besoin de nouveaux drones tactiques. Et de préciser que l'armée de terre "éprouve un vif intérêt" pour le projet de drones Watchkeeper qui équipe déjà l'armée britannique. Ce matériel pourrait remplacer les systèmes de drone tactique intérimaire (SDTI) à bout de souffle. Enfin, le chef d'état-major se montre "vigilant" sur le renouvellement du parc des hélicoptères de transport par les nouveaux NH90 (133 exemplaires prévus). "Nous devons protéger ce programme majeur pour l'armée de terre des habituelles tentations d'économies et de rationalisations", estime le général Ract Madoux.

"Tout renoncement est potentiellement irréversible"

D'une façon générale, le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, rappelle que "le temps du développement capacitaire est long, très long ! Le développement, l'industrialisation, l'emploi et le démantèlement d'un matériel militaire se mesurent en dizaines d'années. Ils impliquent des capacités industrielles pointues et dédiées. Tout renoncement est potentiellement irréversible". Il faudra que les rédacteurs du livre blanc prennent en compte cette donnée éminemment stratégique... Car comme le rappelle l'amiral Guillaud, s'il n'y avait pas eu les missiles balistiques nucléaires M1, M2 et M20 puis le S3 sur le plateau d'Albion, il n'y aurait pas eu Ariane 2, puis Ariane 3...

Tout comme Bull ne serait pas reconnu dans le monde entier pour ses calculateurs de très grande puissance sans la dissuasion nucléaire, qui a financé un programme français de simulation au lieu de l'acheter au Japon ou aux Etats-Unis. Sans la force nucléaire stratégique, qui a permis le développement des commandes de vol électrique des Mirage 2000, Airbus ne serait pas le champion qu'il est grâce aux commandes électriques. Et au final, explique-t-il, "il faudrait de toute façon dépenser de l'argent pour obtenir le même résultat dans ce domaine. Nous ne réaliserions donc pas les économies que certains imaginent". Mais l'imagination de Bercy est semble-t-il sans limite...


La légion à Saint-Tropez

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mardi 28 août 2012

Hier, les soldats de la Légion étrangère ont passé une grande partie de la journée sur le port de Saint-Tropez afin de récolter des dons pour leurs pensionnaires et invalides dans le besoin.

 

Diaporamas

Photo Hervé Lillini

Le record pour Hakizimana

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Publié le 27/08/2012

10 km• 1. G. Hakizimana (Rwanda/LMA) 29'19 ; 2. J. Muraga (Kenya/Légion étrangère) 30'37 ; 3. D. Kiptanui (Kenya/Légion étrangère) 31'00 ; 4. A. Baguma (Burundi/Rispoli Villeurbanne) 31'11 ; 5. I. Lakhal (LMA) 31'18 ; 6. R. Musagirije (Burundi/Rispoli Villeurbanne) 31'35 ; 7. D. Ruto (Ouganda/Pierrefitte) 32'04 ; 8. J. Ngure (Kenya/Maisons-Laffitte) 32'35 ; 9. F. Hernould (Belgique/ind) 32'51)  ; 10. E. Clementz (ind) 32'51 ; etc. Première féminine : 24. I. Chemutaï (Ouganda) 35'24.

5 km• 1. F. Hernould (Belgique/ind) 15'27 ; 2. V. Mariel (RCA) 15'29 ; 3. L. Crowet (ind, 1er Espoir) 15'32 ; 4. J. Boulogne (RCA) 15'46 ; 5. C. Care (Valenciennes) 16'00 ; etc. Première féminine : 32. C. Leclercq (LMA) 18'44.

S'il est aussi en « cannes » qu'hier, il faudra compter avec Gervais Hakizimana samedi au semi-marathon de la Braderie. Le Rwandais a signé une démonstration dans le centre ville d'Arras alors même que le peloton du 10 km n'avait jamais été aussi conséquent, avec 880 engagés. Parmi la dizaine de coureurs africains au départ, Hakizimana ne détenait pas le meilleur chrono sur dix bornes. Mais cela ne l'a pas empêché de prendre rapidement les devants. Au point de se retrouver vraiment tout seul après trois kilomètres : « Ce n'était pas voulu, expliqua-t-il à l'arrivée. J'avais prévu de partir vite mais je ne pensais pas que je me retrouverai seul devant. Sur les cinq premiers kilomètres, j'étais sur les bases de 28 minutes, mais ensuite, j'ai baissé, justement parce que j'étais seul. C'était compliqué . » Grâce à son audace et à son tempo d'enfer, le Rwandais l'a emporté en battant de deux secondes le précédent record de l'épreuve, détenu par Djamel Bachiri depuis l'édition 2008.

Chez les féminines, on attendait la revanche de 2010, entre Fanny Pruvost et Immaculate Chemilaï. Mais avec le forfait de dernière minute de l'Audomaroise du RC Arras, l'Ougandaise avait une voie royale, malgré la belle course de Lucie Jamsin, sociétaire d'Artois athlétisme. • 

VINCENT LE GALLOIS


Les forces terrestres "ont accumulé une expérience constituant un précieux capital"

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Publié le 27/08/2012

Selon le général Dominique Delort, l'armée de terre, visée par de potentielles réductions d'effectifs, constitue l'atout de l'armée.

En Libye, la première guerre "zéro mort", gagnée sans intervention au sol, laisse parfois croire que le temps des forces terrestres a vécu. Patron de la Saint-Cyrienne (association des élèves et anciens élèves de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr), le général Dominique Delort n'est pas du tout d'accord.

Alors que le retrait d'Afghanistan se poursuit, le débat sur le rôle futur de l'armée de terre, et surtout sur son format et ses effectifs, est au coeur des sujets que doit traiter la commission du livre blanc présidée par Jean-Marie Guéhenno. À la lueur de ce départ, des voix encore discrètes se font entendre, qui évoquent une réduction drastique qui ferait passer les forces terrestres françaises de 120 000 militaires d'active (plus 20 000 civils) aujourd'hui à 80 000 militaires - comme l'armée britannique qui doit remplir des missions comparables.

Sur ces points, nous avons souhaité interroger le général de corps d'armée (2S) Dominique Delort. Ancien cavalier issu des troupes de marine, il a commandé le 5e régiment interarmes d'outre-mer à Djibouti, avant de devenir notamment chef du Centre opérationnel interarmées, à l'état-major des armées. Dans sa dernière affectation, il fut commandant de la région terre Nord-Ouest et officier général de la zone de défense Ouest, à Rennes. Il exerce aujourd'hui une grande influence dans l'armée de terre, en raison de sa position de président de la Saint-Cyrienne, l'association des anciens élèves de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, basée au camp militaire de Coëtquidan (Morbihan).

Le Point.fr : La France exécute en ce moment son retrait d'Afghanistan. Quelles conséquences pour l'armée de terre faut-il attendre de la fin de cette mission ?

Dominique Delort : Je n'ai pas été le seul à lire dans vos colonnes les propos recueillis auprès de monsieur Yché, et pas mal d'officiers d'active m'ont fait savoir qu'ils hésitaient entre la sidération et le fou rire. Je ne suis pas aussi sévère qu'eux, mais quand même... La défense est un sujet très sérieux. On parle de stratégie, d'opérations, de capacités. L'art de la guerre, comme tous les autres, exige d'avoir été pratiqué pour émettre une opinion fondée. Je ne suis pas sûr que tous ceux qui s'expriment sur le sujet aient à un moment quelconque de leur vie professionnelle participé, préparé, planifié, contrôlé ou commandé des opérations.

Pour autant, il n'est pas besoin d'avoir commandé au front pour admettre que l'exceptionnelle expérience opérationnelle collective acquise en Afghanistan risque de manquer à l'avenir...

Il est certain qu'un retour d'expérience sera indispensable, pour tous. Les politiques des différents gouvernements ayant engagé et poursuivi cette opération vont devoir être analysées. Il faudra en tirer les enseignements en termes de stratégie, de capacités, de coût budgétaire, de prise de risque. Mais attention ! Il est toujours très difficile de définir à l'avance à quel conflit la France pourrait être mêlée ou souhaiter se mêler pour des raisons liées à la sécurité collective. Qui aurait pu dire avant 2001 que la France pourrait être amenée à s'engager sur un territoire aussi particulier que l'Afghanistan ? Qui plus est dans le cadre d'une coalition, aux côtés des Américains, au sein de l'Otan ? Lorsque l'on tire des enseignements d'une opération, il convient de se garder du dogmatisme.

Ne pensez-vous là qu'à l'Afghanistan ?

Pas du tout. La Libye est un autre exemple. On ne saurait faire une exégèse partielle de cette guerre pour définir les capacités qui seraient nécessaires dans l'avenir. En Libye, les forces européennes et notamment françaises se sont engagées par voie aérienne, maritime et aéroterrestre. Soyons prudents sur les conclusions qu'on en tire ! Pas plus tard qu'en 2006 les Israéliens ont payé très durement dans le sud du Liban une interprétation erronée de ce que peut être la puissance aérienne. Il leur a fallu engager dans d'assez mauvaises conditions un corps blindé mécanisé pour essayer de trouver une vague porte de sortie politique. Autant il est juste d'analyser les opérations, autant la prudence s'impose quand on en arrive à la définition de moyens de défense futurs. Je n'en veux pour preuve que l'interprétation curieuse que M. Yché fait des théories de Joseph Nye sur le soft power.

Il affirme en effet que "ce n'est pas avec des troupes au sol qu'on fait avancer un modèle de civilisation" en estimant que la promotion des valeurs occidentales ne doit plus être le fait des armées.

Et pour ma part, je prétends qu'il commet une faute grave en tentant d'opposer le soft power au hard power. L'action armée ne se conçoit pas selon Joseph Nye, que cite M. Yché, en opposant ces facteurs, mais toujours en complémentarité. Nye juge qu'il faut également s'appuyer sur le pouvoir économique, sur l'influence culturelle et que, tous ces facteurs se combinant, il devient possible d'atteindre un but de guerre voire, dans le meilleur des cas, de faire accepter un modèle de civilisation.

Voyez-vous des conséquences capacitaires au retrait d'Afghanistan ?

Il appartient au politique de définir la stratégie générale, en fonction d'une ambition. Quelle est celle de la France ? À ce jour, elle consiste à ce que la France participe au Conseil de sécurité des Nations unies en tant que membre permanent, à ce qu'elle soit un élément du système de sécurité collective, à ce qu'elle s'engage dans le règlement des conflits pour permettre un rétablissement du dialogue et le retour des équilibres favorables à la paix. Une évolution ne peut se concevoir qu'après l'analyse des menaces. On en tire alors les conséquences, comme cela a été fait après l'effondrement du bloc soviétique ou avec le développement du terrorisme islamiste international après 2001. Il est bien évident qu'il faut de nouveau se livrer à cet exercice confié à la commission du livre blanc, afin de déterminer quelles missions doivent être confiées aux forces. Mais dans tous les cas, il ne serait pas souhaitable de définir un modèle d'armée uniquement à partir des capacités. Il convient également de réfléchir en fonction des efforts que peut fournir le pays en fonction de son ambition.

Que pensez-vous de ceux qui prétendent, encore discrètement, que le format de l'armée de terre pourrait être réduit à 80 000 hommes ?

Il ne faut pas asséner n'importe quel diktat, mais raisonner sur cette question. Nous avons tout intérêt à conserver un équilibre à définir entre la projection de puissance et la projection de forces. Faire une dichotomie entre les deux, c'est introduire une faille dans le raisonnement qui pourrait nous conduire au pire. Si nous n'avions disposé que de la seule capacité de projection de puissance, nous aurions été incapables d'intervenir aux côtés de nos alliés en Afghanistan. Quand on évoque les Britanniques, ne disons pas n'importe quoi. S'ils font des coupes drastiques, celles-ci ne portent pas exclusivement sur les armées, mais bien sur l'administration tout entière !

En plus de dix ans, des dizaines de milliers de soldats français sont passés en Afghanistan. Comment l'armée de terre va-t-elle remplacer cette expérience incomparable ?

Nos jeunes officiers, nos sous-officiers, nos soldats ont emmagasiné une expérience exceptionnelle en Afghanistan et, pour nos pilotes d'hélicoptères, en Libye. Ce qui me fait dire que rien n'aurait été possible sans une préparation intense, un engagement physique et moral déterminé de tous. À nos soldats, cette expérience a donné une maturité qui sera très utile quand ils retourneront à la vie civile pour en faire profiter l'ensemble de la société. Je suis totalement convaincu que le passage de ces jeunes hommes dans les armées, notamment dans l'armée de terre qui compte le plus d'engagés de courte durée, est une très bonne chose pour la France. Les jeunes officiers, futurs colonels et généraux, ont accumulé une expérience constituant un précieux capital. En ce qui concerne nos unités, elles demeurent dans la belle tradition de l'armée française en s'engageant là où le pouvoir politique légitime les envoie, quand la nécessité le commande. Elles ne choisissent pas leurs missions, mais ambitionnent de les remplir au mieux et se retirent quand on le leur demande.


La France, l'adieu aux armes ? (1/5)

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Michel Cabirol - 26/08/2012


Respectée pour ses compétences par ses alliés, l'armée française appartient encore au club restreint des puissances militaires autonomes. Mais elle est aujourd'hui face à un tournant pour maintenir ses ambitions opérationnelles pourtant déjà en mode de "juste suffisance". La très forte contrainte budgétaire et surtout la rédaction d'un nouveau Livre Blanc vont avoir certainement des conséquences sur ses moyens, et donc son fonctionnement. C'est ce qui ressort des auditions à l'Assemblée nationale des quatre grands patrons de l'armée française réalisées en juillet. Le premier des cinq états des lieux proposés par "latribune.fr" montre que les trois armées n'ont plus la capacité aujourd'hui de répondre à certains contrats opérationnels tels qu'ils ont été définis par le Livre blanc rédigé... en 2008.

Le constat est clinique et l’aveu du chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, terrible. "S’agissant du contrat de projection de 30.000 hommes (sur un an, ndlr), non, il n’est pas atteignable en l’état", affirme-t-il. Ce contrat avait été pourtant défini en 2008 dans le Livre blanc par l’ancien président de la République… Aujourd’hui, les trois armées ne sont plus capables de répondre à certains de ses contrats opérationnels, dont plusieurs de sécurité publique, en raison d’un manque d’effectifs, de moyens et de crédits. Et pourtant l’armée française a su répondre présente avec efficacité lors des opérations extérieures auxquelles elle a participé. Ainsi, en 2011, 13.500 soldats ont été envoyés en mission, dont sept majeures (Afghanistan, Libye, Côte d’Ivoire…), a rappelé l’amiral Guillaud.

C’est ce que pense également le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Jean-Paul Paloméros, qui prendra ses nouvelles fonctions fin septembre au sein de l’OTAN en tant que commandant suprême allié de la Transformation (SACT) : "les contrats les plus exigeants sont hors de portée dans la durée" pour l’armée de l’air, précise-t-il au détour d’une réponse à un député. Pourquoi ? Parce que notamment "dans le domaine du ravitaillement en vol, les lacunes liées au report du programme MRTT et au vieillissement des 14 avions ravitailleurs C135 et KC135, qui ont une moyenne d’âge de 48 ans ne permettent pas de répondre à la dimension la plus exigeante du contrat opérationnel", confirme la Cour des comptes. Ce qui n’a pas empêché le succès des Rafale et Mirage 2000 lors de l’opération Harmattan en Libye. "L’âge des ravitailleurs en vol est une incontestable faiblesse alors même que ces appareils nous permettent, entre autres, de projeter nos forces à plusieurs milliers de kilomètres", rappelle le général Jean-Paul Paloméros.

"Nous ne pouvons réaliser toutes les missions"

Mais c’est surtout la marine et l’armée de terre, qui ont de réelles difficultés à réaliser certains contrats opérationnels. Là aussi, le constat est terrible. "La juste suffisance veut dire que nous ne pouvons pas réaliser toutes les missions du contrat opérationnel de la marine en même temps", avoue le chef d’état-major de la marine, l’amiral Bernard Rogel, pourtant à la tête de la dernière marine européenne à posséder toutes les capacités pour intervenir. Concrètement, la Royale lors de l’opération Harmattan, qui a mobilisé 27 bâtiments de combat déployés pendant six mois, a dû abandonner "provisoirement certaines missions, notamment contre les narcotrafic ou l’immigration illégale ou des missions de sûreté au profit de la FOST (Force océanique stratégique, ndlr)".

D’une manière générale, il confirme que "compte tenu des missions qui nous sont données, je considère aujourd’hui que le format de la marine est juste suffisant". A tel point qu’en 2010 et 2011, la marine n’a pu déployer le groupe aéronaval, c’est-à-dire un groupe aérien complet, les frégates d’escorte, les sous-marins d’attaque (SNA) et une capacité de réaction autonome pour engager les opérations d’évacuation de ressortissants tel que le prévoit le contrat opérationnel conventionnel défini par le livre blanc. "Les indicateurs de performance montrent qu’en 2010 et 2011 ces objectifs n’ont pu être atteints", affirme le chef d’état-major de la marine. Ces indicateurs "montrent qu’en 2010 et en 2011 le dimensionnement actuel de la flotte et les contraintes liées aux arrêts techniques des bâtiments, ne permettent pas à la marine de tenir en permanence cette posture pour des raisons qui vont au-delà de la présence d’un seul porte-avions dans la flotte", précise la Cour des comptes.

La souveraineté de la France contestée sur certains de ses îlots

Cette "juste suffisance" doit également aujourd’hui prendre en compte l’extension de la zone économique exclusive (ZEE) de la France, qui dispose déjà de la deuxième ZEE derrière les Etats-Unis avec 11.000.000 kilomètres carrés, pour accéder aux richesses du plateau continental. Comme c’est le cas en Guyane où la France pourrait devenir une nation pétrolière. La marine dispose à titre d’exemple d’un patrouilleur aux îles Kerguelen ainsi qu’un système satellitaire pour protéger la légine, un poisson cher et apprécié aux Etats-Unis et en Asie que l’on trouve uniquement autour des Terres australes. "Si nous ne surveillons pas notre ZEE et ne montrons pas notre pavillon, nous serons pillés", assure l’amiral Rogel.

Déjà, la France est confrontée à une contestation de sa souveraineté sur certains de ses îlots du bout du monde tel que l’île de Clipperton aux confins de l’océan Pacifique, située à 1.280 kilomètres d’Acapulco au Mexique, les îles Eparses dans l’océan Indien situées autour de Madagascar, ou, enfin, Matthew et Hunter, deux petites îles inhabitées du Sud Pacifique, à 300 km à l'est de la Nouvelle-Calédonie. Pour protéger cette très vaste ZEE, la France dispose en tout et pour tout… de six frégates de surveillance et de 20 patrouilleurs. "On est loin de couvrir en permanence toute la superficie de la ZEE", indique le chef d’état-major de la marine.

"La technocratie budgétaire" pointée du doigt

Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Bertrand Ract Madoux, est lui aussi confronté à la juste suffisance, qui l’empêche de remplir tous ces contrats opérationnels. "Les contraintes budgétaires successives ont peu à peu rendu difficiles l’exécution et le soutien de certains de ces contrats opérationnels, notamment dans la durée ainsi que dans leur simultanéité", regrette-t-il. Et d’avertir, "certains domaines de spécialités sont aujourd’hui à un niveau plancher et ne pourront supporter de nouvelles réductions, sauf à imposer d’abandonner lesdites spécialités. Cela aurait pour conséquence de fragiliser la cohérence de l’ensemble des forces terrestres et d’hypothéquer leur efficacité et leurs capacités d’action". Ainsi, l’armée de terre ne dispose plus que d’un unique régiment dans de nombreuses spécialités : drones, lance-roquettes unitaire, artillerie sol-air, franchissement, armes NBC (nucléaires, bactériologiques et chimiques)… "Les difficultés de l’arme de terre, ndlr) rencontrées pour honorer totalement le contrat maximal sont liées au soutien dans le domaine des pièces détachées et des munitions. Elles pourraient fragiliser la capacité à tenir l’engagement dans la durée, en particulier si le renouvellement de plusieurs parcs anciens était à nouveau repoussé", explique la Cour des comptes.

C’est dans ce contexte difficile que l’armée de terre a franchi "à la baisse, cette année, le seuil symbolique des 100.000 militaires et 10.000 civils", regrette le général Ract Madoux. "Est-il raisonnable d’avoir une armée de terre en dessous de 100.000 hommes, c’est-à-dire au plus bas de son histoire dans un pays qui n’a jamais été aussi peuplé ?", s’interroge-t-il. Et de pointer du doigt "la technocratie budgétaire" : "Nous ne souhaiterions pas en effet que la technocratie budgétaire nous fasse collectivement passer dans un cadre toujours plus petits au détriment de la cohérence et au mépris d’une analyse objective des dangers de ce monde". Car, estime-t-il, "lorsqu’on réduit des enveloppes déjà insuffisantes, les difficultés sont inévitables".

Une puissance militaire autonome

Le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, donne quelques chiffres qui éclairent les données du débat. La Force océanique stratégique est mise en œuvre par 3.200 marins, soit l’effectif équivalent à celui des agents municipaux d’une ville comme Montpellier. L’effectif de l’armée de terre est équivalent à celui de la RATP et le groupe PSA pèse en effectifs deux fois plus que l’armée de terre. D’où sa conclusion, "notre outil de défense offre jusqu’à présent un rapport qualité-prix exceptionnel". Et de rappeler que la France appartient "au club très restreint des puissances militaires autonomes". Jusqu'à quand ?


"Pierre Mesmer": la promotion 2012 des ORSEM a été baptisée vendredi

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26.08.2012


La promotion 2012 de l’École Supérieure des Officiers de Réserve Spécialistes d’État-major (ORSEM) a été baptisée le 24 août lors d’une cérémonie à l’École militaire à Paris sous la présidence du général de corps d’armée Margueron, major général de l’armée de Terre, et en présence du drapeau de la 13e DBLE.

Cette promotion porte le nom de « colonel Pierre Messmer ».

La promotion « colonel Pierre Messmer » comprend 5 officiers étrangers (un Allemand, deux Américains, un Canadien, un Danois et un Suisse).

L’École Supérieure des ORSEM est l’une des trois écoles du Commandement de l’enseignement militaire supérieur de l’armée de terre (CESAT). Elle sélectionne par concours et forme des officiers de réserve français et étrangers destinés à servir au sein des états-majors français ou internationaux en période de paix, de crise, ou de guerre. Parmi les 1 200 ORSEM certains servent actuellement en Afghanistan et au Liban. D’autres contribuent au plan Vigipirate ou participent à la planification et la conduite des opérations au CPCO.


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