Publié le mercredi 29 février 2012
L'extension de l'actuel bâtiment est en passe de s'achever à Aubagne
Le général Bruno Le Flem, qui préside la Société des amis du musée de la Légion étrangère, a beau le regretter, il n'y avait pas d'autre solution : le musée doit fermer pendant plus d'un an, du 12 mars 2012 au 23 mars 2013, pour que le chantier de son extension puisse se terminer.
Un chantier d'envergure, puisqu'il doit doubler la surface de ce sanctuaire, dédié depuis 1966 à l'histoire de ce corps d'armée prestigieux, passant de 1 000 à 2 000 m². Autant dire que les collections - qui seront d'ailleurs enrichies - doivent être stockées dans les réserves, le temps de finir les travaux. La main du capitaine Danjou a d'ailleurs déjà été enlevée de la crypte, et même les vitrines de la boutique ont été vidées de leur contenu pour laisser place à une nouvelle organisation des lieux.
"Depuis l'été dernier, une scénographe professionnelle, Cécile Degos, qui a travaillé sur les plus grands musées, a été recrutée", explique le capitaine Gérard Seznec, lui-même nommé conservateur depuis août dernier.
Issu de l'école du Louvre, l'officier spécialiste est déjà passé par le musée de l'Armée aux Invalides à Paris, ou encore le musée du sous-officier de Saint-Maixent l'École et se passionne visiblement pour un projet auquel l'Armée a abondé à hauteur d'1 M€ et dont la souscription a connu un véritable engouement (lire ci-contre).
"Nous souhaitons en faire un musée moderne, pédagogique, esthétique et interactif qui s'adressera à notre coeur de cible, les familles de la Légion mais aussi les jeunes légionnaires, qui ne connaissent pas forcément son histoire. Mais nous voulons aussi conquérir de nouveaux publics, comme les scolaires ; une convention vient d'être signée entre l'Éducation nationale et la Légion, surtout sur le thème du modèle d'intégration qu'elle constitue", explique le conservateur.
Pour répondre à ce défi, les collections du musée vont être dépoussiérées, et surtout enrichies, comme le permet la labellisation Musée de France, obtenue en 2011.
"Nous allons sélectionner des pièces pertinentes, selon des critères historiques, ou en fonction de l'émotion qu'elles véhiculent", poursuit le spécialiste. Dans ce nouvel espace, le châle de l'impératrice Eugénie, qui avait permis à la Légion d'aller combattre au Mexique puis de revenir en métropole, côtoiera ainsi la montre de ce capitaine mort au Tonkin, dont le sang avait pénétré à l'intérieur du mécanisme, par une fissure dans le verre.
"Nous souhaitons recentrer le musée sur le combattant, alors que jusqu'à présent il était plutôt axé sur les officiers, qui ont laissé des objets. On connaît moins bien le légionnaire, plus anonyme, nous allons trouver des pièces bien documentées, qui permettront de mieux le connaître, tout en lui gardant sa part de mystère."
Car le musée conservera sa fonction de saint des saints de la Légion ; le parcours, reliant la voie sacrée à la crypte où sont conservées les reliques du capitaine Danjou sera préservé.
Une nouvelle salle présentera même une vue inédite sur le monument aux Morts, rapatrié de Sidi-bel-Abbès en 1962, et autour duquel s'est construit le quartier Viénot.
MC BERENGER