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2011

L’honneur d’un commandant

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Frédéric Pons le jeudi, 01/12/2011


Hélie de Saint Marc élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur. Le rebelle est devenu un modèle.

Dans le froid de la cour d’honneur des Invalides, la foule n’a d’yeux que pour le vieil homme tassé sur son fauteuil roulant : le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans. Il a remis son béret vert de légionnaire parachutiste. Malgré la fatigue et l’infirmité, le soldat se redresse, au moment où le chef de l’État lui passe le grand cordon de grand-croix de la Légion d’honneur, la dignité suprême dans l’ordre national. Cette cérémonie du 28 novembre honore un soldat moraliste au destin hors normes. À travers le chef de l’État, la nation reconnaît les combats de toute une vie et poursuit le processus d’apaisement qui doit refermer les blessures de la guerre d’Algérie. Ce cycle ne sera vraiment achevé que lorsque tous ceux qui s’engagèrent pour la France – au premier rang desquels les harkis – seront à leur tour pleinement honorés.

Hélie de Saint Marc est le symbole de ces combats et de ces déchirements. La Résistance, la déportation, les combats en Indochine et en Algérie. Révolté par l’abandon des populations algériennes, il livra son dernier combat en avril 1961.

Putschiste, “pour la parole donnée”, il risqua tout. Condamné à dix ans de prison, il fut gracié en décembre 1966. Il le raconte dans les Champs de braises (1995) et les Sentinelles du soir (1999), « le meilleur de mes livres ».

Saint Marc est un homme debout. Cette règle de vie en fit un proscrit. Cinquante ans après sa rébellion contre le parjure, elle en fait un modèle. Pour la foule réunie aux Invalides, il ne s’agit pas d’un “pardon” mais d’une “reconnaissance”, même si l’Élysée a précisé que la cérémonie n’est qu’« un acte militaire », le président agissant en tant que chef des armées. Pour certains, au contraire, c’est bien un geste politique du candidat Nicolas Sarkozy vers l’électorat de droite et vers les armées.

Cet hommage officiel est surtout une étape de plus dans le processus d’apaisement conduit par tous les présidents de la Ve République (à l’exception de Georges Pompidou), dans cette longue suite – encore inachevée – d’amnisties, de reconnaissance et de rétablissement des droits : ce fut Charles de Gaulle, dès les décrets de 1963 et l’amnistie collective de 1968 ; Valéry Giscard d’Estaing rétablit Saint Marc dans ses droits civils et militaires ; François Mitterrand poursuivit les réparations ; Jacques Chirac éleva Saint Marc à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur.

Le général Bruno Dary, gouverneur militaire de Paris, lui aussi légionnaire parachutiste, souligne cette continuité dans un hommage vibrant à Saint Marc, « mon ancien ». Dans le brouhaha de ce grand salon des Invalides, le commandant reçoit ensuite patiemment les félicitations de chacun. Il faut se pencher, front contre front, pour lui parler et l’entendre. Je m’approche. Ses yeux disent tout. Le regard d’azur reste intense derrière ces rides profondes qui dessinent « le temps perdu, les vies sacrifiées, la confiance trahie ».

On y lit la modestie de l’homme « dépositaire de quelques grammes d’humanité », la douceur du sage « plus démuni qu’un enfant » à l’approche du mystère, la passion de celui qui plongea dans l’Histoire avec une intensité sans équivalent, toujours soucieux de comprendre et de transmettre. Hélie de Saint Marc sait tout l’attachement que lui portent Valeurs actuelles et ses lecteurs. Il tient à nous remercier : « Tout se tient, continuez, me glisse-t-il dans un souffle. Continuez…  » Frédéric Pons


Sarkozy décore un ancien officier putschiste

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Par L'EXPRESS.fr, publié le 28/11/2011

Miraculé des camps de la mort, Hélie Denoix de Saint Marc a été fait Grand'Croix de la Légion d'honneur, le 28 novembre 2011.

Nicolas Sarkozy a décoré douze militaires à l'occasion, ce lundi, de la cérémonie de prise d'armes d'automne aux Invalides, parmi lesquels Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans, ancien déporté et officier putschiste en 1961 en Algérie. 

Au départ, c'est une idée de Patrick Buisson. L'idée, envoyer une signe aux catholiques et à la droite traditionnelle .Ce lundi, Hélie Denoix de Saint-Marc a été fait Grand'Croix de la Légion d'honneur. Cet ancien résistant et déporté, commandait par intérim le 1er régiment étranger de parachutistes (REP, Légion étrangère) qui fut le fer de lance du putsch manqué des généraux, en avril 1961, en Algérie. 

Comment le cadet "peureux et rêveur", né le 11 février 1922 dans une grande famille bordelaise, avide d'héroïsme, devint-il l'un des officiers rebelles d'Alger? En traversant "25 années d'une intensité sans pareille", riches de désillusions, résume-t-il dans ses mémoires. 

Résistant dès mars 1941 dans le réseau Jade-Amicol, il est trahi et arrêté en juillet 1943 à Perpignan. Déporté à Buchenwald puis à Langenstein, il est libéré d'extrême justesse, inconscient et squelettique, parmi les 30 survivants d'un convoi de 1.000 déportés. 

"De la crasse, du sang et des larmes"

"En rentrant en France, j'ai trouvé un pays matérialiste, pressé de jouir de la vie et d'oublier les armes, qui ne voulait plus entendre parler de ceux qui s'étaient battus et de ceux qui avaient souffert dans les camps", se souvient-il. 

Humilié, il saisit l'offre faite aux anciens résistants d'entrer à Saint-Cyr. Engagé dans la Légion étrangère, il s'envole en 1948 pour l'Indochine où il découvre la guerre, "horreur du monde rassemblée dans un paroxysme de crasse, de sang, de larmes". 

Le jeune officier, ébloui par la beauté du pays, est affecté au poste de Talung, à la frontière de la Chine. Il reçoit au bout de 18 mois l'ordre d'évacuer, abandonnant villageois et partisans aux représailles du Vietminh, une "honte" qui ne cessera de le hanter. 

Dix années de détention

Après l'amère campagne de Suez, en 1956, il débarque à Alger où il se charge des relations avec la presse. Comme une partie de l'armée, il s'inquiète du revirement du général de Gaulle en 1959, qui prône l'autodétermination, après cinq ans de guerre pour maintenir l'Algérie française. 

"J'étais légaliste, et nous avions bien conscience que le statut colonial avait fait son temps. Mais une partie des musulmans se battait à nos côtés et je me souvenais du Vietnam, où nous avions abandonné une population à qui nous avions promis la protection", plaide-t-il aujourd'hui. 

Commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (REP), il cède aux arguments du général Challe et participe à la prise d'Alger. Le putsch fait long feu. 

Le 1er REP a été dissous et le commandant Denoix de Saint Marc condamné le 5 juin 1961 à dix ans de détention criminelle et radié de l'ordre de la Légion d'honneur. Il a été réhabilité en 1978 dans ses droits civils et militaires et avait été fait Grand officier de la Légion d'honneur en 2002. 

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Hélie Denoix de Saint Marc, déporté et putschiste, de la prison aux honneurs

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lundi 28 novembre 2011

"Je n'ai pas réussi dans la vie. Je ne suis pas un grand chanteur ou un grand industriel. Mais je crois avoir réussi ma vie", confie à l'AFP l'ancien participant au putsch des généraux, corps affaibli et verbe sûr, balayant une carte du Vietnam de son regard clair. ( © AFP Jean-Philippe Ksiazek)

LYON (AFP) - Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans, qui sera élevé lundi à la dignité de Grand'croix de la Légion d'Honneur par Nicolas Sarkozy, a connu la Résistance, l'Indochine, l'Algérie et la prison après le putsch de 1961, devenant l'un des symboles des "soldats perdus" de la France d'après-guerre.

"Je n'ai pas réussi dans la vie. Je ne suis pas un grand chanteur ou un grand industriel. Mais je crois avoir réussi ma vie", confie à l'AFP l'ancien participant au putsch des généraux, corps affaibli et verbe sûr, balayant une carte du Vietnam de son regard clair.

Comment le cadet "peureux et rêveur", né le 11 février 1922 dans une grande famille bordelaise, avide d'héroïsme, devint-il l'un des officiers rebelles d'Alger? En traversant "25 années d'une intensité sans pareille", riches de désillusions, résume-t-il dans ses mémoires.

Résistant dès mars 1941 dans le réseau Jade-Amicol, il est trahi et arrêté en juillet 1943 à Perpignan. Déporté à Buchenwald puis à Langenstein, il est libéré d'extrême justesse, inconscient et squelettique, parmi les 30 survivants d'un convoi de 1.000 déportés.

"En rentrant en France, j'ai trouvé un pays matérialiste, pressé de jouir de la vie et d'oublier les armes, qui ne voulait plus entendre parler de ceux qui s'étaient battus et de ceux qui avaient souffert dans les camps", se souvient-il.

Humilié, il saisit l'offre faite aux anciens résistants d'entrer à Saint-Cyr. Engagé dans la Légion étrangère, il s'envole en 1948 pour l'Indochine où il découvre la guerre, "horreur du monde rassemblée dans un paroxysme de crasse, de sang, de larmes".

Le jeune officier, ébloui par la beauté du pays, est affecté au poste de Talung, à la frontière de la Chine. Il reçoit au bout de 18 mois l'ordre d'évacuer, abandonnant villageois et partisans aux représailles du Vietminh, une "honte" qui ne cessera de le hanter.

Après l'amère campagne de Suez, en 1956, il débarque à Alger où il se charge des relations avec la presse. Comme une partie de l'armée, il s'inquiète du revirement du général de Gaulle en 1959, qui prône l'autodétermination, après cinq ans de guerre pour maintenir l'Algérie française.

"J'étais légaliste, et nous avions bien conscience que le statut colonial avait fait son temps. Mais une partie des musulmans se battait à nos côtés et je me souvenais du Vietnam, où nous avions abandonné une population à qui nous avions promis la protection", plaide-t-il aujourd'hui.

Commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (REP), il cède aux arguments du général Challe et participe à la prise d'Alger. Le putsch fait long feu. Le 1er REP est dissous et l'officier de 39 ans, marié et père de deux filles encore bébés, est condamné à dix ans de réclusion.

"C'était ma deuxième détention. Sans trop savoir pourquoi, j'ai pensé à un sandwich. J'étais un homme entre deux couches de prison", raconte-t-il dans "L'aventure et l'espérance". Gracié en décembre 1966, il sort de prison sans maison ni métier, dans un pays qu'il reconnaît à peine.

Repoussant les offres de mercenariat, Denoix de Saint Marc saisit la main tendue par un ancien déporté, à Lyon, et entre dans l'industrie. Réhabilité en 1978, il sort de son silence en 1989, dans la biographie écrite par Laurent Beccaria, puis dans une série d'ouvrages et de conférences.

Après des années de mutisme sur l'Indochine ou l'Algérie, le succès de ses livres témoigne de la curiosité croissante pour ces conflits. Le même thème nourrit d'ailleurs "L'art français de la guerre", dernier prix Goncourt du Lyonnais Alexis Jenni, que l'octogénaire "s'est promis de lire".

© 2011 AFP


Résistant, déporté, putschiste, Hélie Denoix de Saint Marc grand-croix de la Légion d’honneur

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lundi 28 novembre 2011


Incendie de Marseille en 2009: le légionnaire et l'armée blanchis

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Publié le 24.11.2011

L'instruction du dossier de l' qui avait détruit plus de mille hectares de végétation aux portes de Marseille en 2009, a conclu à la non responsabilité du légionnaire mis en cause depuis deux ans, et donc de l'armée, dans l'origine du feu.
L'adjudant Philippe Fontaine, qui dirigeait la séance de tirs dans le camp militaire de Carpiagne d'où est parti le feu le 22 juillet 2009, avait été rapidement mis en examen pour incendie involontaire pour avoir utilisé des balles traçantes lors de cet exercice, en dépit d'une interdiction formelle.


Mais, suivant les réquisitions du parquet, qui avait estimé en septembre dernier que le légionnaire ne pouvait être poursuivi que pour "violation de consigne", faute de certitude sur l'origine des flammes, les en charge du dossier ont prononcé un non-lieu partiel en ce qui concerne le déclenchement de l'incendie et les dommages causés.
"Ni les investigations entreprises, ni l'expertise diligentée n'ont permis d'établir que l'incendie ait été provoqué par le tir d'une balle traçante dont l'usage était prohibé", ont-elles estimé dans une ordonnance rendue le 8 novembre, dont l'AFP a eu copie.
La conclut donc qu'il "n'y a lieu" à poursuivre "contre Philippe Fontaine et contre quiconque" du chef de destruction involontaire par incendie, renvoyant le légionnaire devant le tribunal correctionnel seulement pour violation de consigne.
Des avocats de parties civiles (outre 1.069 hectares et 100.000 arbres brûlés, l'incendie avait fait deux blessés et 67 victimes matérielles) vont cependant faire appel de l'ordonnance.
"Ce n'est pas parce qu'on ne démontre pas la cause exacte de l'incendie, que l'incendie n'est pas la conséquence de l'exercice de tirs", a souligné Me Frédéric Sarrazin. "Cela s'est passé en plein milieu de la garrigue, dans un endroit interdit d'accès à quiconque, il n'y a pas de barbecue, ni bouteilles ni poubelles, l'incendie ne peut pas avoir d'autre cause", a-t-il ajouté.
Pour lui, "on peut considérer qu'on essaie d'étouffer l'affaire pour exonérer l'armée qui en l'état n'aura pas à répondre des réparations au civil".

Un salut parisien à nos héros

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le jeudi, 24/11/2011 par Frédéric Pons

Les Français voulaient, eux aussi, rendre un hommage public aux soldats tués. À Paris, chaque convoi funéraire est maintenant honoré sur le pont Alexandre-III, face aux Invalides.

La première fois, en juin, ils n’étaient qu’une dizaine, en haut des Champs-Élysées : quelques “anciens”, motivés, venus saluer un de leurs jeunes frères d’armes tombé au combat en Afghanistan. Ce jeudi 17 novembre, ils étaient deux cents à trois cents, sur le pont Alexandre-III, au passage du convoi funéraire du légionnaire Goran Franjkovic, 25 ans, tué trois jours plus tôt, devenu “Français par le sang versé”.

Dans cette petite foule, des civils, parfois réservistes, des militaires en tenue, des pompiers de Paris, des étudiants et des badauds, impressionnéspar ce convoi escorté par des motards en grand uniforme, roulant assez lentement pour apercevoir le képi blanc de Franjkovic sur son cercueil. « Notre petit groupe a essaimé, sourit Bernard, ancien appelé parachutiste. On avait l’impression que les corps de nos tués en opération revenaient en catimini. Ce n’est plus le cas. » Cet hommage est maintenant relayé par les associations et même par l’état-major.

Jusqu’en avril, les dépouilles mortelles arrivaient à l’aéroport de Roissy le matin. Une brève cérémonie privée (sans médias ni spectateurs) s’y déroulait au pavillon d’honneur, en présence de la famille et des compagnons d’armes les plus proches, avec le chef d’état-major de l’armée du soldat tué. L’hommage national public était ensuite rendu dans la garnison du décédé, présidé par le ministre de la Défense et, dans certains cas, par le président de la République.

Les circonstances et la volonté d’un chef ont modifié la donne. Immobilisé par des travaux importants commencés en février, le pavillon d’honneur de Roissy n’était plus disponible. Le général Bruno Dary, gouverneur militaire de Paris, décidait alors de modifier le protocole. Connu pour son attention à l’égard des soldats victimes du devoir et de leur famille, ce soldat (légionnaire parachutiste, il combattit à Kolwezi en 1978), transférait aux Invalides les cérémonies de l’hommage privé, pour gagner en dignité. « Il fallait des conditions satisfaisantes, en particulier pour les familles dont c’était le tout premier contact avec le corps de leur défunt », précise le colonel Olivier Sastre, chargé de communication auprès du général Dary.

Ce nouveau protocole a été appliqué la première fois pour le retour de la dépouille du caporal Alexandre Rivière, tué le 20 avril. L’itinéraire n’a plus changé. De Roissy aux Invalides, le convoi rejoint Paris par la porte Maillot, passe devant l’Arc de triomphe, avant les Champs-Élysées, le pont Alexandre-III et l’entrée aux Invalides. Depuis Rivière, vingt autres soldats ont suivi ce parcours, jusqu’à Franjkovic, 76e soldat mort pour la France en Afghanistan.

Le salut des Parisiens prend lentement de l’ampleur, même si on est encore loin de la ferveur des foules britanniques ou canadiennes en hommage à leurs soldats tués. Le général Dary en est conscient. Depuis juin, il communique les modalités de passage du convoi. « Nous souhaitons associer le monde combattant et, plus largement, les citoyens français qui veulent rendre hommage au sacrifice de nos héros et témoigner leur soutien et leur solidarité avec l’armée française », explique le colonel Sastre.

En juillet, cet hommage s’est déplacé des Champs-Élysées vers le pont Alexandre-III. Cet été, on vit une section affectée au plan Vigipirate rendre les honneurs au convoi, au côté des sapeurs-pompiers de Paris, alignés devant leurs véhicules, gyrophares allumés en signe de sympathie. Les militaires d’active s’avouent touchés par cette sympathie respectueuse. Présent sur les rangs le 17 novembre, le général Thierry Cambournac, inspecteur général des armées, l’a dit autour de lui : « Au nom de l’armée française, je vous remercie. »

Un faire-part d’hommage, avec la date et l’horaire de passage du convoi, paraîtra désormais dans le carnet du jour du Parisien. Le général Dary invite officiellement ceux qui le souhaitent à venir sur le pont Alexandre-III : « Pour manifester leur présence silencieuse, digne et fraternelle… si possible avec un drapeau français. »

Sur Internet : www.garnison-paris.terre.defense.gouv.fr

À lire également dans "Valeurs actuelles" :
"Quel est le prix de nos vies ?", par le général Hervé Charpentier, commandant des forces terrestres

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Un monument pour nos héros, par Frédéric Pons
Opérations extérieures : salut à nos volontaires, par Frédéric Pons

Photo © Patrick Iafrate


Légion : ils ont signé pour une semaine

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Publié le 24/11/2011

Les trois collégiens de Blaise-d'Auriol, encadrés par le lieutenant Marcellin./Photo DDM, Gladys

Séances de sport, tir, manœuvres… . Mark, Thomas et Gautran font partie des élèves de 3e qui, dans le cadre de leur scolarité, ont déserté leur collège afin de s'immiscer dans la vie professionnelle. En une semaine, ce stage doit permettre aux élèves de découvrir un métier, un environnement différent de celui qui est le leur au quotidien. Il les prépare à leur future vie professionnelle, les conforte ou non dans leurs ambitions. Certains font le choix de passer cette semaine aux côtés de gens exerçant leur futur métier tandis que d'autres choisissent de découvrir un tout autre univers. Reportage, sur le terrain avec Audrey, stagiaire journaliste.

Semaine bien remplie

Pour nos trois collégiens, la semaine a commencé, tôt, très tôt, à 7 h 20, lundi, où ils étaient attendus au quartier Danjou par le lieutenant Marcellin. Pas de grasse matinée à la légion !

Ils l'espéraient sans y croire -confie Mark, ils y ont finalement eu droit : ils ont été incorporés dans une compagnie- la 2e, la meilleure avec remise du paquetage, treillis, rangers… et pour se mettre en jambes, un « petit » footing de… 6 km. Depuis, nos trois recrues ont eu de l'initiation au combat militaire, boxe anglaise, kick boxing, Tior (NDLR : techniques d'interventions opérationnelles rapprochées). Ils sont attendus pour des exercices de topographie avec cartes et boussoles, vont avoir droit à une présentation des optiques militaires, jumelles à vision nocturne comme dans les jeux vidéo sauf que… là on les a sur la tête, ce n'est pas du virtuel. Ils se sont essayés au paint ball, utilisé dans l'instruction des légionnaires, ont été envoyés pour une miniformation à la ferme du Cuin. En résumé, une semaine bien remplie,un bon aperçu du régime des engagés volontaires avec néanmoins, un programme adapté. Alors toujours décidés à être légionnaire ?

Gladys Kichkoff avec Audrey


Les honneurs au légionnaire de 25 ans, mort au combat.

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Publié le dimanche 20 novembre 2011

Goran Franjkovic a reçu l'hommage de Gérard Longuet hier


Gérard Longuet, ministre de la Défense a rendu les honneurs au légionnaire du 2e REG, sur le plateau d'Albion.
Il y a toujours des moments où le temps s'arrête quand 300 hommes, impeccablement rangés sous les yeux d'un ministre, rendent hommage à l'un des leurs, mort au combat. Hier, un temps moche, gris et froid sur le plateau d'Albion, à Saint-Christol, a présidé à la cérémonie d'hommage militaire rendu au légionnaire de 1re classe, Goran Franjkvovic. Et tandis que les tambours roulaient, leur son rebondissait sur le mur de la grande caserne du 2e Régiment étranger de génie (REG), comme autant de bruits de balles.

Un peu comme le dernier bruit qu'a entendu ce jeune Serbe de 25 ans, il y a cinq jours, dans une vallée étroite d'Afghanistan, à quelques kilomètres au nord de Tagab. Il avait rejoint en mars 2010 la Légion étrangère, à Castelnaudary, avait gagné rapidement la confiance de ses supérieurs, au point d'être nommé au bout de quelques mois, soldat de 1re classe. Il n'était arrivé en Afghanistan que quelques jours plus tôt. Et sa "bravoure" saluée par le colonel Bonini puis par Gérard Longuet accompagné du général d'armée Bertrand Ract-madoux, chef d'état-major de l'armée de Terre, lui ont valu d'être caporal, à titre posthume et de recevoir les insignes de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.


"A l'exemple de nos anciens"

Pour saluer le jeune légionnaire auquel, selon l'usage, son colonel comme le ministre se sont adressés, la quasi-totalité du 2e REG (130 d'entre eux sont au combat en Afghanistan), étaient présents. Avec eux, les anciens combattants, redressant instinctivement la position lors de la revue, des élus des villages alentours, et la famille serbe du soldat, ses parents, ses frères et soeurs et des proches, ramenés en France par l'Armée et qui ont assisté, vendredi, à une cérémonie aux Invalides.

"Tu as rejoint la cohorte de ces étrangers venus apporter leur jeunesse, à la défense de notre pays (..), ton parcours nous oblige à être dignes de l'homme et de sa fidélité" a dit le colonel, visiblement ému. D'autant plus ému qu'il y a presqu'un an, le 2e REG perdait déjà un homme, le capitaine Benoit Dupin, dans le cadre du même conflit. Il a aussi rendu hommage au sang-froid de ce jeune légionnaire, assurant sa famille d'un vrai soutien, après ce "more majorem", cet engagement "à l'exemple de nos anciens".


Trois heures de marche

Le ministre Gérard Longuet a lui, évoqué également la blessure d'un sergent-chef, le même jour (blessé au visage, il a été rapatrié), et les circonstances du drame : "Il s'agissait de l'ouverture d'un itinéraire pour un convoi de ravitaillement franco-afghan (..). Les hommes ont continué à pied, pour que le convoi puisse passer". La marche a duré trois heures, avant qu'une "balle rebelle" n'atteigne Goran Franjkovic. Et le ministre n'a pas hésité à comparer cet instant à Camerone en 1863 et à ces hommes qui se sont sacrifiés pour un convoi de ravitaillement, avant de parler du conflit et du rôle de la coalition de 47 nations en Afghanistan qui se bat "pour redonner un avenir à une population qui souffre depuis trente ans".

Et puis, il y a eu un long silence devant le cercueil recouvert du drapeau tricolore, suivi du képi et de la photo d'un jeune soldat souriant, qui reposera désormais en Serbie. Et prenant le bras de la mère du légionnaire, Gérard Longuet s'en est allé pour une cérémonie privée. Ne restaient plus que les tambours et l'écho qui renvoyait comme un bruit de balles sur les murs de la caserne.

Silvie ARIES


L'hommage au légionnaire tué en Afghanistan repoussé

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Publié le vendredi 18 novembre 2011

Ce n'est pas cette après-midi, comme initialement annoncé par les autorités, mais demain, qu'aura lieu à Saint-Christol la cérémonie en hommage au jeune légionnaire du 2e Reg décédé lundi en Afghanistan.

Ce serait visiblement en raison de l'indisponibilité du ministre de la Défense et de la mobilisation de nombreuses personnalités civiles et militaires aujourd'hui à Avignon où se rend le président de la République (Page 5 de l'édition Vaucluse) que les honneurs militaires funèbres au caporal Goran Franjkovic ont été retardés. Ils auront lieu ce samedi à 9h45, au 2e Régiment étranger de génie de Saint-Christol-d'Albion.

Ce Serbe de 25 ans, qui s'était engagé dans la Légion voici 18 mois, a été tué en opération en Afghanistan le 14 novembre, dans la région de la Kapisa, où un autre militaire du Reg, le capitaine Benoît Dupin, avait trouvé la mort en décembre 2009. La cérémonie sera présidée par Gérard Longuet, ministre de la Défense, en présence du général d'armée Bertrand Ract-Madoux, chef d'état-major de l'Armée de terre.


Wie der Matrose Emil Selhofer zu Viet Bac wurde

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18.11.2011, 00:01 Uhr


Emil Selhofer 1941 während seiner Lehrjahre zum Rheinmatrosen in Basel.(Bild: ZVG)

Glückliche Lehrjahre: Selhofer links auf dem Deck der «Edelweiss» in Basel.(Bild: ZVG)

 

 

Emil Selhofer 1948 in Vietnam beim Rauchen der vietnamesischen Wasserpfeife,

auch «Bazooka» gennant.(Bild: ZVG) 

 

 

Fallschirmjäger der Fremdenlegion landen bei Dien Bien Phu 1954. Bei der Entscheidungsschlacht des

ersten Indochinakrieges zwischen Frankreich und den Viet Minh kamen auch 280 Schweizer Söldner

ums Leben.(Bild: gamma rapho) 


Nach seiner Flucht von der Fremdenlegion stiess Selhofer zu den Viet Minh. Dort führte er zeitweise

das «Détachement Tell» an, eine Einheit ehemaliger Söldner (Vierter von rechts).(Bild: ZVG)

Fluchtpunkt Fremdenlegion: Die Geschichte eines Schweizer Überläufers im Indochinakrieg. Von

Als Emil Selhofer seinen Platz im Leben gefunden hatte, war er schon bald tot.

1941 steht der 15-Jährige am Rheinufer, ein Schlepper zieht vorbei, die Schiffermütze hängt schräg ins Gesicht, die Hose ist ihm mindestens eine Nummer zu gross, die Arme hat er vor dem schmächtigen Körper verschränkt, ein Lächeln aus Vorfreude auf die grosse Fahrt: Selhofer ist jetzt Matrose. Die Schweizer Reederei wird ihm nach der Lehre ein gutes Zeugnis ausstellen, obwohl sie in den Akten vermerkt, dass sich Selhofer «gerne in den schlechtesten Wirtschaften Kleinbasels aufhält und sich dort in Schlägereien eingelassen hat».

Selhofer wird sich auf mehr als Kneipenraufereien einlassen. 1953 liegt er tot in den Bergen Nordvietnams. Erschossen wahrscheinlich. Vielleicht auch an Dysenterie zugrunde gegangen.

Zehn Jahre, in denen Selhofer durchgemacht hat, was kein Schweizer von Gesetzes wegen durchmachen darf. Er ist in den Krieg gezogen. Er hat als Söldner für die Fremdenlegion und gegen die Viet Minh und den Zerfall des französischen Kolonialreichs in Indochina gekämpft. Doch gestorben ist Emil Selhofer als Viet Bac.

Unerforschtes Terrain

Nachgezeichnet hat sein Leben der junge Basler Historiker An Lac Truong Dinh in seiner Lizentiatsarbeit, die soeben im feinen Chronos Verlag als Buch erschienen ist. Er beleuchtet ein weitgehend unerforschtes Stück Schweizer Geschichte. Selhofer war einer von gesamthaft rund 1 300 Schweizer Söldnern im ersten Indochina­krieg, der 1945 mit der Unabhängigkeitserklärung Ho Chi Minhs in Hanoi begann und mit «Frankreichs Stalingrad», der Schlacht um Dien Bien Phu, 1954 zu Ende ging.

Truong Dinh hat Selhofer regelrecht aufgespürt. Nach mehrjährigen Recherchen in französischen, Schweizer und vietnamesischen Archiven und mit Gesprächen mit alten Generälen der Viet Minh und der in Zürich lebenden Schwester Selhofers.

Als Emil Selhofer beschloss, die Schweiz zu verlassen, herrschte rundherum noch Krieg. Selhofer war kein Antifaschist, wie viele Legionäre in Kriegsjahren. Er war nicht einmal politisch interessiert. Vielleicht handelte er aus «jugendlichem Leichtsinn und Abenteuerlust», wie es in den Basler Polizeiakten heisst. 1944, 18-jährig, kündigte er bei der Schweizer Reederei in Basel, weil er keine Perspektive mehr sah. Zuvor war er in den Landdienst nach Waldenburg versetzt worden. Bevor er ging, schrieb er an seine Mutter: «Verzeihe mir, in meinem Herzen ist Nacht, aber die Zukunft steht vor mir hell und leuchtend, das ist die Welt, in die ich hineinsegeln werde, die Welt, die ich mir gewünscht habe.»

Nach einem kurzen Aufenthalt beim französischen Widerstand landete Selhofer schliesslich auf einem Schiff, das ihn zur Legion Algerien brachte, wo er in einer Art Schnellbleiche zum Soldaten ausgebildet wurde. Nur zwei Monate später legte das Schiff wieder ab. Ziel: Saigon.

Krieg der Legionäre

Frankreich brauchte dringend frische Kräfte in Vietnam. Doch aufgrund innenpolitischer Abwägungen sollten möglichst wenig Franzosen für Frankreich in den Krieg ziehen. Viele Fremdenlegionäre, 75 000 insgesamt, verteidigten die Grande Nation in Südostasien. Jeder Fünfte starb dabei. Eine Truppe, die zu grossen Teilen aus jungen Deutschen und Italienern bestand, die nach dem Ende des Zweiten Weltkriegs vor dem Nichts standen.

Auch aus der Schweiz kam steter Nachschub. Zwischen 1949 und 1959 schlossen sich jährlich mehr als 20o Schweizer der Fremdenlegion an. Die Regierung verfolgte diese Entwicklung mit wachsender Verärgerung. Auf kursierende Broschüren der «Legio Patria Nostra» reagierte der Bund mit einer Kampagne, die davor warnte, sich «zum Kanonenfutter für die französischen Behörden» zu machen. Frankreich ignorierte die Kritik weitgehend.

Erst 1966 wurde die Verpflichtung Minderjähriger faktisch verboten. Total dienten gemäss Schätzungen zwischen 30 000 und 40 000 Schweizer von 1831 bis heute in der Legion. In den letzten Jahrzehnten sank deren Anziehungskraft spürbar. Laut Angaben der Militärjustiz wurden in den letzten 15 Jahren noch 16 Verfahren geführt. Noch immer verfolgt die Schweiz mir grosser Gründlichkeit ihre Abtrünnigen.

Dass die Legion – heute nur noch eine kleine Eliteeinheit – für Schweizer keine Alternative mehr ist, liegt auch am Wandel der Schweiz. «Taucht man in die Welt der Legionäre ein, so stösst man auf die Armut in der Schweiz, auf die Ausgestossenen, auf die Entrechteten, auf die administrativ Versorgten, die wie Parias parallel zur sich ent­wickelnden Wohlstandsgesellschaft überlebten und vom Fluchtpunkt Fremdenlegion träumten», sagt der Basler Historiker Peter Huber, der die Schweizer Legionsgeschichte im Rahmen eines Nationalfondsprojekt erstmals umfassend untersucht.

Selhofer passt nicht in dieses Muster. Er wurde auch nicht der typische Söldner, der für Geld alles tat. Den Legionären wurden in einem äusserst brutal geführten Krieg aussergewöhnliche Gewaltexzesse angelastet. Rückkehrer schildern etwa die «Carte blanche», ein Freischein zum «Niederknallen von allem, was uns vor die Füs­se kam», der verteilt wurde, um widerspenstige Dörfer zu «pazifieren».

Flucht von der «Mörderbande»

Am 28. Juni 1947, nach zwei Jahren in Vietnam, desertierte Selhofer. Die für ihn vormals «beste Truppe Frankreichs» entpuppte sich als Haufen enthemmter Säufer. Er schrieb seiner Mutter: «Ich will dir wieder unter die Augen treten. Deshalb habe ich mich geweigert, bei dieser Mörderbande zu bleiben und Frauen, Kinder und Mütter zu ermorden. Denn diese Arbeit ist der Legion in Viet Nam zugedacht.»

Da stand er schon unter dem Einfluss seiner neuen Einheit, dem «Détachement Tell» einer Propagandagruppe der Viet Minh, zusammengesetzt aus fahnenflüchtigen Legionären. Zeitweise führte Selhofer die Einheit sogar an. Er erhielt den Namen Viet Bac und politische Schulungen. Mit revolutionärem Gestus schrieb er seiner Mutter von der «zynischen, spiessbürgerlichen Schweiz» und vom Freiheitskampf der Völker. Als Viet Bac schien er ein neuer Mensch geworden zu sein.
Doch den Viet Minh dienten die geflohenen Legionäre vor allem zur Propaganda. Sie sollten die moralische Überlegenheit der Rebellen bezeugen. Kämpfen durften sie kaum. Die Vietnamesen trauten den Überläufern nicht. Selhofer, der vor allem gebraucht werden wollte, hatte die Aufgabe, wie er schrieb, in den Camps «Volleyballspiele zu organisieren».

Wunsch nach Heimkehr

Er wollte zurück in die Schweiz. Die meisten Legionäre wurden Anfang der 1950er-Jahre repatriiert, häufig in die DDR. Selhofer musste bleiben. Auch weil die Schweiz keinen diplomatischen Kontakt zu den Viet Minh aufbauen wollte. Selhofer, zum Bleiben gezwungen, versuchte sich zu arrangieren. Er lernte Vietnamesisch und die Sprache der Tho-Minderheit. Die vietnamesische Armee beförderte ihn zum Leutnant. Seiner Mutter schrieb er, dass ihm der «Gedanke zu heiraten nicht mehr so fremd ist wie früher». Hatte Emil Selhofer im Krieg seinen Frieden gefunden?

1953 wurde er laut der offiziellen ­vietnamesischen Version auf eine «mission spéciale» geschickt, von der er nicht mehr zurückkehrte. Bestätigen lässt sich das nicht. Auch Autor Truong Dinh hat das Grab nicht gefunden. Doch vergessen ging Selhofer alias Viet Bac in Vietnam bis heute nicht.

Der ehemalige Lagerleiter Le Van erinnert sich an ihn. Er sei «aufrichtig, anständig und treu» gewesen, ein «Waffenbruder» und «Kumpane». Doch verstanden, sagt er, habe er ihn nie. Er, Le Van, habe für die Unabhängigkeit seines Landes gekämpft. Aber die Legionäre, wozu seien die in den Kampf gezogen?


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