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Hélie Denoix de Saint Marc, déporté et putschiste, de la prison aux honneurs

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lundi 28 novembre 2011

"Je n'ai pas réussi dans la vie. Je ne suis pas un grand chanteur ou un grand industriel. Mais je crois avoir réussi ma vie", confie à l'AFP l'ancien participant au putsch des généraux, corps affaibli et verbe sûr, balayant une carte du Vietnam de son regard clair. ( © AFP Jean-Philippe Ksiazek)

LYON (AFP) - Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, 89 ans, qui sera élevé lundi à la dignité de Grand'croix de la Légion d'Honneur par Nicolas Sarkozy, a connu la Résistance, l'Indochine, l'Algérie et la prison après le putsch de 1961, devenant l'un des symboles des "soldats perdus" de la France d'après-guerre.

"Je n'ai pas réussi dans la vie. Je ne suis pas un grand chanteur ou un grand industriel. Mais je crois avoir réussi ma vie", confie à l'AFP l'ancien participant au putsch des généraux, corps affaibli et verbe sûr, balayant une carte du Vietnam de son regard clair.

Comment le cadet "peureux et rêveur", né le 11 février 1922 dans une grande famille bordelaise, avide d'héroïsme, devint-il l'un des officiers rebelles d'Alger? En traversant "25 années d'une intensité sans pareille", riches de désillusions, résume-t-il dans ses mémoires.

Résistant dès mars 1941 dans le réseau Jade-Amicol, il est trahi et arrêté en juillet 1943 à Perpignan. Déporté à Buchenwald puis à Langenstein, il est libéré d'extrême justesse, inconscient et squelettique, parmi les 30 survivants d'un convoi de 1.000 déportés.

"En rentrant en France, j'ai trouvé un pays matérialiste, pressé de jouir de la vie et d'oublier les armes, qui ne voulait plus entendre parler de ceux qui s'étaient battus et de ceux qui avaient souffert dans les camps", se souvient-il.

Humilié, il saisit l'offre faite aux anciens résistants d'entrer à Saint-Cyr. Engagé dans la Légion étrangère, il s'envole en 1948 pour l'Indochine où il découvre la guerre, "horreur du monde rassemblée dans un paroxysme de crasse, de sang, de larmes".

Le jeune officier, ébloui par la beauté du pays, est affecté au poste de Talung, à la frontière de la Chine. Il reçoit au bout de 18 mois l'ordre d'évacuer, abandonnant villageois et partisans aux représailles du Vietminh, une "honte" qui ne cessera de le hanter.

Après l'amère campagne de Suez, en 1956, il débarque à Alger où il se charge des relations avec la presse. Comme une partie de l'armée, il s'inquiète du revirement du général de Gaulle en 1959, qui prône l'autodétermination, après cinq ans de guerre pour maintenir l'Algérie française.

"J'étais légaliste, et nous avions bien conscience que le statut colonial avait fait son temps. Mais une partie des musulmans se battait à nos côtés et je me souvenais du Vietnam, où nous avions abandonné une population à qui nous avions promis la protection", plaide-t-il aujourd'hui.

Commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (REP), il cède aux arguments du général Challe et participe à la prise d'Alger. Le putsch fait long feu. Le 1er REP est dissous et l'officier de 39 ans, marié et père de deux filles encore bébés, est condamné à dix ans de réclusion.

"C'était ma deuxième détention. Sans trop savoir pourquoi, j'ai pensé à un sandwich. J'étais un homme entre deux couches de prison", raconte-t-il dans "L'aventure et l'espérance". Gracié en décembre 1966, il sort de prison sans maison ni métier, dans un pays qu'il reconnaît à peine.

Repoussant les offres de mercenariat, Denoix de Saint Marc saisit la main tendue par un ancien déporté, à Lyon, et entre dans l'industrie. Réhabilité en 1978, il sort de son silence en 1989, dans la biographie écrite par Laurent Beccaria, puis dans une série d'ouvrages et de conférences.

Après des années de mutisme sur l'Indochine ou l'Algérie, le succès de ses livres témoigne de la curiosité croissante pour ces conflits. Le même thème nourrit d'ailleurs "L'art français de la guerre", dernier prix Goncourt du Lyonnais Alexis Jenni, que l'octogénaire "s'est promis de lire".

© 2011 AFP


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