le 22/04/2011
Officier de légion, titulaire de nombreuses citations, ancien résistant, le commandant Guy Perrier était chef de cabinet du général Challe. Emprisonné, jugé et chassé de l’armée, il s’est reconverti dans le civil. Il a notamment dirigé les centres de production de Peugeot à Mulhouse et Sochaux.
Pourquoi avez-vous participé au putsch ?
Après l’abandon de l’Indochine, où nous avions reçu l’ordre de laisser derrière nous nos frères d’armes parachutistes indochinois et empêché les catholiques vietnamiens d’échapper aux communistes, nous nous étions juré de ne plus accepter une telle honte.
En Algérie, de Gaulle nous avait caressés dans le sens du poil en 1958, avant de faire volte-face jusqu’à faire avaliser l’autodétermination.
Alger, où j’étais basé, était à fond engagée dans l’Algérie française, surtout depuis les barricades de 1960. Ma fiancée m’avait fait rencontrer les milieux qui militaient pour cette cause.
Le 1 er régiment étranger de parachutistes et le Groupement de commandos parachutistes ont été les fers de lance de cette révolte qui a mûri longuement.
Comment un républicain convaincu peut-il ainsi basculer ?
C’était une révolte du cœur et de l’esprit, faite aussi de camaraderie au sein de la Légion. Le 21 avril au soir, j’ai rencontré le général Challe, qui m’a proposé de devenir son chef de cabinet. J’ai accepté. J’avais pour tâche de contacter les unités pour les faire basculer dans notre camp.
À l’issue du putsch, j’ai refusé de rejoindre l’OAS et je me suis rendu aux autorités. J’ai juste eu le temps de me marier dans une église cernée par les gendarmes.
Pensez-vous avoir fait une erreur ?
J’admets avoir été quelque peu intoxiqué. Notre échec est dû à une mauvaise préparation. Nous avons sous-estimé la veulerie d’une partie de notre hiérarchie, préoccupée par sa carrière. Beaucoup de jeunes officiers étaient, eux, prêts à nous suivre. Il faut aussi reconnaître que de Gaulle a su réagir rapidement. Aujourd’hui, je pense qu’il fallait cette réaction pour montrer aux Français qu’on ne peut pas tout accepter. Je suis heureux d’avoir tourné la page, même si j’en ai bavé, mais à propos de mon engagement dans le putsch, comme Piaf, « je ne regrette rien ».