Publié le 25/02/2011
Les rumeurs de remplacement de Michèle Alliot-Marie par Alain Juppé au ministère des Affaires étrangères inquiètent l'armée.
Pour eux, c'est lui. Si le chef des armées était pris de la curieuse idée de demander aux militaires ce qu'ils pensent d'un éventuel départ d'Alain Juppé vers le ministère des Affaires étrangères, comme la rumeur court avec insistance, il n'entendrait que des protestations. Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre à l'hôtel de Brienne le 14 novembre dernier, le sentiment général chez les officiers que nous avons interrogés est celui d'un sans-faute.
Les cadres des armées apprécient tout d'abord le poids politique de leur ministre : qu'il soit un ancien ministre des Affaires étrangères est déjà un atout, mais qu'il ait également été auparavant Premier ministre, comme seul Michel Debré l'avait été avant lui, a clairement flatté l'institution. En trois mois, Alain Juppé a vraiment fait son trou, chaque militaire parlant de lui en dressant sans le dire un portrait inversé de son prédécesseur, Hervé Morin. Pour cet officier général en activité, "M. Juppé est arrivé avec sa solide carrière derrière lui, sans avoir besoin des armées pour construire sa stature d'homme d'État ou tenter de se hisser à d'autres fonctions".
Un poids politique certain
Que le ministre de la Défense soit aussi celui des anciens combattants, qu'il se soit vu attribuer le rang de ministre d'État, ce qui fait de lui le numéro deux dans l'ordre protocolaire du gouvernement (Hervé Morin était onzième), est jugé positivement par une corporation encore plus sensible que les autres aux signes extérieurs de respectabilité. "C'est un homme qui pèse lourd", remarque un cadre, " un ministre indépendant et libre qui s'est glissé sans aucun problème dans tous les dossiers", souligne un autre.
Un troisième, en poste en Afghanistan, a apprécié "la parfaite attitude qu'il a observée vis-à-vis des soldats sur le terrain. Il semblait sincère et il l'était vraiment, je crois !" Les innombrables interviews et interventions médiatiques du ministre trouvent également nombre d'adeptes, son poids politique s'en trouvant renforcé, donc sa capacité de conviction à l'égard du chef de l'État.
Dans l'entourage d'Alain Juppé, on se refuse à quelque commentaire que ce soit sur les rumeurs de départ pour le Quai d'Orsay en remplacement de Michèle Alliot-Marie, en disgrâce. Joint au téléphone en début d'après-midi, tandis que le ministre arrivait à Bourg-Saint-Maurice pour les obsèques du caporal Clément Chamarier, tué le 19 février en Afghanistan, l'un de ses collaborateurs nous a expliqué : "Le ministre travaille. Il revient tout juste de Budapest et arrive à la cérémonie. Il assume ses fonctions, pleinement." Diffusé voici quelques heures, le programme officiel d'Alain Juppé est inchangé pour la semaine prochaine. Les militaires ne s'en plaignent pas, on l'aura compris !