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Les petites (r)évolutions de la Légion étrangère 07102010

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Edition du 07.10.10

 

Défilé de la "Légion étrangère", sur les Champs-Elysées à Paris. AFP/GERARD CERLES

La scène est inédite au quartier Viénot, à Aubagne, temple de la Légion étrangère. Dans la salle d'honneur du musée, les képis sont posés sur les vitrines, un écran pour Powerpoint barre l'entrée de la crypte. Autour de la table siège pour la première fois, ce mercredi 6 octobre, le nouveau "Conseil de la Légion étrangère".

Soldats, sous-officiers, officiers, chef d'état-major de l'armée de terre : c'est une réunion strictement interne. Mais son but est clair. Il s'agit d'aborder des sujets qui posent depuis plusieurs mois un sérieux problème d'image à ce corps d'élite de 7 640 hommes.

La plupart de ces sujets sont au cœur de la spécificité de la Légion. Ils concernent les droits – l'absence de droits – de ses soldats, étrangers servant la France : l'identité d'emprunt donnée à l'engagement, le certificat de bonne conduite nécessaire pour obtenir un titre de séjour, le régime dérogatoire des permissions, le blocage de son compte bancaire en cas de désertion, l'interdiction de se marier.

Après un documentaire sur Canal+, un livre à charge est sorti le 15 septembre sous la plume de deux journalistes, Stéphane Rodriguez et Benoist Simmat : Légion étrangère, les soldats perdus de la République (Calmann-Lévy). Dans la foulée d'un rapport qu'elle a rédigé en janvier, appelant à la réforme, la députée socialiste Marylise Lebranchu défend plusieurs amendements dans la loi sur l'immigration en cours d'examen au parlement.

"CAPITAL DE CONFIANCE ALTÉRÉ"

Ces initiatives succèdent à une série noire : en mai 2008, mort d'un légionnaire après un entrainement excessif à Djibouti ; en avril 2009, coup de folie d'un autre qui tue trois soldats et un civil au Tchad ; en juillet 2009, vaste incendie aux portes de Marseille, déclenché depuis le camp d'entraînement de Carpiagne. "Notre capital de confiance est durablement altéré", déclarait en août 2009 le général Alain Bouquin, commandant de la Légion étrangère, exprimant son "inquiétude majeure" face à ces évènements. Même s'il n'y voyait qu'une "suite malencontreuse de défaillances individuelles", il avait appelé ses troupes à un "exercice de rédemption collective".

"La Légion n'est pas un Etat dans l'Etat, elle ne doit pas être étrangère à l'armée de terre", martèle, à l'ouverture de la réunion d'Aubagne, mercredi, le chef d'état-major, le général Elrick Irastorza, sans omettre de renouveler "toute sa confiance". La réforme, de fait, est engagée. "Ce n'est pas une révolution mais un ensemble de petits points qui, mis bout à bout, font une évolution", explique le général Bouquin.

L'identité d'emprunt donnée au légionnaire procédait de la volonté de les protéger. Pour leur pays d'origine, ils peuvent en effet être considérés comme des criminels en se mettant au service d'une armée étrangère. Certains des 1000 nouveaux engagés de l'année réclament en outre l'anonymat, par volonté de tirer un trait sur leur passé. Mais d'optionnelle, la pratique est devenue obligatoire et nombre de légionnaires, privés de leurs papiers d'origine de force ou de fait, ont fini en situation irrégulière.

"Pour se border, on a systématisé l'identité déclarée. On est allé trop loin, on est arrivé à ce qu'ils n'aient plus d'identité du tout", convient le général Irastorza. Depuis septembre, la Légion dit à tous les engagés qui le souhaitent qu'ils peuvent conservent leur "identité présumée véritable" : à charge pour eux de récolter les pièces d'état-civil la prouvant. Deux tiers choisissent cette option.

SUJETS SENSIBLES EN SUSPENS

Quant au certificat de bonne conduite, l'armée, comme employeur, doit pouvoir continuer à le donner, défend le général Bouquin. Qu'il conditionne l'octroi d'un titre de résident à partir de trois ans de service est selon lui, l'affaire du législateur. Les militaires s'opposent toutefois à la proposition de Mme Lebranchu de donner le titre de séjour automatiquement au bout d'un an d'engagement. "Je ne voudrais pas voir une filière d'immigration illégale s'installer, avec des gens qui désertent dès le certificat en poche", explique le commandant de la Légion. Depuis avril 2010, le blocage des comptes bancaires – décidé par convention en 1998 avec La Poste en cas de désertion (250 cas au moins par an) –, a été supprimé. La Légion rompt ainsi avec une pratique illégale.

Une autre décision est en préparation, concernant les permissions. Au nom de l'intégration, les légionnaires étrangers n'ont pas d'emblée droit aux 45 jours de congés des militaires, mais à 25 jours la première année et à 35 jours la deuxième. Ils devraient obtenir les 45 jours dès la deuxième année.

En revanche, d'autres sujets sensibles n'ont pas avancé : l'interdiction de se marier, d'acheter une voiture ou de prendre un crédit sans l'autorisation, discrétionnaire, de la Légion. Rendez-vous est pris pour un nouveau conseil avant l'été.

Nathalie Guibert

Traduction

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