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Rencontre avec Jean-Joseph Julaud, auteur du livre Camarón.

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Publié le 01/05/2009 par " Nicolas Quirion "

Le grand journal a pu rencontrer l’écrivain français Jean-Joseph Julaud, auteur du roman historique Camarón. L’occasion de revenir sur le parcours de cet auteur et d’en savoir un peu plus sur sa relation avec le Mexique. Rencontre.

 

L’histoire de Jean-Joseph Julaud pour les nuls.

Professeur de français et d’histoire-géographie pendant trente ans dans un collège de Conquereuil (Loire-Atlantique), Jean-Joseph Julaud a désormais choisit de se consacrer à sa véritable passion : l’écriture.

« J’ai toujours aimé écrire, on peut me demander d’écrire sur n’importe quoi ! », déclare-t-il.

Mais quel rapport entre son ancien métier de professeur et celui d’écrivain ? « Quand on enseigne le français on a un contact avec la langue qui est de l’ordre de l’intime… Alors il se trouve que, parfois, on a envie de lui faire des enfants. Et cet enfant, c’est le livre ! ».

La rencontre en 1998 avec les éditions First sera le déclencheur de sa vie d’écrivain professionnel. « J’ai écrit plusieurs livre dans la collection “pour les nuls”, des éditions First. En août 2004 est parue “l’histoire de France pour les nuls”, un succès qui a surpris tout le monde ! ».

En effet dans ce livre Jean-Joseph Julaud a su renouer avec une façon plus humaine de raconter l’histoire, faite de désinvolture, d’humour et d’anecdotes. Une leçon de pédagogie décomplexée qui séduira même en haut-lieu… Souvenez-vous de cette photo publiée par le magazine VSD en pleine campagne présidentielle : François Hollande, allongé dans un bateau, en train de potasser « l’histoire de France pour les nuls » !

Réaction amusée de l’auteur : « Je ne sais pas si ça a joué en faveur de la vente du livre ou pas, mais en tout cas c’était drôle ! Je me suis dit : finalement les hommes politiques ne lisent pas des livres d’histoire, ils lisent des livres de recettes ».

Mais quand il n’est pas accaparé par son travail pour les éditions First, Jean-Joseph Julaud mène une prolifique activité d’écrivain romanesque. Et son petit dernier nous intéresse tout particulièrement puisque son action se déroule dans le Veracruz du 19ème siècle, alors brièvement conquis par les français.

Camarón, ou quand la défaite devient symbole d’honneur.

bataille gravure camerone1 Rencontre avec Jean Joseph Julaud, auteur du livre Camarón.

Le roman Camarón se penche sur un épisode peu connu de l’intervention française au Mexique. Et pour cause -il s’agit d’une sanglante défaite !

 

Rappel des faits : 1861, profitant de la passivité des Etats-Unis -empêtrés dans la guerre de Sécession- Napoléon III décide d’instaurer au Mexique « un grand empire Catholique » qui sera l’allié de la France. Le non-paiement d’une dette contractée par le gouvernement libéral de Benito Juarez fournit aux français le prétexte idéal pour envahir « légitimement » le Mexique.

Son armée subissant de cuisantes défaites et étant constamment harcelée par la guérilla mexicaine Napoléon III accède à la pétition formulée par des officiers de la légion étrangère lui demandant « l’honneur d’aller se faire tuer » pour la France au Mexique.

Le régiment dépêché sur place le 25 Mars 1863 se voit alors confier la mission –ô combien dangereuse !- d’escorter des convois entre Veracruz et Puebla.

Ce qui devait arriver arriva… Le 30 Avril 1863 une poignée de légionnaires, reclus dans une hacienda de Camarón, village situé au centre de l’état de Veracruz, mène une résistance désespérée contre près de 3000 mexicains. « La mort est au bout, ils savent qu’ils ne peuvent pas faire autrement », précise Jean-Joseph Julaud.

Pas vraiment de place ici pour le suspense : la fin sera tragique. Après toute une journée de combat, submergés par le nombre des assaillants, les quelques survivants se rendent, se payant tout de même le luxe d’imposer leur conditions.

Ce sont ces quelques heures de combats acharnés qui piquèrent la curiosité de Julaud et servirent de base au roman Camarón :

« Cette bataille de Camarón m’intriguait, parce qu’elle a été présenté comme le mythe fondateur de la légion étrangère… Je ne suis pas un militariste convaincu, mais j’observe ces choses là avec curiosité : en face il y avait quand même 3000 mexicains ! Ils auraient pu n’en faire qu’une bouchée de ces pauvres légionnaires, ces pauvres soldats souffrant de la fièvre jaunes… Mais ce ne fut pas le cas. Il y a eu une grande humanité de la part des mexicains puisqu’ils leur ont demandé toute la journée de se rendre. Ce qui m’a intéressé c’est de voir, bien sur, toute la naissance de l’esprit de sacrifice et de l’honneur chez les légionnaires, mais aussi la même chose chez les mexicains. Quand les français ont imposé leurs conditions de reddition la réponse des mexicains fut extraordinaire : “ on ne refuse rien à des hommes comme vous” dirent-ils ».

 

legion1 Rencontre avec Jean Joseph Julaud, auteur du livre Camarón.

 

Certains critiques ont voulu voir dans ce livre un plaidoyer pacifiste, mais qu’en pense notre auteur ?

« Ce n’est pas ce que j’ai voulu faire. Le problème quand on publie un livre, c’est qu’il nous échappe ! Mais je n’ai pas non plus fait l’apologie de la légion étrangère. Au final c’est au lecteur de se faire son opinion. Le fait est que les français étaient là depuis longtemps, il y avait un certain respect, tout le monde s’entendait bien. Mais « l’aventure mexicaine » de Napoléon III ça a été une regrettable erreur, une catastrophe parce qu’il a bien fallu partir. Cette expédition est représentative en tous points d’une espèce de dérive conquérante. Ici, il y avait le désir de satisfaire le pape, en envoyant des soldats au casse-pipe. On a vu ce que ça a donné ! »

« Il avait donc tout cet aspect qui me passionnait, mais aussi une deuxième chose : les civilisations précolombiennes… ce passé qui compose avec la civilisation nouvelle une espèce de cocktail unique au monde».

Un roman mexicain.

« J’ai passé plus de 6 mois à faire des investigations, à la bibliothèque, aux archives… et au Mexique, pour m’imprégner de l’atmosphère. J’aime beaucoup ce pays, il me fascine ! C’est le pays du soleil, de la fête, où on a une conception du temps différente ».Avec Camarón, Jean-Joseph Julaud fait preuve d’une grande virtuosité dans le mélange des genres : la rigueur historique, nous l’avons vu, est là : c’est à n’en pas douter un ouvrage érudit, de passionné du détail. Mais il y a plus que cela.

A travers le personnage fictif d’Ollin, jeune indigène qui souhaite restaurer les coutumes ancestrales de son peuple, Julaud a su laissé parler sa fibre romanesque et sa fascination pour la grandeur perdue des peuples indigènes du Mexique.

camaron2 Rencontre avec Jean Joseph Julaud, auteur du livre Camarón.

« J’y ai été davantage sensibilisé parce que ma belle fille est mexicaine et sa mère est une indigène qui travaille comme professeur de géographie à l’université de Mexico. C’est une personne de convictions. Elle et beaucoup d’autres ne se sont jamais remis de la conquête espagnole. Ils se sentent toujours orphelins de leur culture, nostalgique d’un passé maintenant lointain, et ils désirent poursuivre l’idée d’un retour. Elle m’a dit souvent que son rêve, en quelque sorte, c’était de détruire les églises pour remettre debout les pyramides ».

Ollin, un personnage fictif donc, mais qui aura laissé une descendance fortement ancrée dans la réalité du présent.

Un livre qui suscite des projets.

Nous avons rencontré Jean-Joseph Julaud à Xalapa, capitale de l’état de Veracruz, à l’occasion de ses deux semaines de vacances au Mexique. Un déplacement également riche en attentes puisque les éditions de La Universidad Veracruzana sont intéressées par la réalisation d’une traduction du roman Camarón. « Ce serait logique que ça se fasse ici, à Veracruz, puisque c’est le berceau du roman ».

Mais ce n’est pas tout. En lisant le livre on ne peut s’empêcher de penser que la trame dramatique du récit constituerait une excellente base pour un film…

« Il y a déjà deux producteurs intéressés, il faut réunir les fonds, que le producteur et le réalisateur se mettent d’accord… on verra bien ce que ça donne, dans tout les cas il faudra deux ou trois ans avant que ça débouche sur quelque chose ».

Difficile de ne pas se prendre à rêver d’une coproduction franco-mexicaine !

Visitez le site personnel de Jean-Joseph Julaud

Nicolas Quirion – Edition Veracruz – (www.legrandjournal.com.mx)


Traduction

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