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Le Centenaire de la Légion étrangère. 11/04/1931

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L'Afrique du Nord illustrée. 11/04/1931

Le Centenaire de la Légion étrangère.

I. Le monument du Centenaire.

Le 30 avril 1931, dans la cour du quartier Viénot, à Sidi-bel-Abbès, la Légion étrangère inaugurera le monument élevé par les légionnaires à leurs morts tombés au cours des cent années écoulées depuis le 10 mars 1831, date de l'ordonnance royale de Louis-Philippe constituant ce corps.

Ce sera la fête du Centenaire de cette arme.

La date du 30 avril a été choisie parce qu'elle est le jour anniversaire du combat de l'hacienda de Camerone (Mexique 1863). Au cours de ce combat, qui dura 9 heures, 62 légionnaires, commandés par le capitaine Danjou et les sous-lieutenants Vilain et Maudet, tinrent tête à 1.800 Mexicains, dont ils forcèrent l'admiration. Sous un ciel de feu, sans eau, sans espoirs de secours, entourés par l'incendie, ils s'étaient juré de mourir plutôt que de se rendre, et tinrent parole, sauvant le convoi dont ils devaient assurer le passage, tuant 200 de leurs ennemis, en blessant 300.

Par ordre de l'Empereur, le nom de Camerone fut inscrit en lettres d'or sur le mur des Invalides, suivi du nom des trois officiers.

Le monument, qui sera inauguré et qui est actuellement en construction, est en onyx. La pierre provient de la carrière de Sidi-Hamza, située à 75 kilomètres de Sidi-bel-Abbès, carrière mise gracieusement à la disposition du colonel commandant le 1er Régiment Étranger par le Gouverneur général de l'Algérie. Depuis près de deux ans, les légionnaires extraient, taillent, polissent, puis transportent à Bel-Abbès les blocs destinés à ce monument.

Il offre l'aspect d'un tronc de pyramide irrégulier sur le sommet duquel repose le globe terrestre. Sur quatre socles placés aux quatre angles, quatre légionnaires évoquent la Légion au cours de son siècle d'existence : le légionnaire de 1831, celui de l'Empire, le colonial, enfin celui de la dernière guerre, montent la garde autour du globe terrestre, sur lequel les régions où la Légion a combattu sont recouvertes d'un enduit doré :

Pour l'Europe : la France, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, la Turquie, la Russie. Pour l'Asie : le Tonkin, l'Annam, le Cambodge, la Cochinchine, l'île de Formose. Pour l'Afrique : l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Soudan, le Dahomey et Madagascar. Pour l'Amérique : le Mexique.
Les faces du monument mesurent respectivement 9 mètres et 7 mètres de largeur à la -base. Les légionnaires ont 3 mètres de haut. La hauteur totale du monument, une fois achevé, sera de plus de 6 mètres. Une des grandes faces portera l'inscription: « La Légion à ses morts 1831-1931 ».

Les frais nécessités par l'élaboration des plans, l'achat du matériel d'exploitation, la fonte des sujets en bronze d'un poids total de 6.500 kilos, le transport des pierres de la carrière de Sidi-Hamza à Bel-Abbès, et par l'édification, ont été comblés par les dons de tous les officiers et soldats servant à la Légion : au Maroc, au Levant, au Tonkin, en Algérie et dans le Sud-Oranais, puissamment aidés par les recettes résultant des tournées artistiques accomplies en 1929, en Afrique du Nord, par le légendaire orchestre à cordes du 1er Étranger. Quelques amis de la Légion ont apporté leur obole, mais aucune aide n'a été demandée, et les sociétés d'anciens légionnaires qui auraient désiré participer pécuniairement à l'édification ont été invitées à conserver leurs ressources pour permettre à leurs membres de venir à Bel-Abbès le jour de l'inauguration.

La liste des donateurs sera scellée dans le monument; la pose de la première pierre a eu lieu le 8 octobre 1930. Il a été édifié avec l'autorisation du ministre de la Guerre, dans la caserne de Bel-Abbès, à la demande des légionnaires •— officiers et soldats, anciens et jeunes — qui auront ainsi journellement devant les yeux le souvenir de leurs aînés morts pour la gloire de cette arme.

Ce monument, qui recevra, désormais, les nouveaux engagés et dira adieu aux libérés, a donc été construit pour les légionnaires et par eux;.. Il leur appartient. Son but n'est pas d'embellir une cité. Il est destiné à concrétiser le symbole de la Troupe donnant asile à ceux qui cherchent en elle un refuge et à commémorer ses gloires passées. Il montrera aux générations futures que le légionnaire de la Légion étrangère française est au moins l'égal de son homonyme : le légionnaire romain qui a inscrit des traces durables de son passage partout où il s'est montré. Comme lui, après avoir été le premier au combat, il prend, son métier de soldat terminé, la pelle et la pioche pour construire des routes et créer des villes; la truelle et le marteau pour édifier, à la mémoire de ceux qui sont morts, un monument digne d'eux.

II Les faits d'armes principaux.

Algérie (1831-1834). — Dès que son organisation fut à peu près terminée en Algérie, la1 Légion s'y fit connaître par sa défense désespérée du Marabout de Sidi Mohamed, près de Maison-Carrée, où succombèrent le lieutenant Cham et ses 27 légionnaires (1832).

De 1832 à 1837, elle combattit à Bône, Oran et Karguentah, assista à la prise d'Arzew et défendit Mostaganem. Elle participa aux combats de Moulay Ismaël et de la Macta, puis à la prise de Constantine (1837), où le sergent-major Doze s'empara d'un drapeau et où le capitaine De Saint-Arnaud, le futur Maréchal de France, s'illustra.

1839 voyait la Légion à la1 prise de Djidjelli, à la colonne de Bougie, puis à la défense de Milianah où, après 4 mois de siège, le 4" bataillon, qui comptait 750 hommes au début, était réduit le jour de la délivrance à 208. Tout le reste, sauf 80 hommes à l'ambulance, avait succombé.

Pendant que le colonel de Huisen, 9 officiers et 207 légionnaires succombaient au Fondouck de la province d'Alger, par suite des fièvres et du manque d'eau, le 1er Régiment Étranger se signalait, par une belle défense, à Coléah, à la colonne du Chéliff et construisait Orléansville (1843). Le 2e Régiment, à la même époque, défendait Djidjelli et Bougie, guerroyait contre les Hamenchas et, sous les ordres du Duc d'Aumale, occupait Biskra et recevait son drapeau.

La construction de Bel-Abbès date de la même époque (1844).

De 1845 à 1880, les deux régiments poursuivaient Bou Maza, s'enfonçaient dans le Sud jusqu'à Aïn-Sefra1 sous les ordres du général Cavaignac, puis opéraient en Kabylie avec Canrobert. Le 2e Régiment se signalait particulièrement aux deux sièges de Zaatcha.

Jusqu'en 1854, la Légion parcourait la Kabylie, concourrait à la soumission des Beni-Snassen, puis, avec le colonel Desvaux, 200 légionnaires, montés sur des chameaux partaient dans la direction d'Ouargla, appliquant en Algérie les essais tentés par Bonaparte en Egypte.

Crimée (1854-1855). — En 1854, les deux régiments sont envoyés en Crimée et s'illustrent à l'Alma. Le 1er Régiment enlève le Bastion Central devant Sébastopol, et son colonel, Viénot, est tué pendant que le colonel Saussier, commandant le 2e Régiment, est décoré pour son intrépidité clans la défense des tranchées de la Quarantaine. Les deux régiments étaient cités à l'ordre de l'Armée pour leur admirable bravoure.

Algérie (1856-1863) et Italie (1859). — Après avoir parcouru pendant trois ans la Kabylie et s'être particulièrement signalés à la prise d'Igheriden, les deux régiments furent envoyés en Italie et se firent remarquer à Magenta. Rentrés en Algérie, ils furent employés à différentes opérations dans la région de Sétif et des Beni-Snassen jusqu'au moment de leur départ au Mexique. Mexique (1863-1867) et Algérie (1867-1870). —

C'est au cours de l'expédition du Mexique que la 3e Compagnie, commandée par le capitaine Danjou, et forte de 62 hommes, livra le légendaire combat de Camerone (30 avril 1863) que nous avons rappelé en commençant. Après avoir participé au siège d'Oayacca, à la colonne sur Monterey, où le bataillon Saussier fit trente lieues en 32 heures, sac au dos; au combat de San Isabel, où le commandant Brian, 6 officiers et 102 légionnaires, sur 177, trouvaient la mort, la Légion rentrait en Algérie et jusqu'en 1870 participait à la colonne contre les Ouled-Sidi-Cheikh.

France (1870-1871) et Algérie (1870-1883). La — guerre franco-allemande voyait 3 bataillons de la Légion à Orléans, Coulmiers, Cercottes et Montbéliard, pendant que les unités restées en Algérie continuaient les opérations contre Si Kaddour ben Hamza, grand chef arabe.

En 1881, le Sud oranais s'étant soulevé sous l'influence de Bou Amama, les légionnaires firent partie de toutes les colonnes et se signalèrent plus particulièrement au combat du Chott Tigri, perdant sur l'effectif de deux compagnies tous leurs officiers, 53 tués, 29 blessés, mais sauvant leurs morts et forçant à la retraite 4.000 arabes. Le général Saussier, qui commandait le 19" Corps, pouvait écrire : « La Légion étrangère, qui compte déjà tant d'actes héroïques et de glorieux souvenirs, peut inscrire le combat du Chott Tigri aux IDIUS belles pages de ses annales ».

Tonkin (1883-1914). — Les incidents du Tonkin ayant nécessité l'expédition de troupes en Extrême-Orient, le général de Négrier, un ancien légionnaire, obtint que 4 bataillons de la Légion y fussent envoyés. Son Tay, Bac Ninh, Hong Hoa, puis Formose, Fou Tchéou, les Pescadores sont leurs étapes. Ils sont les premiers à Langson. Deux compagnies de la Légion s'immortalisent à Tuyen Quang, en résistant pendant 4 mois à l'attaque de 10.000 pavillons noirs; 198 légionnaires sur 390 étaient tombés (1885). Puis c'est, de 1886 à 1894 : le cap Pac-Lung, Ioc Nara, Bac Day, Lung Kett, les colonnes du Yen The et Mona Luong, etc.. Le Siam voit aussi les légionnaires et, jusqu'en 1914, de nombreuses colonnes, dans toutes les directions, maintiendront la sécurité de la grande colonie.

Dahomey (1893) et Soudan (1892-1894). — La Légion apporte un sérieux appoint à la conquête du Dahomey, se distingue à Poguessa et à Koto, pendant qu'à la même époque, au Soudan, elle contribue puissamment à la prise de Bosse.

Madagascar (1895-1905).— L'expédition de Madagascar ayant été décidée, un bataillon de Légion y est envoyé. Il fait partie de la colonne légère qui entre, le 30 septembre 1895, à Tananarive, et le général Galliéni demande bientôt le renfort d'autres unités de la Légion. De 1895 à 1905, les légionnaires parcourent la grande île. Ils sont à Ambohidan, à Nossy Bé, à Vohingezzo. Partout, ils poursuivent les rebelles et, à Diego-Suarez, organisent un point d'appui de premier ordre.

Algérie (1883-1914). — Dès 1900, la conquête du Sahara est entreprise par les compagnies montées de la Légion. C'est le commandant Letuile qui, avec 2 compagnies de Légion, traverse le Grand Erg et atteint Timimoun. En 1903, El-Moungar, où 113 légionnaires résistent, pendant 8 heures, aux attaques de plusieurs centaines de dissidents, perdant leurs 2 officiers, 34 tués et 47 blessés; Taghit, Zenaga marquent l'occupation des Oasis. Les opérations en Algérie sont, dès ce moment, terminées. Le Maroc va devenir le champ d'action de la Légion.

Maroc (1906-1930).— Le combat de l'Oued-Nesli (1900) en est la prélude, puis c'est l'occupation d'Oudjda et de Casablanca, les affaires de Beni- Ouzien et Bou-Denib. En 1911, la Légion fait partie de la colonne de Fez. Les années suivantes voient la conquête de la région Nord du Maroc et la liaison avec l'Algérie, sous les ordres des généraux Moinier, Gouraud et Henrys. Taza est prise. Mangin atteint Marrakech. Le 2 août 1914, trois bataillons de la Légion combattent au Maroc. Pendant la grande guerre, non seulement les légionnaires n'abandonnent pas les régions conquises, mais, sous les ordres de Lyautey, ils agrandissent notre domaine. Depuis 1920, trois régiments étrangers sont au Maroc. Jusqu'en 1925, ils élargissent sans cesse la zone soumise à notre influence, le 3e Étranger vers Taza, Fez et Ouezzan, le 2e vers Meknès et le Tadla, le 4e vers Marrakech. Des bataillons du 1er Étranger d'Algérie viennent, chaque année, contribuer à l'extension coloniale. Puis c'est la campagne du Rif où, sans arrêt, pendant des mois, les bataillons de Légion, s'opposent à l'envahisseur et finalement assurent la victoire. Depuis 1926, grâce aux légionnaires, qui tiennent les portes du Sud, et aux compagnies montées, qui sans cesse rayonnent, la sécurité complète existe dans le Maroc soumis. Le « Maroc Utile » du Maréchal Lyautey sera bientôt sous la domination effective du Sultan.

Syrie (1921-1930). — Depuis 10 ans, la' Légion est en Syrie. Deux bataillons, pendant 5 ans, de 1921 à 1926, un seul depuis 1926, aidés par des escadrons de la cavalerie de la Légion, ont vigoureusement contribué à ramener le calme dans un pays en effervescence. Aïn-Tab, Messifre ont valu aux unités des citations à l'ordre de l'Armée. Actuellement, Homs et Palmyre deviennent des centres importants et sont reliés aux grandes cités, grâce à la Légion.

Tonkin (1914-1930). — Pendant la grande guerre, les unités stationnées au Tonkin ont été progressivement ramenées en Algérie et en France. En 1918, une seule compagnie de Légion restait dans la Colonie. Depuis cette époque, successivement, 2, 3, puis 4 bataillons ont été envoyés en Extrême- Orient. Les opérations de guerre n'ont pas été nombreuses, mais, grâce à ces bataillons, lai tranquillité a régné dans la Colonie.

La Grande Guerre (1914-1918). — Dès le début des hostiliés, les 1er et 2e Régiments étrangers formaient, avec les éléments des nations neutres ou alliées, l'ossature des différents bataillons de marche qui, jusqu'à la fin de 1915, luttèrent sur la Marne, en Artois, dans la Somme, et dont les restes devinrent le fameux Régiment de marche de la Légion étrangère qui se couvrait de gloire en 1916- 1917-1918. arborant à son drapeau, au moment de l'armistice, la Légion d'honneur et neuf palmes, se plaçant ainsi en tête de l'Armée française.

III. Participation de la Légion au développement colonial de la France.

Au moment où l'Exposition Coloniale va ouvrir ses portes à Vincennes, on ne saurait sans ingratitude penser qu'à la même date (30 avril 1931), à Sidi-bel-Abbès, le 1er Étranger célébrera le Centenaire de la création de la Légion étrangère, en inaugurant un monument construit par les légionnaires.

Comment évoquer nos colonies sans penser en même temps à ceux qui ont tant contribué à nous conquérir le 2e empire colonial du monde ? Par la loi du 9 mars 1831, suivie de l'ordonnance royale du 10 mars, le Roi Charles X substituait au Régiment de Hohenlohe, dernier vestige des troupes étrangères ail service de la France, une Légion étrangère dont l'emploi était uniquement prévu en dehors du territoire continental du royaume.

Les Suisses des six régiment qui venaient d'être licenciés, les nombreux) étrangers expulsés de leur pays pour raison politique, à la suite du contrecoup produit en Europe par la Révolution de 1830, et qui cherchaient un refuge en France, y vinrent naturellement. La France venait d'entreprendre la conquête de l'Algérie. La place du nouveau corps y était toute indiquée.

Depuis cette époque, " depuis un siècle, la Légion " a pris part à toutes les guerres entreprises par « la France pour la défense du droit. Elle a été au loin, avec nos trois couleurs, porter les bienfaits de la civilisation et, si notre pays peut montrer fièrement les résultats de sa politique coloniale, c'est bien un peu grâce à ces désabusés, à ces Bons-à-tout » qui viennent à elle pour abriter leur désespérance à l'ombre du drapeau de la Légion». (Extrait de l'Introduction à l'Historique du Régiment de marche de la Légion étrangère).

Les guerres d'Espagne, Crimée, Italie, Mexique, etc., ont fait connaître cette troupe spéciale dans les milieux militaires européens. La dernière guerre mondiale a immortalisé le Régiment de marche de la Légion étrangère, qui comptait dans ses rangs des gens provenant de plus de cent nationalités différentes; mais c'est aux colonies que la Légion a laissé les traces les plus durables de son passage.

Dès 1831, l'Afrique du Nord est devenue le principal théâtre de ses exploits. Les provinces d'Alger. d'Oran, de Constantine, la Tunisie, depuis 1880, le Maroc depuis 1907, lui sont redevables d'une pacification rapide complétée par les travaux de toutes sortes entrepris parallèlement ou après les opérations militaires.

Les routes construites, les marais desséchés, la terre mise en valeur ont fait du légionnaire actuel l'égal du légionnaire romain. De nombreux centres de colonisation ont pour origine le poste construit et gardé par la Légion pour assurer la sécurité du pays conquis. Sidi-bel-Abbès est son oeuvre. Une ville qui compte aujourd'hui 40.000 habitants a remplacé le Biscuitville de 1845. Les pistes du Sud-Oranais, les voies de pénétration qui de jour en jour, permettent de franchir le Grand Atlas : c'est aux légionnaires qu'on les doit en grande partie ; si, actuellement, le Sahara est en contact immédiat avec la Méditerranée et si un jour le Niger est relié avec l'Afrique du Nord, ce sera un peu grâce à l'appoint résultant de leur effort.

Aujourd'hui, en Afrique du Nord, la limite de la zone dissidente est marquée par les postes tenus par la Légion.

Que ce soit vers le Rif, le Tafilalet ou le Sud-Oranais, les dix bataillons de la Légion qui montent la garde à la limite de la région soumise, appuyés sur les compagnies montées et les escadrons du Régiment de cavalerie étrangère, s'opposent victorieusement aux incursions ennemies.

Tous les bataillons de Légion qui, en 1925, ont participé à la lutte contre Abd-el-Krim ont été cités à l'ordre de l'Armée. Leurs pertes ont été lourdes.

Madagascar, le Dahomey, le Soudan ont vu ce corps, au cours de la conquête et des chefs tels que Négrier, Dodds, Galliéni et Lyautey, ont pu, dans leurs ordres du jour, glorifier cette troupe au point de la considérer comme le premier artisan de la victoire : " C'est grâce à vous, messieurs, que nous devons d'être ici », disait un jour un grand colonial aux officiers du bataillon de marche de Madagascar qui, après la conquête, devait être rapatrié.

 

Le Tonkin utilise la Légion depuis 50 ans et notre belle colonie d'Extrême-Orient vient récemment encore de faire appel à un nouveau bataillon. Hanoï, Langson, Tuyen-Quang ont été les étapes successives ! La frontière de Chine reste inviolée grâce aux1 légionnaires. Formose et le Siam les ont connus.

Sur les bords du Tigre et de l'Euphrate, le bataillon de Légion, qui occupe Homs et Palmyre retrouve les traces des légionnaires romains et les imite.

Enfin, la Légion est appelée à donner son appui où la nécessité s'en fait sentir. C'est au moment où l'Exposition Coloniale vu s'ouvrir et la Légion fêter son Centenaire qu'il convient de songer qu'en servant sous le drapeau tricolore, les légionnaires, enfants de tous les pays du monde, ont augmenté le patriomoine de la France, épargnant en même temps les larmes de bien des mères françaises.

Enfin, leur barde, le Capitaine de Borelli, un de leurs chefs du siège de Tuyen-Quang, a dépeint magistralement la troupe qui résistait pendant 45 jours aux assauts furieux de 19.000 pavillons noirs et pirates, se confondant dans la gloire avec les aînés de l'hacienda de Camerone :

Jamais garde de roi, d'empereur, d'autocrate, de Pape ou de Sultan, jamais nul régiment chamare d'or, drapé d'azur ou d'écarlate n'alla d'un air plus mâle et plus superbement.»

L'Histoire coloniale est écrite dans les plis du drapeau de la Légion qui porte comme devise : « Honneur et Fidélité ».

IV. Historique de la Musique du 1er Etranger.

La création de la Musique militaire du 1" Régiment étranger date de la fin de l'année 1831. D'un effectif très réduit, plusieurs années de travail et d'efforts furent nécessaires pour la mettre en état de se produire et ce n'est guère que vers 1884 qu'elle commença, sous la direction de M. le Chef de musique Doëring, à se faire une réputation qui la mit bientôt en relief par rapport aux autres musiques des Régiments de France.

A la fin de l'année 1887, l'orchestre à cordes fut créé par M. le Chef de musique Porch. Cet orchestre se perfectionna jusqu'en 1914, date à laquelle il atteignit une brillante renommée sous les directions respectives de MM. Salomez, Quéra, Sellennik, Sabion, Barbier et Dussenty.

A la déclaration de la guerre (août 1914), l'orchestre à cordes est à peu près dissout et les musiciens qui le composent sont affectés au Régiment de marche ainsi que la plus grande partie de la musique militaire qui se trouve réduite à quelques unités seulement.

En 1919, après la signature de la paix, M. P. Aka est affecté au 1er Régiment Etranger et, sans négliger la musique militaire, il réforme l'orchestre à cordes et obtient sur sa demande, en 1924, un chef de musique adjoint, M. Perdereau. lequel fut, quelque temps après, remplacé par M. Luquet. Un travail intensif leur permit de faire prendre à l'orchestre un essor sans cesse grandissant. Avant 1924, l'orchestre à cordes comprenait une quarantaine d'exécutants ; actuellement, la situation du matériel d'orchestre permet de présenter environ 90 exécutants.

V. Le Colonel Rollet.

Malgré certaines campagnes systématiques de dénigrement dirigées contre la Légion Étrangère, les effectifs de celle-ci n'ont cessé d'augmenter, ("est ainsi que l'on compte actuellement cinq régiments de cette arme dont quatre d'infanterie et un de cavalerie.

Afin de maintenir à cette troupe d'élite son unité et sa cohésion, le Ministre de la Guerre a décidé que les dépôts d'infanterie et de cavalerie de la Légion Étrangère seront rassemblés à Sidi-bel-Abbès. où l'instruction des légionnaires pourra être faite dans les meilleures conditions et aux moindres frais.

D'autre part, il a été créé une inspection de la Légion. Ces fonctions ont. été confiées au colonel Rollet, récemment promu général, qui commandait ces jours derniers encore le 1er Régiment à Bel-Abbès. Ce choix ne pouvait être plus heureux, puisque le général Rollet a accompli la plus grande partie de sa carrière dans cette troupe.

C'est, en effet, depuis 1899, trois années après sa sortie de Saint-Cyr, qu'il débuta au 1er Étranger. Avec ce régiment, il prit part aux opérations dans les oasis sahariennes. Après un séjour de deux années à Madagascar, il passa de nouveau au 1er Étranger, puis comme capitaine au 2e Régiment de la même arme. Il fut alors de presque toutes les opérations qui se succédèrent au Maroc et dans les confins Sud-Algériens.

Au début de la grande guerre, le capitaine Rollet vint sur le front français où il combattit avec le 31e d'Infanterie. En l'espace de quinze jours, il fut blessé deux fois : au combat de Catay et de Laimont.

En octobre 1915, on lui donna, avec le grade de lieutenant-colonel, le commandement du 331e d'Infanterie. En juin 1917, on le mit à la tête du régiment de marche de la Légion étrangère, unité avec laquelle il se distingua au cours de nombreux combats.

Appelé, en septembre 1920. au commandement du 3e Étranger, il reçut la même année, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur. Il commandait déjà le 1er Etranger lorsqu'il fut promu  Colonel en septembre 1925.

Au cours de sa belle carrière, le Général Rollet a été cité huit fois.

La Légion a, à sa tête, un chef digne d'elle.


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