AALEME

Légionnaire toujours...

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Poèmes

Chau-Doc

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De rapides sampans sur le Mékong fougueux,
Des jonques ballotées d'un flot tumultueux,
D'immenses cocotiers ombrageant la rizière,
Les murs accumulés d'un chinois cimetière.

Voila Chau-Doc, halte du second bataillon,
Repos bien mérité des gars de la Légion.
Le marché, l'hôpital, la pagode, l'église,
Le Drapeau éternel, la frondaison exquise.

Les paillotes en bambous, des taxis triporteurs,
Les femmes aux yeux bridés, clignotants de langueurs,
Café achalandés de liqueur et de bière,
Le soleil qui répand sa torride lumière.

Enfants le torse nu, les jeeps, les camions,
Coloniaux, partisans, étendards et fanions,
Chau-Doc site brillant, verdoyant de peinture,
Où les fleurs et les fruits embaument la nature.

Légionnaire Paul Bonnet
13e DBLE 1953

La sentinelle

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Evadons-nous. Parcourons le monde et remontons le temps jusqu’à tomber de fatigue auprès d’un feu rencontré. Où ? Quand ? Il n’importe…

Les moulins de Jemmapes…
L’immense plaine blanche d’Ukraine, avec la grande armée…
Les marais de Puebla au Mexique…
Une nuit d’automne 1915, en seconde ligne dans la Meuse ou l’Argonne…
La rizière d’Indochine aux confins du delta…
Une clairière parmi les cèdres de l’Aurès…
Le Sahel désolé, au Tchad, hier encore…
La nuit est profonde. Le ciel est bas ou clouté d’étoiles.

Un groupe d’hommes, une vingtaine, est allongé, le sac sous la tête, l’arme contre le ventre. Les corps carrés bossellent la couverture.

Il y a quelques minutes à peine, assemblés autour du feu, ils chantaient ou devisaient. Un paquet de gris circulait de doigts en doigts ; un fond de quart changeait de lèvres.

La section c’est un seul cœur !

Puis la flamme est tombée, comme les mentons sur les poitrines. La journée a été rude. Demain le sera sans doute. Un par un les rêveurs se sont écartés pour pisser, puis ils sont revenus vers leur sac. Les brodequins délacés ont libéré les pieds douloureux. Les reins ont façonné leur empreinte dans l’herbe ou dans le sable.

Un juron a tenté de chasser le caillou.

A même les braises, un restant de café chantonne dans le bouthéon noirci.

Un pas sourd et lent tourne : la sentinelle.

La sentinelle, c’est l’homme debout !

Pour une heure, deux peut-être, il représente tout, il es t le centre, le témoin de tout. Dernier maillon, pour l’heure, d’une immense ronde de guet qui depuis la première nuit, a veillé sur le sommeil de l’homme.

Il est leur dépositaire ; il est leur garant ; l’unique responsable de ce qui peut arriver.

L’arme dans la saignée du bras, il avance, l’esprit, l’oreille, l’œil, l’odorat attentifs. Attentifs à la nuit, à la pluie qui viendra, à la lisière des bois refermée sur leur redoutable secret, au débouché du chemin creux d’où peut surgir l’ombre pliée du premier des autres.

Il écoute. La nuit la plus silencieuse est peuplée de bruits pour qui sait écouter : non seulement l’orage naissant, le vent qui monte, les appels d’animaux, le craquement du bois au gel, mais le moindre roulement de caillou sous un pas, la rumeur très lointaine d’un camp, le bourdonnement d’un convoi à dix lieues.

Un regard au ciel. Même un soldat hirsute et las peut bien se poser des questions !

Un regard sur les braises rassurantes, à défaut d’y tendre les paumes.

Un corps se retourne en grognant : Prébois Maurice, chargeur F.M. du groupe Auclair. Pas son copain pour sûr ! Resquilleur et grande gueule ! La sentinelle grimace un sourire. On ne peut détester un homme qu’on regarde dormir.

Le temps passe. Ne pas s’habituer… Demeurer vigilant… Rêver à de petites bouffées… Son engagement : pourquoi au juste ? Le premier copain rencontré. Le premier galon. Le premier hiver. Le premier combat. Le premier copain tombé et tant d’autres…

Le regard revient balayer la piste sombre qui descend du col. Attention ! Une forme bouge ! Une forme basse progresse vers… Non mon gars, c’est la murette qui rampe au fond de ton œil fatigué. Le fermer un instant ; le rouvrir ; reprendre à contresens… Tout rentre dans l’ordre.

La sentinelle se remet en marche, prenant soin à ce que son pas ne râcle pas sur le sol. Dieu, que c’est long la garde quand on a peiné tout le jour, quand on peinera tout demain et puis après, et puis encore. Pourquoi ne peut-il dormir comme les autres ?

Parce qu’il a choisi, voici des années, une fois pour toujours. C’est simple, non ? D’ailleurs, il ne regrette rien, même pas d’en avoir marre. Il en a l’habitude et puis des fois c’est bon plus tard, quand on se couche ou quand on en parle. Il se sent responsable, donc nécessaire. Alors quoiqu’il advienne, les copains peuvent y aller de confiance, tout à leurs problèmes de froid aux pieds, de courbatures, à leurs souvenirs de petits bonheurs, à leurs rêves de soldats fourbus.

La sentinelle ne doit pas se laisser surprendre : le règlement le dit. Un jour pourtant, malgré son application, elle pourrait l’être par une ombre se glissant dans l’ombre, par un fauve souple dressé pour ce faire et qui a patiemment choisi son heure et son geste.

Puisse-t-elle alors, dans le réflexe d’un dernier cri ou d’un seul coup de feu, donner l’alerte pour que sa mission soit remplie.

Mais cette nuit tout est paisible. L’homme debout a consulté sa montre à la lueur infime des braises, pour confirmer ce que son instinct lui disait : c’est bien l’heure de la relève.

Sans hâte, il se dirige vers une forme allongée parmi les autres, la contemple un moment avec un semblant de remords, parce qu’il connaît la portée de son geste :

"Tant pis pour toi, vieux frère, c’est ton tour !"

Et le touche à l’épaule.

Jean-Marie SELOSSE
Marseille 1979

Ombres et silences

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Dans les bois dépouillés du long miracle vert
Sous les arbres muets par les bises tondus
J'aime d'un pas chagrin heurter les étendues
Où le silence dort sous les draps de l'hiver.

J'aime des soirs croulant aux horizons de feux
Le charme suspendu aux formes indécises
Qui rêvent sur la nuit et qui vivent du jeu
Des dernières lueurs que les ombres divisent.

J'aime ces crépuscules paresseux des matins
Ces chevelures de nuit aux parois des citernes
Et cette obscurité placide des tavernes
Accrochée aux pâleurs riantes des étains.

Que serait donc la voix du violon qui vibre
Sans la caresse pure des longs silences libres
Qui parlent mieux encore à l'âme d'Infini.

Et vous flambeaux ardents, esprits sans ombre,
Lumières obstinées dans les siècles bannis,
Que serait donc l'éclat de vos feux sans les ombres.

Légionnaire Alfred Olivier

Le combat de Camerone raconté en rimes

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En 1863, dans une auberge au Mexique,
Se déroula un combat historique !
C'était le 30 avril exactement,
De 7 à 18 heures très précisément !

Déterminé, Danjou, capitaine légionnaire,
De Chalabre originaire,
A Milan, le mexicain, refusa sans hésitation,
Des légionnaires la reddition !

Vaillants, les légionnaires du détachement
Avec leur chef firent le serment :
Jusqu'à la mort, combattre pour sauver
Le convoi qu'à Puebla devait arriver.

Par la faim et la soif tiraillés
Onze heures durant ils ont bataillés.
A la poitrine, Danjou, à midi fut touché
En combattant à la vie il fut arraché.

A quatorze heures, au cours de l'affrontement,
Vilain au front est frappé mortellement.
La souffrance, dans l'auberge en feu, augmente
Les légionnaires sont dans la tourmente.

A dix-sept  heures, douze sont les résistants,
Avec Maudet toujours vivants.
Le colonel Milan demanda alors la reddition
Mais Maudet la repoussa avec indignation.

Plus tard, Maudet et cinq autres survivants
Dont les noms sont les suivants :
Maine, Catteau, Wendel, Leonard et Constantin
Firent face à l'ennemi dans cette espèce de fortin.

Leurs fusils sur l'ennemi déchargèrent
Et leur détermination démontrèrent.
A la baïonnette décidés à prouver
Que leur intégrité voulaient préserver.

Avec deux camarades Maudet fut éliminé
Et Maine sur le point d'être exterminé.
Mais un officier mexicain s'interposa
Et la soumission à Maine proposa.

Pour l'acceptation de la reddition
Maine accepta à la condition,
Que les blessés soient relevés
Et leurs fusils conservés.

Trois cents morts et autant blessés,
Furent les pertes des mexicains surclassés.
Jusqu'au bout, le serment fut tenu
Et le convoi à bon terme est parvenu.

Le nom de Camerone est inscrit désormais
Sur le drapeau du régiment étranger à tout jamais.
Et  en lettres d'or sur les murs des Invalides
Les noms des trois officiers intrépides.

Un monument sur les lieux du combat fut érigé
Il porte un texte ainsi rédigé :

ILS FURENT ICI MOINS DE SOIXANTE
OPPOSES A TOUTE UNE ARMÉE
SA MASSE LES ÉCRASA
LA VIE PLUTÔT QUE LE COURAGE
ABANDONNA CES SOLDATS FRANÇAIS
LE 30 AVRIL 1863
A LEUR MÉMOIRE LA PATRIE ÉLEVA CE MONUMENT
 

Ancien Légionnaire
Antoine  GIARMOLEO
dit le calabrais

Mes préférences

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Là-bas, où les bergamotiers embaument les paysages,
La Calabre étale ses rivages.
Radieux le soleil est constant
Depuis le lever jusqu'au couchant.

La-bas, à la jonction de deux mers mythiques,
Les panoramas sur le détroit sont magnifiques.
Jadis, Homère dans l'Odyssée chantait,
Que Ulysse contre les sirènes se débattait.

De la fée Morgane, après son passage,
La Sicile se reflète dans son sillage.
Et, comme dans un décor de carte postale,
L’Etna montre sa silhouette impériale.

Oliviers à profusion dans les collines,
Dans les vergers abricots et nectarines.
Abondance, dans les potagers de légumes,
Dans les jardins on cultive les agrumes.

Ici, la pêche à l'espadon
Toujours se pratique au harpon.
Folkloriques sont les marchés,
De produits les étals sont panachés.

De ce coin de terre enchanteur
Fièrement j'en suis l'ambassadeur.
A présent il n'y a plus de mystère
Avec la France c'est la Calabre que je préfère.

Ancien Légionnaire
Antoine GIARMOLEO
dit le calabrais.

Sans Titre

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Je n'aime pas le verbe rire
Je n'aime pas le verbe aimer...
Je n'aime pas que l'on soupire
Et j'ai horreur de voir pleurer !

Je n'aime pas ceux qui sont tristes
Je me méfie des gens pas trop gais !
J'ai un peu peur de l'optimiste
Et le dégoût de ce qui est laid !

Je n'aime rien, même pas moi !
La vie est bête et insipide...
Mon cœur est tout  en désarroi !
Je le sens vide ! vide ! vide !

Mais si un jour je dis « je t'aime »
Je le dirai tout simplement
Et peut-être aussi tendrement...
Je t'aime...je t'aime...je t'aime !

Sergent Artois


Souvenir

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Je souviens....c'est là-bas... quand fini la lumière
C'est parti dans le soir...quand le ciel c'est tout bleu
Bleu pas gai....mais bleu doux....un peu noir...rouge un peu
Bleu penser à des yeux... c'est peut-être ma mère.

La patrouille en avant...le cœur fait la prière
Mais la main tient PM...en marchant queue leu leu
On sentait grands et forts...quand le chef il le veut,
Petit homme souvent c'est fait grand légionnaire.

C'est retour au matin... le matin de la chance
Quand envie de crier et de faire la danse
Quand plus peur de la nuit...quand le maigre c'est gros.

Le retour de patrouille est le grand récompense
C'est plus que citation, car chacun sûr il pense


Légionnaire Horst Bleichert

Conquérants

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D'un monde agonisant fuyant le sort fatal,
Fatigués d'amasser la rancœur et les haines,
Aventuriers, blasés, partaient brisant leurs chaînes,
Marqués de la grenade et coiffés de métal.

Ils allaient, oubliant leur ultime idéal,
Retraçant les sentiers faits par les capitaines,
Abreuver de leur sang les rizières lointaines
Et la brousse aux confins du monde occidental.

Dans la lourde vapeur des forêts des tropiques
A la nuit le fracas d'armes automatiques
Venait troubler le songe au lointain demeuré.

Où, rêvant au sein nu d'une image charnelle
Parmi l'âcre senteur s'élevant des marais,
Ils regardaient vers eux monter l'aube nouvelle.

Sergent Giacomini
1er BEP - 1948

Légionnaire Schumann !

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Extraits d'une saynète représentée pour la première fois au Casino Municipal de Sousse, le 25 février 1937, avec la participation des légionnaires du 1er Régiment étranger de Cavalerie.

(...)
Dors, dors, mon enfant !
Toutes les fois qu'un légionnaire
Tombe sur la terre étrangère,
C'est un Français qui reste à toi,
France chérie ; c'est un enfant
De plus qui peut, en se berçant,
Rêver dans les bras de son père ...

(...)
Soldats de la Légion,
La Légion Etrangère,
N'ayant pas de Nation
La France est notre mère ;
Car nous avons là-bas
Conquis dans les combats
Toujours avec succès
Le Baptême français.

             AUTEUR LEGIONNAIRE INCONNU

La tombe du légionnaire

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Légionnaire de tous temps et de toutes épopées
Depuis Camerone, Tuyen-Quang et Dong-Khé

C'est toujours ta gloire qui rayonne
Quand la mitraille et le canon résonnent.

Tes ennemis te connaissent et craignent ta bravoure
C'est chaque fois la guerre qui t'arrache à l'amour
Pour combattre et rejoindre parfois l'éternité
C'est ta devise, légionnaire : Honneur, Fidélité !

Et lorsque sous la terre tu reposes avec ou sans nom
Chacun ici-bas pour tes fautes expiées t'accorde le pardon
Les fleurs sur ta tombe peuvent bien flétrir et périr
Mais dans nos mémoires à jamais brillera ton sourire.

Ancien légionnaire Eric Dezitter

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