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Légionnaire dans tous ses états

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 734

L'état d'une personne, nous dit le dictionnaire, c'est la situation dans laquelle elle se trouve au regard de la loi, de son pays, de son gouvernement, de son emploi, de sa famille ou de sa religion. L'état recouvre l'ensemble des qualificatifs sous lesquels on peut désigner cette personne ; il la raccroche aux différents groupes humains auxquels elle peut appartenir.

Si l'on retient cette définition, quels sont les différents "états" du légionnaire ?

  • Le légionnaire est d'abord, en référence à son engagement, un soldat au service de la France, un combattant qui a accepté de porter les armes de notre pays pour le défendre.
  • Il est aussi bien sûr, son appellation le dit clairement, un membre de l'institution "Légion étrangère", dont il a adopté les règles, la discipline et les traditions.
  • Le légionnaire reste en même temps un citoyen ; citoyen français pour ceux qui, par la naissance ou par voie de naturalisation, sont de nationalité française ; citoyen de leur pays d'origine pour ceux qui ont choisi de demeurer étrangers.
  • Il est aussi, comme tout homme, le membre d'une famille, avec plusieurs états possibles : fils dans tous les cas, frère souvent, et, pour les plus anciens, époux et père.
  • Le légionnaire peut enfin être, en accord avec sa conscience, un homme de Dieu, se réclamant d'une religion.

Sa situation particulière fait qu'il est, au moins initialement, contraint de "mettre entre parenthèses" certains de ces états. Tout d'abord parce que l'exigence que présente son engagement dans nos rangs est très exclusive : plus que le choix d'un métier, c'est souvent un choix de vie que fait le candidat au recrutement. Les règles liées au placement sous identité déclarée peuvent ensuite conduire le légionnaire à temporairement "renoncer" à certains de ses états, que sa position ne lui permet plus de pleinement exercer, pour se concentrer sur celui de soldat étranger au service de la France. Enfin n, celui qui vient chercher chez nous une seconde chance a souvent besoin de "couper les ponts" avec son passé, son pays ou sa famille, le temps pour lui de retrouver des conditions et un environnement lui permettant de faire face à l'ensemble de ses responsabilités d'homme.

Différents devoirs sont rattachés à chacun de ces états ; c'est ce que l'on appelle communément les "devoirs d'état" :

  • En tant que soldat, le légionnaire doit faire preuve de discipline, de disponibilité et de rigueur ; comme combattant, il doit avoir le souci permanent de remplir sa mission coûte que coûte en respectant le droit de la guerre.
  • Son appartenance à la communauté légionnaire l'oblige à la fi délité, à la solidarité, à la fraternité d'armes, selon des modalités fixées par notre code d'honneur.
  • En tant que citoyen, il se doit de respecter les lois de la France, pays au nom duquel il sert et sur le territoire duquel il vit, et d'adhérer à la communauté nationale ; il a aussi le devoir de participer à la vie de la cité.
  • Au sein de sa famille, ses devoirs se définissent en termes d'attention et d'affection portées : respect de ses ascendants, amour et fi délité conjugale, éducation des enfants, assistance mutuelle, fourniture des moyens de subsistance à ceux dont il a la charge.
  • Pour celui qui se reconnaît dans une religion, le légionnaire doit respecter et mettre en pratique un ensemble de croyances et de préceptes.

Toute la question pour lui est de trouver un juste équilibre entre ces différents devoirs, qui, sans être forcément contradictoires, ne sont jamais aisés à concilier. Cette équation est d'autant plus difficile à résoudre que sa vie de légionnaire est exigeante, contraignante, strictement encadrée et très prenante.

De manière générale, il n'est pas toujours simple pour un militaire de gérer ces diverses nécessités en termes de temps à y consacrer, de disponibilité ou de facilités offertes, du fait des impératifs liés au service des armes. L'extrême diversité de notre recrutement complique singulièrement la situation en introduisant une grande variété de conceptions du mot devoir, qui se rattachent aux cultures propres à chaque origine. Enfin, par-dessus tout, son métier de combattant place la notion de sacrifice au centre de l'engagement du légionnaire : cette exigence fondamentale de l'état de soldat est très prégnante*. Quand on sait la très haute idée que nos hommes se font de leur mission, on mesure le don de soi très exclusif qu'elle peut conduire à accepter.

Nul au sein de notre communauté ne peut faire l'économie d'une réflexion personnelle sur ses devoirs d'état. C'est une question intimement liée au sens donné à notre engagement de soldat. Et c'est, plus largement, un enjeu d'équilibre de vie. La réponse ne sera jamais la même en fonction des situations, des caractères et des individus. Il convient donc de savoir périodiquement prendre du recul pour regarder la manière dont nous pratiquons notre métier au regard de nos autres états : une réussite professionnelle ne vaut que lorsqu'elle peut s'inscrire dans l'accomplissement plus global d'un "projet de vie" ; les sacrifices consentis, auxquels nos proches sont parfois parties prenantes, doivent trouver une justification dans un cadre qui dépasse celui de notre travail.

Il faut également que notre communauté reste attentive à permettre à chacun d'assumer la charge de l'ensemble de ses responsabilités d'homme. Dans la vie courante et le service, chaque cadre, à son niveau, doit veiller à ce que ses subordonnés soient progressivement, après une phase initiale d'intégration, en mesure d'endosser le plus dignement possible les différents états qui sont les leurs : accorder le temps nécessaire à la vie de famille, autoriser une participation à la vie associative de son lieu de résidence, faciliter des démarches administratives ou permettre la pratique du culte de sa religion sont des gestes auxquels tout chef doit rester attentif. Tous ceux qui ont la chance d'exercer des responsabilités dans notre institution le savent bien : faire grandir le légionnaire, dans toutes les dimensions de son être, a constitué de tout temps leur défi , leur devoir et leur honneur. Et c'est bien ce commandement "à la française" qui vise à élever l'homme dans sa complexité, qui a fait que la Légion demeure une institution militaire reconnue.

L'objectif à atteindre est finalement très clair et conforme à ce que nous avons toujours fait : il s'agit de continuer à faire en sorte que chacun de nos légionnaires puisse répondre dans sa globalité à sa vocation d'homme, qui dépasse sa seule appartenance à notre institution. Cette exigence humaine fondamentale répond à un impératif de dignité ; elle doit permettre à chacun de se réaliser pleinement. Elle répond aussi à un impératif d'efficacité opérationnelle et de cohésion, car c'est grâce à elle que nous pourrons continuer à disposer de soldats solides, bien dans leur peau, équilibrés et sachant donner un sens propre à leur engagement dans nos rangs. Elle répond enfin à un impératif d'intégration, dimension à laquelle la Légion sait être attentive.

*Prégnante : qui s'impose à l'esprit, qui produit une forte impression.

Bonne lecture à tous,


Traduction

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