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Hélie de Saint Marc et Gérard de Villiers sont partis sans tambour ni trompette

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09/11/2013

Deux auteurs nous ont récemment quittés, Hélie de Saint Marc et Gérard de Villiers. Célèbres pourtant, ils n'auront pas reçu d'hommage public ; « militaire » et « populaire » ne sont pas à la mode.

Le premier, Hélie de Saint Marc,  fut, avec ses camarades légionnaires, le héros d’une vie romanesque ; le second s’appelait Gérard de Villiers. Lui , fabriquait à la chaîne des best-sellers d’espionnage dont le héros était un espion de la CIA.

 

Les Champs de braises

Hélie de Saint Marc était né en 1922.  Résistant à dix-neuf ans, arrêté sur dénonciation à vingt et un, déporté, il a été laissé pour mort dans un camp de concentration par les Allemands avant d’être sauvé in extremis par les libérateurs américains. Héros en Indochine, putschiste en Algérie, il avait été arrêté, condamné, emprisonné puis gracié sous le général De Gaulle, rétabli dans ses droits civils et militaires par Valéry Giscard d’Estaing, décoré par Jacques Chirac et promu grand-croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy. Dans ses mémoires, Les Champs de braises, publiées chez Perrin en 1995 (et prix Femina 1996), on peut lire :
« Je me suis souvenu de la Haute-Région. Un légionnaire avait été tué au cours d’un accrochage. Dans le vieux cimetière défraîchi, sous un ciel gris et pluvieux, à quelques dizaines de mètres du bouillonnement de la jungle, ses camarades creusèrent une fosse en silence. Nous étions une poignée d’Européens, dérisoires, dans ce cirque de calcaire perdu à la frontière de la Chine. À quelques pas de là, dans une pagode, de très anciens génies contemplaient notre deuil. Le corps fut descendu en terre tandis que nos camarades chantaient l’Adieu. Nulle ambition réalisée ne vaut peut-être l’orgueil de s’en aller ainsi, inconnu, fidèle héroïque, avec le salut de quelques amis serrés autour de sa tombe. »
Ce militaire et philosophe savait écrire et ne faisait pas semblant d’aimer ou de respecter son prochain, fût-il son ennemi, allant jusqu’à défendre contre sa hiérarchie et au péril de ses galons, les populations civiles vietnamiennes et les Harkis « abandonnés ».
Il est mort le 26 août dernier. Nul membre du gouvernement de François Hollande n’a cru bon d’assister à ses obsèques. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et le ministre délégué aux anciens combattants Kader Arif, avaient, paraît-il, un agenda particulièrement chargé...

 

Voir Malte et mourir

Gérard de Villiers, lui, est mort la semaine dernière. Il avait « vendu » 100 000 millions de livres méprisés par la critique mais dont Hubert Védrine assurait « que l’élite française prétend ne pas le lire, mais ils le lisent tous ». L’ancien ministre des Affaires Etrangères parlait des diplomates et des hommes politiques. Dans Voir Malte et mourir publié en 1979 aux Presse de la Cité, on peut lire :
 « Pour tromper son attente, Malko se plongea dans un dépliant posé sur la table. Air France Vacances. Cela lui donna brutalement envie de partir. De s’évader de ce petit bureau et de sa vie pleine de contraintes et de dangers. Il parcourut le document. Aux prix proposés par Air France, il pouvait même emmener Krisantem. 2 000 frs pour les Antilles, 990 frs pour Athènes, 1 100 frs pour Istanbul, tout cela au départ de Paris-Roissy. C’était un moyen élégant de remercier le Turc de ses bons et loyaux services, sans le forcer à prendre un charter à la fiabilité douteuse. Il acheva de lire le dépliant stupéfait. À son retour de Malte, il pourrait aller faire un saut à New York en repassant par Paris, pour 1 900 frs ! Moins de 400 dollars. C’était incroyable de pouvoir s’offrir de tels prix alors que tout augmentait partout. »
Ce journalise et baroudeur n’était pas, comme on peut le constater, un grand styliste mais s’il recourait volontiers, comme Alexandre Dumas, à des « nègres », c’était pour mieux arpenter les terrains sensibles de la géopolitique. Le New York Times ne s’y est pas trompé en saluant Gérard de Villiers comme « l’écrivain qui en savait trop » (the spy novelist who knows too much).
À l’annonce de son décès, la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, n’a pipé mot de l’auteur français qui a vendu de son vivant le plus grand nombre de livres de l’histoire de notre production littéraire.

Quand on est un ministre de gauche, il n’est pas de bon ton de rendre un hommage public à un héros de l’armée ou à un héraut de la littérature populaire. Tous les deux sont morts au mauvais moment, à une époque où les tartuffes prônent sans rougir le « sens de l’Histoire » en oubliant celui de l’honneur et de la dignité. Ils seraient bien inspirés de méditer cette déclaration du commandant de Saint Marc lors de son procès devant le tribunal militaire, le 5 juin 1961 : « Monsieur le Président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier. Mais on ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer. » 


Traduction

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