La construction de ce monument est l’œuvre d’un seul homme, membre de l’ANAPI et ancien combattant à Diên Biên Phu : Rolf RODEL.
Voici comment le colonel (ER) Jack BONFILS, Cofondateur et Vice-président National de l’ANAPI, raconte cette extraordinaire histoire :
« A la mi-novembre 1994, je me trouvais dans un centre de rééducation après une vingt-huitième intervention chirurgicale. Le 19, je reçus une très longue visite de Rolf RODEL, ancien chef du Commando de la 10ème compagnie, 3éme bataillon du 3éme Régiment étranger d'lnfanterie, compagnie que j'avais eu l'honneur de commander en 1949 et 1950 sur la RC4, jusqu'à la fin des combats d'octobre 1950.
Je pris la décision de faire appel notamment aux délégations de l'ANAPI, à leurs adhérents et à des amis, ainsi qu'à toutes les unités actives de la Légion et les Amicales de la Légion Etrangère.
Lors du Congrès d'Aubagne, en mai 1995, l’ANAPI put ainsi rembourser à Rolf RODEL les frais qu’il avait engagés pour l’achat du terrain et la construction du Monument aux Morts.
L'ANAPI n'était pas en mesure de faire face à une telle dépense.
C'est alors qu'en septembre 1995, le Président de la République, Jacques CHIRAC, fit savoir au Colonel Henri d’ELLOY, président de l’amicale des anciens du 11ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, qu’il recevrait, en novembre, les quatre plus anciens du Régiment. J’étais le plus ancien des quatre. C’est dans les rangs de ce régiment qu’avait combattu Jacques CHIRAC, en 1959, en Algérie.
La réception eut lieu le 17 novembre 1995, à l'Elysée, en présence du Président de la République, de son chef d'Etat-major particulier, le Général de Brigade Henri BENTEGEAT, actuellement chef d'Etat-major des Armées, de son Directeur de Bureau et de son chef de Cabinet.
Cet entretien devait durer plus d'une heure trente. Le Président demanda à chacun de préciser sa carrière militaire et civile, et il nous annonça qu'il était prêt à répondre à toutes nos questions.
Quand ce fut mon tour, il me fut possible d'attirer son attention sur deux dossiers :
RODEL n'avait pas la Médaille Militaire. Je dus lui en donner les raisons : c'était un ancien putschiste de 1961. Sans la moindre hésitation, il demanda au Général BENTEGEAT de faire obtenir la Médaille Militaire à RODEL le plus rapidement possible. Ce dernier devait recevoir cette haute distinction lors des cérémonies du 30 avril à Aubagne.
Le Président CHIRAC prit la décision de faire rembourser à Rolf RODEL la somme qu’il avait avancée sur demande du Ministère, ce qui fut fait au nom de l'ANAPI quelques mois après. »
En fait, l’ANAPI assura, avec l’aide d’autres associations et de généraux donateurs, le remboursement des sommes engagées par Rolf RODEL pour la construction du Monument aux Morts de Diên Biên Phu.
En novembre 1997, le Président de la République française Jacques CHIRAC devait présider le sommet de la francophonie à Hanoi. RODEL se trouvait, une fois de plus à Dien Bien Phu. II fut pris en charge par l'Ambassade, invité par le Président de la République dans l'avion de l'Elysée pour le ramener de Dien Bien Phu à Hanoi et lui permettre de participer à la soirée officielle.
Il est désormais un Monument de la République Française
Le sergent Rolf Rodel, matricule 73 116, s'est engagé dans les rangs de la Légion Etrangère le 17 avril 1950 et l'a quittée le 25 avril 1957.
Après avoir successivement servi à Sidi-Bel-Abbès puis Mascara, il part en Indochine, à la 3e compagnie du 4e bataillon du 2e R.E.I.
De retour sur le continent africain, il rejoint la 15e compagnie du 4e bataillon du 4e R.E.I. Il se porte volontaire pour un deuxième séjour en Indochine. Il vivra Diên Biên Phu comme chef du commando de la 10e compagnie du 3e bataillon du 3e R.E.I.