Mort d'un légionnaire à Djibouti en 2008 : les experts concluent à un coup de chaleur
Le légionnaire Jozef Svarusko, dit "Talas", mort au cours d'un exercice à Djibouti, le 5 mai 2008, est décédé dun "coup de chaleur". C'est ce que confirme un rapport d'expertise, en date du 9 décembre 2009, rédigé par quatre médecins pour le compte de la juge d'instruction du Tribunal aux armées de Paris, et dont ce blog a eu connaissance.
Les "traumatismes superficiels" constatés lors de l'autopsie de la victime, âgée de 25 ans, ne sont "en aucun cas susceptibles d'avoir entrainé la mort ou même d'avoir participé au processus de décès" concluent les experts. Les coups ne sont donc pas responsables de la mort du légionnaire.
On sait que quatre gradés, dont le lieutenant Médérick Bertaud, sont mis en examen dans cette affaire pour "actes de torture et de barbarie ayant entrainé la mort sans intention de la donner". Un sergent et un caporal-chef sont en fuite, sans doute rentrés en Amérique latine, dont ils étaient originaires.
Comme nous le racontions à l'époque, avec de nombreux détails, le comportement du lieutenant, jeune chef de section au 2ème REP, est au coeur de l'enquête judicaire. Cet officier reconnait avoir vidé la gourde et les deux bouteilles d'eau du légionnaire, qui peinait à suivre la colonne progressant dans une zone très aride, par forte chaleur. L'officier reconnait également avoir donné un coup de poing au jeune slovaque; suffisamment fort pour que la victime vacille, sans toutefois tomber. Le rapport des experts parle d'une "ecchymose sur la région frontale gauche". L'officier a également insulté le légionnaire qui refusait de poursuivre en ces termes : "Relève-toi, sale merde !" Un comportement qui fait dire au chef d'état-major de l'armée de terre que le lieutenant Bertaud "n'a pas sa place chez nous".
Mais il est clair aujourd'hui que ce ne sont pas les coups qui ont provoqué la mort du légionnaire. Le fait d'être privé d'eau pendant plus d'une heure a-t-il provoqué le coup de chaleur ? Le rapport des experts n'en dit rien. En revanche, "le diagnostic porté avec certitude" indique que "l'arrêt cardio-circulatoire est sruvenu de façon brutale. (...) Ce coup de chaleur est secondaire (consécutif, ndlr) à un exercice intense chez un malade en surpoids et mal entrainé".
Cette conclusion est grave. Talas est présenté comme un "malade en surpoids et mal entrainé". Il est clair qu'il n'avait rien à faire dans une compagnie de combat d'un régiment parachutiste. Qui plus est au cours d'un exercice dans le désert. Tous ses camarades trouvaient que "Talas ne suivait pas". Il y a eu manifestement un problème de sélection puis d'orientation de ce jeune slovaque. Le comportement de son officier est inexcusable, mais la faute est sans doute plus collective - c'est en partie celle de l'institution. Car le légionnaire Talas n'aurait jamais dû être là où il était ce jour-là.