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Les morts et les vivants

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Jeudi 20 décembre 2012

Ah, si les morts pouvaient entendre, voir, lire… probablement notre défunt camarade de La Réunion se réjouirait d’avoir au moins, post mortem, soulevé un intéressant débat d’idées. Je reconnais totalement le bien-fondé de la position de notre camarade Christian, d’autant plus qu’il a souvent été confronté à la mort de nos anciens dans les organismes qu’il a dirigés. Je ne veux pas écrire de bêtises mais je pense qu’il a rédigé quelque 130 éloges funèbres pour ceux qu’il accompagnait jusqu’au « dernier bivouac ». C’est dire qu’il a de l’expérience en matière de comportements humains dans de telles circonstances et que son point de vue doit être reconnu comme légitime. Je savais aussi, par son entremise, l’action dévouée de Marie Quilichini au profit de ceux des nôtres égarés, volontairement ou non, dans la vie. C’est pourquoi je précise que le propos de ma dernière "lettre d’ailleurs" n’était pas de distribuer de bons ou mauvais points à untel ou à tel autre, mais simplement d’attirer l’attention sur un cas particulier. Dans un tout autre domaine, pour illustrer ma position, il me vient à l’esprit un assez vieux souvenir qui, à mon sens, présente une certaine analogie avec le cas présent.

Commandant d’unité dans un régiment outre-mer où j’avais, quelques années auparavant demandé et obtenu qu’il n’y ait plus de kermesse à l’occasion de Camerone   pour diminuer les charges du personnel, tous faisaient un effort pour que la tombola du même nom soit un succès, et remplace financièrement la kermesse. J’avais décidé que les légionnaires et caporaux devaient acheter un carnet de tickets, les caporaux-chefs deux, les sous-officiers trois et les officiers cinq, y compris ceux de l’état-major. La solde OM et le petit prix des tickets justifiaient cette décision. Mon adjudant de compagnie est venu me voir pour me dire que le sergent-chef X refusait d’acheter quoi que ce soit car aucun règlement ne l’y obligeait... Soit. Je l’ai fait convoquer au rapport pour le lendemain. Sûr de son fait, il s’est pavané quelque peu à la popote, conscient et certain, à juste titre, que je ne pouvais le sanctionner.

Après sa présentation réglementaire, je l’ai laissé au garde-à-vous pour lui poser cette simple question : - Le jour où tu t’es engagé à la Légion combien t’a-t-on fait payer le premier repas ? Il m’a répondu : « Rien mon capitaine ». – Tu peux disposer. Dans l’après-midi l’adjudant de compagnie me rendait compte que le sous-officier en question avait acheté les trois carnets de tickets. Une simple phrase lui avait fait comprendre le devoir moral d’être solidaire de ses camarades.

AM

 

Bien entendu que je suis en accord parfait avec les propos d’Antoine, je pense, pour répondre à ce message lancé sur le net, que c’est avant tout un problème de société et de manque de communication. Nous connaissons bien ce rejet de notre communauté pour ceux qui ne sont pas dans la moule qu’impose à l’imagerie populaire l’ancien légionnaire en blaser bleu marine et béret vert vissé sur la tête. Personne, à priori, ne saurait accepter le rejet et le mépris pour un ancien légionnaire par l’amicale implantée dans le secteur géographique que celui-ci.  C’est contraire à notre discours de solidarité qui fait la force de notre honorable famille d’anciens légionnaires où dit-on la Fidélité est une devise immuable. Mais où se situe cette « Fidélité » quand l’actualité met en avant, « un clochard » (pour certains SdF) qui dernièrement est décédé à Paris, mort seul et sans secours à l’indifférence ou méconnaissance de l’amicale parisienne… A ce sujet, je témoigne que madame Marie Quilichini, responsable du social auprès de la « Fédération des Sociétés d’Anciens Légionnaires”, lui a rendu plusieurs fois visite et que cet ancien légionnaire, déserteur, affublé de ses deux chiens dont il ne voulait absolument pas se séparer, avait fait le choix d’une bascule définitive quant à sa manière de vivre et ne souhaitait aucun secours. Dans ce cas  reste à contrôler un fort sentiment d’impuissance et devant cette misérable situation, aucune solution ne se présente, la force ne saurait être une solution.

Quant à notre camarade réunionnais, le problème est tout autre. Il s’agit de ne pas être concerné quant à rendre un dernier hommage à un ancien légionnaire qui n’avait pas sa “carte du parti”… J'ai en mémoire qu'une amicale était indisponible pour les cérémonies funéraires de ses propres membres les jours des vacances d’été… pensez donc, personne de disponible pour porter le drapeau …  Heureusement, ce n’est pas la règle, loin s’en faut, et je rends ici hommage à l’amicale de Marseille et à son Président qui bougent dès qu’il s’agit d’un ancien légionnaire qu'il soit inscrit ou non à l’amicale. Je disais aux pensionnaires de Puyloubier puis à ceux d’Auriol, que “je ne saurais vous imposer de venir à l’inhumation d’un de vos camarade décédé dès l’instant où vous ne le souhaitez pas, participer par obligations à une cérémonie mortuaire n’est tout simplement pas acceptable, personnellement, si je devais rester seul devant le cercueil d'un camarade, je le ferais par fidélité et avec honneur ».

Un homme qui a servi 18 ans la Légion aurait-il des droits à sépultures réglementées ? Je considère que dès l’instant où il a été légionnaire, nous ne pouvons ne pas réagir, il est vrai que souvent l’information vient trop tard, il n’y a pas si longtemps, une note précisait qu’un ancien directeur du Foyer d’Entraide et de Puyloubier a droit à un piquet d’honneurs pour ses obsèques mais qui se souviendra de lui comme Directeur? Donner un commandement par note de service permanente, ne peut qu’être concrétisé par l’inutilité de cet ordre écrit voué à l’oubli. 

Notre ancien de la Réunion avait fait un choix en refusant tout contact de son vivant avec l’amicale réunionnaise, de ce fait, à quel titre cette dernière, devrait-elle s’imposer des obligations pour éviter le regard réprobateur de gens qui pour la plupart devrait plutôt s’inquiéter des cérémonies destinées à leurs propres morts et dont le déroulement offre, en général, un triste spectacle.

Les amicales d’anciens légionnaires n’ont d’autres devoirs que celui du but inscrit dans leur propre statut et sont de ce fait indépendantes et responsables.

Quant à L’amitié proprement dite, quelle soit légionnaire ou autre,  elle ne saurait se réaliser sans échange réciproque et ne saurait se contenter d’une seule direction, un sens unique en amitié ne peut qu’être une incontournable impasse à tout épanouissement durable.

 

Le débat ne saurait être clos, chacun détient sa vérité et proclamer avec force et autorité ses convictions sur un sujet aussi délicat n’est pas toujours des plus raisonnables. Il ne faudrait pas que le débat s’anime autour d’impulsions incontrôlées, conséquences passionnées de l’absence d'un recul indispensable à toute salutaire réflexion.

Pour l’heure, il n’y a aucune leçon à recevoir ni à donner, seul existe un fait incontournable : « on n’abandonne pas les siens, point, c'est tout ! ». Le reste ... tout le reste, les sautes d’humeur, les interprétations, les colères, ne peuvent être que verbiages inutiles, tout être humain mérite considération et celà ne se négocie pas ! 

Christian Morisot

Signature MOMO


Traduction

aa
 

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