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Des moyens de la stratégie …à la stratégie de nos moyens

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Revoir la stratégie de Défense. Le sujet est à la mode.

Au moment où nos unités s’apprêtent à plier bagages, après 10 années de présence en Afghanistan, où l’on fait le bilan politique et militaire de l’opération Libye dont l’une des conséquences est l’ouverture d’un nouveau « Front » islamiste dans l’Afrique sahélienne, où l’on s’interroge sur l’opportunité d’intervenir en Syrie, où l’on prépare un nouveau « Livre Blanc », on cause, dans les Etats-majors et les salles de rédaction.

Derrière ces réflexions, un double souci : le premier est financier. Avons-nous encore les moyens d’une politique d’intervention lourde et tous azimuts ? Le second est politique et médiatique : comment éviter les pertes humaines douloureusement ressenties par une société surinformée, dans des opérations dont l’opinion formée à la culture de la défense du territoire national ne comprend pas nécessairement la justification.

« On grogne dans les casernes… »

Le dernier Bulletin de l’ASAF rappelle que l’effort de Défense nationale ne présente plus que 1,6 % du PIB 5% aux USA) et a été divisé par 2, en 30 ans. Les seuls intérêts annuels (50 milliards d’euros) de la Dette correspondent à plus d’une fois et demie le budget annuel des Armées.

La revue Jeune Afrique enfonce le clou. En dépit des assurances données par le nouveau Président de la République qui affirme que la Défense ne constituera pas une « variable d’ajustement », «on grogne dans les casernes »

En écho aux commentaires récents, dans notre bulletin, du Général Irastorza, Jeune Afrique évoque le vieillissement du matériel : « la plupart de nos soldats sont plus jeunes que les véhicules qu’ils pilotent », les ratés de la maintenance : pour réparer un véhicule, on enlève  une pièce dans un autre, la fonte des équipements : « 7000 poids lourds contre 11 000, il y a dix ans, « 254 chars, contre 400 », 330 hélicoptères contre 600 et il y aurait plus de canons autour du Musée des Invalides que dans l’armée d’active !

Quant aux effectifs, ils passeraient en moins de trois ans de 296 000 hommes à 225 000, dont 100 000 pour l’armée de terre.

Actions « coups de poing ? »

Face à cet état de choses, la tentation est grande, pour certains, de troquer l’absence de moyens contre une révision de la stratégie.

C’est, en particulier, ce que propose, le Contrôleur Général des Armées(CR) André Yché, dans « Le Point »

La France ne devrait intervenir que pour des interventions courtes, de moins de trois mois, sans pré-positionnement ou entretien de bases permanentes, sans les contraintes de relève qu’implique la présence durable sur le terrain.

L’auteur estime, en outre, qu’on ne saurait « utiliser les forces armées (hard power) de façon durable pour conquérir les esprits et les cœurs » conquête qui est du ressort d’autres leviers (soft power).

Cette option à la britannique, a certes un avantage budgétaire. Elle ne tient, cependant, pas compte des contraintes géopolitiques que supposent, par exemple, les choix historiques en faveur de la coopération franco-africaine œuvre de longue haleine en faveur d’Etats qui restent fragiles, ainsi que le souligne l’ASAF.

Supprimer les forces terrestres ?

De son coté, notre Président, Jean-Claude Thomann, dans un article du Monde (du 16 07 2012) évoque la nouvelle « doctrine » qui se fait jour dans certains cercles, provoquée, là encore, par la nécessité de redéfinir les attributions des forces armées, à la fois, en termes de moyens financiers et de missions.

On passerait, ainsi de la projection de forces par un engagement au sol à une « projection de puissance » représenté par l’utilisation quasi exclusive des frappes aériennes.

On peut y voir deux avantages :

- Limitation maximale de la prise de risque

- Priorité budgétaire aux capacités aériennes et aéronavales, » sanctuaires de la haute technologie », moteurs d’une industrie qu’il importe de soutenir en raison de son impact économique.

Ainsi a-t-on raisonné dans l’affaire libyenne, ainsi se sont engagés les Etats-Unis qui envisagent de tout concentrer sur cette option technologique, en s’appuyant, au sol, sur des forces terrestres « amies » ou favorables, elles-mêmes soutenues par des éléments des forces spéciales.

Jean Claude Thomann examine une telle orientation qui repose, selon lui, sur des analyses biaisées et ne constitue pas une « solution à notre problème d’adéquation entre ressources et moyens »

- Sur le plan opérationnel, la seule supériorité des feux n’a jamais permis de vaincre un adversaire résolu. Israël en a fait la douloureuse expérience au Liban

- Sans engagement au sol, il n’y a pas de contrôle réel de la situation et l’action des autorités politiques est tributaire du bon vouloir des forces terrestres autochtones soutenues, comme on l’a vu en Libye.

- Il n’y a pas non plus de possibilité de maîtriser le désordre consécutif aux bouleversements politiques inéluctables dans une région en crise, pas plus qu’on ne peut contrôler les transferts massifs d’armement d’une région à l’autre…

- Sur le plan des ressources humaines, cette option implique une augmentation du format des forces spéciales, dont la formation et l’équipement et la préparation sont des plus coûteuses.

- Sur le plan politique, notre siège au conseil de Sécurité de l’ONU est tributaire de notre capacité d’engager des forces terrestres dans les opérations de cette organisation.

Il rappelle, en outre, que nombre d’opérations extérieures relève du devoir d’ingérence humanitaire… Or, «  on ne fait pas de l’humanitaire avec un Rafale ! »

Par ailleurs, le caractère vague ou irréaliste des mandats émis par l’ONU, pour obtenir un consensus minimum au déclenchement d’une opération et la sous-estimation systématique des effectifs à engager sont autant de facteurs limitant le pouvoir de décision des forces sur le terrain.

Enfin le rétablissement la normalité dans une région en crise exige de la constance dans la durée et les opinions publiques occidentales, sont des plus versatiles…

La limitation de la prise de risque que va accroître ce que l’on appelé la judiciarisation des opérations ne peut qu’entraîner (cf. CR Général Irastorza) un usage restrictif des forces et de leur puissance de feu et mettre en cause la crédibilité de leur action.

Alors conclut le général Jean-Claude Thomann, « si nous n’avons plus le courage d’intervenir au sol, nous devons avoir le courage de supprimer nos forces terrestres… »

« Mais il faudra en mesurer toutes les conséquences pour le rang de notre pays et celui de l’Europe. »

A ces observations, répond celles, récentes, du Général Jean Fleury, ancien Chef d’Etat Major de l’Armée de l’Air dans le « Monde », à propos d’une intervention aérienne susceptible de créer une zone d’exclusion en Syrie : « L’armée de l’air n’a plus les moyens de ses ambitions » : Les syriens alignent 500 avions de combat, super entraînés, dans la perspective d’une guerre contre Israël, soit deux fois plus que l’armée française….

Heureusement que Poutine et les Chinois nous retiennent de faire un malheur….

PB


Traduction

aa
 

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