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Syrie : Intervenir ou pas ?

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Lundi, 27 Août 2012 11:34
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par Henry-Jean FOURNIER, Officier général en 2e section

Malgré l'ambiance des vacances, peu d'entre nous auront échappé au matraquage médiatique concernant la situation en Syrie. Car les événements ne prennent pas de vacances, même lorsqu'ils se déroulent en plein ramadan, traditionnellement consacré, en terre d'Islam, au partage et à la spiritualité.

Dans la chaleur de l'été, les matamores du monde politico-médiatique n'ont en effet cessé de pousser notre pays à l'intervention, en faisant appel à la compassion et en s'appuyant sur l'ignorance de ceux qui les écoutent.

On ne peut en effet que compatir à toutes ces souffrances que l'on nous montre avec complaisance et insistance, à partir d'images à l'origine incertaine, soigneusement filtrées et fournies par des exilés syriens résidant à Paris. Et comme compassion rime avec passion, on a tôt fait de s'enflammer pour ceux qui souffrent et de vouer à l'enfer ceux qui les font souffrir.
Sans s'interroger sur les motivations des uns et des autres et se demander à qui profite le crime ?

Peu d'entre nous pourraient d'ailleurs répondre. Car peu d'entre nous connaissent l'histoire, la géographie, le peuple et la situation actuelle de ce pays. Peu de médias grand public prennent d'ailleurs le temps de nous informer, de nous apprendre ce que nous ignorons.
Et comme ignorance rime avec médisance, on a tôt fait de véhiculer des idées reçues et de prendre parti sans peser le pour et le contre.

Car enfin, de quoi s'agit-il ?

Un pays possédant une longue histoire, carrefour et berceau de civilisations anciennes, officiellement reconnu par la communauté internationale, acteur majeur de l'équilibre de sa région, est aujourd'hui dans une situation qui a toutes les apparences d'une guerre civile, vraisemblablement alimentée et soutenue par tous ceux qui ont intérêt à déstabiliser la région.
Le but officiel d'une intervention serait d'éliminer le dictateur qui exerce la responsabilité de ce pays. L'intention est généreuse et ne peut que recueillir l'approbation de tous ceux qui se laissent guider par une compassion matinée de droits de l'homme et de promotion de la démocratie.

Ce serait donc au nom de ces principes qu'il conviendrait d'intervenir, afin de permettre au peuple syrien de se libérer de son tyran.
Mais qui est le peuple syrien ? Que représente-t-il ?  Qui le représente ?
Autant de questions qui sont aujourd'hui sans réponse et qui le resteront encore longtemps.
Car la Syrie est un assemblage de communautés qui vivent certes sur un même territoire, mais qui ne partagent que peu de choses en commun, si ce n'est, comme tous les peuples, une commune aspiration à vivre en paix.
Ces communautés sont diverses : alaouite, chiite, chrétienne, druze, sunnite, par exemple.
Elles ont ceci de particulier de reposer sur l'appartenance à une religion.
Dès lors que l'une de ces religions mêle étroitement foi et loi, elle devient une menace pour toutes les autres. C'est le cas de l'islam sunnite ou de l'islam chiite.
La survie d'un tel pays repose alors sur un savant équilibre entre toutes ses composantes, de manière que la plus menaçante pour les autres, parce que la plus nombreuse démographiquement, ne puisse accéder à la législature suprême.

Cette situation est donc totalement antinomique de l'idéal démocrate tel que nous sommes censés le pratiquer en Occident.

Elle n'est pas spécifique de la Syrie. Tous les pays où l'islam est pratiqué par des fidèles suffisamment nombreux pour revendiquer la majorité électorale sont dans la même situation. Et à y regarder de près, les récentes évolutions des pays secoués par le printemps arabe traduisent sensiblement une situation identique, cependant atténuée par la longue emprise de l'islam dans la plupart de ces pays. Les minorités berbères, juives ou chrétiennes du nord de l'Afrique l'ont déjà éprouvée par le passé. Les communautés appartenant à d'autres religions n'y ont guère de droits.

Dès lors, on peut se demander si la démocratie est compatible avec une religion d'état lorsque celle-ci présente pour caractéristique principale un manque certain de tolérance et un mélange constant entre la pratique d'une foi individuelle et le cadre légal nécessaire à toute vie en communauté au sein d'une même nation.
D'autant que pour un musulman, il n'existe de nation que celle de l'ensemble de la communauté musulmane, l'Oumma, supérieure à toute notion d’État et de frontière territoriale.

C'est pourquoi il n'est pas possible d'intervenir en Syrie, ni d'ailleurs dans aucun autre pays musulman. Notre conception de la démocratie et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est incompréhensible à leurs peuples, contrairement à ce que veulent faire croire certains de leurs représentants auto-désignés, réfugiés (et parfois formés) en France. Et qui s'empresseront, tel autrefois l'ayatollah Khomeyni, d'oublier ces principes dès leur arrivée au pouvoir dans leur pays, pour créer une théocratie.

Car intervenir militairement en Syrie pour y établir la démocratie selon nos normes reviendrait, au cas où nous y parviendrions (ce qui n'est pas du tout certain), à permettre à la majorité sunnite de prendre le pouvoir, d'établir un régime politique ayant pour fondement l'islam et pour conséquences le ravalement des autres communautés au rang de citoyens de seconde zone, victimes de toutes les brimades recommandées par l'islam envers les infidèles, même lorsqu'ils appartiennent à une famille proche. Les conflits permanents entre sunnites et chiites sont là pour nous le rappeler.

L’occident et la France n'ont donc aucun rôle militaire à jouer en Syrie.
Ils peuvent en revanche, intervenir auprès de l'ONU pour que cette organisation, dûment mandatée par ses membres, tente de faire cesser les affrontements et permette le rétablissement d'un climat de paix. Ce qui supposerait d'identifier au préalable, puis de neutraliser, par la diplomatie, l'économie ou, en dernier recours, la force armée, ceux qui ont intérêt à déstabiliser la Syrie.
On saurait ainsi à qui profite le crime dont nous sommes aujourd'hui les témoins.

Henry-Jean FOURNIER

Traduction

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