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La France semble avoir consciencieusement abandonné le terrain à Djibouti

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Publié le 30 novembre 2016

 

Le secrétaire d’État français chargé des Relations avec le Parlement répondait à l’invitation d’Ali Hassan Bahdon, le ministre djiboutien de la Défense et des Relations avec le Parlement, pour une visite de travail de quarante-huit heures, avant de s’envoler à nouveau directement vers Paris. Sans passer par la case éthiopienne, contrairement à Jean-Yves Le Drian, dernier officiel français à avoir fait le déplacement à Djibouti, en juillet 2015, après avoir reporté deux fois sa venue.

Le ministre de la Défense, lui aussi en visite pour moins de quarante-huit heures, n’avait alors pas pu s’empêcher de rendre une visite de courtoisie aux autorités éthiopiennes. Ce qui avait passablement agacé les Djiboutiens.

Comme si les liens séculaires tissés entre la France et la petite république ne pouvaient justifier à eux seuls le voyage d’un membre du gouvernement français. D’autant que Djibouti attendait ce déplacement depuis plus de quatre ans, c’est-à-dire depuis qu’Henri de Raincourt, à l’époque ministre chargé de la Coopération, avait assisté à l’investiture d’Ismaïl Omar Guelleh, alors fraîchement réélu pour un troisième mandat.

Le dernier président français à avoir visité le golfe d’Aden, un soir de janvier 2010, s’appelle Nicolas Sarkozy. Fidèle à son style, l’ancien chef de l’État n’avait même pas passé une heure complète en compagnie de son homologue djiboutien avant de rentrer à Paris. Juste le temps de parler des dossiers qui fâchent, comme celui de l’affaire du juge Borrel ou de la réaffectation, prévue un an plus tard, de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère (DBLE) à Abu Dhabi. Après quarante-neuf années de présence à Djibouti, le départ des bérets verts sonne alors comme un symbole des nouvelles amitiés et priorités de Paris dans la région.

Quel contraste avec le ballet diplomatico-militaire des autres puissances à Djibouti ! Pendant que la France y espaçait ses visites et réduisait son contingent, les autres partenaires du pays y renforçaient leur présence.

Le plus vexant, pour les Djiboutiens, c’est encore de voir le désintérêt quasi général des acteurs économiques français

Du Japonais Shinzo Abe, en 2013, au vice-président chinois, Li Yuancho, il y a quelques jours, en passant par le secrétaire d’État américain, John Kerry, ou encore le président turc, Erdogan, en 2015, les responsables politiques de haut niveau se succèdent au palais présidentiel. Les GI sont aujourd’hui plus nombreux que les soldats des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj). Et, depuis 2008, quelques centaines de Japonais, d’Allemands, d’Italiens et d’Espagnols y sont positionnés à l’année – officiellement pour lutter contre la piraterie le long des côtes somaliennes. En attendant l’arrivée des troupes chinoises début 2017. Et peut-être russes et indiennes à plus long terme.

Le plus vexant, pour les Djiboutiens, c’est encore de voir le désintérêt quasi général des acteurs économiques français, au moment où le pays se construit – au sens propre – un nouvel avenir, grâce aux milliards investis par la Chine, mais aussi par le Japon, le Brésil, la Turquie, le Royaume-Uni…

Lors de son entretien avec le président Guelleh, auquel on ne peut reprocher la moindre attitude antifrançaise, Jean-Marie Le Guen a formulé « le vœu de voir les entreprises françaises s’investir à Djibouti ». Elles vont devoir se dépêcher pour rattraper le retard pris ces dernières années face à leurs concurrentes éthiopiennes, émiraties, sud-africaines, etc. Et même la langue française commence à être malmenée dans les rues de la vieille ville au profit de l’anglais, de l’arabe et de l’amharique. En attendant le mandarin ? Incontournable il y a encore dix ans, la France semble avoir consciencieusement abandonné le terrain. Oubliant que la nature a horreur du vide.

Olivier Caslin


Traduction

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