30/07/2015
Pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, Gérard Simmat et Jean-Marie Augustin nous font vivre Poitiers en 1915. Deux frères se retrouvent, l'un Français, l'autre Allemand...
Le camp de La Chauvinerie a été, ces jours derniers, le théâtre d'une scène romanesque liée aux circonstances de la guerre. M. K., adjudant au 125e d'infanterie, est né en Allemagne et a servi dans les rangs de la Légion étrangère avant de rejoindre le régiment poitevin. Blessé au front, il est revenu à Poitiers pour travailler au dépôt. Alors qu'il commandait une corvée composée de soldats français au camp de La Chauvinerie, il s'est trouvé en contact avec une corvée de prisonniers sous les ordres d'un de leurs adjudants.
Né en Allemagne et devenu adjudant français
Trouvant que le sous-officier teuton n'avait pas pris une attitude suffisamment polie à son égard, l'adjudant français lui en fit l'observation. L'Allemand lui répliqua qu'étant lui aussi adjudant, il ne lui devait aucun honneur.
Devant une telle attitude, M. K. se fâcha et demanda son nom à son interlocuteur afin de le faire réprimander. Grande fut l'émotion de l'adjudant français en entendant l'Allemand lui donner le même nom que le sien. Saisi d'un pressentiment, il lui demanda alors les noms de son pays, de son père, de sa mère et d'autres membres de sa famille. L'adjudant teuton obéit; il nomma tout le monde en déclarant que l'un de ses frères était parti depuis longtemps et qu'on ne savait pas ce qu'il était devenu.
« Eh bien! Celui-là, c'est moi! », s'écria l'adjudant français.
Grades identiques
M. K. venait en effet de retrouver l'un de ses frères, ayant le même grade que lui dans l'armée du Kaiser. L'Avenir de la Vienne, dans son numéro du 27 juillet 1915, ajoute que « les propos échangés entre les deux frères furent plutôt froids et l'on dit même que l'adjudant français passa quelque chose à son frère ».