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A Kolwezi, le rêve congolais inassouvi d'un vieux "dinosaure" belge

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21 Juil. 2015

"J'avais 9 ou 10 ans et je disais déjà que je vivrais au Congo." Ce rêve d'enfant de Mons, en Belgique, Willem Boulanger l'a largement réalisé. À bientôt 83 ans il en caresse un autre, celui d'une réserve animalière près de Kolwezi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo.Grand, solide et à peine voûté par les années, le cheveu ras et la fine moustache blanche, M. Boulanger est un livre d'histoires.En près de 56 ans au Congo, il a vécu les remous de l'indépendance, pris part à la sécession du Katanga, vu les parachutistes français sauter sur Kolwezi, la grande cité minière de cette province, et également vécu, au début de la décennie 1990, les troubles qui allaient précipiter la fin du long règne du maréchal Mobutu sur ce qui s'appelait alors le Zaïre.En bermuda dans ses bottes de marche à lacets, il conte avec humour ses aventures et se souvient, enfant, d'avoir été bercé par les récits de missionnaires catholiques de retour du Congo belge.Son aventure africaine commence en 1959 : il répond à une offre d'emploi lue dans le journal et s'installe en septembre avec sa femme à Kolwezi. L'Union minière du Haut-Katanga (UMHK), la société belge qui exploite les gisements fabuleux de la "ceinture du cuivre" congolaise, l'a embauché et il y finira sa carrière.Très vite, Willem Boulanger apprend le swahili, la langue locale. "Il faut savoir s'intéresser (à la population), savoir cohabiter, comprendre leurs coutumes, respecter leurs croyances", dit-il.Il passe ses fins de semaine en brousse et se souvient de soirées au coin du feu "à discuter de tout et de rien" avec des anciens : "J'étais aux anges."Mais le 30 juin 1960, le Congo obtient son indépendance de la Belgique et des émeutes éclatent contre les anciens maîtres du pays, à Kinshasa et dans plusieurs autres villes. - Évacuations - Évacué quelques jours en Rhodésie du Nord (aujourd'hui la Zambie), M. Boulanger est à peine rentré que le Katanga proclame son indépendance. Soutenue par les milieux d'affaires et politiques belges soucieux de garantir les intérêts de l'UMHK, l'aventure est condamnée par l'ONU, qui envoie une force de rétablissement de la paix.Ancien sous-lieutenant parachutiste, le jeune Boulanger est alors employé par l'Union minière pour "assurer la sécurité" : il raconte avoir miné des ponts et participé à des combats au sein de l'armée katangaise contre des Casques bleus tout en continuant ses sorties en brousse du dimanche.En 1963, la province rebelle est rattachée au Congo. Les soldats gouvernementaux "sont arrivés en conquérants", multipliant les barrages routiers et les extorsions, se rappelle M. Boulanger.Comme il entend continuer de se détendre le week-end, il fonde une base nautique sur un lac proche de Kolwezi auquel on peut accéder sans trop de tracasseries. L'afflux de gens privilégiés qui peuvent s'adonner au ski nautique profite au développement local. En remerciement, M. Boulanger sera fait "mwami" (chef coutumier) à titre honorifique.En mai 1978, les "Tigres katangais", rebelles opposés à Mobutu venus d'Angola prennent Kolwezi. Plusieurs centaines de civils sont tués. Les rebelles sonnent à sa porte. "Ils voulaient prendre ma Peugeot 504 mais je l'avais mise en panne", s'amuse-t-il, "ils ont pris le véhicule Gécamines" (le nom de l'UMHK après sa nationalisation en 1967).Le salut viendra quelques jours plus tard de la Légion étrangère française qui libérera les habitants terrorisés.Évacué en Belgique, M. Boulanger revient vite, mais sans ses deux enfants ni sa femme, qui ne veut plus entendre parler du Congo. Il y refera sa vie avec une Congolaise dont il a eu une fille. - 'Terre bénie' - "Le Congo a été une terre bénie pour moi", reconnaît M. Boulanger, un des rares Belges à être resté à Kolwezi, dont il dit être "un des derniers vieux dinosaures".Devant sa maison stationne un vieux Land Rover avec lequel il a traversé le pays d'ouest en est en 1985. Le 4x4 arbore un logo "Réserve de la Manika", le projet de parc animalier qui tient tant à c?ur à ce jeune octogénaire.Le "mwami" blanc a obtenu un bail de 25 ans renouvelable sur 16.000 hectares de savane herbeuse, où il compte réintroduire une vingtaine d'espèces de mammifères (zèbres, phacochères, gnous, girafes, léopards, guépards...) qui peuplaient naguère le plateau.Le bâtiment d'accueil des visiteurs, à quelques kilomètres de l'aéroport de Kolwezi, a été achevé en 2010, mais tout n'est pas fini.M. Boulanger et Guy Mukonki, jeune chef d'entreprise local appelé à prendre la relève du projet, se concentrent sur 4.000 hectares qu'ils doivent absolument clore avant de réintroduire des animaux."Il faut 100.000 dollars" pour finir la clôture, explique M. Boulanger, qui dit avoir englouti une bonne part de ses économies dans son rêve.Au bord d'un étang artificiel, un petit "lodge" attend ses clients. Ou plutôt attendait, car à peine fini, il vient d'être détruit par un incendie vraisemblablement criminel. Non découragé, M. Boulanger prévoit sa reconstruction avec une protection ignifuge."On peut tout faire ici", s'enthousiasme-t-il, imaginant une montgolfière pour survoler la réserve ou une petite terrasse sur pilotis au milieu de l'étang où l'on siroterait un verre après une journée de brousse.Il ne lui manque que des partenaires ayant suffisamment le goût du risque pour investir au Congo.


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