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Pour l’honneur de la Légion

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le 25/11/2014

Clément Launay porte dans ses mains son CV militaire, « celui qu’on accroche sur la poitrine ». Photo Ch. R.

Originaire de La Guiche, où vivent ses parents, Clément Launay a dirigé 150 légionnaires dans les montagnes du Mali, pendant l’opération Serval. À 31 ans, il a reçu la Légion d’honneur.

Après l’école de Saint-Cyr et le choix de l’infanterie, pourquoi avoir opté pour la Légion étrangère ?

Je trouvais extraordinaire que des hommes des quatre coins du monde viennent servir la France. Il y avait autant de raisons que de légionnaires. Parmi eux, nous étions les Français, les garants de la loyauté de la troupe. Comme chef de section, je les formais pendant quatre mois dans le savoir-faire et le savoir être. Il n’y avait pas qu’une dimension militaire, il fallait apprendre à des hommes qui n’avaient rien en commun à vivre ensemble.

Avez-vous déjà perdu un de vos hommes ?

En 2010, j’ai perdu un de mes hommes dans la vallée de Kapisa, en Afghanistan, les montagnes à l’est de Kaboul, où nous exécutions une mission de contrôle de zone. Un jour, nous avons été au contact et un légionnaire slovaque est mort. C’était assez rare là-bas, pour des opérations très rôdées, préparées. La nation est reconnaissante, ils reçoivent un hommage aux Invalides, mais on les oublie vite. Tous les ans, j’envoie des fleurs.

En 2013, vous êtes parti au Mali. Comment s’est passé l’engagement de votre régiment de Calvi ?

On a reçu une « Alerte guépard » fin 2012 pour la Centrafrique, c’est-à-dire que nous étions prêts à partir à tout moment. On prépare la logistique, les hommes, on vérifie les vaccins, etc. Les soldats préviennent leur famille. C’est de l’adrénaline, même si on est préparé. Comme un pompier qui risque d’être appelé en intervention. Sauf que nous, c’est dans le monde entier. Les alertes s’arrêtent, puis reviennent. On attend l’arme aux pieds.

C’est comme ça que vous êtes parti au Mali ?

Le 21 janvier 2013, nous étions en alerte. Cette fois, c’était la bonne. Nous avons rejoint Abidjan, en Côte d’Ivoire, pour une opération aéroportée sur Tombouctou. Le président de la République voulait porter une atteinte forte aux rebelles en reprenant cette ville symbolique sur le fleuve Niger. Nous devions être parachutés dans le désert et clairement aller les déloger. Les terroristes ont fui avant notre arrivée, il n’y a a pas eu de confrontation directe. C’est mieux. Il n’y a pas de plus belle guerre que de l’emporter sans verser le sang.

Votre mission sur place n’était pas terminée. Votre compagnie a été sollicitée pour l’opération Serval…

Les rebelles sont allés se réfugier dans les montagnes, l’Adrar des Ifoghas, leur repère. Notre président a ordonné d’aller les chercher là-bas pour détruire leur potentiel humain, matériel et psychique. L’opération a duré deux fois dix jours et notre troupe en faisait partie. Nous avancions à pied dans les montagnes, dans des conditions très difficiles, avec des règles d’engagement très claires. Il n’y avait aucune autre population locale.

Comment s’est déroulée l’opération ?

En tant que chef, on organise la force pour contenir la violence au niveau le plus bas. Nous nous savons très puissants et nous limitons notre force. Nous avons surpris des troupes très organisées et armées. Certains de leurs chefs ont été tués pour les désorganiser. Nous sommes formés pour cela, nous avons été très procéduriers : beaucoup de reconnaissances, de prudence et aussi d’audace. Je n’ai perdu aucun soldat là-bas. Après la mission, nous sommes restés pour aider l’armée malienne à reprendre le dessus, à recréer des conditions de vie. Des troupes françaises y sont encore dans ce but.

Quel recul avez-vous aujourd’hui ? Comment s’est passé votre retour en France ?

Je suis rentré en avril 2013. J’ai eu deux semaines de permission durant lesquelles j’ai pu rencontrer ma dernière fille, alors âgée de 3 mois. Je suis retourné au 2e REP et nous avons repris l’entraînement. J’ai vécu des conditions extrêmes que tous les militaires ne rencontrent pas dans une carrière. J’étais entraîné pour et j’ai appliqué tout ce que j’ai appris à Saint-Cyr, ce n’est pas exceptionnel, d’autres l’ont fait. Mais voir la peur changer de camp, avoir eu ce contact avec la population locale… Je suis peut-être un peu angélique mais j’ai l’impression d’avoir fait une guerre juste. Je ressens un sentiment d’accomplissement.

C’est suite à cette opération que vous avez été décoré de la Légion d’honneur, le 13 juillet…

Une dizaine de capitaines l’a été, j’étais de ceux-là. De nombreuses nations ont salué cette intervention française au Mali. Généralement, un militaire la reçoit vers 40 ans, après avoir servi une vingtaine d’années, c’est assez naturel. Là, c’était exceptionnel. Je suis sans doute l’un des plus jeunes décorés à ce jour.

Vous avez quitté cet été le 2e REP de Calvi…

J’ai rejoint le centre d’entraînement tactique de Mailly-le-Camp, dans l’Aube, où j’ai été affecté pour partager mon expérience. Je ne pars plus en opération pour l’instant.


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