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Burkina-Faso: un nouveau gâchis africain

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Vendredi 07 Novembre 2014

Burkina-Faso: un nouveau gâchis africain.

Analyse. Le coup d’État à Ouagadougou peut fragiliser le dispositif français au Sahel. Comment en est-on arrivé là ? Analyse d’Emmanuel Beth, ancien ambassadeur de France au “pays des hommes intègres”.

Saint-cyrien, le général Emmanuel Beth est un familier de l’Afrique sahélienne par sa double carrière militaire (dans la Légion étrangère) et diplomatique. Ancien commandant de la 11e brigade parachutiste et de la force Licorne en Côte d’Ivoire, il a dirigé la coopération militaire au ministère des Affaires étrangères, de 2006 à 2010, avant d’être nommé ambassadeur au Burkina Faso (2010 à 2013). Il livre en exclusivité à Valeurs actuelles son analyse de la situation dégradée de ce pays qui vient de renverser le président Blaise Compaoré, au pouvoir durant vingt-sept ans.

Malgré l’entrée en fonction d’une junte militaire à Ouagadougou, la déstabilisation du Burkina Faso menace-t-elle le dispositif français au Sahel ?

Non, si une solution de sortie de crise est rapidement trouvée. Le déploiement diversifié des 3 000 éléments français de l’opération Barkhane se matérialise et s’équilibre sur l’ensemble des pays de la zone sahélienne. La vraie question porte sur la capacité du Burkina Faso à surmonter et à dépasser cette crise. Si le chaos se généralisait, cette affaire pourrait ramener le pays dix ou vingt ans en arrière. Quel gâchis !

Cette évolution brutale était-elle prévisible ?

La question de la révision de l’article 37 de la Constitution relatif à la limitation des mandats présidentiels a focalisé les griefs de la population des villes, de la société civile et de l’opposition. Les revendications liées à la pauvreté, au chômage, à l’insuffisante redistribution des richesses avaient toutes pour mode d’expression ce questionnement sur l’article 37. Les crispations autour de ce sujet ont été le moteur de la détonation.

Quelles sont les autres causes, plus profondes ?

La nature et la portée de l’insurrection peuvent être en grande partie expliquées à partir de quelques éléments : l’évaluation insuffisante par le parti majoritaire du réel blocage populaire sur la révision constitutionnelle ; l’aveuglement des autorités du fait d’une (trop ? ) grande longévité au pouvoir ; un certain éloignement des préoccupations et des revendications des citoyens ; le poids de l’environnement familial et politique, qui pousse à cacher à l’autorité en place la réalité de la situation. En privé, Blaise Compaoré ne cachait pas aussi une certaine lassitude.

Les difficultés économiques ont-elles aggravé la situation ?

Le chômage des jeunes (50 % de la population a moins de 16 ans), le maintien d’une certaine pauvreté alors que le pays connaissait un réel développement économique, l’interaction avec les conflits frappant les pays voisins ont pu fédérer les revendications politiques de l’opposition et la capacité révolutionnaire d’une jeunesse à juste titre insatisfaite. Les dirigeants des partis d’opposition n’ont sans doute pas maîtrisé l’évolution de la situation. Il leur appartient désormais de la reprendre la main, en n’écartant pas, si nécessaire, un lien avec les autorités militaires pour le retour à l’ordre public. Le problème est que l’opposition n’avait aucun projet politique, ce qui pose un problème pour l’avenir.

Le Burkina Faso n’était-il pas un modèle de stabilité dans la région, avec un pouvoir fort depuis vingt-sept ans ?

C’est vrai. Blaise Compaoré était devenu incontournable dans la gestion de plusieurs crises régionales : au Sahel, en Côte d’Ivoire, au Niger, en Guinée Conakry, au Togo. Il était un médiateur reconnu, bien que souvent critiqué.

Ce gâchis dont vous parlez est-il irrémédiable ?

La culture et l’identité du pays sont plutôt portées vers le dialogue, la tolérance, la convivialité. Cela se traduit par une réelle capacité de négociations et par le souci d’éviter la montée aux extrêmes. La société civile, notamment les autorités religieuses et coutumières, joue un rôle significatif. La liberté de la presse et d’expression est une réalité. Les grands bailleurs internationaux considéraient le Burkina Faso, où se trouvent quelque 3 500 ressortissants français, comme un partenaire parmi les plus fiables.


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