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Dijon est libre, Dijon respire

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Jeudi 11 sept 2014

Aujourd’hui, la capitale bourguignonne fête les 70 ans de sa libération. Une délivrance que les Dijonnais auront attendue quatre longues années.

Le 6 juin 1944 les forces alliées débarquent massivement sur les côtes normandes. Malgré une résistance solide de l’occupant, la progression est rapide. Deux mois plus tard, le 15 août, le Sud-Est de la France est investi par les troupes libératrices. À la tête de la 1re Armée française Le général de Lattre de Tassigny. Sa mission est de libérer au plus vite les grandes villes du Sud et de remonter rapidement la vallée du Rhône. La jonction de ses hommes et de la Division Leclerc doit se faire au nord de Dijon, à Nod-Sur-Seine. La 1re Armée progresse au-delà de toutes les prévisions de l’état-major. De Lattre parcourt 500 kilomètres en moins de deux semaines. 

La répression

À Dijon, malgré tous les efforts de la presse collaborationniste pour minimiser  l’irrésistible progression des alliés, l’annonce de ces débarquements ne passe pas inaperçue. Après cinquante et un mois d’occupation, la nervosité est palpable, l’impatience grandissante. La résistance sent bien que le vent tourne. Les occupants et leurs amis aussi, mais pas à leur avantage.

Le 7 février 1944, le Kampfkommandant de Dijon fait placarder des affiches sur les murs de Dijon. Un couvre-feu est instauré.

Le 7 février 1944, le Kampfkommandant de Dijon fait placarder des affiches sur les murs de Dijon. Un couvre-feu est instauré.

Depuis fin mars, les bombardements se sont multipliés dans le ciel dijonnais. Le 28 mars, 100 tonnes de bombes sont lâchées sur la ville. Les dégâts ce jour-là sont pour l’essentiel matériels. Le 6 juillet, les obus américains endommagent sérieusement la gare SNCF de Perrigny. Les populations civiles n’en sortent pas indemnes : 67 morts et 57 blessés. Les autorités invitent les habitants dont « l’activité n’est pas nécessaire à la vie publique à s’éloigner de la ville ». Un conseil peu suivi. Ils ne seront en effet que quelques centaines à se réfugier hors de la cité. Ce sont finalement des miliciens légitimement inquiets pour leur avenir qui fuiront la ville en catimini.

Malgré des assauts aériens dévastateurs, les Allemands et la poignée de  miliciens encore présents ne relâchent en rien leur étreinte sur les habitants. Entre juin et août les exactions, rafles et autres arrestations sommaires se multiplient : le 26 juin,  10 ouvriers de l’usine Pétolat sont condamnés à mort et exécutés au stand Montmuzard. En août, une vingtaine de patriotes sont abattus dans les bois environnants sans aucune forme de procès. La Résistance rend coup pour coup. Début juin le secrétaire du consulat d’Italie et sa maîtresse sont abattus dans leur voiture à deux pas de leur domicile rue de Montmartre. Un peu plus tard deux miliciens sont enlevés au pont des Tanneries et exécutés le lendemain à la ferme du Leuzeu, près de Fleurey-sur-Ouche.

La fuite

Dans la journée et la soirée du 10 septembre, les troupes allemandes abandonnent la ville.

Dans la journée et la soirée du 10 septembre, les troupes allemandes abandonnent la ville.

Fin août l’ambiance est devenue irrespirable pour les Allemands. Le repli vers l’Est s’impose. Dans un premier temps du moins pour les services administratifs. La Gestapo, installée rue du docteur Chaussier, met les voiles pour Belfort, ayant pris soin au passage de brûler les archives de la ville. L’Abwehr, (ndlr : les services secrets) prend, quant à elle, la route de Gérardmer. Le 6 septembre Dijon cesse de dépendre de l’administration militaire allemande. Le lendemain,  les murs de la ville sont placardés d’affiches signées du Kampfkommandant. L’avis annonce  l’instauration d’un couvre-feu, l’interdiction d’attroupements de plus de deux personnes et précise que « les troupes ont reçu l’ordre d’utiliser l’arme en cas d’infraction aux prescriptions du présent avis ».

Dans une thèse publiée en 1990 (ndlr : Une ville française sous l’occupation : Dijon 1940-1944) l’historien Pierre Gounand relate les manœuvres de la 1re DB aux portes de Dijon : « Le 9 au soir le général du Vigier entreprend l’encerclement de la ville, en portant ses efforts sur le secteur ouest reconnu d’accès aisé par l’emprunt des petites routes de la montagne dijonnaise. Le Combat Command du général Sudre est engagé au centre sur l’axe Nuits-Saint-Georges Chenôve. À l’est, le Combat Command du colonel Kientz reçoit la mission d’atteindre le canal de Bourgogne. À l’ouest, le groupement du colonel Desazars reçoit la mission dans un premier temps d’occuper Fleurey et Plombières, dans un deuxième temps de pénétrer dans la ville par les Nationales 5 et 71 ». Les opérations se déroulent  comme prévu. Seules les troupes du colonel Desazars se heurtent à un foyer de résistance à hauteur de Talant. Les soldats de la Wehrmacht savent que l’affaire est pliée et entament leur retraite à l’est dans une confusion des plus totales. Histoire de retarder l’échéance, ils dynamitent la gare de Dijon, le pont Eiffel et les ouvrages sur la voie ferrée menant à Paris.

La Libération

Les légionnaires de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère lors du défilé de la Libération de Dijon, entre la place Darcy et l'Hôtel de ville.

Les légionnaires de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère lors du défilé de la Libération de Dijon, entre la place Darcy et l’Hôtel de ville.

Le 11 septembre les troupes françaises et les FFI entrent dans une ville abandonnée par l’ennemi. Pierre Gounand raconte : « Les cloches sonnent à toute volée, des drapeaux confectionnés en toute hâte flottent bientôt aux fenêtres. Les libérateurs sont accueillis par une foule en liesse ; elle leur jette des fleurs et leur offre des cigarettes et des bouteilles de vin. Un témoin se souvient : « L’après midi tout Dijon se trouvait dans les rues ; en particulier la rue de la Liberté ne pouvait contenir la foule qui clamait son enthousiasme et montrait une joie débordante… Tout le monde était devenu subitement patriote, et tel qui en mai, lors de la visite du Maréchal avait failli perdre le souffle en criant vive Pétain, s’époumonait à hurler vive De Gaulle ». Au milieu des héros libérateurs, le chanoine Kir, futur maire de Dijon. Exilé en Haute-Marne depuis un attentat loupé le visant en janvier 1944, il avait rejoint discrètement le 10 septembre la capitale bourguignonne.

Les jours suivants, les autorités militaires sont accueillies en grande pompe. Le général de Monsabert le 13 septembre, De Lattre de Tassigny deux jours plus tard. Le 24 octobre, Charles de Gaulle se déplacera en personne. Face à un auditoire médusé, il déclare : « Dijon n’a jamais failli. »
Accusé de collaborationnisme, le commissaire Jacques Marsac est lynché par la foule en février 1945.

Accusé de collaborationnisme, le commissaire Jacques Marsac est lynché par la foule en février 1945.

L’euphorie retombée, les heures bien moins glorieuses de l’épuration viennent ternir le tableau. La justice populaire se déchaîne. Femmes tondues, passages à tabac et exécutions se multiplient. Début février 1945, le commissaire Jacques Marsac, collabo notoire est lynché sur le perron de maison d’arrêt de la rue d’Auxonne. Son corps sera traîné dans les rues avant d’être accroché aux grilles du Palais des Ducs. Punition de la même veine pour ce couple un peu trop proche de l’ennemi, abattu un mois plus tôt rue Charles Dumont. La nouvelle administration mettra plusieurs mois avant de mettre un terme à ces débordements en rétablissant le cours normal de la justice.


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