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Nu et paysage de Nicolas de Staël, du Havre à Antibes

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Lundi, 11 Août, 2014

Découverte au musée Picasso d’Antibes, par le biais d’une étonnante série de nus, parfois inédits, des talents de dessinateur de ce maître de la couleur qui s’est suicidé en pleine ascension créatrice. Au Havre, le musée Malraux s’est tourné vers ses paysages avec de subtiles correspondances.

De la révolution bolchevique dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg, future Leningrad, le petit Nicolas de Staël von Holstein, qui aurait eu cent ans cette année, n’aurait eu gravé dans sa mémoire, selon son biographe Laurent Greilsamer, qu’une « flaque écarlate », souvenir brûlant de cette nuit sanglante du 13 mars 1917 durant laquelle son aristocrate et général de père l’a exfiltré, avec ses deux sœurs, de la forteresse Pierre-et-Paul, la « bastille tsariste » qu’il commandait. Trente-huit ans plus tard, presque jour pour jour, le grand Staël étale sur le haut d’une toile gigantesque une grande flaque écarlate, et sous ce ciel rougeoyant, peint son fulgurant chef-d’œuvre, le Concert. Deux jours après, le 16 mars 1955, vers 22 heures, il ferme la porte de son atelier d’Antibes, grimpe les escaliers jusqu’à la terrasse de l’immeuble de la rue du Revely et jette son double mètre de peau et d’os dans le vide. La veille, son ami, le conservateur communiste du musée Picasso, Dor de la Souchère, l’avait pourtant photographié, souriant…

En perpétuelle recherche

Entre cette fuite traumatisante et ce suicide toujours inexpliqué, Staël a, dès le plus jeune âge, donné sa vie, obsessionnellement, à la peinture. Y compris pendant la guerre durant laquelle, après s’être engagé dans la légion étrangère, il se lie dans la région niçoise avec le pionnier de l’art abstrait, l’Italien Magnelli, tandis que son épouse Jeanine, qui, elle, vend des toiles, fait bouillir la marmite pour leur petite Anne. À la Libération, c’est une nouvelle génération de peintres abstraits qui enterre (en 1944) à Neuilly son dieu, Kandinsky, et qui profite des conseils de son parrain, l’inclassable Braque. Parmi eux, Staël, qui zigzague entre peinture figurative et abstraction, se fait remarquer, malgré une faible production en nombre, par la richesse visuelle de ses tableaux. Mais, en perpétuelle recherche, le peintre tourmenté peine à achever ses œuvres, en détruit de nombreuses, tandis que Picasso, alors au faîte de sa notoriété, poursuit sur la lancée de ses trouvailles permanentes. Les deux génies, au début des années 1950, vont avoir pour points communs leur installation à Antibes avec une nouvelle compagne, en l’occurrence Jeanne Mathieu pour Nicolas. C’est à cette époque que « le grand échalas slave », comme le surnomme Jean-Louis Andral, conservateur en chef du musée Picasso d’Antibes, « remplace le couteau qui le faisait maçonner ses couleurs par le pinceau, en brossant des formes fluides de paysages et de nus ». Dans le même temps, Staël, au grand dam de ses plus proches amis peintres, bascule définitivement dans le figuratif. Un tableau charnière (le Parc des Princes, 1952) ouvre, à juste titre, l’exposition (1). « Assistant au match de foot France-Suède, il a été subjugué par les contrastes de couleurs dans le stade et la puissance de la lumière des projecteurs. Avec ce tableau, il retourne à ce qu’il avait délaissé, la figuration », explique Jean-Louis Andral. Accompagnant la même année cette œuvre, deux Études de footballeurs, où figurent en bonne place les attributs virils des artistes du ballon rond, feront scandale dans la presse puritaine. Il s’ensuivra néanmoins pour Nicolas de Staël l’exécution d’une série de nus, mais pour la plupart féminins et assez pudiques au fond. Série parachevée, quelques semaines avant la mort du peintre, par le somptueux Nu couché bleu, dont on se demande toujours s’il figure une femme ou un paysage méditerranéen. Peut-être les deux à la fois , ce qui apparaît tout autant et inversement au musée Malraux du Havre. « En tout cas ce n’est pas Jeanne, car, malgré l’amour que Nicolas lui portait, elle ne fut pas son modèle », indique Jean-Louis Andral, pas peu fier de pouvoir présenter de nombreux dessins inédits, restaurés et encadrés par ses soins, dénichés au castelet familial de Ménerbes (Lubéron) que l’artiste avait acquis en 1953 pour se rapprocher de René Char, son ami de toujours. Autant de dessins, à l’encre de Chine et au fusain, qui rappellent certains travaux préparatoires d’un Matisse et même d’un Picasso, dont on peut, dans le même musée, admirer certaines œuvres de sa période azuréenne. Mais un étage au-dessus quand même…

Antibes (Alpes-Maritimes), 
envoyé spécial.


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