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La Grande Guerre du typographe Paul Caron

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5 août 2014

Paul Caron
Photo: Bibliothèque et Archives nationales du Québec Paul Caron

Typographe au Devoir, Paul Caron s’est engagé au sein de l’armée française dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il envoyait régulièrement ses écrits au journal, chronique dont le nom a varié au fil du temps, mais sa conviction de mener une guerre juste, elle, n’a jamais changé.


Nous publions ci-dessous des extraits de cinq de ces chroniques, qu’on peut lire en entier, telles que publiées il y a 100 ans, en cliquant sur les images. Y sont incluses sa première chronique, qui racontait Noël 1914, et sa dernière, consacrée à la Noël de 1916. Paul Caron mourra au combat en avril 1917.

Ironie du sort, il avait conclu sa dernière chronique par les mots suivants: «Je termine, en m’excusant d’être, cette année, si en retard pour offrir mes vœux du Nouvel An à mes amis Canadiens. Mais nombre d’entre entre eux, tous plutôt, lisent le Devoir, et ces lignes leur porteront l’expression tardive, mais sincère de mon souvenir fidèle. »

«Carnet d’un légionnaire: Noël en face de l’ennemi»
Le Devoir, le samedi 23 janvier 1915

Plus fortunés que nombre de nos camarades de l’armée française, nous avons pu fêter la Noël avec un certain luxe de décor et de victuailles — notre bataillon étant en repos ce jour-là. Quand je dis repos, je n’entends pas que nous ayons évacué le théâtre des hostilités et quitté la zone dangereuse. Nous avons tout simplement été remplacés dans les tranchées par un autre bataillon de notre régiment, et sommes venus, à quelque deux kilomètres en arrière, occuper son cantonnement. Et quel cantonnement ! En aval d’une petite colline, dans une forêt, quelques huttes creusées dans le sol et recouvertes de perches, branches, feuillages et sable… Des huttes de deux mètres de largeur, autant de hauteur, et la profondeur voulue pour hospitaliser une section de 54 hommes. Une vraie boîte à sardines, quoi !….

 

«Carnet d’un légionnaire»
Le Devoir, le samedi 20 mars 1915

Acteurs inconnus de cette grande tragédie qu’est la guerre présente, ceux qui auront aimé Marcus et ses camarades n’auront même pas la consolation de dire ce que l’on disait des soldats d’Austerlitz : « Ils étaient à telle bataille. » Il n’y a plus de batailles, c’est un embrasement général. Mourir le cœur troué par une balle ou une baïonnette ennemie, c’est triste, sans doute, mais au moins ce genre de mort se présente sous un aspect plus invitant, au moins on peut mesurer ses forces et son adresse personnelles avec celles de l’adversaire. Autre chose est de se faire occire à distance par un engin qui vous tombe dessus sans crier gare et contre lequel vous ne pouvez rien. C’est là l’épée de Damoclès constamment suspendue sur notre tête.

 

«Grimoire d’un lignard»
Le Devoir, le samedi 23 octobre 1915

Notons tout d’abord ceci que le paysan ou mieux, l’agriculteur français et sa famille sont habitués, dès les temps de paix, à loger, à certaines époques de l’année, lors des grandes manœuvres, par exemple, un certain nombre de militaires de passage dans leur localité. […] Mais en temps de paix, les troupes ne sont que de passage, elles ne font, chez l’habitant, que de courts séjours. Autre chose est, par exemple, d’avoir à loger pendant une année une quantité de militaires allant jusqu’à 40 et 50 par ferme — en passant, il est bien entendu que le soldat couche dans les granges — de voir les unités se remplacer périodiquement par d’autres et partant, d’avoir presque toujours affaire à de nouvelles figures.

 

«Bloc-notes d’un fourrier»
Le Devoir, le samedi 15 avril 1916

Dans ma dernière lettre, je notais au meilleur de ma connaissance les impressions qui m’étaient suggérées par la chute aux abords du village où nous sommes cantonnés d’une certaine quantité d’obus allemands. J’appréhendais aussi que les projectiles dont il était question […] seraient suivis de nombreux autres. Les faits sont venus depuis, et presque quotidiennement, confirmer mes prévisions. Les « marmites » de l’autre jour n’étaient, en effet, que le prodrome de bombardements plus intenses et très fréquents que le village de X n’a cessé de subir depuis. Heureusement, peu de coups portent, et jusqu’à ce jour, nous n’avons que d’insignifiantes pertes à enregistrer. Somme toute, les « boches » tirent assez mal. Toutefois, certaines de leurs marmites poussent parfois l’indiscrétion un peu loin, à preuve, celle qui, ce même jour de février, tombait sur l’habitation où nous avions notre bureau, provoquant un incendie que nous avons été impuissants à réduire avant qu’il eût accompli son œuvre destructrice.

 

«Propos d’un aspirant»
Le Devoir, le samedi 3 février 1917

À l’aube de 1917, le poilu n’a rien perdu de cette superbe confiance dans le succès qui, depuis les jours déjà lointains d’août 1914, ont, je ne dirai pas révélé au monde l’endurance du soldat français, car de toujours, le militaire français, qui n’a rien du mercenaire, a été à la hauteur des circonstances. Et tel on le trouvait à la veille de Noël 1914, on le retrouve en 1916. Peut-être a-t-il perdu un peu […] de sa fougueuse ardeur […], mais en revanche, il a gagné en stoïcisme, en patiente ténacité. […] [L]e poilu tiendra. Et tiendra jusqu’à la victoire finale.


Traduction

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