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Première Guerre mondiale: La neutralité du Grand-Duché violée

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De notre journaliste Fabienne Armborst

Il y a 100 ans, les troupes allemandes envahissaient le Grand-Duché. Malgré son statut de neutralité octroyé par le traité de Londres de 1867, le Luxembourg est entraîné dans la Grande Guerre.

Après le traité de Londres de 1839 qui reconnaît le Grand-Duché dans ses nouvelles frontières, le traité de Londres de 1867 lui octroie le statut d'un État perpétuellement neutre. Or la neutralité du Luxembourg n'empêchera pas que le pays soit entraîné dans la Première Guerre mondiale.

À la suite de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, le 28 juin 1914, le jeu des alliances plonge presque toute l'Europe dans la guerre.

Le 2 août 1914, les troupes allemandes envahissent le Grand-Duché. C'est par le nord que les premiers soldats allemands ont pénétré la veille, aux alentours de 19 h, sur le territoire luxembourgeois près de Troisvierges (Ëlwen). De là, les troupes allemandes procèdent à l'arrachage des voies ferrées jusqu'à la frontière, avant d'occuper l'ensemble du pays. La neutralité acquise par le traité de Londres (1867) est donc violée. Le gouvernement renonce à s'opposer, il choisit la protestation par la voie diplomatique.

C'est par la voix de Paul Eyschen (ministre d'État depuis 1888) qu'il proteste contre l'invasion allemande et, par là, la violation de la neutralité luxembourgeoise. Le chancelier allemand Theobald von Bethmann-Hollweg lui répond que l'invasion est due uniquement à des raisons militaires. Il ne s'agirait là aucunement d'un acte dirigé contre le Luxembourg, «pays ami», mais d'une mesure préventive visant à protéger l'Allemagne contre l'imminence d'une attaque militaire française.

Les volontaires luxembourgeois

Le 21 août 1914, la France (qui est entrée en guerre le 3 août) ouvre par un décret du ministre de la Guerre l'armée aux volontaires étrangers souhaitant s'engager comme volontaires. Le Luxembourg n'ayant pas d'armée, quelque 3 000 jeunes Luxembourgeois s'engagent en tant que volontaires dans la Légion étrangère. Il s'agit, entres autres, de jeunes Luxembourgeois qui travaillent à Paris ou qui font leur Tour de France, qui se retrouvent dans une atmosphère belligérante, loin de leur patrie envahie par les troupes allemandes. Ils ne peuvent pas rentrer au Grand-Duché. Une grande partie d'entre eux souhaite s'engager, autant pour défendre leur patrie occupée que par amour de la France.

Le coureur cycliste François Faber (1887-1915) est l'un des nombreux Luxembourgeois à s'être engagés en tant que volontaires dans la Légion étrangère. Or la majorité d'entre eux (plus de 2 850) tombent ou sont blessés durant la Grande Guerre. C'est d'ailleurs pour les volontaires luxembourgeois ayant servi dans les armées de l'Entente que sera érigé, après la guerre, le monument de souvenir la «Gëlle Fra», place de la Constitution à Luxembourg.

Retour au Grand-Duché envahi par les Allemands. Pendant quatre ans, le pays vivra sous un régime d'occupation. L'occupation se limite au domaine militaire, les Allemands ne touchant pas aux institutions de l'État luxembourgeois. La Grande-Duchesse, Marie-Adélaïde, et le gouvernement restent donc en place.

Maintien de la politique de «neutralité»

Le gouvernement décide de maintenir sa politique de neutralité. Une décision qui met toutefois tous les belligérants sur le même pied : l'Allemagne (qui occupe le Grand-Duché) et les Alliés. En septembre 1914, l'empereur allemand Guillaume II de Hohenzollern, séjournant au Luxembourg, est accueilli par la Grande-Duchesse au Palais grand-ducal. Ces compromissions ne seront toutefois pas sans conséquences pour l'après-guerre.

Les Alliés, dont la France, vont reprocher au Luxembourg sa politique de neutralité envers tous les belligérants. La Grande-Duchesse Marie-Adélaïde, accusée de germanophilie pour avoir entretenu des relations avec l'occupant pendant la guerre, finira par abdiquer en faveur de sa sœur, Charlotte.

Un ultimatum pour la Belgique

À la différence du Luxembourg, la Belgique neutre reçoit un ultimatum exigeant le libre passage des armées allemandes.

Le 2 août 1914, le roi des Belges, Albert 1er, reçoit avec stupéfaction et colère un ultimatum de l'Allemagne dans lequel Berlin exige le libre passage de ses armées à travers la Belgique neutre pour prévenir une offensive française.

Pourtant garante depuis 1830 de l'indépendance et de la neutralité de la Belgique, aux côtés notamment de l'Angleterre et de la France, l'Allemagne affirme contre toute évidence avoir la certitude que les forces françaises vont l'attaquer en passant par le royaume.

En fait, c'est le plan de guerre allemand établi de longue date qui prévoit d'attaquer à revers par la Belgique les forces française massées, plus au sud, sur la frontière allemande.

L'empire de Guillaume II prévient : si son petit voisin freine son avancée, «l'Allemagne sera obligée de considérer la Belgique en ennemie». Bruxelles a 12 heures pour répondre.

Pour le gouvernement belge, qui a tardé lors des années précédentes à renforcer son armée, espérant que sa neutralité lui permettrait d'échapper à un conflit, c'est la stupéfaction et la colère.

La Belgique entre en résistance

Le roi Albert, qui a des ascendances allemandes, se sent trahi. À 7 h, le lendemain matin, l'ultimatum est rejeté et la Belgique promet de se défendre de toutes ses forces.

Le 4 août, vers 8 h du matin, la IIe armée allemande fond sur Liège, première place forte belge sur sa route. Le même jour, le Royaume-Uni, pour qui la violation de la neutralité belge est inacceptable, déclare la guerre à l'Allemagne. Les garnisons et forts qui ceinturent Liège vont résister pendant plusieurs jours aux assauts de l'artillerie allemande.

La ville tombe le 16 août, mais sa résistance inattendue, qui exaspère Berlin, a retardé de quelques jours l'avancée d'une partie des forces allemandes, fournissant un petit répit précieux aux alliés français et britanniques.

À la fin de l'été, l'armée allemande a pris Namur, Mons et Bruxelles, commettant au passage des exactions qui coûteront la vie à quelque 6 500 civils et choqueront le monde occidental.

Chassée début octobre de la place forte d'Anvers où elle s'était retranchée, l'armée belge commandée par Albert 1er recule jusqu'aux côtes de la mer du Nord, au nord-ouest du pays. Le front stabilisé, le «roi chevalier» va rester pendant toute la guerre à la tête des troupes belges qui contrôlent la seule parcelle du territoire national restée libre, quelques centaines de kilomètres carrés entre l'Yser et la frontière française.

Mais il refusera jusqu'à la fin de participer aux grandes offensives alliées. Car, depuis l'ultimatum du 2 août 1914, son objectif n'a pas varié : défendre une stricte neutralité du royaume, considérée comme garante de son indépendance et de son intégrité territoriale.


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