Une vocation. C’est la réponse que tous deux donnent spontanément quand on leur demande pourquoi ils sont entrés dans l’armée. Marc Nusbaum et Priscilla Contin font partie du 121^e régiment du train de Monthléry, lui-même intégré à la brigade logistique de l’armée de Terre. Lundi 14 juillet, ils ont défilé devant le Président de la République sur les Champs-Elysées, au côté de 3751 autres soldats de l’armée française, sans compter les véhicules.

Défiler, une reconnaissance de la hiérarchie

Les deux soldats ont répété durant quatre jours sur le camp militaire de Satory, à Versailles, au côté des autres régiments et sous l’œil attentif du général Bazin. « Je suis fier de défiler, et fier de vivre dans un pays comme le nôtre », déclare calmement le sergent-chef Nusbaum, juste après avoir effectué sa toute première répétition du défilé. « A chaque fois que j’enfile mon uniforme, je repense à mon grand-père qui, venu de Pologne, s’est engagé dans la Légion étrangère pour défendre la France. » 

Priscilla, la jeune brigadier chef de 28 ans, qui regarde chaque année le défilé à la télévision, est tout aussi honorée d’avoir été choisie par ses supérieurs. « Je me suis portée volontaire et ma hiérarchie a accepté. J’ai hâte de défiler à mon tour dans les rangs. »

Marc en a conscience, être choisi pour participer au défilé est une reconnaissance de sa hiérarchie. « On peut compter sur lui, assure ainsi son ancien commandant, le lieutenant-colonel Delambertye. Il est responsable et digne de confiance dans les opérations qu’on lui confie. » Priscilla, elle, a dû doublement faire ses preuves en tant que femme. Les mains accrochées à son arme, le visage fermé, elle déclare de sa voix autoritaire : « De toute façon, je n’ai jamais été trop timide. J’ai vu dès le début qu’il fallait savoir s’imposer tout en sachant se faire respecter ».

Une vie au service des citoyens

Le quadragénaire en tenue camouflage est devenu réserviste après la Bosnie en 1993, sa femme lui ayant demandé d’arrêter sa carrière de militaire. Aujourd’hui, il suit un week-end par mois d’entraînement et assure deux missions Vigipirate de 15 jours par an.

A l’inverse, Priscilla est au début de sa carrière. Après avoir obtenu un BEP sanitaire et social, elle a choisi de s’engager comme brancardier secouriste et elle a immédiatement demandé à partir en mission à Nouméa. « On retrouve chez tous les soldats cette notion de responsabilité envers l’autre, explique le lieutenant-colonel Delambertye. Nombre d’entre eux s’engagent dans l’humanitaire ou des associations. » Un sens du devoir que Marc a traduit en d’autres termes. « Je suis maintenant adjoint au maire chargé du sport à Quincy-sous-Sénart. C’est une autre manière de me mettre au service des citoyens. » 

Priscilla, originaire de Bretagne, pense à ses parents qui la regarderont sûrement à la télévision. Lundi prochain, elle fermera la marche de son régiment. Une responsabilité que la jeune brigadière-chef prend très à coeur. Les mains tremblantes, elle confesse avoir peur de tomber sur les pavés mouillés des Champs Elysées. « Tout doit être parfait. On va tout de même défiler devant le Président ! »

Le sergent-chef Nusbaum ne laisse quant à lui rien paraître de son excitation. Mais on peut lire le sens du devoir traverser son regard franc et direct. « La valeur principale pour moi dans la vie, c’est le respect. Le respect pour les lois, pour sa famille, pour sa hiérarchie, et pour son pays. J’élève mes deux filles comme ça, mais je crois que je suis un peu trop autoritaire quelque fois », glisse t-il en esquissant un bref sourire.