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« Le Viet Minh n'a pas pu nous embrigader »

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Dinan - 28 Avril

Au premier plan à droite, le sergent-chef Salih Gusic, photographié le 14 juillet 1953 à Hanoï

Jean-Valéry HÉQUETTE.

Demain, on commémore les 60 ans de la défaite de Dien Bien Phu. Une blessure encore vive pour ceux qui en sont revenus. Témoignage d'un légionnaire qui a été emprisonné dans le terrible camp de Cho Chu.

Témoignage

Salih Gusic est un survivant. En 1947, le jeune homme de 20 ans quitte sa Yougoslavie natale pour s'engager dans la Légion étrangère. Après un entraînement intensif, « le meilleur du monde », il est envoyé avec le 2e bataillon de parachutistes en Indochine. Il y restera, entre combats et pacification, jusqu'à la fin de la guerre en 1954.

C'est ainsi qu'en mars 1954, au plus fort des assauts de l'armée Viet Minh, il est parachuté sur la cuvette de Dien Bien Phu. La situation est désespérée. Les obus pleuvent, les morts s'accumulent. Le 7 mai, le camp retranché tombe. Comme tous les survivants, le sergent-chef Salih Gusic est fait prisonnier. Mais le soir même, il s'évade avec cinq de ses camarades. « Nous voulions rejoindre le Laos. Mais après une semaine à crapahuter, le Viet Minh nous a rattrapés. »

Propagande

La punition est sévère. « Ils nous ont attaché les mains dans le dos, déchaussé et jeté dans un camion. » Direction le terrible camp de Cho Chu. Un camp pas comme les autres. Il sert de base au Tribunal militaire du Viet Minh. Les quarante-six prisonniers sont considérés comme des criminels de guerre. « Pour le Viet Minh, tout le monde était criminel de guerre. Il y avait bien des officiers supérieurs dans le camp mais aussi des sous-offs comme moi et même un infirmier qui pourtant avait soigné aussi soigné des soldats du Viet Minh. »

Les conditions de détention sont dures. « On avait une ration de riz par jour, juste de quoi survivre. C'est sûr que la convention de Genève n'était pas appliquée à la lettre. Comme j'étais spécialisé dans les transmissions radio, ils ont cru que j'étais un espion et ils m'ont mis à l'isolement. » Mais le plus difficile à supporter pour ces soldats aguerris, n'était pas les mauvais traitements. « Nous avons eu à subir leur propagande. Tous les jours ils nous répétaient les mêmes choses, prônaient les vertus du communisme. Ils ont voulu nous embrigader. Ils n'y sont pas parvenus. »

Profondément anticommuniste, Salih Gosic tient bon. « Ils ont voulu qu'on écrive à nos familles. C'est un vieux truc de la guerre psychologique. » Pas question de tomber dans le piège. « Avec l'encre qu'ils nous donnaient, j'ai fait un jeu d'échecs. Je jouais avec mon voisin de cellule. Ça nous permettait de nous meubler l'esprit, de ne pas craquer. »

Après deux mois de détention, Salih Gosic est transféré dans un autre camp de prisonnier. Avant d'être libéré en septembre 1954. Sur les 11 721 prisonniers de Dien Bien Phu, seulement 3 290 ont survécu. Les autres sont morts ou ont disparu.

Guerre coloniale ou idéologique ?

Demain, Salih Gosic sera présent à Dinan pour les commémorations des 60 ans de la chute de Dien Bien Phu. Pour qu'on se souvienne « de nos camarades morts en héros. » Et lorsqu'on lui parle de l'ambiguïté de commémorer une guerre coloniale difficilement défendable et qu'en plus la France a perdue assez piteusement, sa réponse est nette. « Il n'était plus question de colonialisme. On savait que le Vietnam allait inévitablement devenir indépendant. Nous étions là pour combattre les communistes. »

Aujourd'hui encore, le vieil homme reste persuadé que la guerre d'Indochine a empêché l'URSS d'envahir l'Europe. « En Indochine, nous étions dans leur dos. Tant que les Français et ensuite les Américains avaient des centaines de milliers de soldats dans la région, ils ont hésité à ouvrir un front vers l'Occident. Après, il était trop tard pour eux. » Les historiens en débattent encore.

La détention des soldats français a été racontée dans le livre Prisonniers du Viêt-minh : de Diên Biên Phu au Camp-Tribunal de Cho Chu, écrit par l'historien militaire Henri Ortholan, publié l'an dernier par le Pays de Dinan.


Traduction

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