Hélie Denoix de Saint Marc s’est éteint hier dans la Drôme. A 91 ans, cet homme qui a traversé le XXe siècle symbolisait les déchirements de la France, à la fois résistant et «soldat perdu» condamné à dix ans de réclusion criminelle après le putsch manqué d’Alger. «Je n’ai pas réussi dans la vie. Je ne suis pas un grand chanteur ou un grand industriel. Mais je crois avoir réussi ma vie», confiait-il à l’AFP en novembre 2011, à la veille de son élévation par Nicolas Sarkozy au rang de grand-croix de la Légion d’honneur. Résistant à 19 ans, déporté à 21 ans, il s’en sortira de justesse. Après la guerre, il avait rejoint la Légion étrangère et servi à trois reprises en Indochine, jusqu’en 1954. Commandant par intérim du Ier régiment étranger de parachutistes (REP) en Algérie, il s’était rallié en avril 1961 au putsch des généraux, hostiles à la politique du général de Gaulle. Condamné à dix ans de réclusion après l’échec du putsch, il avait été interné pendant cinq ans, avant d’être gracié en décembre 1966. Réhabilité en 1978, il était sorti de son silence en 1995 dans ses mémoires, les Champs de la braise, écrits par Laurent Beccaria (prix Femina de l’essai). Suivront une dizaine d’ouvrages, dont Notre Histoire : 1922-1945, en collaboration avec un écrivain et ancien officier allemand, August von Kageneck.