AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

DOCUMENT EXCLUSIF. L'amiral Guillaud aurait-il dû démissionner ?

Envoyer

Publié le 18/07/2013

La réorganisation du ministère de la Défense suscite de sérieux mais discrets remous. Certains regrettent que le chef d'état-major des armées n'ait pas démissionné.

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. © Lionel Bonaventure / AFP

La réforme du ministère telle qu'elle est engagée par Jean-Yves Le Drian, à la suite d'un processus de réorganisation ayant pris plus d'un an, suscite en interne de fortes controverses. Pour une meilleure compréhension, nous avons décidé de publier l'intégralité de la lettre du ministre et des annexes, à l'exception de la quatorzième et dernière page, qui contient la liste de ses 21 destinataires (cliquez ici pour lire la lettre). Cette réforme, rappelons-le, a été souhaitée par Jean-Yves Le Drian, convaincu de sa nécessité bien avant de prendre ses fonctions. Elle a été conduite par un membre de son cabinet, qui a réuni à de très nombreuses reprises un groupe de travail - appelé L33 - auquel ont participé des dizaines de membres des cabinets civil et militaire du ministre de la Défense, ainsi que des officiers détachés par tous les états-majors, y compris l'état-major des armées, et tous les services du ministère. On se dit de ce fait totalement persuadé, dans l'entourage du ministre, que si cette réforme a fait l'objet de discussions, elle n'a suscité aucune opposition véritable. Divergence d'appréciation ou vraie opposition ?

Le décret de 2009 aux oubliettes

Cette réorganisation n'est pas anodine. Elle n'est pas non plus destinée à placer le ministère cul par-dessus tête. Sa dimension la plus sensible et la plus symbolique - celle qui retire à l'état-major des armées la gestion du personnel pour la confier à la direction des ressources humaines DRH-MD - ne fait que ramener l'institution à la situation qui avait prévalu entre 1962 et 2009. Cette dernière date étant celle de l'antépénultième réforme du fonctionnement du ministère, essentiellement voulue à cette époque par deux hommes : le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées de 2006 à 2010, et par son successeur aujourd'hui en fonction, l'amiral Édouard Guillaud, qui se trouvait être alors le chef d'état-major particulier du président de la République Nicolas Sarkozy. Le décret de 2009 est donc passé par pertes et profits. Et d'aucuns, dans les armées mais pas seulement, prétendent que l'amiral Guillaud aurait dû marquer son refus de cette évolution en démissionnant, ce que les marins appellent "poser la casquette".

Démission ? Là est la question

Comme le monde est bien fait, il se trouve que deux commentaires "postés" à la suite de la parution de notre article du 17 juillet développent les arguments entendus ces derniers temps dans les armées. Les tenants du départ du CEMA estiment comme Raboliot qu'Édouard Guillaud "doit démissionner. La marginalisation des militaires réduits à l'état de simples exécutants au sein même du ministère de la Défense condamne le modèle militaire français". Mais un autre contributeur signant Pavlof est bien renseigné. Il reprend en substance les mêmes arguments contre la démission du CEMA, que celui-ci aurait avancés auprès de proches : "La démission est certes un moyen d'exprimer un mécontentement, mais n'a jamais permis d'avancer. Ce n'est pas en quittant ses fonctions que le CEMA pourra continuer à faire entendre sa voix. Il y aurait toujours eu quelqu'un, derrière lui, pour saisir l'opportunité, et se vendre facilement en affirmant être en mesure d'appliquer toutes les réformes voulues par le ministre. La démission n'a jamais permis de garder la main sur une négociation !"

"Éviction doctrinale des militaires"

Ce ne sont pas les militaires en activité qui s'exprimeront ouvertement sur cette réforme. "Parce qu'ils sont d'accord avec elle", veut-on se persuader au cabinet du ministre. Mais la réalité est plus prosaïque : tout militaire au-delà du grade de commandant est promu par le président de la République, et toutes les fonctions dépendent d'une nomination ministérielle. Voilà qui calme les ardeurs ! Ainsi donc, c'est un officier à l'esprit synthétique qui nous a résumé le sentiment entendu sous des formes diverses, mais à de très nombreuses reprises, ces dernières semaines : "Les décisions que son cabinet a fait prendre au ministre dans le cadre de la réorganisation du ministère consacrent l'éviction doctrinale des militaires. On assiste à une véritable déconstruction des fondations sur lesquelles fonctionnait le système. C'est exactement de la même façon que le système Louvois a été imposé aux armées voici deux ans, avec le résultat que l'on connaît. C'est une véritable défiance idéologique qui ne repose sur aucune analyse fonctionnelle pertinente et qui va profondément déstabiliser les armées, sans parler des conséquences sur le moral des troupes, qui s'enfonce chaque jour un peu plus."

"Saignés par les restructurations"

Pour un son de cloche complémentaire, qui reflète là encore des critiques souvent entendues, on pourra se référer au texte que le général François Torrès vient de publier sur le site de l'Asaf (Association de soutien à l'armée française). Sous le titre "Les dissonances de la toge et du glaive", ce général (en deuxième section) explique : "Saignées par des restructurations à répétition, les armées sont aujourd'hui en passe de perdre le contrôle de plusieurs directions importantes, qui touchent l'une à la gestion des hommes, que les militaires ont, depuis les premiers jours de leur longue formation, toujours considérée comme une éminente priorité, l'autre aux contacts avec les armées étrangères, dont l'efficacité, articulée autour de l'expertise partagée, est un des éléments essentiels de la sécurité globale. On voit mal pourquoi les officiers des forces, qui en sont les experts, en seraient écartés, sous prétexte de les cantonner dans l'opérationnel."


L'été sera-t-il chaud ?

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui2778
mod_vvisit_counterHier8156
mod_vvisit_counterCette semaine17603
mod_vvisit_counterSemaine dernière24288
mod_vvisit_counterCe mois104153
mod_vvisit_counterMois dernier347580
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919843582

Qui est en ligne ?

Nous avons 2607 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42467153
You are here PRESSE XXI° 2013 DOCUMENT EXCLUSIF. L'amiral Guillaud aurait-il dû démissionner ?