Publié le 12/05/2013 Par
Une équipe de la télévision catalane était samedi à Belloy-en-Santerre pour y tourner un document sur des compatriotes morts sur le front en 1916.
Bruno Étévé, président de l'association Santerre 2014-2018, répond aux questions de Felip Solé, sous le
regard d'autres passionnés d'histoire locale.
Dix heures quinze hier matin. C'est avec 1 h 45 de retard qu'un luxueux fourgon blanc arrive aux pieds du monument aux morts de Belloy-en-Santerre, près de Péronne. Il pleut. Deux drapeaux flottent : le français et l'espagnol. Ce van est attendu par une délégation d'élus et d'historiens locaux, avec à leur tête le maire, Bernard Lictevout. Sur les ailes de ce fourgon, de larges autocollants : « Televisio de Catalunuya », la principale chaîne catalane. À son bord, un journaliste, Felip Solé, et trois techniciens.
Le quatuor arrive de Verdun où il vient de passer une semaine. Et s'il fait un détour par Belloy avant de partir à Paris, ce n'est pas par hasard. Il est là pour recueillir des témoignages et filmer les lieux. Images qui seront montées dans le cadre d'un documentaire d'une heure consacré aux soldats catalans morts sur le front durant la Première Guerre Mondiale. « Il est impossible de savoir combien ils étaient, explique Felip Solé. Selon les sources, ils sont estimés de 12 à 20 000. Mais certains historiens parlent d'un millier de soldats. Ce qui est sur, c'est qu'une vingtaine de nos ancêtres, appartenant au premier régiment de la Légion étrangère, ont été tués dans ce village, en juillet 1916 ».
Un chapitre de l'histoire bien connu dans le village : en 1919, pour rendre hommage à ces soldats, Barcelone, avait octroyé 500 000 francs pour permettre la reconstruction du village, totalement détruit. Reconnaissant, le village avait baptisé ses deux principales rues « rue de Barcelone » et « rue de Catalogne ». Et c'est dans cette dernière rue que s'est garé hier matin le fourgon. En bon journaliste, Felip Solé l'a tout de suite remarqué, avant de passer aux interviews de quatre personnalités locales : Marcel Queyrat, président du Souvenir Français cantonnal et secrétaire de l'association Santerre 2014-2018, dont le président Bruno Étévé a lui aussi été interrogé. Tout comme Bernard Lictevout et le docteur Georges Seta, passionné d'histoire locale, dont le grand-père a été lieutenant dans la légion étrangère.
Avant de partir sur le terrain, sur les lieux mêmes de la bataille de Belloy où sont tombés les Catalans, les quatre personnalités ont longuement répondu aux questions de Felip Solé, ayant toujours trait à l'histoire locale et à la mort de la vingtaine de soldats catalans. « Le Premier bataillon de la légion dont ils faisaient partie a été décimé à Belloy par les mitrailleuses allemandes, raconte Bruno Étévé. Ils ont été enterrés mais le terrain a été par la suite bombardé et leurs corps rendus inidentifiables. Depuis, ils reposent à la nécropole de Lihons. Les concernant, je dis toujours qu'ils sont morts deux fois pour la France ».