Mis en ligne le 17.04.13
Un fait divers parmi d’autres, passé inaperçu : une recrue vient d’être refusée par l’armée suisse, au motif que dans sa folle jeunesse elle avait fait trop souvent le coup de poing. Raison invoquée : on ne peut confier une arme à un jeune homme aussi agressif.
Ce refus, apparemment vertueux et prudent, soulève deux redoutables questions à l’institution militaire.
Tout d’abord quel est le but de l’armée suisse : recruter uniquement des jeunes viscéralement pacifiques, auxquels la violence répugne ? Si, par invraisemblable, l’armée suisse devait vraiment entrer en action, c’est-à-dire tuer des ennemis, elle se serait privée des miliciens les plus aptes à remplir cette fonction. Si, au contraire, le but de l’armée suisse est de de ne jamais se battre, alors effectivement, elle doit privilégier des recrues non violentes. C’est sans doute la seconde hypothèse qui est la bonne. L’objectif est d’apprendre à viser juste pour ne le faire jamais que sur des cibles.
Ensuite, l’armée avoue qu’elle n’est pas capable de canaliser la violence de jeunes qui sont naturellement agressifs. L’exemple de la Légion Etrangère démontre le bon usage qui pourrait être fait de l’agressivité native de certains. Au lieu de constituer un danger pour leur environnement ou bien d’être poussé à des activités criminelles, il est possible de transformer leur pulsion dangereuse en capacité de servir au bien commun. Et donc l’armée suisse se considère comme incapable de la même démarche éducative. Elle doit transformer des jeunes trop pacifiques en combattants agressifs sans parveneir à pacifier les excités.
Bilan : quelle que soit l’hypothèse retenue, le plus simple serait que l’armée cesse d’équiper ses soldats, tous ses soldats, d’armes quelconques. Ce serait autant d’économisé. Ce serait autant de victimes de suicides ou de violences conjugales épargnées. Ce serait le comble de la neutralité : une armée sans armes.
Jacques Neirynck