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La guerre de Julie la para, sauver des vies en Afghanistan

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KATHY HANIN 08/03/2013
Julie Cugerone : "J'ai une vie exaltante mais j'ai sacrifié ma vie de famille." (© D.R)
 
Fière de son béret rouge, la Villeneuvoise attend sa prochaine mission pour soigner les soldats blessés. Au plus près des combats. Quand elle est arrivée à l'école des parachutistes, à Pau, en juillet 2012, l'accueil a été viril... et pas franchement correct : "Elle est où la vieille infirmière qui va nous casser les c..." Bienvenue dans un monde de testostérone et de gros muscles. Ce béret rouge mythique, la Villeneuvoise Julie Cugerone, 37 ans, en a toujours rêvé. À peine rentrée d'une mission comme infirmière militaire en Afghanistan, elle réussit les tests ultra-sélectifs pour intégrer ce corps d'élite "qui ne compte que deux femmes, dont moi", dit-elle fièrement. Julie est une jeune femme entière et "hyperactive" qui ne fait jamais les choses à moitié. Championne de judo à l'adolescence, elle entre au Crédit agricole en 1995, fait deux enfants en quatorze mois - "je n'aime pas être enceinte, alors j'ai préféré enchaîner", sourit-elle - et change brusquement de vie en 2004. "J'ai toujours rêvé d'être infirmière militaire". Première mission de trois mois en 2010 : l'hôpital militaire à l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan. Il flotte une tenace odeur de crasse et d'excréments partout dans l'air. "On entend tirer jour et nuit, on se sent en insécurité. On n'est jamais préparé à la guerre", se souvient-elle. Mais le premier blessé est là, un légionnaire, et l'action prend le pas sur l'émotion. La panique des blessés, les hurlements, le premier mort, "quand un infirmier est mort, j'ai réalisé soudain que ça pourrait être moi", les visages défigurés par les bombes, le cœur qu'il a fallu masser à main nu après avoir ouvert la cage thoracique d'un cas désespéré, Julie Cugerone évoque avec passion et pudeur son incroyable vie d'infirmière militaire. "Quand un soldat est blessé ou va mourir, c'est à sa mère qu'il pense. Et là, c'est pas à un gros malabar qu'ils veulent donner la main mais à une femme", dit-elle. Elle a réussi à apprivoiser la mort... "sauf celle des enfants. L'Afghanistan est une des guerres les plus sanglantes, les talibans mettent leurs enfants devant eux comme bouclier, raconte-t-elle. Je me souviens d'une fillette dont les parents ont fait exploser une bombe artisanale. Elle avait le corps entièrement brûlé et nous regardait en souriant, sans jamais pleurer. On l'a soignée." Mais cette gamine, comme tant d'autres victimes innocentes vient régulièrement hanter ses nuits. Malgré l'adrénaline et le courage qui unissent, malgré la fraternité si précieuse de ceux qui côtoient constamment le danger et la mort, les réflexions machistes et le soupçon qu'une femme n'est pas à sa place à la guerre lui sont constamment renvoyés. Même à la messe où elle s'octroie une parenthèse de paix le dimanche soir, seule femme au milieu des officiers, le prêtre lui demande pourquoi elle est là. Encore et toujours, se justifier. "Quand on est une femme, on doit toujours prouver davantage. À l'armée, c'est pire", constate-t-elle. Avec une seule envie pourtant : repartir. "J'ai une vie exaltante mais à quel prix ? J'ai sacrifié mes enfants et ma vie de famille. À ma première mission, j'ai loupé les 10 ans de ma fille, elle m'en veut encore." Pour préserver sa mère qui ne comprend pas son choix et ne supporte pas de la voir en treillis, elle lui téléphone par skype le soir, quand elle est en pyjama... Elle ne se prend pas pour une héroïne. "J'ai plutôt le sentiment qu'on me regarde comme une moins que rien parce que j'abandonne mes enfants. Un homme qui part au combat, c'est un héros. Une femme, on lui demande après quoi elle court. Un homme qui reste à la maison pour s'occuper des enfants si sa femme part au combat reste un héros. Pour une femme, on considère que c'est juste normal..." Les départs sont durs, la séparation n'est jamais facile, "les enfants me manquent quand je suis là-bas, je sais que je leur fais du mal". Mais les retours aussi sont très douloureux. Avec le sentiment de vivre deux vies complètement cloisonnées, "on ne raconte pas ce qu'on a vécu, on ne peut pas, ce serait trop dur à entendre". Après avoir vécu en treillis pendant trois mois, il faut quasiment réapprendre à s'habiller normalement, se maquiller, faire les courses, reprendre doucement le cours d'une vie normale. Avec ses joies simples. "Moi, je ne suis pas militaire pour prendre des vies mais pour en sauver. Je crois que je suis un peu une tête brûlée", confie-t-elle dans un franc sourire.

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