publié le 3 février 2013
C’est dans un coin de son garage que Régis Delouise s’adonne à sa passion : le cannage. Entre ses mains, à mesure qu’il tresse les brins de rotin, les vieux fauteuils et autres chaises créoles retrouvent une seconde jeunesse. C’est en observant un collègue que Régis Delouise a appris le métier. À l’époque, il est décorateur à la préfecture. Quand l’heure de la retraite sonne, il consacre son temps à cette activité. L’essentiel de sa clientèle est composé des collectivités et de quelques rares grandes familles qui possèdent encore des meubles dits de la Compagnie des Indes.
Même son de cloche chez Didier Roux, canneur à Saint-Denis. "Mes clients sont en général des personnes d’un certain âge et aisées. Les quelques jeunes qui viennent me voir sont le plus souvent, des personnes qui ont hérité d’un meuble qu’ils veulent conserver", explique-t-il. Ce retraité de la Légion étrangère s’est installé dans l’île en pensant que La Réunion serait le "fief du fauteuil créole, mais on m’a expliqué que, à l’époque, les ébénistes étaient aussi canneurs. Quand les enfants ont repris leur succession, ils n’ont gardé que la partie qui rapportait le plus, à savoir, l’ébénisterie".
Les clients se raréfiant au fil du temps, Régis Delouise et Didier Roux sont aujourd’hui les deux derniers canneurs officiels de l’île. La relève ? "La jeunesse ne s’intéresse pas à notre métier", déplore Régis Delouise. Lui-même a essayé de former des jeunes. Peine perdue. "C’est un métier pénible, qui demande une grande patience et qui ne rapporte pas beaucoup d’argent", ajoute-t-il. Le jour où tous deux décideront de raccrocher, leur art disparaîtra avec eux.